C'était mieux avant

Le 23/10/2008
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par nihil
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Thèmes / Débile / Phénomènes de société
Lapinchien nous avait proposé une idée pour une rubrique, qui comme beaucoup d'autres a fini à la flotte. Elle concernait un trio de branques hostiles au progrès scientifique. Ce texte devait faire partie de l'introduction. Du coup il vaut à peu près rien en tant que tel, mais merde, j'ai pas bossé pour rien. Quelques vannes pour rassasier le chaland, sinon RAS.
- Madame, je vous prie de bien vouloir écarter les cuisses, bordel.
Ces connasses ne veulent jamais. Trop habituées à leur confort bourgeois. Je sais, mes méthodes manquent de tact, mais c'est le prix à payer pour des soins de qualité. Impossible de faire entendre ça à cette pauvre femelle terrorisée, emmitoufflée dans ses draps.
- Madame, soyez raisonnable. Je n'ai pas que ça à faire.
Elle finit par s'éxécuter timidement. Elle minaude, cette radasse, en oubliant qu'elle a plus vraiment l'âge d'une lycéenne éffarouchée. Mais j'en ai rien à foutre de ta grosse chatte, ma pauvre, tu peux y aller. Je suis un scientifique moi.
- OK. ET MAINTENANT VAS-Y, METS-MOI EN PLEIN LA FACE SALE PUTE !
Sous l'effet de la surprise, elle lâche un petit jet d'urine. Le liquide chaud dégouline sur mon nez, ma bouche, mon menton. Ca va, rien de trop grave.
Je goute, en connaisseur, laisse rouler quelques millilitres sous mon palais. C'est sucré, indéniablement. Avec un petit goût de... De quoi déjà... Cette truie aurait quand même pas oublié de me prévenir qu'elle a ses règles ? Peu importe, c'est sucré, ça s'est sûr.
- Madame, les analyses ne trompent pas : vous êtes diabétique !
Diagnostic efficace et immédiat. Quel automate moderne peut en dire autant ?
La patiente ne dit rien, son nez pointe à peine du drap dont elle s'est empressée de se couvrir. Et oui, le retour aux vraies techniques traditionnelles, celles qui ont fait leurs preuves, peut être effrayant parfois.
- Madame, je reviens vous voir tout à l'heure pour la saignée. Ne vous inquiétez pas : juste un litre. N'essayez pas de vous enfuir cette fois, ça ne servira à rien. De toutes façons, j'ai mis un piège à loup devant votre porte. N'insistez pas.

Elles voudraient toutes utiliser un pot à urine stériles, ces chiennes asservies au Grand Progrès. Je me méfie de ces trucs en polyurétho-tétracyclo je ne sais quoi. Manipuler des
saloperies chimiques pareilles à longueur de temps, c'est un coup à se choper le cancer. Toute substance comportant plus de deux préfixes est potentiellement nuisible. Principe de précaution.
Avant, je prenais des pots de confiture lavés pour mettre les urines. Mais depuis la mort de Mémé, je ne trouve plus que de la confiote de supermarché. De la gélatine industrielle colorée et arômatisée en laboratoire. On nous ferait bouffer du sperme de porc teint en orange ou violet, qu'on ne s'en douterait même pas. Hors de question que je m'approche de ces merdes.
Alors, à défaut de mieux, les analyses d'urine, c'est direct dans ma gueule. Ca c'est de la qualité traditionelle, de l'analyse à l'ancienne, de bonne tenue, rigoureuse. Il leur faudrait un putain de label rouge, à mes analyses. Garanties sans pesticides et sans conservateur.

Ca fait longtemps que j'ai arrêté de faire confiance aux automates de laboratoire. Qui sait ce qui se passe réellement sous leur capot ? Qui vous dit qu'on ne vous diagnostique pas le paludisme alors que vous avez la lèpre, une conjonctivite alors que vous avez le Sida ? Faire confiance à une putain de machine avec des bras articulés plutôt qu'à un autre être humain, ça c'est une preuve de décadence de notre civilisation ou je ne m'y connais pas. Vous donneriez votre sang à un putain de robot de l'outre-espace, vous, même si il vous le demandait poliment ? Eh bien c'est exactement ce que vous faites, pourtant.

Allez, ras-le-bol, je rentre. Je commence à avoir faim et il faut encore que je tue un ou deux pigeons pour le dîner. Avec un arc et des flèches, c'est pas si évident.