Quatrième dialogue

Le 17/09/2006
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par 222
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Rubriques / Dialogues
C'est comme si on entrait dans un nouvel univers, qui n'a rien à voir avec la rage brute et déclamatoire des premiers dialogues. On passe de Maldoror à AB Productions version névrosée. L'anorexique redevient humaine, une adolescente butée et frondeuse. C'est pas mauvais du tout, mais c'est pas le même niveau ni le même esprit que les trois premiers épisodes. C'est une sorte de respiration dans la rubrique, une pause dont on se serait bien passé.
- Tu pourrais y retourner.
- Non.
- Si, tu es presque capable de marcher seule et de te débrouiller ; tu pourrais essayer.
- Je ne veux pas.
- Tout le monde est là pour t’aider : les professeurs sont au courant, les surveillants aussi ; si tu as un malaise, ils s’occuperont tout de suite de toi.
- Et la cantine ? Si tout le monde est prévenu, ça va se transformer en gavage. Les oies, je les emmerde. Les humains aussi. J’irai pas bouffer leurs graisses sous leurs regards moralisateurs.
- La cantine, c’est prévu : une infirmière viendra te voir, et elle te fera manger selon les conseils des médecins. Tout comme ici. Rien ne changera, tu vois. Essaie, au moins.
- Je vais aller à part, avec mon infirmière, et bouffer de la merde sans goût, sur-protéinée, hyperglucidique, insipide ; je vais dire aux autres : « attendez, il faut que j’aille suivre mon traitement pour redevenir comme vous, parce que les médecins pensent que je suis une sous-humaine et que je dois rattraper votre niveau de merde et votre faiblesse. Les patates et le ragoût de cœur, c’est trop bon pour moi ». Va te faire mettre, papa.
- Tu sais très bien que les insultes ont cessé de marcher sur moi depuis bien longtemps.
- Je sais très bien que tu as perdu toute fierté depuis bien longtemps. Presque ta naissance. En tout cas, au moins dix ans.
- Tais-toi.
- Non. Tapette.
- Bon. N’essaie pas de détourner la conversation. Lundi tu iras au collège, comme les autres, et tu suivras les cours toute la journée. Le soir, on verra comment ça s’est passé.
- Lundi, j’irai au collège, puis j’en ressortirai aussitôt, quand tu seras parti, au pire à dix heures ; je me cacherai dans la ville, et le soir, j’irai près du canal, et je me vendrai à n’importe quel vicelard. Je refuserai le préservatif, j’accepterai tout pour quinze euros, au besoin je le suivrai chez lui pour la nuit ; il en aura pour son argent. Je lui montrerai combien l’intérieur des joues est tendu chez moi, comment il pourra sentir son gland à travers, en caressant l’extérieur de ma peau ; je lui ferai voir combien mes seins sont sensibles, aussi sensibles qu’ils sont inexistants, et comment les pointes réagiront à sa langue ; je lui…
- Tais-toi !
- je lui ferai toucher mon anus très tôt, très tôt dans la soirée, presque avant toute chose, en passant, en lui prenant sa main, sa main deux fois plus grosse et six fois plus lourde que la mienne, en laissant glisser son index sur mes sphincters, sans plus, juste pour sentir combien je suis serrée, combien je suis propre, combien je suis douce, combien mon cul est fait pour être violé, combien il ne sert plus depuis longtemps à rien d’autre, ou presque. Je lui ferai sentir très vite, en passant, pour qu’il imagine ensuite, pour laisser monter les phantasmes en lui, pour le préparer. Parce qu’il devra être dur, vraiment dur, pour me la mettre.
- Tais-toi tu n’as pas le droit !
- Je lècherai aussi son corps, surtout son visage, surtout ses joues et sa bouche, parce que ça me donnera la nausée, de sentir sur ma langue ces lèvres grasses et cette haleine d’alcool, et parce que ça lui donnera envie de faire de même, de me prendre, de me bouffer, de me sucer jusqu’à la moelle, et parce qu’en lui léchant la bouche, moi petite, lui très grand et très large, je serai à portée de ses mains, de ses doigts, pour qu’il me fasse ce qu’il voudra me faire. Je le grifferai aussi, pour lui montrer combien il peut se déchaîner avec moi, combien il peut me rendre au centuple mes égratignures. Pour tout, c’est moi qui aurai commencé. Je continuerai, je pousserai, j’inventerai, je l’exciterai, jusqu’à ce qu’il me dise une pauvre réplique comme « t’en veux hein salope », ou « tu la veux », ou « vas-y écarte maintenant », ou n’importe quoi ; alors je dirai les phrases les plus vulgaires, je les crierai, pour qu’il s’oublie et qu’il me détruise le plus vite et le plus fort possible. Je l’obligerai à m’enculer, après quelques mouvements ; puis je l’obligerai à jouir une première fois au fond de mon vagin. Je suis peut-être nubile, tu sais. J’espère. Puis il s’endormira. Puis je le réveillerai, en l’aiguillant avec mes ongles et en le branlant doucement. Et je recommencerai. Et je ferai en sorte qu’il me jouisse dedans, encore. Et encore. Et encore. Jusqu’à ce qu’il me jette à la rue ; à moins qu’il me garde chez lui jusqu’à ce qu’il m’ait finie. Une esclave sexuelle volontaire et qu’on n’a même pas besoin de nourrir. Le rêve.
- Tu es folle. Tu es stupide. Tais-toi. Pauvre conne. Tout ça pour un jour d’école.
- Mais mon pauvre papa, enlève tes mains de tes oreilles et écoute-moi, il est pas beau, le destin de ta fille ?
- Tais-toi. D’accord. Pas d’école. L’hôpital, et tu y resteras tant qu’il faudra. Enfermée ici et forcée à vivre comme JE l’entends. C’est comme tu veux. Tant pis pour toi.
- Ah, nous y voilà mon petit papa. Va te faire mettre, à présent. J’ai un médecin à sucer.
- TAIS-TOI !