Bible du néant 2

Le 26/01/2002
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par nihil
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Rubriques / La bible du néant
Manifeste de l'hypocondrie et mise à l'écart du troupeau.
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La mort, ça n'a rien de fascinant. Quand comme moi, on a bossé dans les hopitaux, on sait que la mort n'est pas mystique, ni même mystérieuse. Ce n'est qu'un dysfonctionnement organique.
Quand, comme moi, on a retrouvé des gens morts dans leur lit, au petit matin, figés dans la position où ils se sont endormis
Quand on a sentit au bout de ses doigts le froid de la peau, sa rigidité insoutenable
Quand on a vu , comme j'ai vu, la pâleur d'un corps ou des yeux vitreux, on ne peut plus croire au paradis ou à l'enfer, mais seulement au néant, à l'extinction. La conscience n'est qu'un état chimique appelé à disparaître et le jour de sa fin n'est plus qu'une date de péremption.

Endoctrinés, abrutis, dressés comme des chiens.
On leur colle depuis l'enfance des théories absurdes dans le crâne et on les leur répète tant de fois qu'ils finissent par les accepter comme seule vérité, sans même chercher à les comprendre. Des phrases toutes faites, des clichés, voilà ce qu'ils vous déblatèrent dès qu'on essaie de creuser un peu en profondeur, Dieu est amour, Dieu est parmi nous, lali lala. Ils enferment ceux qui refusent de croire.
Lavage de cerveau et bourrage de crâne à grande échelle.
Une espèce d'organisation démente, un engrenage à la con qui s'est mis en place tout seul et se perpétue à l'infini, le Système comme on l'appelle, et rien à faire contre, tous ces débiles sont mâtés, conditionnés à aimer leur conditionnement. Cercle vicieux à la con, ouais.

... orientation funèbre.
Car la vérité se lit dans l'ossature dérangée des symboles devant lesquels se prosterne l'humanité
Car la vérité se lit dans les traits maladifs de leurs dieux aveugles et dans la structure nihiliste de leurs incantations
Car la vérité se lit dans les entrailles brûlantes d'un pigeon éventré, élevé en sacrifice
Car la vérité se lit dans les mouvements obscurs qui animent les rangs assemblés au fond des temples blindés, et dans la curiosité des disciples de Mengele
Mais tout cela n'est qu'une partie de la vérité, car la malédiction qui contamine le monde est également ailleurs
Car la vérité se lit dans les volutes obscurs développés par la reptation de la haine
Car la vérité se lit dans la solidification du sang répandu
Car la vérité se lit dans la douleur immonde ; et dans la folie qui traverse le regard de la chienne à qui on enlève son enfant
Car la vérité se lit dans la torpeur du carnage et de la panique et l'emprise de l'émeute.
Telle est ma vérité.

Une âme à l'agonie dans un corps trop grand.
C'est ça que je suis.
Une cintrée, une folle, c'est ces mots qui me remontent dans la gorge et que je vomis et me filant des grandes claques dans la gueule. Cintrée ! Folle ! Ces mots qu'ont m'a jeté pour seule nourriture avant de m'enfermer. (j'ai faim) des odeurs d'hôpital, des fantômes en blouse blanche et des seringues débordantes de toxicité.
L'autre jour j'ai fait un rêve. Je n'était pas une petite fille, mais une adulte enfermée dans un abattoir en ruines, et Gabrielle n'était plus une poupée, mais un vrai bébé qui pleurait. Mon enfant. Mais est-ce que c'était vraiment un rêve ? Mon enfant
Ca c'est moi
Je déteste mon âme et tout ce qui l'entoure, tout ce chaos de cellules mortes ou rongées par le cancer qui me tiens lieu de corps, une âme à l'agonie dans un corps trop grand, tu vois je n'ai pas oublié
Ca c'est moi
Ah ah ah
Un monstre obscur qui joue à la Maman en attendant la fin, mais qui massacre ses bébés, petit à petit, jusqu'à errer dans un champ de bras de celluloïd et de mousse usée, entre les flancs convulsifs d'un caveau mal refermé
Ca c'est moi. Encore et toujours moi.
Je n'en peux plus.
Finissons-en, je vous en supplie.

Je ne sais même plus comment je m'appelle.