Le compte est bon

Le 13/01/2008
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par Marquise de Sade
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Tiens, c'est bon ça. On dirait on peu un texte de Saint-Con sans crémation, avec des fanatiques des Chiffres et des Lettres comme cibles. Rythmé, jouissif, cynique : une petite merveille. Bon, ça dépasse pas le stade du texte-défouloir, le truc qu'on lit pour se détendre, mais merde, on est là pourquoi sinon pour ça ?
- Vous allez voir, vous vous sentirez bien ici, c’est un peu une petite famille vous savez. L’entrée dans un club change tout, c’est vraiment différent par rapport à la pratique personnelle du jeu.

Je lui rendis son stylo et son sourire après avoir apposé ma signature en bas du document d’inscription.

Elle ne pouvait pas mieux dire. Mon inscription à ce club « Des chiffres et des lettres » allait tout changer. Dès que je l’avais vu passer la porte de ce bâtiment vétuste avec son affichette « Club Des chiffres et des lettres » en dégradé Word Art collée sur la fenêtre, mon plan s’était aligné point par point. Aucune fausse note possible. Une machine bien rodée.
Une conclusion brillante en 9 lettres : VENGEANCE
- Oui Madame, ma vie va changer, je n’en doute pas.
- Mademoiselle, s’il vous plait. Vous pouvez m’appeler Monique, vous savez.

Monique était encore demoiselle. Je ne m’en étonnais pas. Son prénom était une ode à sa laideur et à l’abus de rillettes. Grande, les épaules trois fois plus larges que les miennes, les joues empourprées naturellement, des cheveux noirs et luisants, gras en résumé. Elle devait frôler la cinquantaine dans ses replis. Un chignon aurait pu compléter le cliché de la vieille fille si son coiffeur n’avait pas été un fan de la coiffure de Schwarzenegger.

Monique m’indiqua la pièce centrale du club d’un doigt boudiné, entouré d’une grosse bague ornée d’un saphir de plastique jaune. Où voulait-elle que j’aille d’autre ? Il n’y avait qu’un seul accès au bout de ce couloir qui servait de bureau d’inscription.
Il y a des jeux réservés exclusivement à un type particulier de la population, j’en suis convaincu. Un gène défaillant doit pousser des personnes poussiéreuses à prendre du plaisir à remettre des lettres dans l’ordre afin de reconstituer un mot qu’elles n’utiliseront jamais dans une conversation. Ca ne doit d’ailleurs être que le seul intérêt de l’opération : écrire un mot du dictionnaire pour justifier de sa présence dans celui-ci.
La salle au bout du couloir tentait un simulacre du décor de l’émission télévisée. Cuisant échec. De longues tables étroites disposées en ligne accueillaient les joueurs et leur bloc notes. Sur le mur étaient punaisés un poster des trois protagonistes de l’émission, un bandeau officiel pendait au dessus de l’estrade qui accueillait les animateurs et sur le mur à gauche deux sous-verre côté à côté protégeaient les photos dédicacées de Patrice Laffont et Bertrand Renard. Leur Laurent Romejko avait 30 kilos en plus, la sympathie en moins et s’appelait Jeannine. Les parents des amateurs de jeux de lettres ont aussi une connaissance approfondie des prénoms qui vous handicapent pour la vie. Chaque participant avait un petit badge épinglé sur la poitrine avec son prénom et le nombre de victoires à son capital. Je n’aurais le mien que la semaine prochaine. « Vous comprenez, il faut un peu de temps pour qu’on le réalise » m’avait dit Monique.

Il était assis à une table au centre, juste devant le bureau de Jeannine. Où aurait-il pu se mettre d’autre. Je voyais ses cheveux gominés au-dessus du col amidonné de sa chemise blanche à manche courte. Les branches de ses lunettes faisaient un petit creux au dessus de ses oreilles. Il venait de trouver un mot de 9 lettres et attendait, les bras croisés, satisfait, que le temps s’écoule pour le donner à tout le monde. Je pris une chaise contre le mur et j’attendis patiemment que la séance se termine, récapitulant mentalement mon plan pour éviter de m’endormir au milieu de ces agités du cerveau.

