Fou-rire

Le 04/11/2006
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par Slipman
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Les transports en commun, c'est la version moderne de l'enfer, tout le monde sait ça. Ce texte est plein de micro-évenements amusants, plein de réflexions pas connes sur le suivisme des foules. Seulement, la saucene prend pas. Le style est trop amateur, le personnage trop peu distancié, et ce qui devait être un texte comique tourne rapidement à la leçon de morale bien-pensante et lourde au possible. Presque de la merde.
Le métro/RER est un lieu propice à la destruction de l'individualité. Pour peu que les conditions soit réunis: chaleur, stress, position inconfortable blablabla, les voyageurs se retrouvent complètement brisés psychologiquement.
Pour écrire ce text je me suis inspiré d'une aventure qui m'est arrivé il y à 6 ans.
10h ! En retard !!! J’étais en retard !!!! Pour la 4ème fois de la semaine. Merde ! L’autre salope allait encore m’accueillir en gueulant comme une connasse.

Vendredi 10h01. Mes piles étaient à plats. La voix de Renaud avait laissé place aux habituel ballottement du RERA et leur accompagnement de zozotement de mp3 avec ici et là quelques soupirs d’impatience et un petit hoquet intempestif venant du fond du wagon.

10h02. J’étais sur le point d’arriver à la défense. Le wagon était bondé d’une foule de retardataires à peine tombés du lit, tous plus hirsutes et chiffonnés les uns que les autres. C’était l’été. Il faisait chaud. Au lieu de profiter de la clim avec le troupeau quelques cons avaient ouvert les fenêtres afin de jouir d’une brise fétide mais rafraîchissante laissant gentiment les restes s’étouffer.
C'est dans ces cas là que l'on souhaite L’anorexie plus répandue. La grosse vache collée à moi prenait au minimum trois places. Hallucinant !
Le train roulait plus lentement qu’à son habitude. C’était à prévoir le conducteur prudent ménageait sa monture qui gavée à l’extrême était au bord de la Syncope.

10h03. J’avais la tête dans le cul. Pas réveillé depuis plus d’une heure et déjà trempé du slip au chaussettes. Etait ce ma sueur ou celle de Boudin. Elle était vraiment répugnante avec ces mamelles protubérantes d’où semblait suinter de l’huile de friteuse, son triple menton et ses ridicules petites boucles d’oreille en forme de dés pendouillant à ces lobes grassouillets.
Vaporisé en surabondance son parfum de supermarché me décapait les narines depuis une demi heure.Etaisse sensée la rendre désirable ? Peut être qu'en fermant les yeux je l’aurai trouvé attirante. Non! Cette odeur lui ressemblait trop. Elle était grasse et manquait désespérément de finesse. Elle avait comme un besoin maladif de se faire apprécier qui me révulsait, comme sa propriétaire qui par peur de croiser mon regard fixait le plafond avec béatitude. A bout je me retournais tant bien que mal. Le voile devrait être obligatoire pour les femmes moches !

10h5 Le train s’arrêtait enfin ! Aller un dernier effort et … « merde ! »
On était toujours dans le tunnel. Un tonner de jurons s’éleva de la multitude : « putain de merde,salope, fait chier, connar ». Ca insultait tout et dans plain de langue : l’été, le wagon, la chaleur, l’odeur, les gens, une position inconfortable, le conducteur, le temps, les patrons,… soit même ?
Ce souffle de haine collective était insupportable. Celui-ci sortait sous la forme d’un fumet nauséabond relent de Café/dentifrice/chewing-gum à la chlorophylle/repas de la veille. . A force de digestion une bulle de gazs s’était formée dans les intestins du monstre. Gaz comprimé qu’il allait expulser sur le quai de la Défense en d’énormes rots et pets en même temps qu’il nous vomirai et nous chierai par sa dizaine de bouches-culs. Je sentis la température grimper d’encore quelques degrés.

