Asylum 1 - Cellule 218

Le 17/05/2007
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par 222
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Dossiers / Asylum
La cellule 218 de l'hôpital psychiatrique est occupée par une jeune psychotique incarnée par 222, qui semble ne pas avoir eu de problème particulier pour s'identifier à son personnage. Il faut dire qu'Amélie Vuissin, jeune fille agressive, traumatisée par son père, est tout le portrait de l'héroïne des autres textes de 222. Comme il fallait s'y attendre, c'est sombre, violent, un peu en deça des Dialogues pour la qualité, mais on se prend sa dose de violence verbale dans la face avec plaisir.
Cellule 218 - Vuissin Amélie, 17 ans
Porcs. Rats puants. Taches de sperme. Des peaux remplies de crasse et d’excréments humains. Je les hais. Ô combien. Je suis à sa merci, je suis laissée à sa merci, je reste attachée dans les ténèbres de ma cellule à savoir qu’il est là, dans le noir, et je sens son visage à quelques pouces face au mien, je sais, j’imagine, je vois ses yeux fous ouverts et droits plantés là face aux miens, écarquillés, avides et perçants, je sens, j’entends presque le début de son rire, il va exploser, son rire, d’un instant à l’autre, il est sur le point d’éclater d’un rire narquois et mortifère, de se jeter sur moi et HA !

Je repense à l'autre ordure humaine. Lui. Ses yeux suintants, sa lippe tombante de porc hybride. Ce putain de psychiatre. Et sa manie de regarder ailleurs d'un air ennuyé. Son petit ton faussement compatissant, alors que c'est ce pourri qui me maintient enfermée :
- Mademoiselle Vuissin, comment nous portons-nous aujourd’hui ?
- LAISSEZ-MOI SORTIR ! IL FAUT QUE JE SORTE, IL EST LA, IL SE CACHE MAIS IL EST LA !
- Bien, nous allons donc comme de coutume. Ne crions point je vous en prie, tout ceci résonne comme l'Enfer. Je ne vois pas âme qui vive entre ce capiton-ci et ce capiton-là, ni de la porte à la grille de la fenêtre, par laquelle pas même un chaton ne glisserait. Tranquillisez-vous, par le Ciel.
- IL EST LA !
- Il est là ?
- … hrrrr
- Bien. Qu’il soit donc là. Infirmiers, qu’on lui lie les chevilles et qu’on lui mette la muselière. Et camisole pour la nuit.

Crevure de merde.

Des lâches, des veules. Ils savent que Papa est revenu, qu’il est là, qu’il est là pour me prendre, attraper mon visage par les cheveux, autour de mes oreilles, me secouer et secouer jusqu’à ce que mort s’ensuive, il l’a dit, je vais SALOPE te prendre et te briser la nuque PUTE et te planter mon regard au fond de la tête CHIENNE tu m’as brisé je viens reprendre ce qui m’appartient, ton corps, ton âme et ta souffrance, il me l’a dit, dans mon crâne il me l’a dit. Je leur ai dit, il me l’a dit, je le sais, tous le savent, mais ils me laissent, seule, à lutter contre lui, seule, au fond de l’obscurité, liée, muselée, comme un chien CHIENNE il m’a appelée sa chienne, comme autrefois, autrefois quand il me plantait son gland au fond des tripes en disant chienne. Je lutterai, il faut lutter je lutterai, tu m’entends, sale porc, je suis là, bien là, viens si tu l’oses, plus près encore.

Oui je t’entends. Oui je t’entends mais je me tais, si tu crois que tu pourras me faire crier comme hier j’ai crié, me faire courir autour de ma cellule comme la veille j’ai couru, me cognant dans le noir à chaque coin, aux murs froids, devant lesquels tu t’étais toujours PUTE oui je t’entends, tais-toi, devant lesquels TU VAS MOURIR tais-toi porc, devant lesquels toujours tu t’étais mis, glissé, infiltré comme une limace, limace infiniment furtive, infiniment rapide, et je m’écrasais le visage contre la paroi glauque de toi, gluante de tes fluides, collante et verdâtre même dans le noir, comme la peau membraneuse des têtards, comme autrefois, quand tu m’appelais CHIENNE oui je t’entends, tais-toi, la ferme, je crierai pas !

Papa. Je te vomis.

Je me tais et puis j’attends, fils de salope, j’attends, tu ignores quoi, qui, parce que tu es déjà le plus faible de nous deux, je suis déjà plus forte que toi, porc, CATIN PUTRIDE, que tu engendras, oui, mon bel et bon, mon père, mon sang, le sperme que j’ai depuis toujours au fond des veines et que tu répétas au fond de mon vagin, catin putride, c’est vrai, mais plus forte que toi, tais-toi, il vient.

