Et ma salive est insipide

Le 28/10/2006
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par Haineux
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Thèmes / Obscur / Propagande nihiliste
Malgré la stupidité de son pseudo, Haineux semble savoir tenir une plume. Le style est très tortueux et manque d'exhortations et de bons gros slogans identifiables, mais sinon c'est de la pure propagande nihiliste et auto-destructrice, version glauque et qui tape bien.
Je suis un sans-nom. Un sans-âme, un sans-but, un sans visage et ma salive est insipide.
Je suis de ceux qui n’ont gagné le droit de dire je qu’au travers de la haine et de trop de faiblesse. Ceux qui ne seront pas restés en vie par la simple paresse et l’habitude du oui ; mais ceux qui à treize ans regardaient d’un œil froid les bâtonnets taillés pour se briser au fond de la plaie une fois plantés dans leur carotide, et caressaient les coins de bois massif équilibrés et aiguisés conçus pour transpercer leur tempe une fois la masse de Papa lancée dessus, persuadés d’en finir ; mais ceux qui à treize ans se sont arrêté dans leur cave, allongés sur le flanc, le crâne appuyé contre le ciment, pour penser à l’après. Mais de ceux que trop de mais, mais de ceux que trop de si, que trop d'autrui, auront gardé trop sains de corps.

Je suis de ceux qui se haïssent avec ferveur, méthode et le sourire du défi. De ceux qui se sont vus osseux comme un cadavre. De ceux dont l’aliment était le seul vinaigre, et réel, et mental. De ceux qui pour honneur acerbe et méprisant ont eu longtemps leur joue fine et tendue comme un drap lisse, leur nez coupant comme une lame et leur menton concave sous la lèvre. De ceux aussi qui ont tenté de s’abaisser, faute de se nettoyer, de ceux qui ont connu toutes les humiliations de leur corps propre et de leurs préjugés, se masturbant sur leur visage, essayant jusqu’à réussir de stimuler leur éjaculation avec leur propre langue sortie jusqu’à faire mal, insérant au fond de leur anus tous les objets qui puissent y pénétrer sans déchirure, commençant par quatre de leurs doigts, sortant de leur anus ce qui pourrait sortir, auréolé de l’interdit superbe, de l’aura de l’immonde, des délices de l’inavouable. Goûtant à l’inavouable et jugeant avec un grand dépit que l’inavouable, au fond, n’était que fade à l’image du reste. Ceux-là vomissent autant qu’ils boivent, mais lorsqu’ils boivent, ne vomissent jamais, ou presque, ne laissant ressortir le produit et l’arme de leur haine que lorsque la nature les y oblige : une fois, ou deux, dans la vie. Le reste s’avale, comme la haine et la douleur. Ceux-là n’ont que très peu d’estime pour les drogues à divertir. L’alcool les rend lucides, le reste est à vomir.

Je suis de tous ceux-là qui ne sont guère que moi. Viens, mon frère. Je suis sans nom, sans gloire et sans honneur, et ma salive est insipide.