Trois jours

Le 10/05/2007
-
par Sot-Viet
-
Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Comment foirer un suspense en une leçon magistrale. En gros il arrive quelque chose au narrateur, et nous pauvres lecteurs manipulés, ne savons pas quoi. Oh mon dieu, le suspense est insoutenable, on en a rien à braire tout ça. Le récit de cette ennuyeuse expérience est infiniment mal écrit, au point que ça finit par devenir amusant. On se marre même bien devant la deliquescence de cette piètre tentative. Minable.
Alors comment ca va? Ca serre pas un peu trop? Tu te sens bien? C'est comfortable?
|||||||||||\\\\\\\\\PREMIER JOUR.///////||||||||||||||||

Tout de suite on se dit cela ne fait rien. Je me demande pourquoi j'ai accepte de faire ceci. Le gout du risque peut etre?

Au debut, ce n'etait pas tres difficile. Je connais mon chez moi, ou se trouve la carafe d'eau, la radio, mon ipod. Chez moi, je connais, c'est bon y a pas de probleme. Mais comment acheter le pain?

(je sors de chez moi)

Putain, ca devient tout de suite plus difficile, les marches, en dehors, le trottoir. Tout de suite je me suis dit "PUTAIN MAIS C'EST HARDCORE!" Pas question de mettre le ipod dans mes oreilles, c'est trop risque. Mais doigts sont deja completement raiches, ponces par les murs, les poteaux, les affiches municipales. Je reconnais le bruit de la boulangerie et ca petite clochette bien distinctive. J'entre, ma boulangere doit me prendre pour un veritable idiot.

_une baguette s'il vous plait.
_55 cents s'il vous plait.

En moi, c'est la panique la plus totale. Je sors mon porte monnaie, je cherche 55 cents. Mais comment? Cette piece peut etre? Je suis lache, je lui tends ce qu'il semble etre un billet de 5 euros, elle me rend la monnaie. Je marche en dehors, clochette, et le doute subsiste, peut etre qu'elle ma pas rendu la monnaie correctement cette pute.

Je rentre chez moi. Je tatonne mes clefs. Je me pose sur le sofa. Et je respire profondement. Je me demande comment. Comment je vais faire pour rester 3 jours avec ce putain de bandeau sur les yeux. C'est vraiment un pari stupide. Mais plus j'avance dans cette experience, plus je percois la realite. Le son, le touche, l'odeur de la rue.

Je me fais un sandwich, et je retrouve mon confort social, je sais ou est le couteau, le beurre. Mais putain ou est-ce que j'ai mis la baguette de pain? Ah oui, sur le sofa. Etre aveugle, je crois que c'est surtout se souvenir de chaque petit detail quotidien. Ranger le jambon dans le papier sulfurise, les cornichons, ne pas oublier de laver le couteau... Bref, etre aveugle, c'est une attention de chaque instant. C'est tres tres dur.

J'allume la tele.

La television a de mediocre les images qu'elle nous crache a chaque fois lorsque l'on l'allume. Mais ce que je n'avais pas remarque (ou pas vraiment), c'est aussi la mediocrite du son un attentat en Irak de la pub, un peu de porno, des pubs.

J'en ai marre. Je vais me coucher.

||||||||||\\\\\\\DEUXIEME JOUR.///////||||||||||

Je me leve, j'eteinds machinalement l'alarme, il est 8 heure, je suppose. Comme d'hab, je me cogne le gros orteil sur le bas de porte en me brossant les dents. Avoir les yeux bandes n'y fera rien.

Je vais au toilette, je m'assois sur le trone. Je me torche le cul. Soudainement, je me rends compte que l'on a pas besoin d'etre voyant pour se trouver l'anus et essuyer sa merde comme il le faut. Comme quoi, etre aveugle, c'est pas si dur.

Je finis de me brosser les dents, et je vais me faire une tartine. Mais ya un probleme. J'avais oublie de ranger le beurre hier, et il a completement fondu sur la table. Putain je suis con. Je sors, je prends mon portable, je cherche mes clefs (sur la table pret du sofa, ca je m'en souviens), et je prends un parapluie qui me fera office de canne blanche.

Je suis dehors, et je sens le froid raidir tous mes membres. Et la, des millions de questions me taraude. Est-ce que j'ai vraiment eteinds le gaz apres avoir fait le the? Est-ce que j'ai mis les meme chaussettes? Est-ce que mes vetements sont assortis? Est-ce qu'un aveugle se soucis de ces conneries?

Je me decide d'appeler Aurelien. Mais je ne sais pas comment, je ne vois pas les touches sur mon portable, je ne peux rien faire! Je suis completement naze. J'arrete une personne, une femme je crois, j'avais entendu ses talons. Et effectivement s'en est une. Comme quoi, on s'habitue vite fait. Mes sens s'aiguisent.

_Veuillez m'excuser, pouvait vous appeler Aurelien sur ce telephone? Il est dans la liste des contacts...

Je ne peux pas voir son petit rire nerveux, mais tout du moins, je peux l'entendre. Elle doit vraiment me prendre pour un con.

_Allo Aurelien? Vous avez beaucoup d'ami comme celui ci? Je suis devant un gadjo avec un T shirt a l'envers, deux chaussettes differentes, et un bandeau noir sur les yeux. Ah? il a perdu son pari, et maintenant il doit etre aveugle pour 3 jours?

J'entends pleins de bip de touche venant du telephone.

Elle a eteind le portable. Sale GARCE!

_Il parait que vous avez rendez vous a Austerlitz. Au revoir.

