Ceci n'est pas un gonzo littéraire 2

Le 06/09/2006
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par Zone Inc.
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Thèmes / Communauté / Initiatives
La suite de cette initiative lancée par Lapinchien vaut son début, à savoir qu'on y trouve de rares passages hilarants dans un océan de stupidité sans intérêt. En plus l'histoire part littéralement en vrille cartoonesque, ce qui ne facilite pas la tâche des ouvriers littéraires recrutés pour l'occasion. La fin est quand même valable avec deux bonnes contributions d'Aelez et Invisible.
[ Définition : La pornographie gonzo est un genre de films pornographiques qui se caractérise principalement par son absence de tout scénario et de toute intention narrative. (Wikipédia)

Principe : le plan est écrit par Lapinchien, qui le répartit en douze chapitres qu'il sous-traite à douze zonards d'élite surentrainés. Ceux-ci n'ont comme base de travail que les indications de Lapinchien et écrivent indépendemment, sans connaître les étapes précédentes.

Liste des auteurs :
- Glaüx-le-Chouette
- Astarté
- Abbé Pierre
- Myra
- Winteria
- Malax
- Lemon A
- Ryolait
- Ariankh
- Simili
- Aelez
- Invisible ]
7. (Lemon A)

La porte de la pièce était fermée à clef. Jack tirait de toutes ses forces sur la poignée tandis que Suzy et Henriette, haletantes, pliées sur le bureau, du docteur Morand, tentaient de reprendre leur souffle. La clameur grondait alentours, un déboulé de propos philosophiques roulait du noyau de la terre et rasait tout sur son passage. Dans un effort désespéré Jack défonça la porte qui, resistante jusqu'à lors, vola en éclats. C'est à ce moment là, dans le fracas du bois cédant qu'Henriette remis le vieux Jeannot, le gardien de nuit du labo. Celui-ci possédait évidement toutes les clefs de toutes salles. A cette heure-ci on devait le joindre au centre de vidéo-surveillance, à deux couloirs de là. «Suivez moi» décréta Henriette en enjambant le corps écroulé de Jack qui, enkylosé des sequelles de l'impact contre la porte, tardait à se relever. Suzy prenait la suite d'Henriette et enjamba Jack à son tour, offrant aux pupilles de l'homme une contre-plongée émouvante de son intimité. Jack sentait un début d'érection altérer le pli de son pantalon. Face à la menace, il pensa, sait-on pourquoi, à Paul Loup Sulitzer. La gueule à moitier fracassée de ce connard d'écrivain fake réduisit instantanément toute velléïté libidineuse de sa conscience. La bite de Jack, ses couilles et ses pulsions se retrouvèrent illico presto en prison, enchaînées aux barreaux, nourrie d'une miche de pain moisi et d'un bol d'eau croupi. Il se redressa sur ses deux jambes et, l'âme aussi pure que la lumière de l'aube, rejoignit les deux femmes.

Une baie vitrée découpait l'espace du centre de video-surveillance, de telle sorte que la pièce ressemblait à un gros aquarium. Une facade entière était couverte d'écrans et d'appareillages destinés à controler, par caméras interposées, les accès et les points névralgiques du labo. Mais lorsque Henriette, Suzy et Jack arrivèrent au seuil de la salle, tous les écrans affichaient la même image, une fenêtre de visio internet, exhibant une jeune fille avachi, en petite culotte et porte-jarretelle, dont la mine mixait une intense fatigue à un soupçon de jubilation. Jeannot le gardien de nuit, scotché aux écrans, avait apparement branché tous les canaux de diffusion sur son moniteur informatique. En levant la tête, Suzy reconnu immédiatement mouillemaminette.com un site de webcam érotique payant pour lequel elle avait effectué quelques vacations par le passé, lorsqu'elle débutait dans le porno. Le principe du site consistait à se fourrer des doigts devant une cam pour faire cracher un maximum de pognon au couillon à l'autre bout du tuyau. Le couillon avait la possibilité d'envoyer des messages virtuels censés transformer son interlocutrice en chatte en chaleur ; mouillemaminette.com : un vrai concept d'après le webmaster, necessitant, ajoutait-il, un vrai talent d'actrice. A cette époque, Suzy rêvait encore de jouer dans un grand film qui remplacerait Autant en emporte le vent. Au bas des écrans le temps de connexion affichait 5h47 minutes et le gardien de nuit, comme electrisé, envoyait continuellement des messages, ses vieilles phalanges sèches de parkinsonien en devenir heurtaient brutalement les touches du clavier. Il tournait le dos aux visiteurs et ne les remarquait pas, absorbé qu'il était par la citation du Banquet de Platon, reprenant Socrate à tout rompre, revoquant Pericles et fustigeant l'empire romain, responsable, on le sait bien, d'un siècle d'aphorisme regressif. Des cernes épaisses affligeaient le visage de la cyber pute qui luttait vaillament contre le sommeil. Depuis presque 6 heures, elle endurait l'incessante litanie philosophique de ce couillon original ; mais elle faisait fortune, et, une fois n'est pas coutume, sans se mouiller. Du lichen vert s'écoulait des oreilles de Jeannot. Son trousseau de clef dépassait d'une poche de sa veste, accroché au porte-manteau, derrière lui. Tout à sa jouissance philosophique il ne surpris pas Suzy lorsqu'elle s'approcha de l'habit et déroba les clefs.

