Asylum 7 - Cellule 212

Le 24/05/2007
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par Ariankh
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Dossiers / Asylum
Ariankh a su élever suffisamment son niveau pour faire jeu à peu près égal avec ses illustres confrères de la série Asylum. Son épisode est loin d'être le plus réussi, mais il est efficace, halluciné, et largement assez psychopathologique pour plaire à tout zonard qui se respecte. Son personnage, maniaque, paranoïaque manque d'une psychologie réaliste, mais il est largement assez givré pour compenser.
Cellule 212 - Ramany Serge, 47 ans
Lui... Il vient juste de partir, et les machines se sont remises en route... Même si je tiens la table, l'eau dans le verre ondule, c'est a peine perceptible, mais je l'entends, je le vois... Ca commence toujours quand il part, les tremblements, heureusement les bêtes l'ont suivi hors de la pièce. Elles le suivent toujours hors de la pièce, cliquetantes, rampantes, au millimètre, telles des horloges, comme le temps qui me ronge au fur et a mesure des tremblements du mur et de ses venues, toute ma vie n'est qu'un éternel tic-tac rythmé sur lui... Il faut que je tienne, ils font ça pour me rendre dingue... Il ne faut pas qu'ils m'entendent, ils faut qu'ils croient que je suis mort, et enfin ils arrêteront de secouer la cage pour me rendre dingue... dingue... Qu'est-ce qu'ils veulent à la fin ?

Ils me regardent. Je le sais : ils me regardent. Je réagis à leurs stimuli. Je le sais, je me souviens d'une personne qui était scientifique et qui me ressemblait, elle faisait la même chose a ses souris, a ses poissons, a ses singes, a ses hommes. Elle est morte maintenant, je ne ressens plus ce qu'elle pensait. Mais de toute manière elle avait tort. Tout ce qu'elle disait était faux. Faux. Toujours faux. Je suis bien content qu'elle soit partie, ses mensonges étaient perfides. Elle me rongeait. Et maintenant qu'ils savent que je l'ai tuée, ils m'ont fait subir le tic tac. tic. Les choses rampent, il rentre, il les dirige, c'est leur maître. Puis il pose toutes ces questions, je hais ces questions, il ne fait que protester ou approuver, sans jamais avoir la moindre once d'humanité. C'est pour ça qu'il est leur chef, je le sais. Roi des machines, qui se sont mises a essayer les hommes comme nous le faisions pour elles. Quelle ironie, quel supplice. Peut-être que si ils me croient mort, ils me laisseront réellement mourir ? J'avais même appris aux rats a faire les morts, mais ça ne m'avait pas arrêté...

Ce sont les seules à pouvoir mourir sans saigner. J'en ai déjà écrasées. Sans le lui dire, pendant qu'il notait ce que je lui racontais avec un hochement de tête, j'en ai écrasée une. Elle n'a pas fait de bruit. Pas de traces. Je n'ai même pas eu le temps de la cacher sous mon lit, que les autres l'avaient déjà démontée et noyée dans leur masse informe. Il a froncé les sourcils a l'instant même ou je l'ai écrasée. Sans qu'il me voie. Et je l'ai vu repartir, enveloppé de ses mécaniques, grouillantes sous ses vêtements, sans un bruit. Il suffisait de ça. Il ne me reste qu'a attendre la prochaine fois. Mais les vibrations sont trop fortes maintenant, ils veulent me faire mourir. Arrêtez ça ! Aucun son ne sort de ma bouche. Une de ses bêtes est sortie de nulle part, et s'y est logée... non... je ne peux pas l'enlever ! Commençant a paniquer, je me mets a pleurer en silence, tentant d'articuler des supplications, des insultes, mais rien d'autre que des couinements de souris effarée ne sort...

Les souris... Je suis leur souris... A gratter les murs, a m'en faire saigner les pattes... a regarder chaque coin d'un air angoissé... Et il est leur main... Il est ma main triturant la souris... Et je couine, et je couine... Il faut que je sorte de là ! Je ne suis pas une souris, pour l'amour de dieu, je suis encore civilisé ! Et ce n'est pas cet homme qui me rendra fou... Je frappe sur les murs de ma cage, à m'en péter les doigts encore rouges de sang, à m'en déchirer les chairs déja en sale état à force d'être rongées, a m'en détruire les poignets, mais rien n'y fait. Désespéré, je commence a réessayer de m'arracher cette machine coincée dans ma gorge, pendant que la salle bouge, bouge, bouge, sans arrêt... Mais mes mains ne sont plus en état, et je commence a vomir le sang avalé pendant l'opération...

Et je pleure, et me roule en boule, et fais le mort. Comme les souris. Pendant que ses bêtes lui servant de mains commencent à m'envelopper, pendant qu'il ouvre la porte.

***

C'était le dernier, et le professeur Tchekov n'arrivait même plus à se concentrer sur sa tâche de destruction, persécuté qu'il était pas les vrombissements de fin du monde qui faisait trembler les murs. Il abattit le patient de la chambre 212 sans même y penser, par pur réflexe maniaque. Il ne chercha même pas à se souvenir du nom de la victime, ou de son syndrome. Un fou parmi les fous, rien de plus, juste une tête de bétail au sein d'un troupeau malade qu'il s'était mis en devoir d'abattre. Son existence en temps qu'individu n'avait strictement aucune importance, sa vie ne comptait pas et sa mort n'était qu'une étape, l'avant-dernière, d'un processus cohérent.
Ne rien laisser au hasard, faire les choses jusqu'au bout. Le capiton des murs était agité de tremblements frénétiques qui provenaient de l'autre coté de la paroi. L'œil fixé de longues minutes durant sur le mur qui le séparait encore de la cellule 211, il ne prêta aucune attention au sang de sa victime, qui se répandait lentement sur le sol, mouillant ses chaussures.