Zestoscopie

Le 12/12/2007
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par Slashtaunt
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Thèmes / Obscur / Autres
Slashtruc avait de hautes ambitions pour ce texte, donner au lecteur des pulsions de violence envers la grosse moche ci-jointe. Ca marche pas. Certes la meuf est écoeurante, certes l'immondice organique est palpable sous les atours fastueux, certes on sent une tension larvée dans la description. Mais ça ne suffit pas.
Qu'il... qu'il crève! Qu'il crève, lui et ses mangeuses d'oranges fardées. Non, non. Je m'exprime mal.
Imaginez, imaginez bien.
Imaginez une dame, brune, bien en chair, dans un bal classique, assise sur un banc, se délectant des plaisirs de la conversation avec un jeune homme à perruque, fardé, la taille fine. Imaginez-la, moulée dans son corset, riant aux éclats, exhibant ses trente-deux dents, dont deux gatées, au fond. Imaginez-la mangeant des oranges, quart par quart. Un orange juteuse, mûre, qui sucre ses doigts, et le quart broyé dans sa bouche bestiale, et le jus coulant de la comissure des lèvres jusqu'au menton.
Les agrumes, écrasés, éclatant sous les molaires, et le nectar amer, ou doux, ou apre, glissant dans sa gorge, au risque de la faire tousser. Si elle toussait elle serait perdue. Ne pas tousser. Rire. Et sa langue, au milieu de ce torrent de jus, au milieu de tout ce liquide, se débat, tapote contre le palais, s'écrase contre les dents, organise le tout. Le quart entre les dents et la joue, et serrer la joue aux dents, et ça emprisonne. Et sa langue est saturée de goût, la salive et l'orange se mêlent.
Ses dents, ses dents sont luisantes d'orangeade, et, entre deux lèvres à peine écloses, rouges sang, rouges cerise, entre ces deux lèvres, des accrocs sont percevable. Et ça se trémousse, et ça brille de l'oeil noir, un oeil roulant, un oeil électrifié, completement dansant, et l'autre qui le suit. Son éclat de voix est étouffé par la musique, et par les danseurs noirs de ses yeux blancs. Et le jeune homme, en souliers, cambré, dévoile encore des traits d'esprit.
Mais elle.
Elle, sa chair livide, sa chair tendre, molle, flasque. Sa chair, son trop-plein de chair. De la farine, c'est une pate. C'est une pate recouverte de craie, de farine. Et elle rit, elle ne fait qu'expirer, elle ne fait rien qu'expirer. Jamais une inspiration. Ca exhale la nectarine, ou l'orange, pas le zeste, mais le coeur, le coeur écoeurant, encore palpitant du fruit, elle l'avale comme on avale une limace, de la chair. Et le quart, pressé, torché, exsangue, coule, sombre dans son estomac, au milieu d'acides gastriques.
Et elle riant, riant d'un bon mot, parfumée à la mort, parfumée pour le bal entier, parfumée à l'orange.
C'est l'absolution. Mais le carnage du fruit, de ce coeur frais, ne fait que présage.
L'autre, aux cheveux crêpus, aux traits salis, à la bouche sèche, à la langue coupée. Lui, le borgne, lui, qui n'a plus son oeil droit, qui n'a que le gauche pour se rendre compte. Lui écoute le bruit retenu de la musique du bal, honteuse. Etre convié, ne pas y aller. Même pas. Lui attend.
Il faut se laisser pousser les dents, ne pas les limer, les laisser jusqu'à ce qu'elles touchent vos cils. Il faut la mordre, à pleine bouche, à pleine dent, goutant son hémoglobine plus sucrée que l'orange. Et sentir ses soubresauts, ses spasmes d'agonie, de douleur. Et la dévorer, simplement, et bruler ce qui reviendra d'elle. Rien ne doit rester d'elle. Imaginez-la, mangeant des quarts d'orange, exaltée, fière, riant. Riant d'un bon mot.