Les trois compères prirent rapidement la poudre d'escampette, guidés à travers les couloirs par Henriette qui, bouleversée par la métamorphose de Jeannot, naguère gardien de nuit lexicalement limité à 23 mots et 17 grognements, devenait nerveuse et paniquée. Elle se trompait de direction et revenait sur ses pas. Le labo semblait labyrinthique, des portes, des couloirs, des néons, des intersections se succédaient et se succédaient encore. Des echos réguliers de citations philosophiques se promenaient dans l'atmosphère, tapant les nerfs, glaçant le sang. Les fuyards sentaient venir la masse comme on sent venir un orage, une armée monstrueuse fondait sur eux, peuplée d'inarretables preneurs de tête. Plusieurs centaines de philozombies gays étaient sur leurs talons. Henriette menait le groupe dans un grand vestibule au bout duquel elle reconnu la salle d'analyse. Au même moment, par un couloir latéral, se deversa l'avant-garde des zombies qui, déjà, se précipitait (si on peut s'exprimer ainsi) comme des affamés. Mais Jack dechira sa chemise, empoigna l'avant-bras de Suzy et se pencha vers Henriette. Ses yeux lancaient des éclairs tandis qu'il plongeait un regard définitif sur l'entendement de la biologiste.

« Henriette, prenez les clefs et rejoignez la salle d'analyse, Suzy et moi allons les attirer de l'autre coté !». Et, sans attendre de réponse, il balança les clefs et entraina Suzy avec lui, pour faire face aux zombies. Criant comme un dément « Je vous encule ! Je vous encule ! » il parvint à capter leur attention et se jeta dans la première excavation venue.

Ils entrèrent dans une pièce dont l'intérieur était éclairé. Il s'agissait, à voire les rayonnages de livres et les rangements d'archives, du centre de documentation du labo. Jack et Suzy tentaient de barricader la porte en y entassant tout le mobilier qui leur tombait sous la mains, tables de travail, pupitre, étagères.... Les philozombies tambourinaient contre la porte, de plus en plus violement, et il y avait fort a parier que le barrage de fortune ne tarderait pas à céder. La porte craquait quand Jack et Suzy s'aperçurent conjointement qu'il n'existait pas d'autre issue dans la salle que cette putain de porte par laquelle ils étaient entrés. Ces connards de scientifiques n'auraient pas pu penser, évidemment, à poser des fenêtres ou même, comme Hollywood l'enseigne dans toutes les salles de cinéma, une bouche d'aération. Avec l'energie du desespoir Jack et Suzy renversèrent une grande bibliothèque alors que les premiers philozombies pénétraient dans la pièce. Une pluie de bouquins frappa la tronche des morts vivants, provoquant de corrosives estafilades. Mais les zombies ne reculaient pas. Abattu, résigné alors qu'un flot grossissant de déments gagnait la pièce Jack joignit les mains et fixa le sol, s'appretant ainsi pour une ultime prière.

Deux gros bouquins de Paul Loup Sulitzer trainaient par terre qui, sans doute, servaient de cale à la bibliothèque précédement basculée. Un courant de sérénité enveloppa Jack tout entier, un instant de certitude. Il se baissa, prit l'un des livre, l'ouvrit et lu a haute voix. Le temps se figea, le passé, le présent et l'avenir se confondirent. Suzy prostrée aux cotés du lecteur avait cessé de gémir, les philozombies eux, s'étaient statufiés. La voix de Jack tonnait dans la pièce, eructant du Paul Loup sulitzer à s'en rompre les cordes vocales. Les philozombies, pour autant qu'il fut possible de le percevoir, semblaient palir, leurs yeux se retrecissaient, leurs membres se tordaient. Du bout du pied Jack fit glisser le deuxième Paul loup Sulitzer vers Suzy qui s'en saisit et entama la lecture de concert. Paul Loup Sulitzer envahit chaque recoin du centre de documentation, Paul Loup Sulitzer ce jour là sauva des vies, à sa récitation les crânes des philozombies explosaient comme des pastèques passées au marteau piqueur, les uns après les autres, tous sans exeption se retrouvèrent atomisé par la prose assassine de l'auteur à succès. Il ne restait bientôt devant Suzy et Jack, qu'un amas de chairs déchiquetées.

8. (Ryolait)

« Écoutez, Jack, tout ces livres m'angoissent",lança Suzy, "et j'ai très envie de faire des cochonneries avec vous. Mais avant, je ne sais pas pourquoi, j'ai envie de vous raconter une blague ! Alors, celle là je l'ai entendue sur mon dernier tournage de hardcore pornographie japonaise : Quelle est la différence entre une blonde et une boule de bowling ? C'est qu'on ne peut mettre que trois doigts dans la boule de bowling ! Drôle ! Drôle ! C'est vrai en plus, moi on m'a mis au moins beaucoup plus que trois doigts, enfin...
        - Chut ! Il me semble entendre de la philosophie politique au détour de ce couloir... »

Notre héros ne se trompait pas, en effet. Des centaines de zombies étaient en train de discuter du Léviathan de Thomas Hobbes, oeuvre politique fondatrice qui influença les fondements (non pas ceux de Suzy) de l'Etat britannique pour les siècles qui suivirent sa rédaction. Mais lorsque le beau gosse et la pute arrivèrent sur les lieux de cette passionnante discussion philosophale, ce n'était guère plus que mort, désolation, dépit, bouddhisme. Les zombies gisaient sur le sol de ce grand lieu de science et de culture qu'est la bibliothèque, sans aucune digression philosophique sortant de leurs ouvertures buccales. Nos héros venaient de trouver un moyen de survie dans le monde hostile et de pensée qu'est devenu le leur. Les longues pauses de discussion entre plusieurs violents actes sexuels gratuits devaient enfin trouver un sens pour Suzy, pour l'Humanité.

« Suzy, vous êtes fantastique ! Je me sens ainsi beaucoup plus proche de vous, tant physiquement que socialement. Cela me fait tout chaud en bas, et je crois que vous avez toujours une idée ou deux dans ce genre de situation.
     - Ho, Jack ! »

Un flot de passion érotique venait d'étreindre nos deux jeunes éphèbes. Ils ne peuvent retenir leurs pulsions, leurs corps faisaient deux, Jacky Gorge Profonde naissait dans une existence éthérée et simplement temporelle, l'amour était UN et la sensualité de la scène devait marquer cette bibliothèque pour les siècles à venir. Mais seulement, tout devait s'arrêter... Car Henriette venait de découvrir un élément important concernant l'étrangeté de l'épidémie qui a touchée le Monde...

