L'exactitude des sondages

Le 07/11/2008
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par Marquise de Sade
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Pour un truc écrit en moins d'une heure, ça tient carrément la route. Bon, le rapport avec le thème imposé 'je m'évade de mon corps' est franchement ténu, mais ça on s'en fout. Ca déconne à pleins tubes, c'est totalement con et agressif. C'est le registre comique que je préfère, avec un héros complètement stupide qui perd les pédales. Et en plus l'histoire est bien menée. Réjouissant.
Tout a commencé par un pari stupide sur un bout de comptoir d’un bistrot pourri de seconde zone.
Gustave, mon collègue du service des statistiques, soutenait que dans toute entreprise il y avait au moins 3% du personnel qui était homo. Dans notre boite de 32 personnes, ça voulait dire qu’un moins un de mes collègues est pédé.
Il me soutenait le contraire. Statistiquement, il y en a un ! Putain ! Ca voulait dire que j’avais peut-être pissé à coté d’un mec qui matait ma queue aux chiottes, ou que Nicole, la nana du courrier était gouine, ou Gérard, le mec de l’entretien, avec sa petite queue de cheval et ses grandes paluches se faisait régulièrement défoncer le fion par un mec sapé en cuir. Nan, je ne pouvais pas le croire. Et pourtant Gustave me paria qu’il me prouverait avant la fin du mois qu’il y avait au moins un homo dans la boite.

Ca ne manqua pas, dès le lendemain, j’avais viré parano et je regardais tout le monde avec des yeux de merlans frits. Bruno qui arrivait toujours le premier au bureau était en grande conversation avec le DRH, lui aussi très matinal. Pourquoi arrivaient-ils toujours au boulot en avance ? Personne ne fait ça à moins d’avoir une bonne raison de profiter de l’intimité des bureaux vides. Quand Bruno me tendit la main pour me dire bonjour, j’eus du mal à la prendre. Imaginer cette poigne qui avait branlé la queue du DRH 1h avant, à genoux sur la moquette gris-bleu du bureau et qui allait entrer en contact avec la mienne. Je sentis une main sur mon épaule. Etienne, mon pote de fac m’avait pris par surprise dans le couloir. Déjà y’a 15 ans, il faisait ça quand on sortait des cours. Etienne avait toujours été un tombeur, beau mec, pecto impec, bronzage toute l’année, il se levait la fille qu’il voulait quand il voulait. Bonne technique de camouflage Etienne, mais ça marche pas avec moi, plus maintenant. Je tournais dans le premier couloir pour enlever cette main pesante de mon épaule. Je m’enfermai aux toilettes, à l’affût du moindre bruit. Ca baise où une tarlouze au boulot ? Dans les chiottes mec ! Dans les chiottes ! Ce fut la pire journée de ma vie. Je les voyais tous dans des positions ignobles, le cul à l’air, se faisant labourer par des grosses bites de mecs piercés pâle copie d’un Brad Pitt qui aurait 10 ans de moins et une Angelina Jolie plus barbue.

Gustave lui, ricanait quand il me croisait dans les couloirs. J’étais certain qu’il connaissait le nom de ce salopard, peut-être même qu’il l’avait surpris dans un bois quelconque et qu’il avait des photos. C’était tout à fait son genre à Gustave. L’année dernière, il avait sauté une petite stagiaire d’à peine 19 ans, et les photos avaient fait le tour de tout le service. Le quota de photocopies avait du tripler ce mois-là.
Au bout de 9 jours, je me fis porter malade, je n’en pouvais plus de cette boite de pédés, de ses tapettes qui respiraient le même que moi et l’empestaient de leurs gènes dégénérés. Je baisais ma femme comme jamais, au cas où ce serait moi ce 3% de la boite. Je voulais même bien aller aux putes si ça pouvait prouver que j’en étais pas. Gustave tous les jours me téléphonait pour prendre de mes nouvelles, puis me donner celles de la boite aussi. Il laissait planer le doute le salaud, je le savais, il me tenait par les couilles, j’en pouvais plus de ne pas savoir - Luc a déjeuné avec Duchamps ce midi - tu savais que diane et Sophie avaient partagé la même chambre d’étudiante à Nanterre ? - on a retrouvé une capote usagé dans les chiottes hier, ça a fait un de ses foins, t’aurais vu ça ! - connard ! Ouais connard ! Dis-moi qui c’est et je lui pète la gueule à ce pervers qui me bousille sans même me toucher.

On arrivait à la fin du délai quand Gustave me proposa d’aller voir un match histoire de me changer les idées. Un truc d’homme quoi, et de se jeter quelques bières après en matant le cul des serveuses. Le cœur n’y était pas, mais j’étais sûr que j’allais enfin savoir.
Je crois que le PSG a perdu ce soir là, mais je m’en foutais. Sur les quelques 80 000 spectateurs qui étaient là, on devait avoir pas loin de 2000 pédés ! Putain ! A peine le match fini, je mis Gustave sur le sellette, fallait que je sache son nom. Il me dit de passer à la maison, que j’aurais les preuves en image. J’avais déjà mis les pieds dans l’appart de Gustave, c’était pourrave. Un vrai truc de vieux garçon, il ne manquait que le calendrier Pirelli accroché au mur. Il me servit une bière, et me dit de m’installer le temps qu’il aille chercher le matos. J’osais à peine m’asseoir dans son canapé dégueulasse. Il faisait une chaleur étouffante, la tension d’un mois me tombait sur les épaules comme une masse et la tête me tournait. Putain, la bière de trop qui vous nique la gueule en moins de deux.
J’ai à peine vu la tenue de latex de Gustave quand il est revenu dans la pièce et quand il a retiré mon froc je ne pouvais déjà presque plus bouger. Mon corps était vide et à sa merci, mais maintenant je sais que les chiffres ne mentent jamais.