Procès-verbal

Le 04/08/2008
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par Glop-glop
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Dossiers / Fusillade à la caserne
Le problème majeur de ce texte, c'est qu'il ne prend pas la peine d'expliquer le contexte. Du coup, les lecteurs non-avertis vont rien caler. Bref, je m'y colle : ce texte concerne la fusillade à la caserne de Carcassonne, où un militaire a ouvert le feu à balles réelles sur le public, au cours d'une démonstration sensée être à blanc. Pour ce texte, je cite le philosophe : 'ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé...'
Un document de premier ordre, que j'ai pu me procurer par des procédés inavouables, quoique répugnants.
Tout ça c'est d'la faute du gars Kévin... pour sûr c'est une belle salope !
C'est le fourier du régiment, un blot de gros branleur, toujours à manigancer des combines. J'ai jamais pu me l'encaisser, c't'enculé, avec sa manie de m'refiler des randjos pourraves et à faire chier des bulles pour la restitution du matériel. Ca a commencé à tourner méchamment au vinaigre entre nous quand il a voulu m'chercher des noises pour une affaire de masque à gaz qu'avait une courroie de coupée. Sur que c'était fait exprès, il me l'avait r'filé pour se défiler d'avoir à se justifier pour un matos qu'il aurait dû contrôler : il avait pas fait gaffe la fois d'avant et il voulait m'refiler l'mistigri. Bon c'était qu'une broutille pour lui c't'affaire, mais comme il bichait dur pour passer capo-chef il voulait pas avoir la moindre anicroche question matos. Tu penses, des équipements de l'an 40, y avait rien d'étonnant à c'que le caoutchouc pète de temps en temps, mais c'est comme ça à l'armée, pour tout c'qui arrive faut un responsable, alors quant on peut on trisse en hypocrite. Et là le responsable c'était moi, c'est c'qu'il avait décidé c'fils de pute.
Bon sur le coup j'ai pas moufté, j'aurais dû vérifier le masque à gaz de suite, là j'étais baisé, j'ai eu droit à un savon de l'adjudant-chef, comme quoi c'était inadmissible de saboter le matos, qu'en tant que paras on s' devait d'être maniaques sur l'état du matériel... Ce gros mange-merde puait le pastaga à 10 mètres alors qu'il était pas 9 heures du mat', sûr que lui la conscience professionnelle du soldat il pouvait en causer, il s'inquiétait surtout pour la cagnotte de la buvette de campagne...
Cause toujours que je m'disais, d'une façon ou d'une autre l'Kévin va m' payer c't'enculerie !
L'occasion s'est présentée pas longtemps après, un exercice avec des lacrymos... tu penses comme c'était bonnard ! Quand on attendait not' tour d'vant la chambre à gaz, j'ai lardé son masque de coups de cutter sans qu'il fasse gaffe vu qu'il l'avait accroché à son ceinturon. L'a pas été déçue du voyage, la sale tantouze ! Il est sorti en étouffant comme un juif, après avoir tambouriné à la porte toute la durée de l'exercice, (bien sûr le sergent lui a pas ouvert, c'était les ordres, et les ordres c'est les ordres ...). Quand il a eu fini d'étouffer, il pouvait plus s'arrêter d'chialer, une vraie madeleine ... "Boïse donte craye" que j'lui ai soufflé à l'oreille pour bien enfoncer l'clou quand il est passé d'vant moi pour aller à l'infirmerie.
Bon, même s'il était pas très malin l'Kévin il a bien compris l'allusion, et puis faut dire que vu l'affaire de la courroie d'toute façon c'était signé, autant valait en profiter un max et se payer sa tronche bien à fond ...
Après ça, bien sûr j'ai été très méfiant, j'ai plus voulu faire de sauts, j'me suis fait faire un certif' médical bidon pour une vague histoire de rotule, et j'me tenais à carreaux dans mon armurerie, cet enfant d'salaud était bien capable du pire ... Mais là j'ai rien vu v'nir, jamais j'aurais pensé qu'il soye assez tordu pour m'faire un coup pareil !
C'est vrai que j'en ai quelques uns de côté en cas d'coup dur, mais ce chargeur venait pas d'mon stock, je l'jure, pis j'en ai pas bésèf, hein, faut pas croire... c'est régulier, tous les armuriers font ça pour que les réintégrations tombent toujours juste... çui là v'nait pas d'ma réserve perso, j'en suis suis sûr comme la mort ! Putain, mais si j'avais su, mais c'est sur cette tarlouze de Kévin que j'aurais tiré ! Hein ? non mais c'est pas une menace, c'est juste pour expliquer ...
Non, j'ai rien d'aut' à déclarer. J'ai dit rien que la vérité vraie Sergent! Ah... c'est Maréchal des Logis qu'on dit dans la gendarmerie ? Comme dans la cavalerie alors ? Parce que j'ai fait mes classes dans la cavalerie ... Vous vous en foutez ? Bon ... Quand est-ce que vous pouvez m'enlever les menottes ? Pas tout de suite? Bon ...