« Arrêtez ! J'ai une annonce importante à vous faire ! Vous êtes en danger de mort ! Je viens d'analyser le lichen au chromatographe de masse, et les résultats sont sans appel : Il semblerait qu'une partie de sa constitution organique soit d'origine extra-terrestre, et inconnue ! J'ai aussi pu voir au microscope électronique que cette matière regorge de douves, qui ne se mettent en activité que lors d'intenses flots de passion érotique étreignant les jeunes éphèbes ! Ces douves attaquent le système nerveux de l'organisme où elles sont présentes, pour ensuite se reproduire dans ce dernier... Et ! Le plus important ! Il semble que ces douves fassent partie d'un même organisme philosophique, étiré à travers l'Univers, cherchant à répondre à nos questions existentielles les plus enfouies dans notre conscient... Mais... Que... M'arrive-t-il... Je... Platon... Pré-Socratien... Éternel retour... Monde faustien dans l'hiver de son déclin.... »

Et oui, cher lecteurs. Nos deux héros et leur sensualité apparente ne pouvait laisser de marbre Henriette, scientifique austère certes, mais humaine avant tout... Henriette est devenue Philozombie, et un Philozombie existentiel, braquée sur le thème et la raison de l'existence humaine... Elle débute une longue introspection, marquée de grandes questions millénaires, source d'interrogations de nombreux grands Hommes...

« Pourquoi existons-nous ? Sommes-nous uniquement le fruit de faits scientifiques, d'évolution et de sélection naturelle, après la création d'un monde, selon une théorie, il y a prés de 5 Milliards d'années ? Notre but n'est-il pas de poursuivre notre existence dans l'Univers, après la découverte de l'immense Univers humain et tant de créations artistiques, ou alors devons-nous laisser l'Homme à ses plus bas desseins, fruit au final d'un équilibre naturel des choses et d'une moralité jamais réellement appliquée ? Aristote disait que chaque homme, par nature, cherche la connaissance... L'Homme devrait donc chercher par lui-même son existence, cette existence créée ou non par une entité supérieure...Cette entité ne s'amuse-t-elle pas ainsi à supporter l'immense et magnifique Univers qu'elle a créé ? Ne sommes-nous qu'un jeu ?... Tout cela est sans but... »

Jack sentait que cela n'était pas bon. Il déclama alors une blague, et le monde ne sera plus jamais le même :

« Pas loin d'une falaise, passe une route. Au bord de cette falaise, un petit garçon regarde dans le vide, en pleurant. Un automobiliste s'arrête alors, descend de sa voiture et s'approche de l'enfant et lui demande : Pourquoi pleures tu ainsi ?
- (en sanglotant) Parce que mes parents ils sont dans la voiture ...
- Eh bien, répond l'homme, je ne comprend pas !
- Montrant du doigt le bas de la falaise, ma voiture elle s'est écrasée au bas de ces rochers ...
- Mon dieu, c'est horrible. Tu n'as plus de famille ?
- Non.
- Plus d'amis pour venir t'aider, te secourir ?
- Non.

L'homme s'approche de l'enfant avec un petit rictus, descend sa braguette, et dit : "Et bien mon petit, c'est pas ton jour de chance..." »

Mais cela ne semblait pas marcher, et HenriettePhiloZombie semblait tempêter de rage intérieure et prosternation face à l'infamie de cette plaisanterie...À ce moment, les corps des zombies décédées face à la nullité de la blague précédente se mettent à trembler, lentement, terriblement, laissant dans une totale expectative nos deux valeureux héros, un tremblement de la même intensité qu'une centaine de militants UDF lors d'un meeting centriste... Leurs têtes implosèrent, dans un déluge de matières organiques, de sang, de traités philosophiques en latin... Les deux héros paraissaient stupéfiés, tuméfiés, encore qu'ils ne savaient pas ce qu'ils allaient voir... Le comble de l'horreur, les boîtes crâniennes de chaque zombie semblant s'ouvir... Pire que tout, pire que la mort, une mort mobile allait prendre existence dans cette salle, cette bibliothèque qui aura vue les pires catastrophes de toute l'Histoire de l'Humanité, si l'on oublie évidemment l'existence de Demis Roussos... Les crânes paraissent s'entreouvrir... Tout ce qu'ils ont vu n'était rien... Les cerveaux de nombreux zombies sortaient de la boîte cranienne, vision d'horreur... Plusieurs cerveaux étaient sortis par l'anus des zombies, après avoir essayer de sortir par les oreilles, mais elles étaient bouchées par le lichen vert, donc ils ont essayé de sortir par les narines, elles aussi bouchées, pour donc continuer leur chemin à travers le système digestif de leurs propriétaires, cherchant à tout prix à vivre, à soumettre au monde la présence morbide de ces choses... Les cerveaux de ces êtres vivants dans une unique réalité philosophique semblaient donc doués de vie, continuant l'oeuvre de leurs anciens propriétaires à travers la mort... Rampant, vivotant, doués de capacités insoupçonnées par l'esprit humain, ils commençaient déjà à s'approcher de nos deux courageux héros... Certains cerveaux, apparemment très endommagés par les douves, semblaient disposer d'yeux et d'oreilles, certains uniquement d'une bouche, ce dernier parlant et philosophant à propos de ce qui était vu et entendu par le précédent... D'autres essayaient de grimper à travers les rayons des bibliothèques en bois de noisettier, avides de connaissances humaines et du savoir millénaire de la grande civilisation occcidentale...
La découverte de l'animation de ces cerveaux fit se rhabiller Jack et Suzy, laissant le Jacky Gorge Profonde spirituel à une existence future, et à travers le « blob » caractéristique des cerveaux vivants, nos héros font une découverte encore plus terrible : Les cerveaux commencaient à créer un immense émaillage de nerfs, de dendrites et d'axones. Un immense dialogue philosophique s'est créé entre les cervaux, et le pire, de l'éthique...

