Estampe

Le 06/02/2007
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par Kwizera
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Thèmes / Obscur / Triste
C'est la saison des auteurs qui écrivent comme ma grand-mère : c'est bô, c'est poétique, mais y a pas grand-chose dans le froc. Enfin j'exagère, y a quand même une sorte de solitude noire, une mélancolie empoisonnée qui s'écoule de ce texte, et bien que ce soit un poil confus c'est appréciable. Manque que quelques meurtres au hachoir quoi.
Ce n’est pas facile c’est sur. Ce qui l’est encore moins c’est d’effacer. On pourrait pourtant penser le contraire, les hommes fait pour l’oubli, pour le bonjour et puis déjà le doute, le temps, l’étang avec des moustiques, comme si l’eau aussi de notre corps pourrissait sous le soleil même en hiver… et c’est vrai que le putain de temps passe… C’est ce qui est terrible d’ailleurs dans un mur par exemple, cette proportion entre l’image qui s’en dégage et le son qui en ressort. Et de frapper contre à s’en briser les os du crâne, mais sans savoir pourquoi… redécouvrir ce qui coulerait de là dedans… des idées noires… du pétrole sous les yeux…
Autour de moi, le cirque est réglé sur pause. Ils ont arrêté de sauter les acrobates ! rentrés les tigres ! couchés les clowns… le nez rouge en collier. Je tente de rire, rien que ce matin, rien que demain, rien que pour toi, rien que d’après moi, rien, rien, rien, toujours toi, toi, moi, mais jamais plus rien entre nous. Je m’embrouille aussi à rire où il ne faut pas, quand je marche, quand je chante, quand je pleure, quand je descends dîner avec la table déjà posée, parée, prête, deux couverts, trois plats, toujours, j’ai des repères, juste assez pour avoir peur encore de les perdre aussi.
Bref, les gradins vides me donnent la nausée. Etre seul est insupportable, être seul c’est la mort, pas la vraie, la mort celle qu’on angoisse. Le loup. Le notre. Le délice de la solitude il vient de pouvoir renfermer l’autre hors de soi, de le paysager, de le dessiner. On est tous ici comme des fous qui peindraient à n’y rien entendre, avec du feu, des pierres et des oignons. On joue à se faire peur, à se faire rien, à se faire sang, parce qu’au fond, et de là vous conviendrez que l’enfant est pas stupide tout de suite, on sait qu’on trouvera la vie que sous les cicatrices. Les vers qui gargouillent. La plaie incessante. Et l’appel…
Je disais, effacer est impossible. Mille fois on essaie. Et les murs aussi. Je disais. Je t’avais posé là haut. Les pieds qui baignaient et le sable qui virevoltait. Putain d’absence. La maladie de chacun c’est de voir le futur, parce qu’aussi inconséquents qu’on reste, et même prés du tombeau, on a, non de l’intuition, mais une certaine prédisposition au regret. J’ai jamais pu aimer complètement heureux. D’abord heureux, malheureux ce ne sont que des mots, on fait pas des sensations là-dessus, mais des batailles, ça oui ! et lesquelles… avec des hordes de barbares, des invasions de bombes, des chenilles mortes au front… et des boites de conserve qui amochent un sol déjà complet de cadavres humains. Tout près de la mort, le ventre. Le cri du corps résiste à l’âme longtemps.
J’ai besoin d’être toujours amoureux. Sans cesse. Oui, besoin, et désolé pour les égos. Amoureux comme si je poursuivais non une trace, non une étoile, non une femme, mais mon chemin. Merde je finis mal. Tant pis m’a dit l’écho.