A genoux tas de merde

Le 16/10/2006
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par Ventoline
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Vento et un pote bouffent des champignons hallucinogènes dans les bois en pleine nuit. S'ensuit une expérience suffocante proche du bad trip, qui nous est narrée ici en version forcément confuse, forcément embrouillée, mais retranscrivant assez bien la détresse et la désorientation de celui qui a perdu le contrôle de ses propres pensées.
Seigneur pardonne leurs..Et donne moi la force d'exprimer ce chaos ravageur qui nous a retourné comme deux chaussettes.
Las..La tempête passée se dissipe, et comme une pauvre marionnette débile je ne m'apprête à n'en faire que le roman. Il me faudrait plus de substance pour la faire revivre et en capter réellement l'énergie; parler avec ses mots et non les miens, quelle pitié.

Voilà deux clampins désoeuvrés, à qui la conjonction d'évènements favorables a fait cru bon de se gaver la gueule d'hallucinogène en forêt.

Dès les premiers instants je sens la fatigue Vitale, lui tourne au chaotique. Jusqu'ici tout va bien, mais la certitude que ce ne sera pas une partie de plaisir doublé du spectacle obscène d'une âme à materner; qu'on chatouille, astique, pique et frotte dans tout les sens devant vos yeux, sape les premières bases de mon équilibre vers le chaos.

Je traîne un fond de maladie médicamenteuse, je savais que j'aurais pas du me lancer là dedans, je suis pris d'une violente envie de me rouler en boule dans mon lit.
Mais l'autre copain est sévèrement en pétard mental et pas question de l'amener chez moi ou se trouve des gens avec un avis précis sur les jeunes en déroute. Impossible de le quitter d'une semelle non plus, dieu sait où il irait se foutre ! On se résoudre à admettre l'impasse, on n’est pas du même univers et ça va chier.

J'en ai vu d'autre hein ?
6 heures de baby sitting niveau HP en forêt, alors que le soleil décline...Je suis un survivor oui ou merde ?

Sauf que.
Sans prévenir.
Je commence à perdre les pédales sévère.

Rien de toute mon expérience des drogues ne m'avait préparé au sapage mental progressif dont je me découvre l'objet, je sens tout simplement mon cerveau dérailler.

Focalisé jusqu'ici sur le temps, LE TEMPS qui nous sortira de ce mauvais pas, je me vois peu à peu envahi par un milliers d'idées et de sentiments confus, souvenir de films et de concepts mélangés en gerbe mentale supra puissante. Le fait de devoir penser pour deux complique encore la tache, mes quelques mots pour gérer le trip de mon poteaux se font de plus en plus automatiques jusqu'à m'en éreinter les oreilles et à être parsemés de bribes incompréhensibles de mon propre délire naissant. "Un deux troix quatre" surtout, et "point blank" aussi, ma super technique de remise à zéro mental qui ne marche plus du tout quand on a besoin d'elle. Cette intrusion de ma psychose dans mon discours me déplait au plus haut point.

Le cauchemar commence, comme deux cons au milieu de notre clairière on a l'air de deux fous. J'essaye de me calmer en contemplant cette espèce de jolie vapeur qui se dégage des arbres...Mais le froid me prend. Le sentiment de frisson amplifie l'instabilité mentale qui est la mienne, je ne gère absolument plus rien. Si mon joyeux camarade passe par tout les stades: de l'anxiété à la joie, tapant par ci par là des pièces de théâtres de la vie quotidienne fort instructives sur sa personne, je ne suis quand à moi qu'un gigantesque gros maelstrom de merde en fusion, et la pression continue d'augmenter, comme un genre de cocotte minute à la con.

Lorsque la situation étriquée de mon esprit, consistant à me gérer moi, à le gérer lui, à me gérer moi par rapport à lui (ayant le bon goût de ravaler au possible mon vomi mental jusque dans les prémices du deilirum), bien lorsque tout ça saute dans une gerbe de surchauffe, on se "décide", le mot est étrange ici, à rentrer chez moi. La traversé de mon village se déroule comme dans un rêve dégueullasse, tout est gris et les arbres on disparus, certaines perspective entre le toit des maison et le ciel me donnent l'impression de marcher dans une maquette en carton sous les cieux d'un autre univers. Et ma tête continue d'exploser. L'anxiété commence à ériger ses propres réflexions devant mes yeux; impossible de ne penser à rien, les pensés s'emmêlent et se suivent, chacune me lacère la gueule par sa seule présence, je ne désire que le vide, le repos, le vide n'existe pas, pas tant qu'on vit lalalalala ça doit s'arrêter s'il vous plait.

On arrive chez moi. Je passe la blague du chat sauvage qui s'était incrusté par ma fenêtre ouverte, dans mon état on n’a pas besoin de ça.
La psychose devient métaphysique, je veux être seul, me rouler en boule et crever. Mon pote fini par se casser par la fenêtre, me laissant le plaisir d'un seul esprit en bordel et la peur d'en avoir lâché un bien siphonné dans la nature, là dehors.

Me voila seul...

BOUARGH

fait la furie dans ma tête, qui d'un bordel douloureux et inqualifiable se mue en torture introspective inqualifiable. Entendons nous bien, j'ai pas mal de défauts que je me fait un plaisir de gérer avec succès au quotidien des relations, mais là c'est dévastateur; je suis ruiné sous la lumière d'un jours blafard. Je ne peut même pas m'empêcher d'emetre des borborygmes, d'éructer des litanies en vers de six pieds sur ma perte et mon échec total en tant que chose vivante. Au plus fort de la douleur je devient "moi même" cette bête immonde, me retenant de sortir et d'aller me gerber dessus devant ceux que j'aime avec la gueule d'un fou. Ca dure des heures.

On demande un exorciste.

Je suis vidé de toute ma substance, torturé et ravagé par ma propre conscience, toute mon existence s'impose à moi comme une imposture ridicule, je veux crever, me jeter même, un blast de chair humaine qui claque sur du bitume.
Les objets durs ou coupants de ma chambre me font de l'oeil dans la pénombre où je devine milles regards démoniaques en kaléidoscope.

A présent je sais ce que c'est la folie.

Je rallume la lumière et là se passe l'événement le plus étrange de toute ma vie: au milieu de ma chambre rangée de la veille, par terre, se trouve une lettre de suicide d'un autre temps.

Bon je suis pas mort, j'en ai vu d'autres.