Testament

Le 19/09/2008
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par Osiris
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Thèmes / Obscur / Introspection
"Merde dégoulinante de clichés", l'ôôôteurrh le note lui-même, et c'est somme toute tout ce qu'on peut dire de cette absence de texte. Quand on est jeune, on est con, et quand on est con, on est con, ça doit pouvoir servir de moralité au texte, qui est une sorte de lettre d'adieu de type merdique, avec des mouvements de manche et du pus d'acné dedans. Resterait à répondre à la question qui tous nous occupe et persécute, surtout devant une telle merde : mais POURQUOI putain ?
Il est temps, sans doute. Mort ou castré aujourd'hui. Le temps a passé. Et je n'ai pas changé, il est temps. Quatre heures. Trois heures et demi. Trois heures. Je compte le temps qu'il me rste à vivre. je suis serein, c'est étrange. La peur panique d'hier est passée. Je ne crois pas que ce soit la mort qui m'effraie, c'est plutôt le manque de temps pour bien la préparer. Pour bien mourir, avec un peu d'intimité. Je vais devoir courir. Je risque de me faire attraper. C'est con, ce serait con, de me faire attraper et de ne pas pouvoir finir.
Deux heures quarante cinq. Bientôt je vais devoir y aller. Reste à vérifier si j'ai bien tout ce qu'il faut. Les bras, les jambes, pas de courbatures. Un cachet de Doliprane. Et mon balladeur, histoire d'accompagner le tableau avec un peu de Anaal Nathrakh. Oh, et j'oubliais. Mon couteau. Oui, il est encore assez aiguisé.

C'est difficile de raconter tout ça, et je me demande comment faire pour ne pas trop dévoiler dans ce texte, au cas où je serais castré. Je suis fatigué. Et puis merde. Autant tout raconter comme ça vient, advienne que pourra.

C'est il y'à trois ans que j'ai compris que je devais mourir. J'ai crié, j'ai pleuré. J'ai échaffaudé une théorie pour me prémunir du châtiment divin. Je l'ai appelée théorie sur le rien, et je l'ai postée sur le net dans l'espoir qu'il resterait au moins ça de moi. Mais bon, il n'y à que moi qui l'ai comprise. Cette année j'ai découvert qu'Heidegger l'avait déjà pensée avant moi, et que j'étais bien niqué, même s'il ne l'avait pas formulée de la même manière. Il ne restera rien de moi sur Terre. Et je trouve ça reposant.

Une heure avant le début de l'attente. Je suis malade. Peut être mon corps se révolte-t-il à l'idée de ce qui l'attend. Sans doute ce bon viel instinct de survie.

Je dis que c'est il y'à trois ans , mais en fait cela fait plus longtemps que ça couvait. Ca fait cinq ans que le processus est inéluctable. Depuis que j'ai vu... Non, il ne faut pas parler de ça.

Ah là là. Je serais mort depuis longtemps s'il n'y avait pas eu l'Autre. Enfin, puisque je suis obligé je ne vais pas me plaindre. J'espère qu'elle sera chez elle quand j'irai lui faire coucou, à elle et à ses deux petites truies. Après tout, c'est à cause d'elle que je vais mourir aujourd'hui. Si elle n'avait pas été là, je serais castré de puis longtemps, et on n'en parlerait plus. Je pourrais baiser comme les autres, aimer comme les autres, draguer comme les autres. Je pourrais me sentir bien, au lieu de toujours chercher un absolu qui n'existe pas, et dont la quête ne fait que m'attirer les moqueries des gens. Je pourrais aller voire un psy. Au lieu de ça, non. Je vais crever. Comme le pauvre con que je suis, que j'ai toujours été, depuis cette époque lointaine.

A quoi est-ce que je passe mon temps ? Au lieu de m'offrir un dernier bonheur, j'écris une lettre de suicide même pas originale, que ces cons vont critiquer (ouais c'est de la merde, ta gueule, étiqueteuse nietzschéenne) jusqu'à ce qu'ils se lassent. Bof. Tant pis; De toute façon je vois mal ce que je pourrais faire d'autre : la mort ne vous pousse pas à réaliser vos rêves, c'est faux. La mort c'est juste un mot, jusqu'à la toute fin, lorsque le coeur s'emballe, et qu'on se dit "merde, si seulement", mais il est trop tard. J'ai mal à la tête. Au moins une raison de plus pour crever. Ca fait des années que la migraine ne me lâche plus. Ca c'est un peu calmé cette année, mais... Pourquoi je vous raconte ça ?

Je tue le temps en écrivant des choses dérisoires. Pendant ce temps le temps approche où le temps me tuera. C'est une sensation étrange de se réveiller en pensant "je vais mourir aujourd'hui. Trois quarts d'heure avant le début de l'attente. Deux heures trois quart (?) avant le début de ma mort. Le début. Je suis si fatigué.