Le froid et la pluie avaient succédé à la douceur de cette journée d’octobre lorsque je sortis de la salle au milieu des hommes et des femmes qui commentaient leurs plus beaux coups. Si seulement ils avaient eu un A dans le tirage, ils explosaient leur moyenne, c’est rageant quand le sort s’acharne contre vous. Je leur offris mon plus hypocrite sourire. Ils durent le reconnaître car ils me répondirent par la même grimace. Gilbert sortit en dernier, accompagné de Monique.
- Tiens, Gilbert, je te présente un nouveau membre. C’était son premier soir aujourd’hui ! dit Miss rillettes 1964. Gilbert est le fondateur du club, et aussi mon frère. C’est notre plus brillant joueur.

J’ai cru que le cou qui se cachait derrière son triple menton allait éclater tant elle éprouvait de la fierté en prononçant ces mots. Gilbert et Monique étaient frère et sœur. Je notai cette nouvelle information qui pourrait ajouter un petit côté ludique à mon plan, puis tendis ma main à Gilbert.

- Fantastique votre « essaimage ». Il fallait le trouver, un grand moment de jeu !

Si le sol n’avait pas été recouvert de boue, peut-être aurai-je poussé le vice jusqu’à poser un genou au sol, mais je me contentai d’une inclinaison respectueuse de la tête tout en serrant généreusement sa main.
Le joueur numéro 1 du club des chiffres et des lettres de Rueil-Malmaison me répondit en toute modestie, avec une condescendance à faire vomir. Tout en lui sentait la suffisance. La haine féroce que je lui vouais déjà ne fit que monter d’un cran. Je lâchai sa main moite et les assurai de ma présence dès la semaine prochaine.

Après le silence de la nuit qui m’accompagnait sur le retour, je retrouvai celui de ma femme. Elle avait décrété depuis 2 ans que tant que je m’obstinerais à repasser prendre un verre chez Jean-Jacques après le boulot, nous ne partagerions plus aucune intimité. Au début ça m’avait fait bien rire, je pensais qu’elle ne tiendrait pas plus de trois semaines. Elle avait tenu ferme, la garce, repoussant toutes mes tentatives d’approche. Je m’étais consolé un premier temps entre les cuisses de Tamara, une black sans papier arrivée dans un camion frigo et qui ne refusait jamais d’offrir son énorme cul contre quelques verres de plus. Mais au bout de quelques mois, les positions tranchées de ma femme commencèrent à m’inquiéter.
Elle n’avait jamais craché sur la chose, je m’inquiétais pour son équilibre personnel, et puis c’était ma femme, Dieu avait scellé notre union, bordel ! J’avais le droit d’avoir le meilleur et pas que le pire. Ce qui n’était pas compris dans notre contrat de mariage, c’est que son équilibre personnel, elle le retrouve avec Gilbert.
Gilbert et sa suffisance.
Gilbert et ses mots de 9 lettres.
Gilbert et ses mains moites.
Gilbert et ses grosses mains velues sur la peau veloutée de ma femme.

Je posai un baiser sur la joue de Sonia en entrant dans le salon. Elle détourna légèrement la tête sans quitter la télévision des yeux. J’allai à la cuisine, je fis chauffer de l’eau et préparai deux tasses. La bleue pour Sonia, la verte pour moi. Un sucre dans la mienne, quatre gouttes de sédatif dans la sienne. J’attendrais comme chaque semaine qu’elle s’endorme dans le divan pour la porter jusqu’à notre lit, pour lui ôter son vieux tee-shirt et lui enfiler une tenue de dentelle. Je lui redessinerais ses lèvres avec un rouge éclatant avant d’y frotter mon sexe.
Depuis la saint valentin où elle avait refusé la guêpière de latex que je lui avais offerte, j’avais trouvé la parade. Je profitais de son sommeil profond pour me livrer à tous les fantasmes que je n’avais jamais osé avouer. Nous étions mariés depuis bientôt 10 ans, c’était mon dû, je ne prenais que ce qui me revenait de droit, expliquais-je au Christ en croix pendu au dessus de notre lit.

