La légende de Bubba Hopp, héros incontestable du Rock Zombie

Le 18/03/2008
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par Traffic
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Ca a un petit coté South Park, dans le genre débile qui dérape à tout bout de champ dans le fantastique stupide et la SF de bazar. Du grand n'importe quoi peuplé de stars du showbiz, de prêtres exorcistes mexicains, de démons nains et de chiennasses sexuellement attractives. On se fend la gueule si on est pas trop regardants.
Pendant trente ans, les gens ne savaient pas en conversant avec ma face blafarde qu’ils s’adressaient à une légende du rock indéboulonnable. Facile, je n’avais pas encore adopté ma perruque verte et ma guitare en or massif qui allaient devenir les fameux accessoires incontournables de ma suprême célébrité. Normal, je n’avais pas encore inventé le genre sonore qui allait révolutionner le monde musical, le rock zombie.
Let’s get started the Rock n’ roll. “Brûle ton acné” et « Zombiactol » furent mes premiers tubes.

On a toujours l’impression que le succès et la gloire sont des fraudes inavouables. Je vous rassure, c’est la même chose de l’intérieur.

Mais les années passent et on s’habitue. J'étais au sommet de la gloire. La vie commençait à m'ennuyer sérieusement et je songeais à une reconversion précoce en martyre de la discipline à l'instar de Jim, Kurt and Janis. Je n'en eus pas le temps.

Le substitut létale était jaune et noir. Enfoncé à l'arrière d'un taxi en provenance de Newark conduit par un caucasien fraîchement débarqué de Kiev en plein milieu du mois de janvier, ma vie entière allait prendre une tournure incroyable.

On m’avait posé là sans que personne ne se doute de ce que j’avais à y commettre. Pas même moi.

Ma bière avait glissé du comptoir. Aussitôt remplacée par une vodka. Dans le bar à bourbon le plus tendance de la semaine selon The voice où j’attendais de rencontrer la plus vénérable des idoles modernes.

J’avais émergé de ce segment d’existence au moment où j’avais accepté le rendez-vous avec la papesse du funk des années dance, Mignona.

Notre face à face était fixé à New York, la ville de prédilection de la chanteuse à la chute de reins la plus vibrante des quinze dernières années. Cette rencontre coïncidait avec l’envie de poser un point d’exclamation monumental à ma gloire désormais internationale.

Cette gloire à laquelle je ne croyais pas avant de devenir Bubba Hopp, phénomène incontesté du rock zombie.

J'avais longuement résisté à Mignona avant de me laisser convaincre. Les rumeurs inquiétantes allaient bon train sur cette croqueuse. Ses méthodes avaient néanmoins fini par avoir raison de ma résolution.

Deux mois de traitement rude de sa part, grand cru de champ’ de mon année de naissance, call girls de luxe tatouées à mon effigie, des envois de substances hallucinogènes livrées par coursier en limousine à huit portières et plus, j’avais flanché devant tant d'habileté.

J’arrivais dans son univers américain, exactement dans les conditions qu’elles avaient désirées. La star immense c’était elle et la star ne se déplaçait pas. Moi, les télés, les signatures en show case, les concerts sauvages dans les cimetières, les reporters de la presse branchée, l’attachée de presse à talons aiguilles qui me suivait partout, je les avais tous plantés sans prévenir.

Je m’étais laissé cueillir sur le tarmac de Roissy comme une friandise acidulée soumise à la loi de l’offre et de la demande. Par désir pur de sa part.

La vendeuse du New York Times au coin de la sixième ne m’avait pas reconnu sans ma perruque verte et ma guitare en or massif. Une intellectuelle sans doute. Elle ne s’était pas aperçue qu’elle s’adressait à Bubba Hopp à cet instant. Elle le regretterait si elle l’apprenait un jour. Les filles en général s’offraient directement comme je le préconisais dans mon tube « Donne moi ton string ».

J’étais excité comme un collectionneur de sacs en croco qui débarque dans un marais du bayou, extraction flaccide de ma torpeur et je me sentais enfin frétiller à nouveau, à contrario des dernières foutues histoires débiles qui me voyait plongé dans les pages nauséabondes des journaux people, dernière en date la série de clichés où je bouffais des cachets à la soirée Pink Absolut - Gaultier pour le lancement d’un parfum à la vodka.

