La lipide et le dragon

Le 12/01/2007
-
par Prototype Nucléique
-
Thèmes / Obscur / Litanie
Il est tout à fait possible que je sois trop con pour entraver quoi que ce soit à la prose de Prototype Nucléique. Mais même jugés comme de la poésie en prose privée de sens, ça reste fluide, étrange et hiératique. Totalement inaccesible mais assez puissant. On apprécierait des sous-titres quand même.
Les yeux fermés, sa pensée poursuit l'influx de l'instant, épidermique et phéromonal. Cantonnée à la perception et ses applications.
Comme quand il passe l'aspirateur, ou s'habille devant la glace. Focalisé sur le jeu de ses caresses, il essaie de générer un effet de surprise flattant sa joue de sa main gauche, puis posant doucement la droite sur son sein, comme tombée du ciel. A l'infime détente de leurs mouvements de langue, ils sentent tous deux en même temps que la caresse était bien amenée. Alors, ensembles, ils s'activent davantage, leurs prises se font plus franches, leurs souffles plus prononcés, comme pour se récompenser mutuellement, lui d'avoir été doux et astucieux, elle, d'avoir été complaisante. Bien que s'en gardant un peu, il attend qu'elle y pose sa main, et multiplie les stratégies pour l'y faire venir, allant jusqu'à feindre le détachement.

Il n'est plus alors que l'instrument du tronc veiné, émergeant de ses viscères. Si sa raison est toujours présente, elle est comme habitée par un miel visqueux, qui la ralentit et l'oriente doucement vers son dessein. Et il finit par se soumettre à cet instinct qui ment, lui aussi, avec le plaisir pour seul argument, depuis des générations.
Le cycle de l'hormone soumet l'humain au joug de la chimie.
De même, le phosphore dont s'abreuvent les gamins sent bon le chocolat. Mais les esters s'empilent en vain sous la membrane depuis l'ère du caillou qui flotte, le drapeau américain reste absent du jardin d'Eden. Alors on baise le samedi soir, et les morveux bouffent leurs chocapic dimanche matin au pied du totem.
Conciliation cyclique des forces.

Posé sur la lame blanche, le graphite cristallin glisse dans un doux feulement. la raison qui dirige le bras est linéaire, mais articulée par la biologie rotative du poignet. Les doigts compensent. Et la droite reste un sinus obscur à la mathématique.
Cette oscillation du photon fascine, et gouverne l'univers. Elle ramène, par la convulsion de l'affrontement, le système vers l'existence. Par le vomissement, l'estomac retrouve le nutriment, par le feu nucléaire, le sage triomphe, par les pleurs, l'esprit retrouve le sens.

Cependant rien n'est perdu pour l'homme.

Car le goût du martyre reste insensible aux oeillades coquines de la lipide.
Car de la faim et du froid, surgissent les merveilles de la conscience, et les limites du règne de la mort, enfin soumise au cartésianisme.

L'homme tribal assassine son père pour mieux séduire sa mère. L'humanité, elle, devra tuer La Mère, et forniquer avec Le Père. Et c'est des postures les plus odieuses, du dénigrement le plus profond, qu'entre les à-coups de la jouissance calculée, le nouveau-né émergera, dans le triomphe de l'éprouvette.

En attendant, méthodifions la souffrance de l'artiste, et rentabilisons celle de l'enfance.
La route, quelle qu'elle soit, empestera la sueur, et le trottoir, la mort. Mais du coït final des civilisations qui s'entrechoquent s'extirpera l'enfant nouveau, et il ne sortira pas d'un vagin.