J’avais adapté un peu mon plan pour y inclure Monique. Au bout de 5 séances au milieu des amateurs de chiffres et de lettres, j’avais eu le temps de voir combien le frère et la sœur étaient proches. Gilbert protégeait la frangine comme une fragile petit moineau de 100 kg, qui risquait de tomber en bas du nid à chaque mouvement. Moi de mon côté, j’étais prêt à la pousser de la branche sans aucun remords. Touchez la sœur, vous aurez le frère.
J’avais invité Monique à prendre un thé sous prétexte d’avoir envie de connaître les détails de la merveilleuse aventure du club créé par son subjuguant joueur de frère. Elle avait accepté, se trémoussant derrière son bloc note couvert de lettres et de gribouillis, les joues rivalisant avec un échantillonneur de rouges d’un marchant de peinture. Au bout de trois soirées thé+madeleine, la cocotte était bouillante, prête à cueillir. La demoiselle n’en pouvait apparemment plus de préserver sa virginité, elle n’en pouvait surtout plus qu’aucun homme ne pose un seul regard sur elle. J’avais cru qu’elle allait s’évanouir au milieu des chaises d’osier recouvertes des nœuds d’organza lorsque je lui avais dit en lui frôlant la main qu’elle était tout à fait charmante et que j’aimais beaucoup le temps que nous passions à discuter elle et moi.
Du côté du frère, je n’oubliais jamais d’applaudir à chacune de ses trouvailles en cours de partie, même lorsqu’il n’avait pas le bon compte mais presque, me scandalisant d’un tirage aussi peu intéressant. Quant à moi, j’arrivais à peine à aligner 5 lettres pour me faire remarquer. Il gardait ce ton condescendant envers les néophytes, auquel il ajouta une certaine méfiance quand j’invitai sa sœur à m’accompagner au cinéma voir un film d’art et d’essai échappé d’Inde. Monique avait mis sa plus belle robe de sa collection bleue marine et gris, aucune chance d’apercevoir la moindre naissance de son opulente poitrine avec les petits boutons en forme de fleur qui la compressaient jusqu’au menton. Elle avait néanmoins fait l’effort de sortir les escarpins fins.
Le film dura deux heures. Ca me laissa amplement le temps d’avancer mon pied contre ceux de l’égérie Bordeau Chesnel, pour poser ma main sur la sienne et lui glisser mon appréciation sur son parfum. Elle était parcourue de petits soubresauts qui déroulaient les bourrelets de son ventre à chaque fois que je la touchais. A la fin du film, je lui proposai de venir prendre un verre chez moi tout en visionnant l’émission du jour que j’avais enregistrée.

