Destinée

Le 02/07/2008
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par Osiris
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Thèmes / Obscur / Litanie
Bah voilà. C'est encore de la poésie en prose, mais cette fois c'est relativement nuancé, débarrassé des balourdises habituelles de ce gros naze d'Osiris. Est-ce par accident ? Peu importe. Je dis pas que j'aime, ça m'a paru assez facile. Mais en l'absence de considérations philosophiques merdiques, c'est tout à fait tolérable. Y a même des grmeaux émotionnels qui passent.
Je n'ai pas respiré depuis quatre mille ans. L'Univers épais encrasse mes poumons. La prison la plus parfaite, la plus oppressante. Mes espoirs et mes rêves, mes éclats et mes bassesses, à quoi bon ? Mes pensées sont des barreaux. Il ne me reste plus longtemps, dans cet horizon bouché, sur lequel viennent buter mes regards. Quelques heures, quelques siècles, avec le couvercle du ciel au dessus de ma tête, et cette salive sucrée qui coule dans ma gorge. Je suis condamné à mort, et j'assumerai ma destinée avec mépris.
Un morceau de viande morte pend entre mes cuisses. Le monde n'est qu'un gigantesque, répugnant, film pornographique. Et je suis las de ces parfums capiteux, de ces vagins pendants, dégoulinants de sperme et de bave. D'épaisses bandelettes de gaze m'enveloppent le cerveau.

A travers le brouillard j'ai marché vers l'ombre du divin, mon corps se décomposant un peu plus à chaque pas. A travers le brouillard j'ai marché vers toi, mais quand je suis arrivé, ta peau était sucrée. Un film pornographique, ma langue ne perçoît plus ni le salé ni l'amer. De lourdes crèmes tapissent le fond de ma gorge. Je cherche une âme plus vaste que l'Univers. Je n'ai rien à faire ici, mon corps infecté se traîne vers l'ombre du divin.

Au loin j'entrevois une pureté parfaite, une lumière froide et aveuglante, qui vient glaçer mon âme. Devant mes yeux des pays blancs, aux landes ravagés par des torrents de glace , et des forêts empoisonnées aux arbres hérissés de crocs. Ma peau déchirée s'ouvre sur les plaies noires d'un enfer étoilé. Et je n'ai rien à faire ici.

Et j'ai forgé un corps pour m'emporter au paradis, j'ai forgé des bras pour gravir les montagnes, des griffes pour décrocher les cieux. Dans mon coeur je porte la Géhenne, et ma bouche vomit des torrents enflammés. Quelques heures, quelques siècles, demain je ne serai plus.

Je mourrai dans un feu dévorant et magnifique. Ou plutôt, dans un tel déferlement de froid, de mépris et de joie cristalline, pure comme cette neige que je n'ai jamais vue, belle et mordante comme l'océan griffu, que les yeux des Hommes en seront brûlés à jamais. Parce que je les hais, que je ne suis pas des leurs, et que moi seul ai respiré le souffle de Dieu. Enfermée dans ma poitrine, son essence la plus secrète essaie de me briser les côtes.