10h06. La voix du conducteur grésille dans l’interphone morne et sans force comme s’il venait de se réveiller avec une sacrée gueule de bois. « Mesdames et messieurs nous vous demandons de bien vouloir patienter. Le trafic est interrompu suite à un accident voyageur. Le train devrait repartir rapidement. »
« Pouvait pas se foutre en l’air du haut de la tour Eiffel celui là ».
Je tombais alors nez à nez avec elle. Sur fond jaune, d’une mine superbe, presque entièrement dénudée. (A cause de la chaleur sans doute.) Ces yeux de jument perdus dans l’infini : Loana.
« Voila ce que mon boudin convoite avec tant d’intensité » pensai-je. Je lus machinalement l’accroche « c’est reparti avec Grégoire». Incapable de comprendre quelles insondables réflexions cette révélation avait suscité chez boudin je me désintéressais de la bimbo.

Je ne l’avais pas remarqué tant elle était discrète cachée derrière son mouchoir. La petite brunette se mouchait silencieusement les yeux fermés. Elle était à croquer. Il se dégageait d’elle comme une sensation de fraîcheur. Soudain j’oubliais tout :le temps et la chaleur. Elle seul comptait. J’étais bien en face d’elle et bientôt ses grands yeux d’un vert que je devinais mis en valeur par celui de son chemisier allaient s’ouvrir. Tout en tombant son voile à usage unique elle plongeraient son regard dans les miens nous n’aurions plus alors qu’a attendre l’ouverture des portes pour nous rejoindre sur le quai et échanger nos noms.

Soudain un obstacle se dressa entre nous. C’était un drôle de type qui se tenait près d’elle. S’il n’avait pas coupé mon regard jamais je ne l’aurai remarqué. Très grand et maigre il était vêtu plutôt chaudement et semblait si frêle qu’on aurait dit un personnage de Tim burton. Il était tourné vers la fille mais je pouvais distinguer entre deux respirations un rictus douteux sur un coin de sa tête ovale et dégarnie.
Il semblait haleter. Pas étonnant avec cette veste. Pourquoi ne la retirait t’il pas ? Une minute non ce n’était pas la chaleur qui le faisait souffler ainsi. Il semblait être en plein effort. Son bras bougeait le long de son ventre en mouvements rapides et nerveux.
PUTIN ! L’ENCULE IL SE BRANLE !!!!!!!!!!!!!

Je secouais la tête, clignant des yeux, incrédule. Impossible. Je devais me tromper. Ce devait être un mirage. Je parcourai l’assemblé à la recherche d’une aide quelconque, d’un signe confirmant mes doutes. Un visage outragé ou même soupçonneux. Mais personne. Personne ne semblait l’avoir remarqué. En fait ils avaient tous l’air totalement absents. Trop concentrés à ne pas penser à la chaleur ni même croiser un regard, certains louchaient sur Loana. D’autres fixaient les fenêtres avec tellement d’intensité qu’on aurait pu croire qu’au lieu de donner sur un tunnel crasseux elles s’ouvraient sur le sommet du mont blanc. Quelques-uns contemplaient songeurs les parois plastifiées et leurs tags antisémites. Ils étaient très nombreux à écouter leurs musiques et encore plus à attendre la délivrance les yeux fermés.
Le train repartit. D’un coup la moitié du wagon perdit l’équilibre en jurant mais nul ne tomba. Seul avantage d’une foule bien compactée. Je fixait a nouveau mon attention sur le mec. Il semblait fébrile sur le point de vaciller, sur le point de … de jouir !!!!!! La lumière se fit plus vive nous étions enfin arrivés. Je ne prêtais pas attention aux râles d’extase des autres passagers anticipant une sortie sur dans la moiteur du quai. Toute mon attention était retenue par la zone cachée où était sensée se trouver son sexe.
Elle apparut sans crier gare se diffusant dans tout mon corps tel un shoot d’adrénaline en plein cœur le faisant furieusement bondir dans ma poitrine: la colère. Je me mis à trembler de rage. Le porc. Je voulu hurler mais ce qui s’était emparé de moi était bien trop sauvage. J’avais besoin de le frapper, de me passer les nefs sur ce pervers. J’emmerdais l’heure et ma patronne. J’emmerdais les gens qui allaient me prendre pour un dingue. Il allait prendre pour tous, toutes et tout ce qui m’avaient cassés les couilles dans cette mâtiné de merde. J’allais le tuer.
Mais la foule était trop dense. Impossible de faire un geste. Mes bras étaient coincés par les nichons de Boudin qui à travers sa couenne de gras ne remarqua même pas que je me débattais.
Fou de rage je me disais : « Attends ! Attends que je te chope sal fils de pute ! Je vais te jeter sur le quai, te ruiner, te casser toute tes dents, t’écrabouiller ta vilaine petite bite et te balancer sur les rails ! Attends moi ! »
Le train était presque à l’arrêt les portes étaient sur le point de s’ouvrir et alors…

