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Le 10/04/2008
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par Lemon A
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Thèmes / Saint-Con / 2008
Après une introduction un peu inutile au sujet du journal le 'Courier International', Lemon A met son plan à éxécution. Même si on manque un peu de détails sur le con et ce qui le carctérise, la crémation a le mérite d'être originale et assez jouissive. C'est gratuit et violent, donc idéal, manquerait que quelques grosses vannes bien abruties pour nous faire glapir de joie.
Mon esprit s'est élevé à partir du moment où je me suis abonné à Courrier International. Courrier International, avec son beau papier, plus blanc, plus rigide, avec son encre qui ne coule pas ; en matiere de presse force est de constater qu'il s'agit du meilleur titre, à bien des égards. Vu que ce journal est organisé à partir d'une compilation d'articles issus de la presse étrangère, on dépasse les ecueils necessairement liés aux medias locaux ; leurs visions nombrilistes, leur cancans inévitables, leur coins coins populistes et toute la compagnie des racolages ultra-minables. Dans Courrier International l'interet ne vient pas des articles en eux-mêmes, mais de la multiplication des perspectives sur un sujet précis. Courrier International proposera tel papier d'un quotidien chinois et tel point de vue de son confrere sénégalais. La valeur réside dans la juxtaposition des deux articles, la vrai information est là, un éclairage naissant de la comparaison, votre petite ampoule allumée par la différence de ce que disent les chinois et les senegalais lorsqu'ils s'expriment sur une chose identique. Il faut sortir de bavassages ineptes et de sottises ethnocentrées. Il faut monter d'une marche pour devenir conscient des phénomènes du monde.
En lisant Courrier International, nous nous sentons, à terme, citoyens humain, terrien, nous developpons une acuité globale sur la réalité, notre analyse prend une ampleur exhaustive et n'est plus confinée à l'étroitesse d'un terriroire restreint. J'incarne la sagesse comme tout les sages, en voyageant au delà des mers et à travers les continents. Ma vision s'est émancipée pour devenir transversale, entiere, complete, transcendante, sacrée. Les guerres, les famines, les pollutions, la dope, le crime, la propagande et le mensonge se nourrissent tous dans le même plat. Quelqu'en-soit les épices, la grande cuisine de la connerie humaine turbine à plein régime selon des règles ancestrales.

Les types de Courrier International l'ont bien compris. A force de pêcher des articles dans tous les journaux de tous les pays, ils ont su repérer les invariants, les fondamentaux, les bases. Et même, dans une rubrique, ils s'en amusent. Cette rubrique relate les pires incongruités, les actions absurdes, les conséquences désopilantes de la connerie humaine. On se marre sur le dos des cons, on s'en moque parce qu'il faut bien en rire, parce que nous, les sages, sommes suffisement détachés pour être savoir aussi se gausser au milieu du torrent des tourment. L'humour est la politesse du désespoir. Mais pour réduire le desespoir la vrai sagesse exige l'action. La bonne rigolade, la revigorante détente n'empêchent pas le combat.. La connerie devore les âmes, contamine les sociétés humaines et finira, à coup sûr, par détruire l'univers si nous baissons les bras.

Chacun peut intervenir à son niveau contre cette peste, avec des gestes simples. A l'aide d'un distributeur de boissons fraiches et d'un briquet.

Le numero 67 de Courrier International, relevait, page 28, les accidents les plus cons de l'histoire. Parmi ceux ci, la liste mentionnait le cas d'un type écrabouillé par un distributeur de boissons. Assoifé, il avait introduit ses sous sans que le distributeur ne libere de cannette en retours. Le type, floué, avait secoué la machine avec une détermination telle qu'il avait fini par la faire basculer. Elle lui tomba dessus et il mourru. Rien n'est plus con que de périr ainsi, écrasé par un distributeur de boissons fraiches. J'ai disséqué de long en large tous les numeros de Courrier International, soit la synthese de tous les journaux du monde entier et il s'avère, effectivement, que je n'ai rien relevé de plus typiquement con. Dans les archives de la connerie humaine, les distributeurs de boisson jouent un grand rôle. Ils en revêlent les cîmes et ils en sondent la profondeur.