« La Morale permait de créer une société juste, bonne, sans crimes, sans violence, sans ce qui fait une société à tradition tribale... La peine de mort est justifiée face aux actes les plus horribles, face à ce qui est le plus inhumain... La guerre se justifie ainsi aussi : Aristote disait que nous faisions la guerre afin que nous puissions vivre en paix... C'est là le but de toute guerre, une simple observation historique permets de le voir... JE SUIS UN RESEAU NERVEUX AUTONOME !!!! »

LE SUPER-CERVEAU MÉTAPHYSIQUE VENAIT D'ÊTRE CRÉÉ. Son action était propre, déterminée. Son but ? Lui seul le sait. Sa raison de vivre ? Au dessus de celle des hommes. Pourquoi existe-t-il ? Sait-on seulement si l'on existe, alors un cerveau de 3 mètres de haut... À ce moment, un immense câble de nerfs entrelacés s'engouffra dans les narines d'Henriette, connectant les deux organismes et débutant un dialogue intérieur ne pouvant être connu pour les humains...
La peur prit de court Jack et Suzy, et la fuite ne leur semblait être que l'unique solution un tant soit peu intelligente dans cette situation proprement inextricable... Mais la nouvelle Henriette créatrice d'oeuvres philosophiques ne l'entend certainement pas de cette oreille :

«     - PAUVRES FOUS ! JE SUIS HENRIETTE, CRÉATRICE DE TOUTE CHOSE ! LE MONDE EST MIEN, LE MONDE EST IMPUR ET JE VAIS TENTER DE VOUS EXPLIQUER A VOUS, PAUVRES ÊTRES INFÉRIEURS, LE POURQUOI DU COMMENT DE TOUT CELA, MÊME SI JE SAIS DÉLIBÉRÉMENT QUE CELA NE SERT A RIEN ET QUE JE VAIS VOUS BUTER TOUS LES DEUX DIRECTEMENT APRÈS...

- C'est Toto qui revient de l'école avec son bulletin. Des zéros partout.
Quelle excuse vas-tu encore me donner, dit sa mère ?
Et bien, j'hésite entre l'hérédité et l'environnement familial ! Drôle.

    - Je prends une forme de communication moins violente... Baisse de volume... Densité métaphysique enclenchée... Oui... Cela est bon... Le monde... est... mien... Les douves sont dans un voyage sans fin, sans réel but... La philosophie est tout, elle est UNE... Les douves cherchent à comprendre les espèces évoluées... pour se comprendre elles-mêmes... L'existence de nous-mêmes à travers celle des autres... Nous n'avons à ce moment aucune existence, nous ne sommes que physique, pas de pensée utile... Comprenez, humains... Nous ne nous comprenons pas nous-mêmes... La sexualité est le principal but d'une grande part de votre espèce... Plus de place pour la pensée... Nous faisons tout ceci afin de nous créer un système nerveux propre, autonome... Étant supérieures, nous n'allons pas laisser notre but détruit par l'existence d'autres espèces.... Nous vous parasitons... Nous devenons un ver dans la pomme... Eurk... Nous nous nourrissons de votre connaissance, de vos savoirs, de votre philosophie... ARRRRRRRRRRRRRGHHHHHHHHHH

- C'est Toto à l'école qui dit à la maîtresse que les boules de Noël ont des poils.
Mais que dis tu, Toto, répond la maîtresse ? Les boules de Noël de n'ont pas de poil !
Et là Toto regarde un de ses camarades et lui dit : Hé Noël ! Montre nous tes boules ! »

- Je ne peux... plus... supporter... ces... vannes... de merde...

- Trois gamins discutent dans la cour de récréation.
"Mon père, dit le premier, est tellement fort qu'il avale la fumée de sa cigarette par la bouche, et il la recrache par le nez !
Ouah, c'est nul. Le mien, il l'avale par la bouche et il la recrache par les oreilles...
Tu racontes des conneries, dit le troisième. Par contre, le mien, il l'avale par la bouche et il la recrache par le trou du cul !
Les deux autres :
"N'importe quoi ! C'est pas possible !!
Et le troisième sort un slip de son père de son cartable.
"Et ça, c'est pas des traces de nicotine, peut-être ? »

    - AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Ainsi commença la fin tragique du SUPER-CERVEAU/HENRIETTE, qui, saturé de connerie et de bêtise humaine, explose dans un énorme fatras de sang et de cervelle ! Nos deux héros s'en tirent bien, et ont commencé à courir vers la sortie de l'immense centre de documentation... Au dehors, on peut voir au loin le centre de documentation en flammes après une immense explosion, et nos héros courant au devant, à la recherche de leur destin fait de relations sexuelles et de philosophie...

9. (Ariankh)

"Oh putain." commenta Jack.

C'est vrai que courir comme un taré, en essayant de ne pas regarder les parties intéressantes de Suzy était déja assez compliqué. Mais rajoutez-y un tapis de ce qui semblait ressembler a des pâtes sauce tomate sortant d'un amas de cerveaux qui réfléchissent trop, sur fond de Hegel, Rousseau et Platon, et vous comprendrez tout le sens de son expression. Et bien sûr, les pâtes sauce tomate semblaient légèrement dater, tant a l'odeur qu'aux trucs noirs qui n'étaient pas des olives, car ils glissaient dessus et essayaient de... de quoi d'ailleurs ? De lui lécher les orteils ? Jack éclata d'un rire nerveux.

Alors qu'ils s'engouffraient hors de la salle en direction de l'aile principale du centre de recherches, ils remarquèrent tous deux la présence de cadavres encore tièdes en train de se faire démembrer dans la gelée rampante. Comme des morceaux de tomate dans les pâtes. Et ces morceaux semblaient se ranimer au fur et a mesure de l'avancée de la gelée, et un avait même réussi a attrapper un pied de Suzy.

