Cher Père Noël

Le 20/12/2006
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par MantaalF4ct0re
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Dossiers / Noël de merde
Des putains de moutons tout juste bons à se faire enculer par un fermier atteint de crétinisme, voilà ce que sont les zonards. Dès que noêl se pointe, c'est l'effervescence, et on se prend un torrent de parodies dans la gueule, alors qu'on souffre déjà suffisemment de l'inondation médiatique. C'est parti, donc, pour une lettre revancharde d'une vieille dame aigrie. Gentiment déjanté et raisonnablement hargneux.
Cher Père Noël,
cela fait bien soixante et un ans que je ne t'avais pas écrit, excuse-moi ce manque de nouvelles..mais à vrai dire, je ne t'ai plus écrit dès l'âge de vingt deux ans car j'en ai eu légèrement marre de ne pas obtenir ce dont je rêvais secrètement et dont toi seul avait la connaissance. Peut-être n'étais-je pas assez sage...cependant tes critères de sagesse et de tenue doivent avoir drôlement varié depuis mes jeunes années. En effet, quand je vois tout ce que tu apportes aux jeunes de maintenant, alors que ce ne sont que des bandes de petits cons et de garces éhontées, je suis complètement outrée, et à vrai dire , un peu jalouse.

Depuis le temps, tu as du m'oublier, ou peut-être tes elfes ont-ils oublié le dossier de la petite Marguerite, de Maast-et Chombières. Tu te souviens de moi?? Non, je parie, et je te le pardonne volontiers, tu étais déjà bien âgé quand je n'étais que'une toute petite fille, alors maintenant que j'ai moi-même de petits soucis de mémoire parfois, je comprends ta difficulté..D'ailleurs peut-être étais-tu déjà touché par cette affreuse maladie d'Alzheimer il y a soixante-dix ans, ce qui expliquerait que tu m'aies toujours zappée. Soit. Mais alors tes elfes secrétaires auraient pu te le rappeler. Toujours est-il que moi je n'ai pas effacé de ma cervelle tes oublis à mon égard. Je vais te rafrâichir la mémoire.

Tant que je n'ai pas été capable d'écrire, tu ne m'as apporté qu'une orange.
Je me suis dit qu'en t'adressant une lettre, ça irait mieux.

A l'âge de sept ans, si tu te souviens, je t'avais demandé des poupées avec leurs robes du dimanche, et leurs tenues de travail. Résultat: une orange. Ca m'a fait beaucoup de peine, j'avais eu un comportement exemplaire toute l'année. Je me souviens encore de la chaleur des larmes sur mes joues, et de ces sanglots dans mon lit, les soirs suivants, pendant des heures.Rien que d'y penser je sens l'émoi revenir.Soixante-seize ans après, la douleur est toujours aussi intense.
Je me suis dit que la lettre n'était pas arrivée, j'étais persuadée que tu étais gentil et juste, il m'était inconcevable que tu m'aies oubliée..
A huit ans, j'ai demandé les mêmes poupées. Mais cette année encore, une orange. J'avais pourtant été assez sage, je pense. Ma seule faute de l'année avait été de faire pipi au lit, peu avant Noël. Je me suis dit que tu étais sévère.
A neuf ans, je n'avais demandé qu'une poupée. Une orange, encore. Pourtant j'avais juste frappé une fois ma petite soeur parce qu'elle m'avait tiré les cheveux.
A dix ans, une robe neuve. Je n'en avais jamais eu. Eh bien non, une orange. Il est vrai que j'avais donné un coup de pied au bébé parce qu'il me cassait les oreilles.
A onze ans, une paire de souliers. Pour changer: une orange. D'accord, couper les oreilles du chien en forme de pointe n'était pas une bonne idée.
A douze ans, un accordéon, je voulais jouer de la musique, j'ai toujours adoré cet instrument, je rêvais de jouer dans les bals et faire danser les jeunes gens..Malheureusement je n'ai jamais eu cette chance. Difficile de faire sortir un son d'une orange. Pour me soulager, j'ai coincé l'orange dans la gueule de Maurice, le chien. Il s'est étouffé, j'ai dit à mes parents qu'il avait voulu jouer avec , comme il l'aurait fait avec une balle. Nous avons ensuite eu à la maison un autre chien, tant mieux, Maurice était moche et puait de la gueule.
A treize ans, je t'ai demandé une pomme de pin, je savais qu'avec l'histoire regrettable de Noël dernier, je n'aurai pas droit à un beau cadeau. Eh non. Une orange.troublant. Tu m'avais apporté mieux que ce que j'avais demandé.
A quatorze ans , je t'ai demandé un album de Tintin. Bien évidemment, une orange est arrivée. Je n'aurais pas du couper de mes dents le sexe de Robert le jour de son anniversaire, après lui avoir laissé espérer une gâterie derrière un ballot de paille...
A quinze ans, j'aurais voulu une bicyclette. Tiens donc , une orange. Voilà ce qui arrive quand on offre son arière-train aux jeunes et vigoureux ouvriers de la ferme...Mais ils étaient si beaux, si fermes, j'en aurais bien voulu huit d'un coup au lieu de quatre!
A seize ans, j'ai tenté une nouvelle fois l'accordéon. Nan....une orange..Il est vrai que j'avais cette année-là enfermé cette salope de Geneviève dans le poulailler avant d'y mettre le feu. J'espérais de la compréhension de ta part, Raymond m'avait trompée avec cette trainée.
A dix-sept ans, une bouteille de Champagne. Cette fois tu ne m'as rien apporté du tout. Peut-être à cause de la guerre. De toute façon j'avais dénoncé Ernestin aux Allemands contre une bouteille de rouge, et Auguste contre un coup de bistouquette.
A dix-huit ans, je t'ai demandé un Panzer. Penses-tu! Nada. Je n'aurais pa du mélanger les restes du petit Grégoire à la viande de porc dans le saloir? Personne n'a senti la différence, j'ai offert un bon repas à ma famille, ce jour, là, pourtant...ils n'y ont vu que du feu, je pensais avoir accompli une bonne action mais visiblement ça ne t'a pas convenu.
A dix-neuf ans, une baïonette? Non, rien. Cette année-là j'avais découvert mon goût pour les coups de ceinturons allemands sur ma croupe, mon corps attaché solidement sur une table et offerts à leurs membres chaleureux , mais est-ce bien grave? !
A vingt ans, une automobile. Est-il bien utile de te rappeler que tu ne m'as rien apporté, pas même une malheureuse orange?! Je ne regrette même pas d'avoir dénoncé les maquisards, même si mon frère était dans le groupe. Ils baisaient mal et sentaient mauvais.
A vingt et un ans, un cheval, pour de nouvelles sensations. Même Flonflon aurait fait l'affaire, si tu n'avais pas de cheval. Mais non! Qu'à cela ne tienne, je me suis consolée sur le chibre de Jürgen, puis je l'ai refilé à un maître d'école venu du Limousin pour virer les Boches. Il me faisait mieux jouir, celui -là...
A vingt-deux ans, j'aurais voulu des cheveux longs, et de nouveaux seins, parce que ça ne repoussait pas très vite. Je n'ai eu qu'une orange. Ensuite j'ai cessé de t'écrire, désespérée.

