Réponse à Paul

Le 17/04/2008
-
par Glaüx-le-Chouette
-
Thèmes / Saint-Con / 2008
Grèce antique et insultes, on est bien dans un texte de Glaüx. Un texte fondamentalement obscur et sérieux, très bien écrit. Trop bien écrit, on est écrasé par l'érudition plus grosse et plus dure que la mienne, et le potentiel jouissif est étouffé par le raffinement. Le con est là, la combustion, insidieuse, s'étale sur tout le texte ; manque l'esprit, la déconne et la détente intellectuelle du cul.
Sur le terreau sanglant des Anciens, j’ai cru bâtir enfin la race des hommes. Sur la pensée forte et courageuse, la foi sage et réfléchie des philosophes, sur la pensée vive et sans barrières, l’énergie des guerriers et promakhoï de ma Grèce homérique natale, sous l’éclat des casques et des lances, j’ai cru fonder la vie saine et virile à laquelle mon espèce a droit. J’ai cru évacuer la faiblesse et la Foi misérable. Et puis les Orientaux effeminés, les Hébreux sans Histoire et sans gloire autre que la fuite et l’esclavage, sont arrivés dans nos familles, dans nos livres et dans nos crânes.
Ajourd’hui je suis venu te trouver, ô Paul, le faible, aujourd’hui je traverse l’Akhaïe, je repasse en sens inverse sur les champs imbibés du sang de mes ancêtres, laissant derrière moi Salamine, laissant en partant l’isthme de ma ville natale, passant Mégare, loin Tanagra, Platées, passant sur les terres noircies des Thermopyles, remontant les plaines écrasées jadis par les pas d’autre Orientaux, autrement forts et fiers malgré leurs cheveux de femme et leurs ornements, fils de la chienne, car ces Orientaux-là combattaient, eux, et prônaient la vie, non le sommeil. Aujourd’hui je suis remonté vers la Macédoine, vers les sols d’autres demi-barbares, qui les premiers nous ont écrasés, mais dans l’honneur, eux, sous le poids des armées et nous offrant la Belle Mort, au fil des lances trop longues et trop serrées pour nos combattants à l’ancienne, armés encore presque comme les meneurs de chars de jadis. Car nous savions nous battre, et nous savions mourir.

Tu es allé trop loin, Paul, le faible. Tu crois menacer quand tu te caches. Tu crois faire croire quand tu es minable et transparent, tu crois avoir de la grandeur quand les victimes de ta secte sont enfants, femmes et misérables. Tu crois pouvoir tondre des moutons ; mais je suis venu te faire voir ce qu’était un Grec, un Achéen, un homme, de la Corinthe aux belles cavales. Larve molle.

Vois, j’ai porté ta seconde lettre pour enflammer ton bûcher. Je l’ai portée emballant le cœur de ton « frère », ce cœur à tes pieds, celui de ton fonctionnaire de faiblesse, ce Tite que personne ne connaît, ce barbare sans famille et sans gloire, sans mémoire, ce fils de pute. J’ai pris garde au départ de mon voyage de prendre l’argent de ta secte, récolté de force, par la force des faibles, la force de la menace voilée, la force des simples mots - mal dits, mal agencés, selon le mètre fautif de ton peuple de vers - de l’utiliser pour acheter les armes et les bras de mercenaires. Tes victimes reviendront dans le giron de leurs pères, ou partiront voir de près si les Enfers ressemblent à ton Blanc vide et sans beauté, ou dans les nôtres riches et pleins de gloire. Partout chez moi, des feux s’allument, chien. Et des cœurs de tes « frères » brûlent, arrachés.

Tu auras beau lutter, tes mouvements sont vains. Attaché par un guerrier sur ton bûcher, abîmé par ta vie de faux miséreux, trop persuadé de ta force mentale et plein de dédain pour ton corps, jamais tu ne déferas tes liens. Tu commences déjà à rougir, Paul le faible, que les flammes n’atteignent pas encore tes chevilles. Elles lèchent, encore, comme ta langue lèche salement les esprits sacrés et purs des Grecs. Langue de sale chien, langue de pornè, pute à glaires.