Il a jouit.

Je pus lire la satisfaction sur son visage de tordu avant même que la fille ne se rende compte que ce qui coulait dans son nez n’était pas de la morve.
Machinalement elle y porta son clinex, prit son souffle et jetant un regard de coté tomba nez à nez avec une grosse bitte toute raide qui lui cracha cette fois tout son foutre en plein dans l’œil. Elle poussa aussitôt un cri perçant.
Le temps sembla se suspendre. Pendant quelques secondes un ange passa. Nul n’avait bougé bien que les portes fussent déjà ouvertes depuis quelques secondes. Tous les passagers restaient pétrifiés, surpris par la puissance du cri qui vibrait encore dans l’air. Ils fixaient la scène, stupéfaits. Sur le quai on la dévisageait comme une bête curieuse. Même le hoquet c’était tu. C’est alors que, surgie de nulle part, une vielle asséna un formidable coup de pied dans le membre encore tout frétillant en hurlant : « Quoi !? Mais vous vous branlez sur ma petite fille ! ». L’autre surpris se recroquevilla à la façon d’un énorme escargot.
J’eu alors l’impression d’assister à l’explosion d’une bombe H. Toute la puissance qui s’était d’abord concentrée, formant un petit soleil, noyau brûlant, rayonnant et aveuglant avait finit par imploser. J’entendis d’abord sur ma gauche un petit rire bref et nerveux puis deux plus franc sur ma droite puis dix puis cent. Tous. Ils se mirent tous à rire. Tout d’abord le wagon, s’en suivit le quai et enfin les wagons voisins. Moi je restais là les bras ballants. Je vis de gens accourir sur le quai en riant pour profiter du spectacle, mes voisins se tenant les uns aux autres pour ne pas glisser par terre terrassés. Un rire digne de la castafiore me vrilla soudain les tympans. C’était boudin qui tirée de sa torpeur suivait avec enthousiasme le reste du troupeau.
Pendant ce temps la grand-mère bataillait toujours avec le pervers.
L’expression fou rire est trop faible pour qualifier le cyclone qui s’éleva dans cette gare. Une formidable surpuissance venait de naître. Intrépide, irrationnel, sauvage, produit par plus d’un millier de gorges, balayant tous sur son passage, se répercutant sur les murs comme une mouche folle furieuse cherchant rageusement une issue. Il emplit toutes les galeries, tous les quais. Je parie même qu’on l’entendit jusque dans les stations voisines et les catacombes. En un battement de coeur il bondit vers les sorties, jetant au passage à terre les casquettes d’un groupe de leurre qui se trouvait là. Il finit par jaillir triomphalement sur le parvit de la Défense interpellant businessmen et skateurs comme si du cul d’une vielle truie malade au lieu d’une habituelle vesses putrides il était sorti une extrait de la BO de « Qui veut la peau de Roger Rabbit ». J’en restait médusé. Ces gens savaient-ils de quoi ils riaient ?
Un réveil résonna. Le silence ce fit à nouveau. Les gens se regardèrent hébétés. J’entendis distinctement le hoquet reprendre et on prit soudain conscience que les portes allaient se refermer. Alors là ce fut l’émeute. Une grenade venait d’être dégoupillé dans le wagon. Certains proches des portes bondir sur le quai. Quelques-uns trébuchèrent et furent piétinés par la dernière salve de bienheureux qui réussie à s’extirper inextrémiste. Les portes se refermèrent dans une « GLANG » retentissant happant au passage la sacoche d’un pauvre cadre à lunette qui se mit à tirer désespérément dessus devant des voyageurs aigris d’avoir raté leur arrêt et leurs réunions. Je cherchais le pervers. Il avait disparu laissant une victime en larmes et tremblante que sa gentille mamie tentait de nettoyer avec un vieux clinex usagé. Trop occupés à se bidonner la foule hilare l’avait laissé s’échapper.
Je le repérais sur le quai s’enfuyant à toutes jambes. Il ralentis, hésitas, puis s’arrêtant carrément et se retourna. Nos regards s’accrochèrent. Et même si se ne fut que pour une seconde l’expression que je lui découvris me plongea dans un effroi encore plus grand. Car chose incroyable dans les yeux de cette abomination je lus un désarroi semblable au mien.
Son excitation et mon envie de meurtre toutes deux pourtant si puissantes et si irrationnelles avaient été balayé par quelque chose d’encore plus gros, plus fou, d’incroyable, pour ne laisser place qu’à un sentiment d’ahurissement extrême.
Il se retourna brusquement, brisant cet effroyable lien empathique. Alors que le train repartait il prit ses jambes à son cou.