Jack s'arrêta et regarda, hébété, la main s'accrocher désespérément. Suzy, quand a elle, manqua de se vautrer, mais se reprit. Le truc ne lâchait pas. Soudain, un des yeux du dernier philozombie avant la fin du couloir sorti de son orbite et commenca a regarder dans la direction du jeune homme. Le magma se rétracta soudain avec un bruit de "splouirrrch" digne d'un gosse jouant avec une paille en remarquant qu'il avait enfilé son pull a l'envers. L'actrice fut libérée et gueula a Jack en courant : "Mais bordel, bouge toi !
- Hein ? Que...
- Cours !"

Et ils reprirent leur course. Les trucs noirs continuaient doucement d'avancer, les foies, yeux, cerveaux, oreilles, mains, et autres pièces de choix des philozombies se connectaient les uns aux autres. Le fond sonore passa sur Schopenhauer et Nietzche. On aurait dit que toute la gelée n'était qu'un seul et unique monstre de pâtes sauce tomates/olives avec morceaux.

Durant la course effrénée a travers un des innombrables couloirs, Jack beugla : "J'ai une idée !
- Ah ?
- Euh, je crois qu'elle est... bien : t'as vu comment... tout a reculé... quand l'oeil m'a vu ? dit il, haletant.
- Euh, ouais... Ah, je comprends... Tu crois que tu lui fais peur ?..."

Tout le tapis fut pris d'un frémissement.

"Ah non ! C'est nous !"

Là, ce fut un vrai soubresaut.

"Abrutie ! C'est les trucs cons qui l'intimident ! Comme pour les blagues ! haleta-t-il.
- Oh...
- Raconte des blagues... enfin parle lui vers les oreilles, ca suffira.
- Ah... Euh... C'est qui la mieux entre une blonde et une brune en sixième ?
- Pas a moi, abrutie. Aux oreilles.
- Oh.... Eh ben la blonde, elle a 16 ans."

Comme prévu, le tapis recula, saignant de toutes les oreilles proches.

"C'est une fois une voiture rouge qui rentre dans un tunnel et en ressort bleue. Pourquoi ? Parce que tunnel !"

Les oreilles achevèrent de se liquéfier.

"Mon tour", dit Jack qui avait arrêté de courir. Il fit une grimace. Tous les yeux le regardèrent bizarrement, et sa grimace se changea en expression de dépit, puis il eut une illumination : il se retourna, et baissa son pantalon, montrant son arrière train. Les yeux explosèrent les uns après les autres.

Soudain, Suzy déclara :

"Mais bordel, si on fait des trucs cons, ca le fera reculer ! (plooouuuirtch, firent les oreilles)
- Euh, Su, je vais te dire un truc... J'en ai jamais rencontré d'autres comme toi, et je dois te le dire, comme nous ne survivrons pas les... répondit Jack en se prenant la tête dans les mains.
- Nan, mais attends ! Si je cours droit au coeur du truc, ptet ben qu'il reculera et que je pourrais le détruire ! J'ai un gourdin ! fit elle en brandissant son gode.
- Laisse moi finir. Nous ne survivrons certainement pas tous les deux au 5 prochaines minutes, alors je me dois de te le dire :...
- Oui ? dit Suzy, pleine d'espoir.
- T'es vraiment la pire abrutie que j'aie jamais rencontré.
- ..."

Et Suzy se mit a ouvrir la porte, malgré tout ce que Jack pouvait tenter pour l'arrêter. Elle l'assomma avec son substitut phallique, puis finit de déverrouiller la porte. Jack se vautra comme un philozombie après un show de Gad Elmaleh, et elle se mit a courir en direction de la gelée, qui explosa sous le choc. Forcément, ouvrir la dernière défense avant le danger, assommer son seul allié et courir directement sur un tas de gelée armé d'un gode rose, dans l'espoir de lui faire peur et de détruire 10 mètres cube de cerveau, c'est courageux, sinon complètement débile. S'ensuivit une explosion en chaîne au fur et a mesure que le message nerveux remontait. Le laboratoire fut repeint en 30 secondes.

10. (Simili)

