Droit de suite

Le 28/10/2008
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par Glop-glop
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Dossiers / Fusillade à la caserne
Glop-glop semble apprécier les histoires de militaires en déroute. Son texte précédent concernait la fusillade à Carcassonne, celui-ci la branlée qu'on prit récemment nos bidasses contre les Talibans. D'ailleurs les deux textes sont directement liés. Ce texte, c'est la septième compagnie en Afghanistan, avec un tas de bras-cassés abrutis et déjantés. Ils avaient qu'à apprendre autre chose que le salut militaire et le lit au carré, à la caserne, ces cons.
Pour pas abîmer nos V.A.B. qui sont fragiles et coûteux, on a envoyé notre section en reconnaissance à grolles pour justifier notre prime d'Opex.
J' l'ai tout de suite sentie mal c't'affaire . Ca puait le coup fourré, et, mon vié, la légion d'honneur à titre posthume ça m'faisait pas bander du tout. Quand ça a commencé à pétarader, je me serais bien chié dessus, mais avec la tourista que j'me fadais depuis un mois j'avais plus rien dans les boyaux.
Un trou, y m'fallait rien qu'un trou où me cacher, vite ! J'en demandais pas plus !
Le premier à avoir morflé c'est l'Aspirant, une rafale lui a emporté la moitié du crâne avec son casque lourd. Il avait fini d'aspirer.
L'Adjudant, qu'était le chef de section en titre a pris une bastos dans l'épaule et est tombé recta dans les pommes, ou il a fait semblant. Tu parles d'une fiotte !
Le petit radio a salement morflé aussi, il agonisait à découvert. En voyant ça, Bertrand, le Légionnaire, un jobard tellement allumé qu'ils en voulaient plus au 2ème REP, c'est dire, a bondi en gueulant "par Saint-Michel couvrez-moi !" et il a galopé vers le radio qu'était crevé qu'il en pouvait plus.
Il lui a arraché son barda, ce con, il l'a dépoitraillé et s'est mis à lui faire un massage cardiaque désespéré comme un cave de secouriste. Tu penses, à chaque pression il vidait le pauv' mec du reste de son sang tellement il était troué de partout malgré son gilet pare-balle réglementaire. Ca lui giclait dans la gueule à ce con de Bertrand, mais il insistait.
Bien sûr j'ai pas tiré un coup de feu. Le principe de base quand on est engagé par l'ennemi sans appros c'est d'économiser les munitions. Et puis le Bertrand était encore bien plus fumier que tous les bougnoules d'en face rassemblés. "J'encule la République, je me bats seulement pour notre Saint-Père Benoît et la Chrétienté" c'était sa profession de foi à ce bâtard.
"Crève salope" que j'ai pensé très fort quand il s'est pris la première balle dans la jambe.
Vas-y rampe connard, t'as 80 Kalashs au cul !
Il se tortillait sous les impacts en embrassant sa croix à la con.
Quand il a arrêté de s'agiter comme un asticot ils ont cessé d'le mitrailler.
Cédric, qu'était mon binôme s'en est pris une dans le bas-ventre. Il pissait le sang en se tenant les couilles. "Ma bite, ma bite" qu'il pleurait. Faut dire que c'était un sacré baiseur à c'qu'il racontait. Enfin, on est jamais bien sûr pour ce genre d'histoires. Il y en a qui sont de drôles de vantards.
Un Taliban hirsute et tout dépenaillé s'est mis à dévaler la pente depuis laquelle on nous canardait, la barbe au vent et un poignard entre les dents. Complètement frappé le sale gueux en pyjamas ! J'l'ai ajusté tranquillement dans l' oeilleton de mon FAMAS et au coup par coup j'lui ai collé une demi-douzaine de balles dans le thorax. Putain, mon canon était voilé, ce gars c'était Sandokhan, ou j'sais pas quoi, mais j'lai pas touché!
Quand il a chopé le Cédric j'ai bien cru qu'j'allais chialer. C'était vraiment pas le mauvais bougre ce jeunot...
"Kévin" qu'il a juste eu le temps de gueuler avant que l'afghan lui ait tranché la gorge. Après il a poussé une sorte de hurlement silencieux , vu que l'autre baiseur de chèvres lui avait découpé la trachée, les yeux écarquillés, en se vidant de son sang à gros bouillons.
C'est là que j'ai percuté.
Putain !
Le chargeur à blanc...