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Le 05/06/2008
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par Slashtaunt
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Thèmes / Obscur / Autres
Je n'ai pas d'avis sur ce texte. Je l'ai lu sans qu'il me procure le moindre sentiment. Slashtaunt décrit assez froidement une sorte d'épidémie d'un nouveau genre, pas de personnages ni d'intrigue. De la poésie en prose sur un ton de faits divers. C'est joliment écrit, mais sans émotion, et le résultat est là : on le survole sans y penser. Peut-être que c'est bien, peut-être que c'est naze. Et peut-être qu'on s'en fout un peu.
C'est alarmant. Dans la rue, je ne vois que des spectres physiques s'appuyant les commissures des lèvres avec le pouce et le majeur. L'air inquiet, roulant des yeux, la marche vive, ils vont selon leurs itinéraires avec un célérité apeurée. Une expression douloureuse, l'instant d'un éclair, s'affiche sur leurs visages. Une douleur aux joues leur arrache parfois une lente plainte. Tout cela est couvert du brouillard de la rêverie. Et bien que l'on puisse voir jusqu'à l'horizon, tout reprend sa teinte de moisissure originelle.
Cette fois, le gouffre est béant. Des saignements incontrôlables, singulièrement douloureux, se remarquent aux coins des lèvres. La rue est déserte, les fenêtres closes. Pas une once de vent ne vient soulever les feuilles meurtries de l'automne. Les joues s'enflent, et la perplexité des médecins, tous, eux aussi, touchés par l'épidémie, s'en va croissante. Fleurissent les soupçons internationaux; un remord condamné nait, révolté par l'incompréhension.

Tout s'apaise, puis tout s'égaie. Les rues sont bondées. Partout, partout des gens, en dehors des trottoirs même. Les artères de la ville sont bouchées par ce cholestérol vivant. L'euphorie est généralisée; la joie est commune. Les saignements arrêtés ont dévoilé une perte de trois centimètres, selon les individus, de la commissure à l'avancement des lèvres. Les vomissements dûs à l'odeur putride qui s'échappait de leurs haleines finirent, annonçant ce bien être. Incapable d'articuler le moindre mot, évitant de respirer par la bouche pour ne pas vomir, ils rient, heureux tout de même, comme retournés à leur première nature, en accord avec eux-mêmes.

Dans leurs rires, quelques uns furent pris de quintes de toux. Riant toujours avant de cracher de malodorantes boules marrons. Les journaux écrivent qu'il s'agit d'une nouvelle sorte de tuberculose. Le nom donné, combinant maladroitement "tuberculose" et "euphorie" ne mérite pas d'être cité ici. La toux s'est répandue rapidement. Ils s'esclaffent, puis toussent, et recommencent. Leurs visages sont comme dilatés de sérénité. Ils ne rentrent plus chez eux, marchant seulement et s'arrêtant souvent, afin d'échanger quelques grognements nauséabonds.

La toux s'est calmée, la douceur est ininterrompue, leur extase est totale. Quand ils tentent de parler, une matière dense et infect sort par leur orifice buccal. Il leur est devenu impossible de communiquer sans s'étouffer dans leurs sécrétions immondes et foncées. Ça ne les dérange pas.
Voyant cela, d'abord interloqué, un éclair de raison m'illumina. Les gens, littéralement, étaient les mêmes. Ils s'illustraient simplement physiquement; ils disaient de la merde.