Regarde sur quoi je fais ton bûcher. Regarde ce tronc droit et sec. C’est un honneur que je t’offre. Regarde nos cyprès, entends les éclatements de notre bois sous les flammes qui montent. Compare à ta croix héritée des Romains, à tes poutres minables aux gros nœuds. Pleure la faiblesse de tes symboles, reçois comme une grâce et un honneur la droiture de nos troncs. Prends comme ta dernière gloire, et la seule, de mourir bientôt sur un pic rocheux face à la belle mer aux écumes, au loin, sous le soleil d’ici, presque aussi fort que le mien déjà.

Et tu cries des anathèmes, et tu supplies, et tu renies tout pour me persuader de te délier. Tu hurles des veuleries alors même que les flammes commencent à peine à dévorer le petit bois et que tes orteils sont seulement rougis, pas même encore écarlates et éclatés, comme ils seront bientôt. Tu voudrais de la pitié. Paroles de faible. Crève, pute.

Et tu menaces et tu fuis dans la grandiloquence, et tu prétends, et tu appelles la transcendance, comme à travers le feu. Ton Dieu, où est-il ? Le mien vengeur est dans ma main, dans mes yeux sans regret, dans le feu qui t’avale. Qui monte d’un seul élan tout à coup jusqu’à ta poitrine, comme un signe. Voici la justice, barbare. Et le cyprès d’exploser à nos oreilles, comme la voix des dieux en colère, et le bois sec de craquer et craquer encore sous les grondements des flammes énormes, comme le hurlement grave du Tonnant et la tempête en haute mer ; je vois déjà la peau de tes tibias prendre une teinte noire et se fendre sur l’avant. Voilà un bon feu, un vrai feu.

Tu résistes, Paul le faible ? Tu n’es pas évanoui, quand bien même tes jambes sont prémisces de ton corps offertes au feu purificateur, alors même que ta mort est décidée ? Trop détruit ton corps, roti comme les porcs des sacrifices. Mais il est vrai que les flammes lèchent seulement tes chairs au-delà du ventre, porc, et tu survis. Je suis heureux. Tu souffres comme doit souffrir un homme.

Et les fentes de la peau couvrant tes tibias de s’étendre vers le haut, et ta nuque de se crisper en arrière à présent, comme celle d’un coq, d’une poule, tes yeux de révulser. Tu acceptes ta mort en geignant, pute. Comme tu as vécu. Un Grec se serait battu. Tu as lutté un peu, puis tu as laissé révulser tes yeux et ton âme. Cache-toi, faible. Cache-toi. Je savais que tu ne lutterais pas. Les « frères » grecs que j’ai brûlés ont hurlé contre ma race, mon esprit immortel, m’ont menacé et vomi jusqu’à ce que la mort fasse éclater leurs yeux. Ils avaient la force de notre sang, malgré la faiblesse de l’âme que tu leur avais instillée.

Ta chair, même brûlée, est faible. Je vois la mollesse de tes cuisses découvertes par le feu, et qui suintent la graisse brûlée, du fond du rouge profond digne des muqueuses des pestiférées, et du noir de la honte. Je vois les tremblements réflexes de ton ventre. Tu n’es pas encore tout à fait mort. Je sens la belle chaleur sur mon visage et je sens mes yeux s’assécher sous ce feu et celui de ma haine. Porc calciné.

Par ta faute, tous mes ancêtres peut-être auront pensé en vain. Tous les combattants, gloire de l’Achaïe, peut-être en vain auront donné leur sang. « Arès n’épargne pas les braves ; mais les lâches ». Et les lâches de faire croire qu’ils sont meilleurs, pour avoir survécu ? Pas ce lâche-ci, par ma race. Pas tant que je vivrai.

Et le visage de Paul, le faible, de se boursoufler par le dessous de la peau, de perdre ses formes mensongères, enfin, de s’affûter ou gonfler, noircir et bleuir et rougir, ses yeux de fondre et ses dents apparentes sous les lèvres mangées. Et comme à travers le feu, le visage de Paul enfin semblable à ce qu’il fut : un chien des Enfers. Fils de la chienne.