- Ne le dites pas au docteur.
- C’est promis.
- Ne le lui dites pas, il ne veut pas.
- Je vous le jure sur ce que j’ai de plus sacré.
- Je ne peux pas voir une enfant liée pour la nuit dans l’obscurité, vous comprenez.
- Je comprends.
- Voilà pour la camisole. Les chevillières, je vous les laisse, vous vous blesseriez en vous heurtant aux murs, et alors, c’en serait fait de moi.
- Soit. Vous avez raison. Vous êtes bon.
- J’ai des enfants. Je ne suis pas bon. Laissez-moi dégrafer la muselière.
- Laissez-la moi.
- Mais…
- Laissez-la moi.
- Comme vous voudrez.
- Merci.
- Essayez de dormir. Vous savez, je ne suis pas docteur, mais je crois en la nature humaine. Reposez-vous et tout ira pour le mieux dans quelques jours.
- Merci.
- Je vous l’assure.
- Merci. Allez, ne vous faites pas prendre ici. Allez.
- Merci. Dormez. Je reviendrai dès l’aube demain.
- Allez.

Vuissin catin
Vuissin catin
Vuissin putain.

« Je t’entends. Père de pute. Je t'entends m'insulter, de ta voix étouffée…
Tu me fais rire, tu vois. »

Vuissin putain
Vuissin putain
Vuissin putain fille de catin fille de putain pas mieux que la mère Vuissin crevée dans un étang le ventre ouvert la chatte à l’air et des tétards au fond des yeux.

Je suis plus forte je suis plus forte que toi je suis plus forte il m’a déliée je peux me battre avec toi, porc. J’ai les mains libres et mes ongles comme des couteaux. Approche encore. Je sens presque ton haleine au fond de ma gorge malgré le cuir de la muselière, porc, tu souffles comme un porc, rauque comme un porc englairé par son trop plein de sperme, des remontées de sperme jusque dans ma gorge, comme autrefois PUTE CREVE PUTE oui je sais, je sais, viens, sac à merde.

Ma mère est morte sans jamais que l’on s’en doute, sans jamais que personne au grand jamais ne la voie là crevée, elle était là gonflée dans l’eau, elle était là gonflée par l’eau, les vers, qui sait, une engeance frère ou sœur de toi CHIENNE, le ventre à l’air, le ventre en l’air, offerte au ciel de brume humide du marécage. Tu vas crever comme elle, éclatée comme une bulle d’air sale éclate à la surface verdâtre d’un étang.

Le psychiatre : ce matin :
- Mademoiselle Vuissin. Le chirurgien m’informe que vous allez survivre, peut-être même enfanter, si le Seigneur vous offre de recouvrer un jour votre bon sens. Vous vous êtes blessée au sang mais par miracle, pense-t-il, la saignée procurée vous a libérée de vos humeurs malsaines.
- Hm.
- Non je ne peux pas vous ôter la muselière.
- Hm.
- Je comprends bien, mais je ne peux pas. C’est que notre chirurgien a mieux à faire que de vous opérer tous les dimanches, voyez-vous.
- Hm.
- Oh, et votre père vous envoie ses bons vœux pour votre anniversaire. Voyez donc, les êtres de Dieu se rachètent, ayez foi.
- HMCLHHHHHHHHHHHM !

Je te sens, je te sens tu es là, haha, comme hier, comme chaque soir depuis trois soirs, tu es là et tu attends. J'entends ta voix couvrir le vrombissement absurde des murs. Attendre quoi, tu attends parce que tu es lâche, tu entends, tu es lâche et moi je suis plus forte, j’ai quitté mes liens, j’ai gardé la muselière, l’air que tu souffles n’arrive plus jusqu’à ma bouche, tu n’entreras plus dans ma bouche, plus de toi visqueux dessus ma langue, plus de toi glaireux dessus le voile de mon palais, plus jamais. Tu voudrais, hein, tu voudrais ? Oh oui tu voudrais. Chien. C’est toi le chien. Regarde ça. Tu voudrais goûter ça. Lécher ça. Chien merdeux.

« TU VOIS CA JE VOIS CA TU VOUDRAIS CA FILS DE CATIN FILLE DE PUTAIN HAHA TU VOUDRAIS BIEN ME LA METTRE COMME AUTREFOIS LA-BAS AU FOND DES BOIS VUISSIN PUTAIN QUAND MAMAN POURRISSAIT TRES CALMEMENT A LA SURFACE DE L’ETANG ARRETE SALOPE PUTAIN TU VOUDRAIS BIEN MAIS LA C’EST MOI TU VOIS C’EST CHIENNE SALE PUTAIN C’EST MOI LA C’EST MON DOIGT MA MAIN MES ONGLES ARRETE MES ONGLES MES COUTEAUX PUTAIN TU LES VOUDRAIS PUTAIN MES MAINS POUR TE BRANLER DEVANT L’ETANG MES MAINS COUVERTES D’ALGUES PUTE D’ALGUES ET PUTAIN D’ALGUES ET DE SPERME arrêtez JE T’ENCULE MOI PAPA MOI JE T’ENCULE arrêtez mais enfin vous TU VOIS CA C’EST MES LEVRES ET CA MES LEVRES ENCORE LES AUTRES A L’INTERIEUR PUTE SALE CHIENNE TU VOIS MES ONGLES SALOPE VUISSIN CATIN ARRETE mais cessez donc JE LES PREND JE TE LES ARRACHE ENCULE TU LES VOIS LA TU LES VOIS TU POURRAS PLUS LES PRENDRE PUUUUUTE LES PRENDRE ET LES SOUILLER LA PUUUUUTE LA JE LES AI EN LAMBEAUX DANS MES MAINS LA DERRIERE MES ONGLES ET PUUUUretenez-là mais qui l’a libérée Dieu du Ciel vous n’avez pasUUUTE VUISSIN CATIN VUISSIN CATIN VUISSIN PUTAIN TU VAS CREVER JE VAIS CREVER PLUS FORTE »