J’avais récupéré le 3 pièces de mon cousin parti jusqu’à Noël pour une mission en Afrique. Monique parut un peu réticente, mais je lui promis de me tenir sage. « Vous savez Monique, mes parents m’ont donné une éducation très religieuse, il y a des choses qui doivent être gardées jusqu’au mariage pour la seule femme que l’on aimera. » Je me demandai malgré tout si elle me croyait sincèrement quand je lui dis ça ou si elle fit semblant. Quel homme de 39 ans peut encore appliquer des principes pareils. Même les prêtres ne respectaient plus de telles inepties.
Je servis un verre de vin à Monique, une bouteille que je garde pour une grande occasion que je lui expliquai de la cuisine, tout en jetant l’emballage du prisunic dans la poubelle. J’avais commandé du GHB sur Internet et j’en fis tomber quelques gouttes dans son verre. Ce soir, c’est Monique qui rit quand on la nique ! Je souris seul de ma blague débile. J’étais con des soirs, mais ce soir j’avais des circonstances atténuantes. Je mis le magnétoscope en marche et levai mon verre à cette belle rencontre. Monique trinqua avec moi pendant le générique. Je vidai mon verre d’un trait, pour me donner du courage. Il allait m’en falloir. Monique rigolait, le vin lui montait à la tête. Je lui pinçais les cuisses, ça la faisait encore plus glousser. Son verre était à peine vide que je retournais en cuisine le remplir de ma mixture d’amour. Au bout d’une demi bouteille, la grosse était à point. Elle entrouvrait seule les jambes pour que mes doigts s’y glissent. Il fallait fouiller les boudins de chair pour espérer y trouver une touffe. Je la renversai sur le sofa et l’incitai à se déshabiller pendant que je préparais mon attirail. Je sortis une tenue de cochonne. Un costume de velours rose qui compressait ses gros seins et une petite culotte à froufrou ouverte entre les cuisses. Pour parfaire le costume, un serre-tête avec de petites oreilles roses et relié à un groin rose bonbon. Monique était parfaitement ridicule, mais ça avait l’air de beaucoup l’amuser. Elle grogna comme une grosse cochonne entre deux rires. Je la fis mettre à 4 pattes sur le sol, le cul en l’air et sortit mon appareil photo. Elle est chaude comme la braise. Tant d’années à se mettre de côté et c’est une éruption volcanique quand ça se libère. Elle vint d’elle-même frotter sa bouche contre mon sexe. Elle m’excitait finalement la salope. Son corps était beaucoup moins vieux que son visage me l’avait laissé croire. Sa chair était moelleuse et douce et quand ses mains sortirent ma bite de mon pantalon, il ne fallut pas longtemps pour que je bande. Je pris quelques clichés de ses lèvres me pompant, puis encore quelques autres quand je lui demandai de rentrer le goulot de la bouteille dans sa chatte et quand je la dépucelai, des deux côtés pour pas faire de jaloux.
Les nouvelles technologies sont fantastiques. Sonia avait un peu râlé le jour où j’avais acheté mon appareil photo numérique, elle ne voyait pas l’utilité de prendre un modèle avec autant de fonctions. Moi si. Surtout aujourd’hui. Une précision extrême, une capacité maximum, un rendu impeccable même avec peu de lumière, une mise au point nickel pour les sujets en mouvement.
Quand je sortis de la douche, Monique la cochonne récupérait sur la moquette. Entre deux ronflements je fouillai son sac à main. Je pris son adresse, l’adresse de son frère et de sa mère, quelques rendez-vous intéressants notés dans son agenda, puis m’installai nu dans le sofa pour la contempler dormir. Minuit approchait, j’allais devoir rentrer, et elle aussi. Je lavai le sang et le sperme sur ses fesses et son visage, la rhabillai, remis un peu d’ordre dans l’appartement puis je la réveillai. Elle ne se souvenait de rien. Elle s’était endormie avant la fin de l’émission, sans doute le vin, mais j’allais la raccompagner jusque chez elle. Les nuits sont dangereuses pour les jolies filles seules.

J’envoyai la première photo à maman. Une enveloppe rose grand format, déposée directement dans la boîte aux lettres du pavillon. Je savais qu’elle était veuve, Monique m’avait dit que son père était mort il y a longtemps déjà et que c’était Gilbert le magnifique qui avait pris soin d’elle, laissant de côté sa vie personnelle et bichonnant sa maman retraitée de la fonction publique. Ils habitaient tous les trois à Rueil depuis toujours, membres honorables de la communauté. J’imaginais la vieille ouvrant l’enveloppe et tombant sur sa petite chérie de cochonne se livrer à l’œnologie à sa manière. A l’heure qu’il était, peut-être était-elle en train d’agoniser au milieu de sa cuisine, foudroyée par une crise cardiaque. Moi je tentais d’arriver à un total de 352 avec un 6, un 4, un 1, deux 3 et un 2. Durant la troisième manche, le téléphone de Gilbert sonna. Il écouta attentivement son interlocuteur, se leva inquiet et chercha sa sœur du regard. Depuis notre petite soirée, Monique se tenait à l’écart. Elle me saluait d’un léger sourire, baissait la tête et prétextait des choses à faire pour ne pas se retrouver en tête à tête avec moi. Elle avait été très gênée vendredi dernier lorsque je lui avais offert une boîte de chocolat. Elle l’avait posée sur le bureau d’accueil dans le couloir et mon cadeau n’avait pas bougé de là depuis une semaine. J’avais l’impression que ma cochonne préférée m’en voulait. Elle ne devait pourtant se souvenir de rien. Gilbert trouva Monique à son poste, derrière son bureau, il lui dit quelque chose dans l’oreille que je ne compris pas, puis sortit rapidement, laissant sa sœur le visage pâle.