« Comment André Kostachi inventa le tabouret à cinq pieds à usage de pendaison en 1832? » Je ne sais pas pourquoi quelqu’un avait tenu à me divulguer ce grand secret ce soir là. Je ne connaissais pas un traître mot de cette histoire mais ce mystère à la con m’avait tarabusté et le coléoptère épileptique de journaliste avait zoomé ma gueule. Mon regard de malade n'avait strictement rien à voir avec l'absorption de quelconques narcoleptiques. Cette histoire de tabouret à cinq pieds pour pendus m’avait juste fait flippé. Et le fait que tout le monde s’en contrefoute au beau milieu de la fête me semblait injuste.

Mignona ressemblait exactement à la photo d’elle que je préférais, celle qui se trouvait sur son trente cinquième album 'Lady Demonita, your wishes are orders...", un chef d'oeuvre de dance floor comme à son habitude. Tenue de maîtresse SM avec cravache et porte-jarretelles de cuir avec le petit dalmatien sur la lisière des bas. Le même que celui tatoué sur son sein gauche, je m’en suis aperçu au bout de trois minutes quand d’une pression discrète sa robe s’est détachée et a chuté au ralenti à ses pieds, en forme de fleur.

Une fois que j’ai fini de mater son corps tonique ferme et remodelé selon les études du département Marketing de Victoria’s Secret, j’ai refusé un excès de familiarité en la teneur d’ébats déplacés du fait que je ne savais pas bien à quoi je m’engageais par ces actes là.

J’ai évité de me laisser influencer par une idée faible dans le genre « tu te rends compte qu’il y a trois ans seulement, tu bossais dans le SAV chez Confo à Montigny le Bretonneux ».

Mignona a fait claquer une cravache sur la cuisse bionique dont elle était affublée et m’a demandé de la suivre. Nous avons grimpé dans un duplex starckien par un escalier, celui-ci en forme de cœur selon les courbes des fesses de la belle. C’était la zone de non retour selon ses critères.

« Bubba Hopp écris moi un album. Tu es le plus grand. »

« Je t’ai regardé Mignona. Je suis un de tes fans absolus. J’ai acheté tous tes albums. Rien n’aurait pu plus me faire plaisir. Mais je ne sais pas si je peux. Je ne suis qu’un infâme vermisseau de vase»

« Demande moi ce que tu veux. Il ne sera pas dit que Mignona est ingrate. »

« Je n’ai besoin de rien. Je suis un incorruptible. La musique est mon seul péché. »

« Je t’inspirerais beaucoup plus si tu m’étais redevable. J’ai bien compris que tu es homo puisque tu n’as pas voulu de mon corps sculptural. Veux tu un éphèbe musclé à la peau d’ébène au sexe délicieux ?

« Moi homo ? Non pas vraiment… Mais maintenant que tu m’en parles, c’est vrai que j’ai bien envie d’une chose. C’est un truc spécial. Donne moi la vie d’une vierge ici même et je te ferai ton album. »

« Sur la grâce de Mignona, la déesse funkie, tu auras ta vierge Bubba Hopp. Notre collaboration sera portée aux nues par le sang virginal. Qu’il en soit ainsi. »

A résonné « Ain’t two the move … » et nous avons groové une mazurka endiablée jusqu’à de petits toasts de pain d’épice au foie gras sur une méridienne Roche Bobois implacable en peau de buffle.

Au bout de trois jours, j’avais l’impression d’être une oie à gaver ou un décadent de la Rome légendaire. Mes hanches affichaient une surcharge de plusieurs kilos dus à la bouffe hyper grasse et, autre problématique, je commençais à craquer du fait que je n’avais pas la possibilité de consulter mes textos.

J’imaginais la panique en Europe. Bubba Hopp introuvable. Le rock zombie en émoi. Tout Montigny le Bretonneux sans dessus dessous. (Montigny le Bretonneux, la capitale du rock zombie, tout était allé si vite, le projet de Hall of Fame était encore dans les cartons mais les pèlerinages s’y fasaient allègrement).

Puis soudain, alors que j’avais entrepris la composition mentale d’un nouveau tube "bouffe tes crottes de nez, yuppie" en secouant mes pellicules au sujet de quelques reliquats secs de mon nez aquilin que j’extrayais de mes doigts agiles, je voyais entrer la plus bandante des pucelles. Peau claire, crinière blonde, regard azur, elle devait avoir le bout des nichons tout rose et une super mignonne chatte à l’odeur de jasmin.

Tout mon projet faillit s’arrêter aussitôt. Je voulais l’épouser et abandonner ma carrière d’artiste divin maudit. Enfin, bon, je me ravisai aussitôt après que l’idée m’ait traversé l’esprit. Des salopes comme celles là, y en avait plein mes concerts, j’en niquerai une autre. Assister à un sacrifice risquait d’être totalement fun.