Mes doigts dans ma chatte. En train d'aller, et venir encore et encore. Je visualise la queue tendue du Porc, en moi, en train de me labourer encore, une fois encore. Le pantin de viande aux yeux en trous d'épingle, qui me baise. Mes doigts. Plus vite. C'est comme ça que je te tue, Papa. C'est comme ça que je te crève la gueule. Tu vois ? Sois en moi, que je t'empoisonne de ma sanie, que je te contamine de mon fléau. Je te veux malade, agonisant, quémandant pitoyablement une libération qu'on s'empresserait de te refuser. Plus vite ! Les parois de mon vagin se contractent autour de mes doigts. Ses yeux plantés dans les miens. Ma couche inondée de son sperme, partout sur moi.
- Oui, encore !
Vuissin catin.
- Encore ! J'en veux encore, viens sur moi, allez !
Vuissin putain.
- AAAH ! PLUS FORT T'ENTENDS ? PLUS FORT !
Viens, mais viens. Qu'est-ce que tu attends ?

Morte. Morte. Morte. Morte comme ce bâtard que jadis tu plantas dans ma matrice féconde d'animal, et je dus extirper à l'aiguille à tricoter, pleurant et hurlant, et saignant partout.

***

Le professeur Tchekov ouvrit le judas de la cellule 218. La petite Vuissin, cette jeune hystérique d'une agressivité sans bornes se tortillait dans l'obscurité, geignant comme une chienne en rut. Cette pauvre fille sans espoir lui avait été confiée deux ans auparavant par son père, empli de détresse, atterré par son comportement. Et l'adolescente avait en effet démontré une étonnante incapacité à réagir aux thérapies les plus communes. Chaque fois qu'on avait commis l'erreur de lui laisser quelque liberté, elle en avait profité pour se mutiler de la manière la plus horrible qui se puisse concevoir. Le professeur avait bien du admettre son impuissance face à ce cas. Le seul traitement qu'il pouvait encore appliquer était le confinement, les sangles et la muselière. Son psychisme était submergé de fantasmes catastrophiques et d'illusions ignobles, sa raison avait définitivement basculé sans espoir de retour. Rien n'avait pu la tirer de cette angoisse existentielle à laquelle elle ne pouvait plus répondre que par la haine et la violence la plus extrême.
Le professeur ne distinguait que peu de choses dans l'ombre. Mais peu à peu, les mouvements désordonnés de la jeune fille sanglée sur sa couche firent surgir de pénibles réminiscences dans sa mémoire. Cette pauvre folle se masturbait ! Cette ignoble femelle vicieuse ! De derrière la lourde porte matelassée, le professeur Tchekov revit d'un coup se dévider d'innombrables situations similaires, mettant en scène sa femme livrée de son plein gré aux assauts de cent amants différents. Ces scènes de débauche qu'il avait du contempler, lui, mari fidèle et soumis, de derrière un petit trou dans le mur, percé à sa seule intention.
La petite salope se démenait comme un diable, et glapissait et gémissait sans plus s'arrêter. C'en était trop. Il fallait la faire taire !
Il déverrouilla la porte et s'aventura dans la cellule, sans provoquer une quelconque réaction de la part de la patiente. A mesure qu'il approchait, il vit le ventre soulevé de spasmes, et les doigts inondés qui entraient violemment dans la vulve. Le professeur leva son pistolet en direction de la tête, et, serrant les dents, fit feu. La détonation courut dans tout le couloir, et ce fut comme si le temps se suspendait. Un silence béni avait envahi l'établissement, rapidement rompu par les hurlements des autres patients. Comme si ces fous pathétiques avaient pu comprendre. Le corps de la fille connut une ultime convulsion, se cambra plus encore, soulevée par l'agonie. Puis elle s'abattit sur la couche, sans que le professeur puisse rien distinguer ni de ses traits, ni de son crâne explosé par la balle.
Amélie Vuissin. Cette catin. Cette putain. Morte.