Pendant des semaines je ne cessais d’y penser. Ce rire, cette rage, le regard perdu de cet homme. Lorsque nous nous étions dévisagés avait-il compris que j’avais tout vu ? M’avait-il alors pris pour un confrère ? Dans cette histoire qui était le monstre, l’ennemi? Ce malade mental qui éjaculais sur de pauvres jeunes femmes dans le RER ? Moi, le témoin ? Non le mateur ! Assistant à l’ensemble de la scène sans même émettre la moindre objection. Peut-être que derrière cette soif soudaine de sang avais-je secrètement espéré qu’après l’avoir sauvé, cette beauté me tomberait dans les bras. Ou bien le citoyen lambda qui se tordait de rire à la vue d’une grand-mère protégeant sa petite fille agressée sexuellement ? Et si j’avais eu des piles aurais je ris moi aussi ?

Les mois passèrent puis les années. L’arrière goût de lâcheté attachée à ce souvenir a finit par disparaître. Il a même laissé place à de la fierté. Cette histoire d’abord honteuse s’était transformée en légende urbaine. Je ne l’avais d’abord conté qu’à mes amis mais très vite par bouche à oreille elle était devenue célèbre au même titre que les histoires de la mami autostoppeuse à la hache et de la pizza cuisinée au sperme. On me demandait souvent de la confirmer. Je l’ai raconté à tant de gens que j’ai moi-même finis par la trouver drôle. Elle était de ces petites histoires que les étudiants se racontent au bar en buvant une bière ou en fumant leurs clopes. Le téléphone arabe fonctionna même si bien qu’il m’est arrivé d’entendre de nouvelles versions. Dans certaines je tuais le pervers, dans d’autres je finissais par épouser la fille. Un jour un ami m’a même rapporté que dans une soirée à Bordeaux on lui avait expliqué que c’était la fille qui branlait le mec.

On comprend mieux maintenant pourquoi les transports en commun laissent rêveur plus d'un enculé de publicitaire expert en communication de ma bite partisan de la moutonnerie humaine de masse. Mais plus grave que ce serai t'il passé si à ce moment quelqu'un c'était mis à tabasser le pervers? Peut-être l'aurions nous lynché ou pire nous serions nous tous entretué. car c'était un très puissant effet de masse. je me rappel avoir ris pendant cinq bonnes minutes en me disant « mais putain qu’est ce qui m'arrive »? Finalement c'est préférable d'avoir ris.