Mignona s’approcha de la nymphe et lui flatta la croupe. Je soupçonnais cette vieille peau de vouloir se la taper. Je les voyais toutes les deux, ces grognasses se léchouiller en plan serré, mais putain c’était quoi ces foutus plans pornos qui me venaient toujours en tête. Ca me faisait toujours le coup quand je venais sur le nouveau continent. Manhattan avait la texture d’une caméra numérique 12 millions de pixels. Ses habitants sont des gens que tout être humain normalement constitué devrait mettre un point d’honneur à éviter.

On me présenta à Jennifer. Elle n’avait pas plus de quinze ans. Mignona haussa les épaules. Aux USA, on ne trouvait plus de filles vierges de cette pureté ayant plus de quinze ans. Mignona et moi avions déploré ce fait de concert et nous sommes tous descendu dans une pièce insonorisée nommée Dakota pour procéder à ma requête. Jennifer, dans sa jupette d’écolière ne réagissait pas du tout. Il était évident qu’elle avait été droguée à forte dose. Mignona annonça que nous allions filmer la scène. Elle avait tâté du snuff movie un temps et ça lui semblait très funky d’insérer quelques images de la scène du sacrifice dans le clip du succès planétaire qu’on sortirait bientôt.

J’étais super d’accord. Quand on avait affaire à des véritables pros, rien ne restait jamais la propriété du hasard.

La jupette de la blonde se soulevait et laissait apparaître une mini culotte blanche tandis que son buste se roulaient contre son cavalier sur des rythmes africains intéressants. Le spectacle de la jouvencelle entre les bras musclés d'un danseur latino époustouflant de virtuosité me faisait bander. La lumière flashy léchait son corps rempli de sève et drogue, ses yeux se révulsaient et ses paupières faisaient l’amour à ses pupilles.

Soudain un démon, un truc pas croyable, un vrai démon surgit dans la pièce. Il faisait un mètre de haut et était grenat avec des yeux d’or et une maxi paire de cornes. Il se déplaçait de façon gracile et se disputait la pouffiasse avec le danseur latino. Bien vite, le bellâtre brun musculeux s’effaçait et le démon qui ressemblait à un hobbit en couleur accueillit contre son poitrail la demoiselle, ce qui lui fila à lui aussi une trique d’enfer. J’étais tout à côté de Mignona et je m’apercevais qu’elle perdait progressivement son aspect humain. En pleine transe, elle me fixait de nouveau, moi, Bubba Hopp chantre du Rock Zombie avec un air lubrique et gourmand.

« Viens forniquer avec moi sur les braises de Belzébuth. Viens forniquer avec moi sur les braises de Belzébuth.» Elle scanda ce refrain plusieurs fois.

A tel point que la tournure des choses était franchement propre à l'établissement d'une étreinte animale déchainée. Je me mettais à tourner dans ses bras et pendant ce temps le diablotin n’en finissait plus de pourlécher la blondinette en laissant glisser de larges filets de bave sur sa peau diaphane. L’univers du mal tanguait dans ce lieu, rempli de stupre et de souffre.

Je fixais mon attention sur Mignona. Ses tatouages à l’effigie du christ s’étaient tous retournés et les croix inversées se multipliaient dès lors sur son corps. Sa peau bruissait le chant des sorciers de Zanzibar et je me laissais emporter furieusement dans un coït frénétique et dévoyé tandis que je voyais le diablotin sectionner de ses ongles acérés les veines artérielles de la jeune fille aux seins dénudés et énormes dans des gestes vifs et volontaires. Une douche de sang inondait aussitôt mon épiderme fiévreusement imbriqué, ce qui provoquait l’exultation de ma chair dans le corps de Mignona. J’entendais encore des cris de hyène et mon tout dernier souvenir était celui de mes mouvements frénétiques dans une flaque sanguinolente poisseuse et chaude semblable à du sperme, du sang, un liquide amniotique ou de la glaire infernale.

Chambre blanche, un hôpital, des draps bleus. J’ouvrais les yeux sur une infirmière, finnoise pour le moins, en train de remplir de liquide la bouteille de la perfusion. Un silence épais et étanche m’accueillait comme le calme après la tempête.

« You awake finally ? »

« Où suis-je ? »

« Hopital of the eight district of New York. Keep Quiet.»

« J’ai fait un rêve de dingue.»

« Keep quiet. »

La porte s’est ouverte et je voyais apparaître Mignona. En robe noire et rouge, le col remonté comme celui d’une Maîtresse de donjon magistrale.

Son ventre était gros comme si elle avait bouffé dix pastèques.

