Cohn est un con

Le 13/04/2008
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par Aka
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Thèmes / Saint-Con / 2008
Ca sent la précipitation : des péripéties qui se bousculent et un style défaillant pour une histoire qui méritait plus de soin. Y a une intrigue (inspirée de faits réels), des vannes, de la stupidité saint-connesque jouissive, tous les bons ingrédients... Mais le tout est compacté à l'arrache. Bref, un bon texte laissé en friches.
Cette histoire est inspirée de faits réels. Toute ressemblance avec des faits et des personnes ayant existés n’est donc pas du tout un hasard. Les noms n’ont pas été changés parce qu’on s’en fout, ils sont tous morts depuis.
Louis M. Cohn est un gros connard. Le plus gros connard de Chicago et même que ça m’étonnerait pas que ce soit le plus gros connard de la Terre entière en fait. Cohn m’a tout pris : ma femme et mon fric. En fait, mon fric et ma femme si on regarde chronologiquement. Il aime organiser des parties de dès, et moi je suis joueur. Il aime culbuter les femmes aux formes généreuses, et ma femme est joueuse. Si au moins il avait du talent pour quoi que ce soit, mais non : il baise ma femme et dépense mon fric alors que c’est le dernier des cons.

Cohn va donc cramer à la Saint Con. Il n’y a pas grand monde qui connaisse encore la Saint Con, mais moi oui. L’année dernière, le 10 avril, je rentrai tranquillement d’une partie de cartes avec deux comparses. L’un d’eux, sous l’effet de nombreux whisky je peux l’avouer, s’est mis à raconter une blague très nulle sur les écossais. Il y eut un gros blanc, très vite rempli par les gloussements d’hilarité du narrateur. Tout à coup, le second lui asséna un énorme coup de poing dans la gueule, courut jusqu’à la lanterne du pub voisin et revint mettre le feu à l’autre pauvre bougre inanimé. Devant mon apparente stupeur il me regarda et secoua tristement la tête : « il était trop con ». Et il m’enseigna aussitôt tous les rites de cette fête ancestrale.

Enfin bref, depuis ce jour je mets en place des stratagèmes pour pouvoir cramer Cohn à la prochaine Saint Con. Je veux quelque chose à la hauteur de sa connerie, et surtout, quelque chose de moins visible que la crémation à laquelle j’ai assisté, son initiateur ayant au final été pendu pour le meurtre qu’il avait commis. Nous sommes en octobre 1871, j’en suis à mon sixième mois de test, et je crois que là, j’ai trouvé la solution.
Cohn organise ses parties de dés et ses parties de jambe en l’air dans son hangar et c’est donc ici qu’il doit périr. Il y est à l’abri des regards, à part celui de sa vache, l’habitante officielle des lieux. Cohn aime beaucoup sa vache et dès qu’il entre dans le hangar, la première chose qu’il fait est d’aller caresser son museau. Je viens de passer les cinq derniers mois à essayer de dresser cette bestiole : j’ai essayé de lui apprendre à ruer dès qu’on lui touche le museau. Je vous passe les détails sur la manière dont j’ai réussi ce tour de force car j’ai dû beaucoup payer de ma personne, certains faits restent assez avilissants. N’empêche que cette créature et moi nous entendons désormais à merveille.

Mais revenons à nos moutons… Dans un hangar il y a du foin, et pour s’éclairer il y a une lanterne. Je vois que vous commencez à percevoir mon plan machiavélique : vache, caresse sur le museau, ruade, lanterne, foin. Il ne me restera plus qu’à maintenir la porte fermée derrière Cohn. Bref, ce soir c’est le grand soir : le soir du test. Cohn est absent pour raisons professionnelles toute la semaine et je vais pouvoir m’entrainer à loisir. Parce que jusqu’ici, c’était pas très facile d’avoir un peu d’intimité avec cette vache.

Il est un peu moins de 21h lorsque j’arrive au hangar. J’installe la lanterne à hauteur de sabots et j’éloigne le tas de foin : faut pas déconner non plus, la Saint Con est dans six mois. Je peux aller saluer ma nouvelle amie d’une tape affectueuse sur le museau.

Oh putain ça marche ! Wow foul ball !!!... euh un peu trop là… Trop loin… Le foin… Oups.

Bon j’ai rien pour éteindre et j’entends déjà les voisins gueuler. Donc on va s’en aller… Ah non moi, non rien ! J’ai vu les flammes et je suis venu sauver la vache ! Bonne soirée m’sieurs, dames !

Quels cons. Merde je pensais pas que ça tomberait dans le foin, brave bête. En même temps, plus de hangar, plus de plan… Chier. La nuit porte conseil comme on dit.
9 heures du matin. Ca fait douze heures que Chicago crame et d’après les bruits qui courent, c’est pas près de s’arrêter… C’est dommage qu’on ne soit pas le 10 avril, j’aurais fait un high score !

L’incendie de Chicago dura du 8 au 10 octobre 1871. Un tiers de la ville fut détruite et on compta entre 200 à 300 morts. C’est l’une des plus grosses catastrophes survenue aux Etats-Unis au XIXème siècle. Nous sommes donc en droit de nous interroger : soit notre narrateur est le plus grand Inquisiteur que l’ordre de la Saint Con ait pu connaitre, soit c’est le plus gros con qui ait pu exister sur cette Terre. L’Histoire ne nous dit hélas pas s’il périt dans les flammes de son incendie…