Elle me tend le combi, que je remet dans ma poche... ! et s'en va d'un pas presse!

_SALOPE C"EST OU AUSTERLITZ!!!!

Dans le metro, j'ai honte. Je demande de l'aide alors que je suis voyant, une vieille dame m'aide, sans me demander pourquoi. Je lui tiens la main, et je lui dis que je viens d'avoir une operation chirurgicale, et que je ne peux plus rien voir, puisque je dois proteger ma vision avec ce bandeau. Je ne sais pas du tout pourquoi je lui ai dis ca.

L'odeur de pisse est insupportable. Je tiens la main assouplie par l'age, j'imagine le sourire d'une personne apres avoir fait une bonne action. J'ai peur de tomber sur les rails, elle me rassure en me tenant la main un peu plus fort, me serrant mes doigts a l'arrivee de la rame de metro.

Je sors maintenant de la bouche de metro. Mon parapluie est vraiment utile, je ressens les tremous du sol, les marches a venir, les murs.

JE RESSENS MAINTENANT L'AIR FRAIS!

C'est la sortie! Incroyable! Si Paris sens aussi bon que ca, putain, le metro doit etre pollue a mort! Je marche d'un pas plus assure et rapide, un passant me retiens, il y avait un passage cloute. Je le remercie. Il/elle ne dit un mot. On entend le passage d'une voiture tres rapide, son souffle me survient au visage. Je remercie mon bienfaiteur. Mais il est deja parti dans le brouhahah parisien.

Sot-Viet ! ON EST ICI! ATTENDS BOUGE PAS J"ARRIVE!

C'est Aurelien et Philippe! Il me tiennent la main, on marche d'un pas beaucoup plus rapide. Et je maRCHE LAMENTABLEMENT SUR UNE GROSSE MERDE DE MON PIED DROIT. PUTAIN PUTAIN PUTAIN! BANDES D"ENFOIRES VOUS L"AVAIT FAIT EXPRES!!!

On entre dans un cafe, je frotte frenetiquement mon pied sur le paillasson. Je commande un cappucino, lui un Campari Rouge, Phil un cafe creme. Je leur raconte mes mesaventures.

_Mais pourquoi tu es aussi naif? Si tu as perdu le pari, c'est parce que Josie savait deja que tu etais aller chez Sandra pour prendre son bouquin!
_Mais comment elle a su?
_Par l'odeur de son parfum, pauvre idiot.

Ah oui. Merde. Son parfum. Je suis con. TROP CON! MERDE! Mais bien sur, si Josie a reussi a savoir, c'est parce qu'elle a senti Sandra sur mes vetements. Putain je suis trop con.

Je vais au toilette me remettre mon T shirt a l'endroit. Et je me rassois a la mauvaise table.

"BORDEL ON N"EST ICI" me crie Philippe.

On parle de tout et de rien pendant des heures, comme d'hab. Ca me fait plaisir. Je crois bien que ce sont les seules personnes qui ne me prennent pas pour un idiot.

Je decide de payer l'addition, et je ne trouve pas mon porte monnaie. Mais qui a pris le porte monnaie? La vieille dame du metro? Putain, c'est pas possible elle avait l'air trop sympas... Non non, je comprends pas, je suis certains que je l'aurais entendu tomber s'il etait tombe. J'ai surement du rater un truc. Je me demande bien comment j'ai fait pour le perdre c'est pas possible! Et comment je vais faire pour savoir si cette boulangere ma bien rendu la monnaie! je le saurais jamais!

Philippe decide de me raccompagner chez moi en voiture, j'ouvre la porte. PUTAIN J'AI OUBLIE LE PARAPLUIE DANS LE CAFE! Je suis vraiment trop con. Je comprends maintenant pourquoi Josie est aussi maniaco depressive avec ces affaires. Et je me demande maintenant comment elle fait pour etre aussi belle chaque jour, maquille, bien habille.

C'est bizzare. J'ai envi de quitter Sandra et de me faire Josie du coup. Peut elle voir mon sourire a chaue fois que je l'a vois? Mon envie de la prendre sur sa table? Entendra-t-elle le crissement de ma braguette si je me branle devant elle?

PUTAIN je suis trop un pervers c'est pas possible. Je me brosse les dents, je vais me coucher.

|||||||||\\\\\\\\\TROISIEME JOUR///////////|||||||||||||

A mon reveil, je n'ai plus la force d'aller au bout de l'experience, elle avait raison Josie. Je ne choisis que la facilite, je ne suis pas un homme de parole, mais la, maintenant, je m'en fou completement. Ca me gave ce putain de foulard noir, j'ai envie de le lui rendre a Josie du coup. Peut etre que c'est un signe en fait? Peut etre qu'elle a un sixieme sens et qu'elle a senti que moi et Sandra ca colle plus du tout. C'est une opportunite a saisir ca.

Je me decide de rappeler Phil, et bizzarement, j'ai un nouveau numero de telephone. Fatima, appele a 9:11 hier. Tiens, je ne m'y attendais pas a ca! Elle a surement du me trouver charmant lorsque je lui ai demande d'appeler Aurelien... Qui sait.

Les couleurs sont tellement plus belles, plus subtiles, les bords des objets sont plus reels, comme un filtre sur realite survenait sur chaque objet ou mon regard se pose. Le vert de mon ipod mini, le reflet de mes clefs. C'est bizzare la realite est quelque chose de tellement relatif. Il y a deux jours, c'etait morne est triste, aujourd'hui, c'est eblouissant, frappant.

||||||||||||||\\\\\\\\\\Fin de l'experience numero une.//////////////|||||||||||||||