Alors, cette année, je ne tomberai pas dans la basse et mesquine posture de celle qui réclame un cadeau.

Toi qui es âgé, tu peux surement mieux comprendre maintenant les désirs de ta petite Marguerite, hein? Tu me dois bien ça...

Cette année, je voudrais que tu n'amènes rien à toutes ces pourritures de jeunes, qui ont tout pour eux, qui n'ont jamais connu la guerre, la faim, qui se trémoussent à moitiés nus, qui s'enivrent, qui couchent à tour de bras avec des étrangers, qui sont heureux en couple, qui ne foutent rien à l'école, qui se plaignent de ne pas avoir de travail alors que ce ne sont que des feignasses, de mon temps les jeunes étaient plus courageux, ils travaillaient tous....je souhaite que tous ils chopent une sale maladie, qu'ils crèvent la gueule ouverte et dans la souffrance, pour ne pas assez secourir et respecter leurs aînés qui ont tant fait pour eux...

Je ne suis pas seule, nous sommes nombreux à espérer leur perte, à nous donner rendez vous à la poste, sur les routes, dans les magasins, aux heures de pointe, pour les emmerder autant que nous le pouvons, pour les blesser à coup de caddies, de canne, leur faire ressentir ce malaise intérieur si désagréable d'être regardés de travers, leur demander de l'aide, être un poids pour eux, si lourd qu'ils céderont, incapables de soutenir bien longtemps un tel effort. Père Noel, aide-nous, toi qu es de notre génération...harcèle les jeunes, pousse-les à bout, jusqu'au suicide, jusqu'à la crise de nerf, assome-les d'émissions de Pascal Sevran à la télévision, en rediffusion, 22H par jour, le reste couvert par le journal de Jean-Pierre Pernaut et, parfois, d'un petit Derrick, pour changer. A l'école, des chants religieux et militaires jusqu'à ce qu'ils y succombent de douleur.Oui, Père Nono, tous les moyens sont bons, si tu en as d'autres, n'hésite pas, nous sommes preneurs et preneuses. Elimine toute cette génération de merdeux ingrats, nous les personnes dites du trosième âge, nous n'en pouvons plus...nous sommes nombreux à avoir les mêmes desseins, s'il te plaît, cette année, Père Noël, fais nous une offre de groupe, extermine les jeunes à petit feu.

Merci d'avance.

PS: J'aimerais également bien voir ces vieilles garces de Fernande et Alicette casser leur pipe cette année.