-Jack! Cet homme là bas! Il a du lichen qui lui sort des oreilles! Cachons nous dérrière cette poubelle!
-Et que ferions nous dérrière cette poubelle Suzy? N'as tu pas remarqué les quatres autres qui nous suivent en braillant que nietzsche était un con?
-Oui mais si eux nous attaquaient, nous leur parlerions de Goebbels.
-J'ai du mal à voir le rapport Suzy.
-Moi aussi, mais en arguant sur leurs nationalité allemande et le fait que les nazis aimaient bien Nietzsche, nous gagnerions suffisamment de temps pour pouvoir nous enfuir.
-C'est à tester Suzy. Non, j'y pense, si ils nous voient nous serons contaminés, décidément tu me décois Suzy. J'ai mieux cependant.
Jack se mit alors à hurler frénétiquement que les nazis aimaient bien Nietzsche. Ce qui entraina une réaction démesurée des philozombies, un hurlait que Nietzshe était nazi, deux qu'il était un con et que toute cette affaire était dûe à son idiote de soeur, le dernier braillait qu'il enculait l'histoire détaillée, que tous les noms, lieux et dates ne servaient à rien, qu'ils nous éloignaient d'une hypothétique vérité. La discution, particuliérement agitée, trouva son final quand le crâne d'un des philozombies se fendilla, puis craqua en son sommet, laissant entrapercevoir un cerveau palpitant. Ce fut comme un signal, les trois autres crânes se fendirent instantanément. Les cerveaux tombèrent alors à leurs pieds et se mirent à ramper. Jack, tétanisé par l'avance des cerveaux dans sa direction, qui lui rappelait un téléfilm vu sur M6 lors de sa jeunesse, se déféqua dessus. A sa grande surprise, les cerveaux passèrent devant lui et Suzy sans même s'arrêter, la terreur enfantine de jack avait alors pris fin, il n'en restait plus que son pantalon souillé. Le temps de reprendre ses esprits et les cerveaux avaient déja filés au coin d'une rue.
C'est alors que Suzy décida de reprendre la direction du groupe, elle donna l'ordre de marcher jusqu'au prochain supermarché pour prendre des lingettes, une couche et un pantalon propre. Jack dut calmer ses ardeurs maternelles en lui concédant le choix de la couleur du nouveau pantalon si il ne portait pas de couches.
L'entrée du supermarché était déserte, aucun philozombie n'était présent, c'est seulement une fois à l'intérieur qu'ils se rendirent compte du piège, les philozombies débattaient devant le rayon couche-culottes. Jack n'hésita pas une seconde, il reprit sa technique précédente, lancer un débat très vaste de façon à ce que les philozombies s'échauffent, et explosent. Cette fois le débat porta sur "notre république aurait-elle plu à platon et machiavel?". La dizaine de philozombies présent ne résista pas, les crânes cédérent les uns après les autres, déclenchant le même processus, les cerveaux se ruérent alors tous vers une direction identique .
Suzy décida alors, après avoir nettoyé Jack, de suivre les cerveaux. Au grand dam de Jack, ils durent alors parcourir les rues de la capitale, remplies de traces de carcasses éparses, suivant les traces des cerveaux. C'est ainsi qu'ils réalisèrent que les cerveaux s'aglutinaient en tapis puis continuaient leur route, tout le temps la même. Au fur et à mesure de leur progression, les tapis se regroupaient entre eux. Ils devenaient alors de plus en plus grands, certains auraient suffit à acceuillir un match de rugby. Jack ne manqua pas cette particularité, il proposa de convier une équipe pour pouvoir ainsi "se débarasser de tous ces connards musclés prétentieux". Cette option fut cependant abandonné quand la Tour Eiffel se montra à l'horizon.
Les tapis se regroupaient à son sommet, formant un immense cortex. Le long des piliers s'étendaient de longs tentacules nerveux qui se dirigaient vers les rues environnantes. Ils entraient dans les cybers-cafés, les bibliothéques, les musées. Suzy découvrit dans une librairie un tentacule qui parcourait avidement tous les livres à sa portée, sans aucun distinctement. Il parcourait aussi bien les romans beat que les mangas japonais, avalant du Dragon Ball Z par dizaines de volumes. Suzy se sentit alors réhaussée dans son statut de femme libre, elle pouvait résister à cette avalanche de connerie pure. Elle était assez douée pour refuser une lecture sous divers prétextes, plus ou moins fallacieux, alors que le tentacule se sentait obligé de tout considérer, même les mangas.
Jack entra dans un cybercafé et en vit un qui tapait sous google "Pourquoi l’organisme éparpillé que forme la colonie des douve existe ? quelle est sa raison d’être ?". C'est ainsi qu'il comprit la tâche que s'était fixée de cette horreur, savoir le but de sa propre existence. Il alla donc chercher Suzy, croyant avoir trouvé un moyen pour se débarasser de l'immense cortex. Il suffisait selon lui de guider un tentacule sur l'IEP de paris. Avec les plans dialectiques et la haute estime en vigueur là bas, le tentacule répondrait à sa question sous la forme d'une dissertation "oui-mais-donc", en négligeant une grande partie des possibilités, mais cette absence serait compensée par la vantardise. Ce plan leur sembla infaillible, le
cortex aurait sa réponse et devrait donc, logiquement, accepter sa mort. Ils se mirrent alors en tête de guider un tentacule vers l'IEP en jetant devant lui des éditions allemandes de Kant. Ce fut pourtant un échec retentissant, le tentacule ne s'intéressa pas aux livres, mais aux bruits provoqués par leurs chutes. Il se lanca alors sur Jack, aggripa sa jambe et
s'enfonca dans sa moelle épiniére, un autre tentacule accomplit ensuite la même besogne pour Suzy.

11. (Aelez)

Parfaitement synchrones, deux tentacules véloces s’élevèrent dans les airs et retombèrent en sifflant sur Jack et Suzy, venant ainsi perforer leurs épines dorsales dans un « sploch » rappelant étrangement le son produit par le cou d’un canard destiné à barboter sous peu au milieu des oranges. Ainsi enfoncées dans les colonnes vertébrales de nos deux miraculés, les tentacules reliés à la base glutineuse du cerveau géant permettaient à celui-ci d’étendre ses terminaisons nerveuses à travers leurs moelles épinières.

- Ils prennent possession de nos corps ! Jack se remettait à peine du choc causé par l’impact, et il devait déjà penser à se sortir d’une nouvelle situation apparemment désespérée. « L’avantage, se disait-il avec un optimisme téméraire, c’est qu’au moins cet immonde machin planté dans mon dos ne me cause aucune souffrance ».

Il fut tiré des ses considérations hasardeuses par un nouveau cri de sa charmante compagne (qui décidément criait beaucoup, ces derniers temps).
-Jaaaack aide-moi ! J’ai le vertige… Aïe !
De fait, Suzy lévitait maintenant trois mètres au dessus de la terre ferme, suspendue là tête en bas au gigantesque tentacule qui lui sortait du dos et - fait plus étrange, si la situation manquait encore de rocambolesque - se donnant de grandes claques sur les hanches.

La première intuition de Jack s’avéra être la bonne. S’il consentait déjà à douter que Suzy se cravacherait par pur plaisir dans une pareille situation, même malgré son passé houleux, il fut forcé de constater qu’il était lui-même en train d’essayer de se faire des croche-pieds : le cerveau géant avait à présent la pleine maîtrise de leurs membres, et lutter contre son emprise demandait un effort de volonté colossal.