La firme multinationale Coca Cola propose plusieurs distributeurs et des avantages à la commande puisque la livraison et l'installation de l'appareil est comprise dans l'achat. Personnellement j'ai opté pour le V 408, un modele leger, avec un habillage rouge vif et des lumieres clignotantes : autant de signaux efficients et nécessaires dès lors qu'il s'agit de traquer le gros. On reste calé sur un principe basique, avec une selection à 10 touches dont chacune est heureusement illustrée d'un visuel intelligible pour tous. J'ai apprécié la maniabilité des volumes, soit une largeur de 85 centimètres permettant une prise sur les deux cotés, une profondeur de 79 centimètres autorisant une intervention latérale et une hauteur également accessible de 183 centimetres qui ne decouragera pas les mongols les plus achevés. Le poids à vide de la machine atteint 295 kilos, ce qui, sans etre prohibitif, tempere le con trop freluquet et favorise les cons massifs. A un moment donné je crois qu'il faut assumer d'influer sur la démarche en fonction de son goût propre, il faut se reconnaitre, se faire plaisir, il faut s'autoriser à zigouiller un con selon son coeur. Personnellement j'ai un penchant pour les brutasses, les cons barbares et primitifs.

La sagesse que te transmet Courrier International incite à prévenir les dérapages. Tu décomposes les actions menant à l'objectif que tu t'es fixé , tu anticipes les peaux de bananes. Ainsi, grâce au distributeur de boisson tu pares à l'erreur judiciaire, tu t'assures. Car loin de décider subjectivement tu vas ferrer un con prouvé. Et chaque année, grâce au distributeur de boisson je piège mon con, le con objectif parmi les cons possibles, la bête de concours, réelle et authentique. Cette année j'ai fait installer le V 408 dans une station essence, pas loin des pompes, à la portée des pistolets.

Une chaleur caniculaire, un ciel blanc délavé par le soleil, le jet noir des pots d'échappement. Des types aux chemises ouvertes, des femmes en bermuda et en short rose, des lunettes de soleil, des vacanciers et des vêtements trempés de sueur. Des 4x4, des citadines et des berlines, chaque nouveau véhicule entrant dans la station relançait l'attention et piquait mon désir d'action. Alors qui ?

Le cons des cons est apparu au bout d'une heure. Retrospectivement, il y avait comme une évidence. En fait, j'ai su que c'étais lui dès le premier coup d'oeil. Je l'avais senti. L'expérience peut être, le flair surement. Un grand gaillard, obèse, chauve, rougeaux, qui soufflait comme un buffle, doté du cou de l'animal ; sa nuque faisait des plis. Le type avait stationné son Renault Master blanc devant une pompe à essence, mais au lieu de se servir, il s'était dirigé vers le distributeur de boisson. Evidemment, j'avais trafiqué la machine, la vidant entierement de sorte qu'elle ne livra aucune cannette et qu'elle ne rendit pas les pieces. Victime de la supercherie, le con fulmina rapidement et envoya un coup de boule dans l'appareil, puis, non content de s'être défoncé le crâne, secoua le distributeur avec une rage telle, beuglant une logorrée d'insultes et de sons guturraux, que la machine vacilla, vacilla, vacilla, et donc se renversa.

Ah le con ! Mais quel spectacle extraordinaire ! Ecrasé par un distributeur de boisson. Le con geignait à present, gesticulant vaguement, à terre, sonné et meurtri par les 295 kilos de mon appat, la cage thoracique certainement enfoncée, coincé sous la ferraille. Je me précipitais, décrochais le pistolet d'une pompe et arrosais copieusement ma proie avec un jet continu de sans plomb 98. L'essence éclaboussait son visage grimaçant et se mélait au sang qui coulait sur son front. Le con toussait, déglutissait, s'étranglait. Il devenait cramoisis et, bloqué par la masse qui le broyait, se résignait et se vidait.

Il y en avait pour quatorze euros quatre vingt quatre d'essence quand je stoppa l'arrosage. Des types se précipitaient dans notre direction. Il était temps de décarrer. Avec mon briquet j'enflammais un exemplaire de Courrier International, son papier au grammage épais, et je lâchais la torche improvisée sur le blessé. Un brasier de chair, de plastique et de fer éclatait derriere moi tandis que je m'engouffrais dans le Renault Master. Les clefs se trouvaient sur le contact, forcement, puisque j'assassinais un con parfait.

Je démarrais en trombe, le bruit du moteur me privant des ultimes hurlements du supplicié, périssant dans les flammes, prisonnier de l'objet sur lequel il s'était stupidement acharné. Dans une quinzaine de jours, j'aurai revendu sa camionette sur le parking d'un supermarché et j'appelerai Coca Cola pour acheter un autre distributeur V 408. C'est peut être regrettable, mais le bucher d'un infaillible con vaut bien le sacrifice d'une machine à boisson.