Ainsi parlait Zarathoustra (Apocalyptical Bonus Chapter)

Le 11/07/2007
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par Narak
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Thèmes / Obscur / Propagande nihiliste
Narak est un jeune con, c'est de notoriété publique. Et quand un jeune auteur con lit Zarathoustra, on est en droit d'attendre de lui un morceau de nihilisme morveux craché à la face du monde. Ce n'est pas le cas de Narak, qui nous livre un texte profondément sombre et désespéré. C'est bien écrit, grandiloquent sans être prétentieux, et ça donne même envie de lire l'œuvre originale.
Le Phénix
Un jour où Zarathoustra passait dans un village de montagne, il entendit parler de l’Homme qui par sept fois avait vu la mort. Il alla le voir et s’assit au chevet de cet homme que l’on disait prophète.
Et le vieil homme prit la parole et lui raconta la prophétie du Phénix.

« L’Oiseau de Feu descendit.
Tombant droit sur moi.
Ecarlate dans un ciel noir.
M’emporta dans ses serres.
Loin au dessus du monde.
Pour que je voie au-delà de demain.

Et je regardai.

Je vis comment l’Homme qui naissait de l’Homme deviendrait le meurtrier de l’Homme.
Je vis une marée humaine monter depuis la vallée. De plus en plus nombreux, jusqu'à ce que la terre craque de devoir les porter. Leurs maisons se touchaient et montaient jusqu’aux cieux. Leurs cheminées vomissaient un poison sale dans les nuages. Et Leurs charrues violaient, Leurs mains griffaient la terre desséchée, cherchant à s’en nourrir.

Ce fut le Premier Signe des derniers jours, que le Phénix me montra, dans l’avenir de l’Homme.

Et je regardais à nouveau.

Je vis le Deuxième Signe.

Si nombreux, les Hommes se mirent face à face, l’un contre l’autre, et l’un d’entre eux amena la corruption et en donna à chacun une égale parcelle. Tous ceux qui levèrent les yeux sur lui se mirent à ramper dans la poussière. Ensuite une pluie noire tomba doucement sur les Hommes. Ô l’étrange Feu que je vis alors, fou, grande flamme dressée sur le désert, semant la mort partout où elle brillait.
Et j’entendis l’agonie de la terre devenue froide.
Et j’entendis l’agonie de la mer devenue noire.

Et je regardais à nouveau.

Je vis la décimation des miens. Chassés au-delà de la chasse. Mort au-delà de la mort. Jusqu’au dernier. Il ne restait plus d’enfants, ni de petits-enfants, ni de pères, ni de mères. Ce fut le Troisième Signe que me donna le Phénix de ce que l’Homme infligerait à l’Homme.

Je détournais les yeux de dégoût, mais je ne pus m’empêcher de regarder de nouveau.

Je vis alors le Quatrième Signe.

L’Homme sans le savoir répandait des maladies ; le troupeau saignait. Les enfants naissaient déments et difformes. Les animaux et les Hommes tombaient malades et nul ne pouvait les guérir. Ceux qui n'avaient pas creusé le sol pour s'y réfugier s'enfuirent vers le couchant et bientôt ils marchèrent sur les Dernières Terres formant de grandes processions qui s'étendaient jusqu'à l'horizon.

Les larmes aux yeux je regardais encore et le Phénix me montra le Cinquième Signe.

Les lances de feu des Hommes se levèrent dans le ciel et le soleil dévora la terre. L’air devint brûlant. Un grand hiver tomba, mais même en hiver les plantes étaient réduites en cendres.
Et un cri de douleur monta des vallées agonisantes.

Puis, comme si un voile se déchirait, le Sixième Signe se révéla à moi.

Dans les derniers jours la terre tremble. La mer bouillonne. Les cendres obscurcissent le jour.
Et je vis le ciel devenir plus noir que les plus profonds abîmes et la lune était auréolée de rouge.

J’aperçus alors le Septième Signe, je ne pus le regarder longtemps mais je sentis sa chaleur.

L’Apocalypse. Les jours ultimes du monde. La lune avalée par le soleil brûlait en son cœur. Des brasiers démoniaques en jaillissait et tombaient au sol, nous brûlant tous, nous aussi, nous faisant nous tordre dans notre sang. La mort était partout. Les troupeaux s’égayaient, emporté par la panique. Et dix mille fléaux s’abattirent sur la race de l’Homme. Finalement, il ne fit plus jamais jour et les rares survivants périssaient aveugles.

Je détournais mon regard de cette abomination.

Et le Phénix me dit « Ce sera ainsi, mais ne devrait pas être. »

Puis il m’abandonna.

Aujourd’hui je ne sais plus rêver. Je ne peux que me souvenir des Signes. Ce sont les derniers jours. Que le Créateur ait pitié de nous. »

Telle fut la prophétie du visionnaire. Après l’avoir entendu, la colère étreignit le cœur de Zarathoustra.
« Tu es donc plus fou que ceux qui te disent prophète ! »
« Ces visions qui t’accablent n’annoncent rien de plus que le passé. Mille peuples sont morts bien avant le tien et tu te lamentes sur ce qui n’est pas encore ? »
« En vérité ce Phénix s’est bien moqué de toi vieil homme, ou peut être as-tu mal entendu ses paroles. Quoi ! « Cela ne devrait pas ? » Ah ! L’oiseau de malheur que tu dépeins ici ! Alors qu’il ne venait que te révéler l’Eternel Retour ! »
« Honte à toi vieillard, de redouter ce qui ne peut être évité, ce qui ne doit pas être évité. Rien ne perdure. Rien n’est immuable. Es tu suffisamment fou pour vouloir être une pierre pour ne pas avoir à mourir ? »
« Cet oiseau qui meurt sans cesse et qui sans cesse se reforme de ses propres cendres, comment aurait il pu t’enseigner autre chose que le brasier douloureux de la renaissance après la mort ? »
« Mais vois ! Ta peur t’a embrumé l’esprit. Elle est la tumeur qui ronge ton esprit. »
« Fais que ton esprit ronge la tumeur qui t’accable ! »
« Accepte la mort de l’Homme et de son créateur et tu trouveras là une nouvelle naissance de l’Homme-Créateur. »
« Et si l’Homme doit périr de sa propre main, que cela soit pour l’avènement du Surhumain ! »

Mais lorsque Zarathoustra repartit, il reprit en se caressant la barbe qui dissimulait son sourire ; « Néanmoins au sujet de la mort, c’est une grave tragédie que de mourir en fruit trop vert, alors prions : Puissions nous être suffisamment mûrs avant d’être dévorés par la mort… »