« L’enfant va bien, Bubba. Tu as été formidable. »

« Quel enfant ? De quoi parlez vous ? «

« Le nain Belzébuth, la vierge saignée, ton patronyme Bubba Hopp (dieu des Séminotéques) et ton règne sur le rock zombie, nous avons enfanté le fils du Diable. »

« Quoi ? …. Qu’est ce que tu racontes ? »

« Be quiet, Bubba. »

Les yeux de l’infirmière finnoise devenait jaune or et je vis un loup se frotter à ses jambes gainées de bas blancs. Un court instant, une vision de son visage angélique inondé de sang se substitua à sa beauté.

« Be quiet !!! »

Un coup de vent formidable et divin fit péter la porte de la chambre.

Dans l’encadrement, s’affichait un curé en soutane à dentelle « Arrière ! Vade retro satanas. » Il commençait à asperger la chambre avec un nécessaire d’arrosage typiquement mexicain accroché dans son dos comme un cartable relié à un tuyau se terminant par un genre de pistolet à eau qu’il pressait obstinément. « Crains mon acide bénite salope des enfers. » Un liquide laiteux giclait du canon de l’appareil. Le visage de l’infirmière finnoise se mit à fondre et à saigner après s’être fait copieusement arroser. Mignona hurla les trois mots venu de l’antre des ténèbres : « God is Dead ! »

A ce moment, le ventilo dans la chambre typiquement mexicain également se mit à tourner de plus en plus vite. Le père récitait des litanies en latin et s’approcha de Mignona. Il allait lui balancer la giclée fatale de liquide blanchâtre lorsque les pales vinrent à se décrocher pour aller décapiter le pauvre Père. Sa tête tomba sur la télécommande de la télé qui se mit à brailler des publicités pour des organes artificiels disponible sur internet.

« C’est fini, fit Mignona de sa voix la plus gutturale. Tout cela n’a que trop duré. » Elle se couchait par terre et écartait les jambes.

« Accueille ton fils Dieu des hommes et du Rock Zombie. »

Ca semblait complètement fou. Mignona allait mettre bas. Je voyais une corne sortir de la béance du sexe de la déesse du funk Mignona. Une deuxième commençait à pointer.
Plus rien n’arrêterait la venue du Diable sur cette terre et j’étais le père. Moi, le mec qui s’occupait du SAV chez Confo de Montigny le Bretonneux. (Là je crois que la remarque se laissait employer aisément).

Je ne pouvais pas laisser cela arriver. Je devais sauter de mon lit malgré ma faiblesse et j’arrachais ma perfusion. Le loup de l’infirmière me montrait ses dents d’acier. Avais je le choix ? Je décidais de ne pas m’en soucier, lui foutant un coup de perche à perfusion dans la gueule, ce qui m’ouvrait l’avant bras sur cinq centimètres. Je fonçais sur Mignona pour l’arrêter et étrangler l’enfant maléfique avant qu’il ne pose un seul de ses pieds de bouc sur le carrelage de la clinique. Au milieu de la lutte…

…Le brouhaha était immense. Un grand homme me montrait un bordereau de réception. Il avait la face rougeâtre. Que cet homme était disgracieux je me suis dit avant de l’entendre éructer « C’est un scandale. Ca fait deux heures que j’attends un guéridon en eucalyptus et le type censé me le chercher dans la réserve dort peinard. Appelez moi le directeur. »

Je me remettais sur pied bredouillant des excuses délirantes « c’est pas ma faute, j’ai du me démener pour empêcher la venue du diable sur Terre. »

Le jingle du magasin « Conforama le pays où la vie est moins chère » résonnait dans mes oreilles. J’allais rencontrer le directeur pour récupérer ma feuille de paie après licenciement. Il secouait la tête d’un air écoeuré en me disant que j’étais un pauvre mec. J’en étais sûr avec votre gueule de désoeuvré psychédélique… Maintenant je me voyais sous un pont mangeant liquide du rouge dans une bouteille en plastique avec d’autres clodos crados et malades. Nous essayions d’échafauder des tours de garde pour échapper à des types qui voulait nous faire la peau. La vision débouchait sur une tribu de sauvageon en train de m’asperger d’essence et de gratter une allumette.

Mignona se concentrait et faisait tout pour m’envoyer des images mentales en me répétant « Accueille ton fils. Accueille le. Moi je pars. Je n’en peux plus. ‘Take off the groove with me…»

Les mignons petits pieds de bouc cliquetaient sur le carrelage, on aurait dit que Bubba junior essayait de danser comme sa maman. Je n’avais plus le choix et je fis ce que je devais faire pour achever le travail. J’arrachais le placenta d’un geste sec et je plantais mes dents dans la matière sanguinolente pour nous lier à jamais.