Les bienfaits de la reproduction

Le 14/03/2009
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par mallaury
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Thèmes / Débile / Disjoncte
On a plus très souvent droit à de bons textes zonards et décomplexés, et comme par hasard, on doit celui-ci à une nouvelle auteuse, encore fraiche et rose. Pourtant y a toutes les ficelles des vieilles putes zonardes expérimentées : violence gratuite, caricature discrète, déjante à tous les étages et festival d'urine indoors. Et même des scènes gore pas totalement pitoyables. Moi ça me met en joie et m'oblige à ululer comme une otarie éventrée en levant les bras. Encore !
- Mallauryyyyy ?
- Ta gueule.
Je râle en descendant l'étroit escalier branlant. Il me fait chier à gueuler comme une fillette.
Le volet pourri de la cave laisse entrer suffisamment de lumière pour éclairer son visage tuméfié. Visage autrefois adoré, caressé, aujourd'hui détesté. Pourtant méconnaissable. Les marques de mes doigts lui bariolent les joues comme autant de peintures de guerre. Car c'est bien d'une guerre qu'il s'agit.
Ses yeux brillent de larmes contenues par fierté. J'aurais aimé le voir pleurer, l'entendre gémir. J'aurais aimé être enivrée par le pouvoir, me délecter de sa souffrance avouée, hurlée. Sa passivité m'explose maintenant à la tronche. Je suis juste faible et lâche. Je retiens un homme captif, et je ne suis même pas capable d'en retirer une quelconque satisfaction.
Il ne pleure jamais. Son canal lacrymal va tout droit à sa bite. C'est par là qu'il évacue sa douleur, le con. Lentement, toujours le long de la même jambe, d' un petit jet dont je devine l'expulsion libératrice. L'odeur d'urine ne me gêne plus. Au début elle me procurait une certaine ivresse, ça piquait les yeux. Par jeu, je m'accroupissais près de lui et inondais ses pieds à mon tour. J'ai toujours eu le sens de la fête.

J'ai arrêté de le toucher il y a plusieurs semaines quand il a balancé la dernière récolte d'un violent coup de tête. Je l'avais branlé avec l'application d'une lycéenne studieuse, gestes mécaniques et maîtrisés. Il avait mis une éternité à bander mais ma ténacité avait vaincu. Sa bite avait beau puer la mort, j'avais astiqué avec ferveur, guettant impatiemment la montée de sève, la tant convoitée promesse de vie. Il avait joui à contecoeur, visage tordu par la culpabilité d'un bien triste orgasme, et j'avais aussitôt récolté la semence dans le récipient qui, plus tard, serait minutieusement vidé entre mes jambes.
Il avait envoyé valdinguer la petite fiole, profitant de l'équilibre douteux que me conférait la position accroupie, et avait accompagné ma douloureuse perte d'un rire puissant faisant état de l'énergie qu'il lui restait et dont il feignait manquer.
Je lui avais défoncé la gueule.
Et plus jamais touché la queue.

Mais aujourd'hui, j'ai quelque chose dans le bide. Quelque chose comme de la rage. J'ai envie de lui faire mal. De le torturer physiquement, à hauteur de la souffrance morale qu'il m'a infligée. Qu'il saigne et qu'il m'implore. Qu'il geigne, qu'il se déchire, je veux saisir l'expression de son mal dans ses yeux. Je veux voir sa terreur, ça va me ressourcer.
Ma haine est palpable. Il est aux aguets, raide et silencieux. Il va prendre et il le sait.
Je sifflote gaiement. L'idée même de l'action à venir me ravit. Je papillonne autour de lui, cherchant tout objet susceptible de m'assister.
Pioche. Visage. Dent. Fléchette. Torse. 50 points.
Je cours, ris, frappe, griffe, m'arrête et observe mon oeuvre. Mâchoire serrée, regard hargneux, fluides corporels poisseux le long de son menton, souffle rauque. Je lui coupe les cheveux, un peu de cuir chevelu par endroits pour le plaisir. C'est vraiment une belle journée.
Je crois qu'il me supplie d'arrêter, son élocution est douteuse. Je m'approche de lui en entrechats, je transpire le bonheur malsain. Je lui postillonne au visage, lui ordonne de se taire en chantonnant. Et je le gifle encore un peu. D'un geste gracieux je renverse sa chaise. La chute a dû occasionner une petite fracture à en juger par le simulacre de cri qui accompagne le choc. Je m'en réjouis.
Toujours portée par le rythme endiablé d'une musique fictive, je me déhanche et sautille en me déshabillant. Mon entrejambe est moite et excitée de la sorte, il me faut quelques minutes de concentration avant de parvenir à lui pisser sur le visage. Je vise pour nettoyer le sang, passe plusieurs fois sur ses lèvres enflées, le force à les entrouvrir, vide ma vessie au fond de sa gorge. Il s'étouffe. Tousse et vomit. J'entends distinctement mon prénom, à présent. Toute sa vigueur y passe, il articule et fait claquer chaque syllabe.
oui, mon amour ?
Haha.

En me redressant, je glisse sur ses glaires et autres déchets intérieurs et me vautre sur lui.
bordel, t'es vraiment un gros p...
ma phrase s'achève dans un cri. Cet enculé a réussi à nous faire basculer. C'est vrai alors, l'instinct de survie. Il gisait comme une loque, prêt à crever au moindre frôlement d'un de mes doigts sur sa peau, et voilà que je suis sous lui à regarder avec effroi son sourire édenté et ensanglanté.

Yaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ?
Ta gueule.
Ça fait un peu plus de huit mois que je suis sur cette chaise, sale, abîmée de partout. Huit mois qu'il a réussi à inverser la tendance, huit mois qu'il me retient prisonnière, huit mois qu'il m'a violée et que je suis enceinte. Ironique.
J'ignore s'il m'accordera un accouchement décent, j'ignore s'il me libérera, ce qu'il fera de l'enfant. Et de moi.
Il descend sans hâte. Je le regarde, il est beau. Il l'a toujours été.
Je vais accoucher.
Son visage s'illumine. Il sourit.
Quand le travail commence, il m'est totalement dévoué. Éponge mon front, me tient la main, soutient ma nuque. On ferait une belle famille.
Des heures de labeur, de hurlements, des litres de sueur. Il entaille mon intimité au couteau de boucher. je voudrais mourir. À bout de forces, je pousse une dernière fois avant de sombrer.
A mon réveil, il se tient devant moi, l'enfant dans les bras. Un beau garçon malgré le contexte de la grossesse. J'ai mal partout mais je pleure de joie. Mon enfant. Notre enfant.
Il me le tend, le pose sur mon ventre. Putain, je me doutais pas que ça serait si bon. Ce petit corps animé, ce petit bout de moi.
Il ne me laisse pas le loisir de savourer mon oeuvre et s'empare du nourrisson par un pied. Il le jette violemment en l'air. Le corps heurte une poutre dans un bruit sourd et retombe sur mon ventre. Il le saisit de nouveau et lui arrache un bras. J'hurle, je supplie, mais c'est trop tard. Il rit en introduisant le bras dans la plaie béante qu'est mon vagin. Il pousse avec la tête de l'enfant. Je sombre de nouveau. Il me réveille avec des claques. Du couteau qui a servi à l'épisiotomie, il m'ouvre l'abdomen. Ignorant mes cris, il entaille calmement. De ses doigts ils tire la peau et y place le corps démembré du bébé.

Il se détourne et remonte les escaliers.
Je savais qu'il ferait un bon père.