La seconde série de photos fut pour le « Laurent Romejko ». Glissée dans la poche de son imperméable quand je l’avais aidé à le retirer. La série « Ceci est une pipe ». Bizarrement, Jeannine ne revint pas aux soirées suivantes. Sans aucune explication.
Gilbert lui ne quittait plus sa sœur des yeux, il la couvait d’un regard noir et méprisant. Chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, il la rabrouait. Ce n’était jamais le moment pour elle de la ramener.

La dernière série fit grand bruit à la messe de Noël.
Je m’étais glissé dans l’église une bonne heure avant le début de l’office et j’avais glissé dans chacun des petits livrets de chants déposés à l’entrée un exemplaire des photos de Monique. Minuit n’avait pas encore sonné que déjà les chuchotements scandalisés résonnaient sur les arcs décorés du plafond. Les parents reprenaient les livrets des mains de leurs enfants qui comme ils s’ennuyaient avaient de suite commencé à feuilleter les pages à la recherche d’images à regarder. Ils n’avaient pas été déçus. Les bigotes se signaient vingt fois en récitant tout le répertoire du catéchisme. Les hommes jetaient un œil en biais se demandant comment on pouvait arriver à une telle position, peut-être cherchaient-ils un numéro de téléphone pour prendre les renseignements directement près de l’intéressée, tout en lançant des « mon dieu ! » La vague d’indignation avançait de rangée en rangée jusqu’à se concentrer en regard haineux sur Monique, Gilbert et maman, qui répondaient par de petits signes de la tête et des bonjours. Maman n’avait pas encore ouvert son livre de chant, elle les connaissait par cœur, depuis le temps. C’est aux hurlements de Monique qui précédèrent son évanouissement que Gilbert compris qu’il y avait un problème. Portant sa sœur dans ses bras et tirant sa mère comme il le pouvait, ils sortirent de l’église comme des chiens perdus sous une pluie battante.

Monique fut allongée à côté de son père 4 jours plus tard.
C’est son frère qui l’avait découverte pendue au milieu du salon le matin de Noël, les pieds éclairés par intermittence par les guirlandes du sapin. Si elle avait eu sa culotte à froufrou, on aurait pu croire que c’était un cadeau du Père Noël. Il n’y avait qu’une dizaine de personnes à l’enterrement. Les membres du club étaient presque tous à l’office et restaient dégoûtés par ce qu’ils avaient vu sur les photos. Une vieille tante sortie de la naphtaline pour l’occasion, deux collègues de Gilbert, l’ancien chef de maman, le prêtre et un enfant de chœur, et Sonia.
Quand elle me vit arriver au cimetière, on aurait pu croire que c’était elle qu’on enterrait. Plus blanche que la morte ! Je lui lançai un regard interrogateur, puis me dirigeai vers Gilbert pour l’assurer de toute ma sympathie. Monique était une grande dame. Quoiqu’on puisse dire, elle avait le cœur sur la main. J’avais trouvé en elle, la sœur que je n’avais jamais eue. Je comprenais leur douleur.
Je fis signe à Sonia de venir à mes côtés.

- Je vous présente ma femme. Je ne m’attendais pas à la trouver ici, mais finalement ça ne m’étonne pas. Monique était si exceptionnelle que Sonia devait la connaître aussi. Les hasards sont parfois étranges.

Gilbert ne répondit rien. Dans son regard éteint, il faisait vide. Son compte est bon.
Dans le silence du cimetière, je posai un baiser sur la joue de ma femme.