Peut-être

Le 04/06/2007
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par Chivas
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Thèmes / Obscur / Litanie
On dirait un texte thérapeutique pondu par un adhérent des Poètes de Merde Anonymes. On sent que tout du long, l'auteur se retient de son mieux de faire des retour-lignes pifomètriques, ravale ses rimes, s'efforce de canaliser ses idées et d'éviter les débordements de lyrisme suintants. A la fin, il craque un peu son slip et vlan, lâcher de bouse. Ca nous fait quand même une litanie en semi-prose très correcte bien que nébuleuse. Les poètes de merde aussi ont droit à la réinsertion.
Tu peux souffrir, mais fais-le proprement. Dissimule tes avant-bras. Maquille ton infirmité. Cache tes yeux rougis. Cache-toi derrière ce que tu écris.
Invente une vie profonde et intense, brode une existence digne d'intérêt. Sois immodérée, crue, outrancière. Ou joue l'énigmatique, la fille rare, la pudique, la secrète.
Tu es engluée dans le personnage. Tu as choisi ta case. Planquée.
Mystère et sensualité.
Inconvenance délibérée.
Manuel de séduction à l'usage de.
Succès au rendez-vous.
Un frisson te remonte le long de la colonne, quand tu y penses.
Tu penses trop.

Du matin au soir, tu t'imposes. J'ai les yeux braqués sur ta petite gueule. Tu me bouffes complètement. Tu aspires l'inspiration, tu absorbes mon délire fictif, tu orchestres la moindre de mes intentions. Tu dessines sans le savoir les contours de l'intouchable. Je me traîne. Je rampe devant les clichés. Je suis perméable à tout. Tu me fais mal.

Le cerveau est en pleine confusion. Tout devient reptilien. L'impression que ton corps peut exploser en mille morceaux à chaque instant, que ta substance finira par foutre le camp et que tu ne seras plus qu'une enveloppe de chair, vide de tout. « Tout » sera sur papier. Oser concevoir que c'est peut-être là la clé de l'apaisement. Juste pour un instant.
Tu coupes le cordon sanitaire, tu crées l'attraction éphémère en balançant un pavé, friable, emballé de pseudo poésie, saturé de minauderies, teinté ici et là de propos scabreux, saupoudré de quelques sarcasmes. Appellation d'origine censurée. Pourquoi ?
Parce que tu pues la peur, tu transpires la trouille. Trop plein de vide à combler. Trop de sentiments. Trop de projecteurs en pleine gueule, trop cramponnée aux éloges, trop occupée à gerber ma médiocrité. Toi, toi, et toi.

Je te projette sur tous les murs, en séance privée. Tu es mon décor au quotidien. Je t'en supplie, ne bouge pas. Un seul mouvement, une seule attention, et j'éclate. Reste là, immobile, tant que je peux encore contenir mes velléités. Avant que je ne m'invente la mise en scène qui m'engloutira une nouvelle fois. Je t'en prie, ne fais pas ça. Tais-toi. Tu serais la victime et le bourreau. Mais peut-être que tu t'en fous.

Vers quoi tu tends, qu'est-ce que tu cherches ?
Tu regardes les horaires des trains que tu ne prendras jamais. Qui partiront toujours sans toi. Ton train à toi est HS depuis longtemps. Encore une allégorie. Toujours se cacher derrière les images, se dissimuler derrière les difficultés techniques et les contraintes matérielles. Il y a des paravents à tous les coins de rue. J'use et j'abuse. Je drape ce qui me reste d'inhumanité.

Tu peux te branler sur mes conneries. Peut-être que tu n'as rien compris. Peut-être que c'est voulu. Peut-être que je camoufle l'indigence de mon vocabulaire. Je t'envoie des messages qui ne sont même pas codés. Tu vois qu'ils sont pour toi ? Tu hésites ? N'est-ce pas évident ?

Le besoin de posséder
Presque viscéral
De regarder
D'être regardée
J'aime l'image que tu me renvoies
De pénétrer
D'être pénétrée
J'aime t'écouter me parler de moi

En proie au désir
Incontrôlable
L'excitation au bout des doigts
La frénésie pixelise
Je veux
Il faut
A moi, rien qu'à moi

Respire
Avance
Viens
Respire
Avance
Colmate la brèche

Ecris la vie terne
Le monotone
Le paraître
Joue encore
Le petit théâtre de l'utérus
Et fonce dans le mur
Relève-moi
Enraye le protocole
Mon héro(s) ©H
Devant la foule en délire
Qui suinte d'interprétations diverses
Viens
Rideau
Le public est médusé.