Une histoire ordinaire

Le 13/05/2008
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par Aka
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Thèmes / Obscur / Nouvelles noires
D'habitude, on reconnait les textes d'Aka au premier coup d'oeil, celui-ci laisse perplexe. Ca prend pour cadre les meurtres de Londres de 1888 et c'est particulièrement foiré. L'intrigue est survolée et les évenements juste mentionnés. Ca sent la fatigue ou l'envie de torcher rapidement un truc peu inspirant. Le style déconne à pleins tubes : Aka veut imiter une écriture qui ne lui est pas naturelle et se plante : les tournures sentent l'amateurisme et en plus elle a oublié de se relire.
Je m’appelle William Lawford et je suis un vieillard de 68 ans arrivé au crépuscule de sa vie. Ma vie n’a pas été banale, aucune ne l’est, mais mon nom ne survivra pas ce siècle maintenant bien entamé. J’ai été le témoin privilégié du banal et de l’étrange, de l’ordinaire et de l’insoutenable. Ma vie a été menée dans le but d’être ce témoin car j’étais journaliste. Et maintenant que cette tache s’achève en même temps que mon existence, l’angoisse me saisit. Non pas que la mort me répugne (à mon grand âge, on l’invite comme une amie), mais je me rends compte que rien ne perdura. Ni moi, ni mon nom, ni mes écrits : seuls les faits et l’Histoire résistent au temps et c'est la proximité de la fin qui m'en a fait prendre conscience. Et pourtant Dieu sait qu’il suffit seulement d’un peu de lumière pour révéler ce qui peut sembler anodin. Il me reste donc une tache à faire avant de pouvoir reposer en paix.
J’avais 14 ans lorsque j’ai débuté dans le métier et lorsque j’atteignis mes 20 printemps, j’étais donc déjà respecté dans ma profession. J’avais amené un genre nouveau : j’aimais aller au plus près des gens, au plus près des faits. Je ne me contentais pas de retranscrire les histoires dont j’étais le témoin. J’adorais croire que chaque morceau de vécu avait sa part d’extraordinaire. Je n’avais pourtant pas la moindre idée de ce que pouvais signifier ce mot avant d’y être vraiment confronté.
Parce que nous étions en 1888 lorsque j’avais 20 ans et j’exerçais ma profession à Londres.

Après le premier meurtre, je me suis immédiatement rendu à Whitechapel. Les journaux débordaient de faits divers, de femmes retrouvées mortes à l’époque, mais il fut évident dès le départ que ce meurtre n’avait rien de commun avec la routine londonienne. Et l’Histoire confirma cette idée car à peine plus d’une semaine après la découverte du premier cadavre, le second vint allonger la liste.

Le tueur devint Jack l’Eventreur à la fin du mois de septembre de cette année et les putains au centre de toutes les attentions. Ces femmes qui faisaient partie du décor étaient désormais regardées avec une forme de respect morbide. On les cherchait à l’ombre des cours intérieures ou des allées perdues. Mais je ne referai pas l’Histoire : tellement de choses ont déjà été écrite sur Jack. Mon histoire n’est pas la sienne.
Les journaux ressassaient alors les détails les plus sordides, décrivaient les plaies béantes de ces pauvres filles, leurs viscères éparpillées. Quant on ne lisait pas ces tableaux écœurants, on pouvait toujours prendre part à la chasse aux sorcières qui s’était ouverte. Il y eut énormément de suspects dans cette affaire, encore aujourd’hui de nouveaux noms apparaissent et je reste persuadé qu’il en sera toujours ainsi après ma mort.

Je fis donc le choix de m’intéresser à un autre pan de cette affaire et me mis à fréquenter les filles de Whitechapel. Je recueillais leurs témoignages, leurs peurs mais aussi leur indifférence. Même si elles étaient angoissées, la plupart étaient amusées d’être au centre de toutes les attentions. Que leur importait de terminer éventrées par un célèbre tueur en série ou battue à mort par leur souteneur ? Les putains de ma jeunesse n’étaient pas les putains d’aujourd’hui. Elles étaient souvent d’âge mur, mariée. Elles ne connaissaient pas le confort (si tel est le mot que je peux utiliser) d’une chambre d’hôtel : leurs passes étaient à peine à l’abri des regards, dans les ruelles mal éclairées. Leur but premier était la rentabilité : pour cela il fallait donc ne pas tomber sous les coups pour ne pas abimer la marchandise ou bien utiliser des astuces afin de travailler quand elles étaient indisposées. Beaucoup jetaient leur dévolu sur des hommes fortement alcoolisés afin de pouvoir les « voler » en ne faisant que serrer les cuisses et en leur laissant croire qu’ils faisaient leur affaire. C’était risqué : le client s’en rendait parfois compte et la foudre s’abattait, rapidement suivie par celle du souteneur.
Mais lorsque fin septembre on dénombra déjà quatre victimes, même si elles me soutenaient l’inverse, seule la peur se lisait dans les yeux des filles lorsque je les interrogeais.

C’est lors de ces interrogatoires que j’ai rencontré Jane. Elle n’était ni belle, ni laide, ni exubérante, ni introvertie et sans ses habits aguicheurs, très peu se seraient retournés sur elle tellement elle semblait invisible. Elle était comme un élément du décor. Je pense sincèrement que si sa réponse à ma question n’avait pas été si marquante, je l’aurais moi-même oubliée. Lorsque comme à toutes les autres, je demandai si elle avait peur de croiser la route de Jack, elle m’assura que non avec un sourire qui m’intrigua aussitôt.
- Vous connaissez Polly n’est-ce pas ?
- Oui, évidemment, répondis-je, Mary Ann Nichols, sa première victime.
- Vous connaissez donc son nom. Et je parie que vous connaissez celui de toutes les autres. Si je croise sa route, alors vous et tous les autres, vous connaîtrez aussi le mien. Et il perdurera.

Jane est morte quelques jours après. Ce ne fut même pas mentionné dans les journaux : toutes les pages étaient consacrées à Mary Jane. La belle et jeune Ginger sur lesquelles les foudres de Jack se sont abattues avec une violence qu’il n’a jamais égalée. Jane quant à elle fut retrouvée dans la ruelle où elle travaillait, poignardée. Elle avait été détroussée du peu qu’elle avait. Sa vie avait été estimée à quelques pennies. Personne n’a jamais lu son nom nulle part, personne ne doit désormais s’en rappeler et même moi je ne l’ai jamais su.
Jack n’a jamais refrappé, il a disparu avec le cœur de sa dernière victime mais ses actes ont traversé les années et je crois qu’ils traverseront les siècles aussi.

J’ai fait ce que je pouvais avec mon faible pouvoir : le prénom de Jane sera lu, même si c’est par peu et peut être que son histoire marquera quelques esprits par le biais de ma plume. Un morceau d’histoire de deux anonymes, mais que personne n’aura jamais le droit de qualifier d’ordinaires.