La sex-machine s'emballe

Le 18/06/2007
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par nihil
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Thèmes / Polémique / Société
Ca c'est à moitié neuneu et presque antizonard sur le fond, mais rien à battre : c'est de l'agression gratuite, bourrine, vulgaire qui tape à coups redoublés sur la mode actuelle du sexe épanoui et sans complexe. C'est pas particulièrement intelligent, mais ça dénonce, ça glapit, ça insulte. Un genre d'appel à la croisade.
Depuis cette prétendue libération sexuelle des années 70, venue du grand nord comme d'autres maux avant elle, le sexe est devenu un nouveau moyen de jauger les capacités d'intégration sociale des têtes de bétail qu'on veut nommer 'individus'.
Une vie sexuelle épanouie, c'est réservé aux gens jeunes, beaux, sains, bien dans leur tête et bien dans leur corps. Ceux-ci peuvent s'enorgueillir de leur mille conquêtes qui ne viennent qu'accroître leur prédominance sur les défavorisés moins socialement actifs, plus moralement scrupuleux. Le cul c'est du capitalisme animal, une autre manière de promouvoir la domination des mâles et femelles alpha sur le reste du troupeau. Les autres n'ont plus qu'à se soumettre. Comment pourriez-vous connaître l'amour quand vous n'avez connu qu'un partenaire. Que savez-vous du bonheur quand vous ne tenez pas trois minutes en pénétration sans éjaculer. Que connaissez-vous du plaisir si vous ne vous êtes jamais fait enculer ?

Mater des pornos et se branler devant n'est plus l'apanage des frustrés mais celui des winners sans complexe, fils et filles de ces businessmen cocaïnés des années 80. Les sex-shops ne sont plus le territoire exclusif de vieux garçons en misère sexuelle, ils cèdent la place aux jeunes prédateurs au top de leur forme. Les soirées SM se remplissent de gens beaux et à la mode qui poussent dehors tous ces vieux pervers niqués de la tête, ces instituteurs déguisés en soubrettes, ces vieilles peaux pourries aux seins qui tombent. Ces losers qui n'ont pas compris que seule l'apparence compte.
Et mate moi ces nibards parfaits. Et mate moi ces déhanchés étudiés. La graisse disgracieuse et les poils mal entretenus sont nos ennemis. Trop humains peut-être. Putains de défilés de mode. Que des putains de pantins de celluloïd qui se la pètent comme des porteurs de Nike en banlieue.

Vous devez être jeune. Vous devez être musclé. Vous devez être beau. Aucun tabou ni aucune limite morale. Votre devoir est de coucher le premier soir, avec le premier venu. Avec plusieurs personnes. Par tous les putains de trous que la nature a bien voulu nous conférer dans l'unique but de se faire défoncer. Votre première mission est d'être aussi décomplexé que faire se peut. Pas besoin de cerveau, juste de gonades.
Vous n'êtes rien d'autre qu'une chatte lisse et fraîchement rasée. Vous n'êtes rien de plus qu'une queue parfaite, longue et bien dure. Vous ne valez que par votre tour de poitrine ou la taille de vos muscles. Après avoir exposé votre collection de timbres, vous vous faîtes un plaisir de dévoiler vos sextoys tous plus ahurissants les uns que les autres. Vous achetez de l'huile de massage comme on achetait du parfum, vous trouvez votre lubrifiant au rayon des produits hygiéniques de votre supermarché.
Plus besoin d'être intelligent, ou cultivé, ni même riche. Il vous suffit d'éjaculer ni trop vite, ni trop tard. Faire jouir des putes pourries sans même y penser. Multiplier les histoires avec ou sans lendemain, des petites croix à aligner sur la crosse de son flingue organique.

Vos déviances et vos gentilles lubies font de vous les membres de petites sous-classes aux codes bien établis. Vous étiez goth, vous voilà fétichiste. Vous étiez catholique, vous voici échangiste. Vous étiez tatoué, vous êtes bisexuel.
Vous pouvez bien parler de sexe avec vos amis, vos collègues, votre famille. Tout le monde s'en fout. Le cul est le meilleur sujet de conversation pour aborder un inconnu. A se compromettre dans des concours d'anecdotes débridées comme on jouait à celui qui pisse le plus loin. Qui a eu le plus de partenaires, dans quelles situations absurdes. Qui a su détruire le plus de ses contemporains de son inconstance, de son culte de la performance, de son indifférence crasse.

Le sexe n'est qu'un divertissement, une partie de galipette sans conséquence aussi anodine qu'une bonne bouffe entre potes. Tout le monde sait ça. Pourquoi se prendre la tête ? Les pauvres losers incapables de se mettre à la hauteur de ces beautiful people vides peuvent bien la fermer et se soumettre. Le culte du plaisir immédiat, le carpe diem pourri de tous ceux qui peuvent se le permettre, au détriment des autres. Des esclaves de la performance à tout crin, partout, en train de parader et se faire valoir. Au royaume de la connerie, le plaisir immédiat est roi.
    
Performance. Le maître-mot est lâché. Honte à tous ceux qui se cachent dans l'ombre, incapables de se prévaloir d'une vie sexuelle performante. La loi du plus fort remise à l'ordre du jour.