Le tentacule qui maintenait Suzy dans les airs dû se fatiguer car il la reposa bientôt au sol. Elle reprit son souffle, s’accorda un centième de seconde pour s’amuser du manège de son acolyte, puis sembla se rappeler la cause de ses maux. Elle tourna la tête du mieux qu’elle pu pour observer ses mains qui se tordaient dans son dos, entaillant les bras de leurs longs ongles manucurés. Quelques secondes plus tard elle était au sol, s’éraflant le menton en lutant de toutes ses forces contre l’influence du cerveau géant qui avait visiblement décidé de lui faire manger le bitume - au sens propre.
-Jaaaack aide-moi ! J’en peux plus ! répétait-elle en crachant incisives et canines.
-Quoi ? demanda Jack distraitement, tout appliqué qu’il était à ne pas faire de nœuds dans ses jambes.
-Les douves. Ce sont les douves, j’en suis sûre. Bordel Jack elles essayent de nous bouffer le cerveau !
-Merde, souffla Jack en s’auto-gratifiant d’un grand coup de poing dans les parties génitales, trouve une solution, vieux, vite.
Il s’efforçait de reprendre consistance. Ses terminaisons nerveuses avaient été totalement annexées par le cerveau géant, et si de ce fait il ne ressentait aucune douleur, il commençait à se poser de sérieuses questions sur ses capacités à se reproduire, dans l’éventualité ou il sortirait vivant de ce merdier.

-Mes dents, Jack, hurla t’elle, magne-toi trouve quelque chose ou dans cinq minutes elles auront toutes sauté !
-Tes dents… Hey Suzy, c’est dommage tu sais, t’avais de si jolies dents… elle auraient fait un magnifique collier autour de ma bite.
Suzy explosa.
-Tu crois que f’est le moment, connard ? A partir d’un fertain feuil de calamités à la minute f’est plus la peine d’effayer de faire de l’esprit pour détendre l’atmosphère…
-Mais non Suzy, c’est pas ça. Tu vois, tu peux lever la tête. Les blagues, Suzy, toujours les blagues. On peut se libérer… Tu sais pourquoi les éléphants se promènent en troupeau ? Parce que c’est celui du milieu qui a la radio ! Vas-y, à toi.
La jeune femme qui venait de retrouver l’usage de ses bras n’eut pas vraiment le temps de s’en réjouir, car son sauveur secouait déjà la tête dans tous les sens, comme espérant que ses oreilles se détacheraient avec l’inertie.
-Une vanne, Suzy, une vieille blague moisie. Dépêche-toi, j’ai les oreilles qui bourdonnent.
-…
Elle avait compris. L’humour débile ferait reculer cette infection assoiffée de raison et de discernement. Le problème était d’un autre ordre : elle ne connaissait pas la moindre petite blague. Même en fouillant dans sa mémoire, elle n’arrivait jamais à se rappeler les galéjades salaces qu’on lui racontait au boulot.
-Suzy !
-Alors euh, c’est l’histoire d’un cornichon… non d’un concombre. Un concombre qui rencontre un godemichet. Et il lui dit…
Un cri d’une violence prodigieuse fendit l’atmosphère entre eux.
-J’entends plus rien ! Bordel ! J’entends plus rien. Ils m’ont eu, ils m’ont eu… mes oreilles !
Jack, à présent complètement sourd, braillait à pleins poumons sous le regard impuissant de sa compagne d’infortune. Ce n’est que quand il fut un peu calmé qu’il se rendit compte que les tremblements et tressautement de Suzy avaient repris.
-Bandes d’enfoirés, connards de bacilles, j’vais vous latter la tronche. Pourquoi les moutons ils se promènent en troupeaux, hein ? POUR FAIRE CROIRE AUX ELEPHANTS QU’ILS ONT LA RADIO ! Attends… Une autre : c’est l’histoire d’un mec, il rentre dans un café et il dit « salut, c’est moi ». Et eN fAIt C’éTaIT paS LuI… Et celle là, hein ? C’est quoi le point commun entre Ayrton Senna et les Pink Floyd …

Les idioties firent bientôt suivies par des balourdises, puis les balourdises par des insanités. Cela aurait certainement achevé de libérer Suzy si le cerveau géant n’avait pas alors entreprit de forcer Jack à se jeter contre le mur le plus proche la tête la première.
Notre héros avait la tête dure, certes, mais cette manœuvre le déconcerta quelque peu. A sa troisième collision avec le parapet, Suzy vit mal comment il aurait pu survivre.
Après avoir attendu un mouvement de sa part pendant presque une minute - une éternité dans de telles circonstances - elle laissa une larme lui échapper en signe de deuil pour cet ami à usage unique qui avait accompagné ce qui serait certainement ses dernières heures. Elle aurait sans doute été moins affectée si elle avait su que la réalité était en fait bien pire…

Jack bougea une main. D’un seul coup, le tentacule se retira des quinze centimètres cubes de chairs, d’os et d’organes dans lesquels il s’était fabriqué un gentil petit nid. L’homme se releva alors sans peine. « Tu vois Suzy, commença t’il d’un ton impeccable sous les yeux ronds de sa compagne pétrifiée, vous les humains n’étaient même pas capables enrayer une prolifération de germes. Vous vous perdez tellement en considérations inutiles que vous en avez oublié l’étude des matières essentielles. Votre philosophie, même vos sciences ne sont pas assez évoluées pour que vous ayez la moindre notion avérée du fonctionnement de votre cortex. Votre espace cognitif est un mystère même pour vous, vous inventez de grands mots ‘‘intentionnalité’’, ‘‘perception’’, mais vous n’avez aucune idée de ce à quoi ils réfèrent. Vous nous êtes finalement totalement inutiles. Il est temps pour nous de quitter la Terre pour des horizons plus fertiles. »

Dans le plus parfait silence, il se rapprochait de Suzy. Il lui caressa la joue, presque tendrement, et la jeune femme fondit en larmes. D’une voix grave et posée, Jack conclut : « Dans cinq minutes, le cerveau géant enverra une gigantesque onde cérébrale vers le centre de la Terre, occasionnant ainsi l’anéantissement de la planète. L’explosion nous propulsera, nous les douves, dans toutes les directions, afin de maximiser les probabilités que les plus chanceuses d’entre nous atteignent de nouveaux foyers de réflexion, après un voyage de millions d’années dans l’espace. Mais avant ça… viens avec nous Suzy, je t’emmène.»

Le dément entrouvrit les lèvres, puis se pencha en avant pour donner un long baiser envenimé à son ancienne alliée.

12. (Inv)

Suzy sanglotait, devenir un philozombie était la pire chose qui pouvait lui arriver, elle qui aimait tellement Cauet, elle qui ne manquait pas un seul numéro des Enfants de la télé, elle qui se couchait plus tard juste pour écouter la radio libre.

"Jack, pou... pourquoi ? demanda-t-elle, larmoyante.
"Suzy, je ne suis pas certain de bien saisir ta question ; porte-t-elle sur le sens donné à mon action ou sur sa fin ? répondit-il, le regard inquisiteur.

Elle donnait du fil à retordre à la contamination car elle n'avait pas regardé TF1 en vain : toute cette bêtise accumulée offrait un bouclier contre ces répugnantes réflexions. L'infection peinait à trouver son chemin dans ce dédale de crétinerie, mais Suzy savait que Nikos, Arthur et les autres ne la protégeraient pas éternellement.
Pendant ce temps, Jack continuait :
"... dans un premier temps, on pourrait aborder la nécessité..."
Elle vit les tentacules se rétracter, c'en serait bientôt fini de tout ce qu'elle connaissait. Les douves se retrouvèrent rassemblées en haut de la Tour Eiffel, et dans quelques minutes, la gigantesque onde cérébrale devant détruire la planète serait envoyée par l'encéphale géant.

"... on peut aussi dire que si tu cherches à savoir c'est que tu as découvert ton ignorance..."

Contaminée, sur une planète condamnée, il ne lui restait plus qu'à attendre la fin en se souvenant de ce qu'avait été sa vie, son enfance, ses études au célèbre Institut de Pornographie de Prague (là où les plus grandes actrices et putes du monde sont formées, Paris Hilton y'aurait même fait un stage) et la fierté de son oncle quand elle eut son diplôme ("Tu suces encore mieux que ma fille." avait-il dit) et Mme Greta, sa prof qu'elle admirait tant, qui connaissait même le secret de la quadruple pénétration, qu'aurait-elle fait à sa place ?
C'est alors que son visage s'illumina, elle revit Mme Greta, et ces quelques mots résonnèrent dans sa tête : "Suce-la jusqu'au bout, petite pute."
Grande pro qu'elle était, Suzy savait comment faire pour ne pas être excitée sexuellement et ainsi ne pas devenir un philozombie : elle se remémora l'herpès génital de Mme Greta, le pus qui s'écoulait pendant que elle le léchait (à des fins purement pédagogiques), sa langue effleurant les petites cloques, ses dents perçants celles-ci quand Mme Greta l'ordonnait...
Lorsqu'elle sentit le goût de son propre vomi dans sa bouche, elle su qu'elle était prête, et se jeta sur Jack qui vit là une bonne occasion de changer de sujet de réflexion : "On peut considérer le désir comme l'inquiétude d'une existence incomplète et..."

Elle n'avait rien oublié de ses cours de Kama-Sutra et commença par la position du "Curé bienveillant" (une position présente notamment dans l'un de ses plus gros succès : "Vicaire vicieux 3"), elle avait l'impression que Mme Greta était présente et lui prodiguait ses précieux conseils tandis qu'elle s'agenouillait : Allez suce, plus béat le regard bordel de merde ! Et le signe de croix, traînée !
Elle enchaîna sur un "Prolétaire au charbon", qui, comme chacun sait, consiste à lécher le fondement du camarade partenaire en chantant l'internationale le poing levé.
T'es un demi-ton en dessous salope de chienne !
C'est alors que ce fut le blocage pour Suzy, elle ne savait plus où elle en était ; mais heureusement, elle gardait des souvenirs de ses cours de théâtre pornographique et ce fut encore la voix de Mme Greta qui se fit entendre : Bonjour, je suis le plombier "Vous voulez examiner ma tuyauterie ? répondit-elle instinctivement.
Elle reprit ses esprits ainsi que le phallus de Jack et se lança dans un enchaînement des plus risqués : le fameux "Emmanchement périlleux en Gilbert Montagné" (deuxième cause de mortalité sur les plateaux de tournage), suivi d'un "Pape parkinsonien" ; après s'être bandé les yeux, elle prit son élan, s'élança dans les airs et fit une réception anale parfaite, suivie d'un va-et-vient irrégulier entrecoupé de prières incompréhensibles en latin.
La jouissance simultanée provoquée chamboula toutes les immondes pensées du réseau nerveux auquel nos deux abrutis étaient connectés ; les douves explosèrent sous l'effet de l'intense bombardement de neurotransmetteurs et le cerveau géant éclata, répandant des neurones hachés sur toute la ville.

Plus tard, Suzy fut élue à la présidence au suffrage universel à candidat unique (nouvelle technique de scrutin due aux nouvelles lois anti-réflexion), et c'est au café du commerce qu'elle prit ses premières décisions : "Eud'toute manière, on d'vrait cramer les bouquins, et pis les intellos aussi !" sitôt dit, sitôt carbonisé, de grandes autodafés furent organisées, les bibliothèques réduites en cendres, et Bernard Henry-Levy fut placé dans un zoo sous le regard émerveillé des enfants lui jetant des cacahuètes.
Les réformes ne s'arrêtèrent pas là : "Pis si j'étais présidente, j'auroriserais les partouzes en public, et pis c'est moche la tour Eiffel, on d'vrait mettre une bite géante à la place, ouais."

Une nouvelle devise fut inaugurée et gravée sur les frontons des mairies et des bars de France :
"A trop philosopher, on se fait empaler par un putain de cerveau géant."