La nuit noire (14)

Le 01/04/2009
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par Konsstrukt
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Rubriques / La nuit noire
Retour aux sources pour notre héros, qui retourne vivre dans sa maison d'enfance et part en recherche de substituts maternels. Cloitré dans sa vieille barraque avec ses ossements et ses pentagrames dessinés avec du sang, il ressemble de plus en plus à un psychopathe de roman d'épouvante à deux euros. Un coté Stephen King qui en dit long sur l'essoufflement de la série.
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L’ancienne maison de ma mère est devenu mon sanctuaire. J’avais vingt-trois ans lorsque j’y suis retourné. J’ai essayé plusieurs endroits mais aucun ne convenait. Mes pensées me ramenaient toujours à la maison de ma mère. Mes rêves aussi. Quand j’y suis retourné tout était à l’abandon.
Des squatteurs s’en étaient emparés et il a fallu que je les vire, des artistes, trois types et deux nanas, un peu hippies, des jeunes, des petites merdes, sûrement des étudiants, du genre qui me méprisaient quand j’étais au collège. J’ai fracturé le crâne d’un des mecs et j’ai violé les filles, les deux, chacune son tour, devant tous les autres. J’ai pris mon temps. Un des mecs pissait le sang par le front. Ils n’osaient rien faire. J’aurait pu les tuer, tous. Je les ai laissé partir. C’était des merdes, rien d’autres, je les ai traités comme tels. J’ai fait le tour de la maison. Pas grand chose n’avait changé. Les meubles étaient en mauvais état. Il y avait un lecteur DVD en plus. C’est à partir de cette époque que je me suis mis à regarder des films. Quand je cambriolais il y avait systématiquement des films de cul, j’en piquais toujours quelques-uns. Mes préférés c’étaient ceux que les gens filmaient eux-même, le mec en train de troncher sa pouffiasse, c’était déjà bien bandant en soi mais en plus imaginer leur panique et leur angoisse, les imaginer se demander qui pouvaient se branler sur leurs images cochonnes privées, j’adorais. Au fil du temps je me suis constitué une belle collection.
Toutes les pièces avaient leur histoire. Ma chambre. La chambre de ma mère. Le salon et la cuisine attenante, la salle de bain bien sûr. Le grenier. La maison n’était pas si grande. J’ai gardé tous les meubles encore utilisables et les autres ont fini dans la chambre de ma mère. Grâce aux squatteurs il n’y avait pas beauoup de ménage à faire. J’ai jeté beaucoup de capotes et aussi un bang. J’étais chez moi.

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J’ai voulu retrouver mon ancien sanctuaire. Il avait disparu. Ca faisait presque dix ans. Je reconnaissais tout, les arbres, la route, tout. Rien n’avait changé. J’ai retrouvé l’endroit, la bâche avait disparu, il restait quelques pierres. En creusant, j’ai trouvé des crânes et rien d’autre. En dix ans tout avait disparu. Tout avait été détruit. De toute façon je n’avais pas l’intention d’utiliser cet endroit, cet endroit je ne l’avais pas choisi, il s’était imposé par hasard, par la force des circonstances, rien de plus. Tout devait se passer dans la maison. C’était le vrai lieu, vers où les forces convergeaient.
J’ai été faire un tour au village, aussi. On ne m’a pas reconnu, personne ne m’a pas parlé. J’ai rodé devant l’école, les élèves étaient identiques, les instit n’avaient pas changé, juste pris un coup de vieux. Je suis passé à la mairie leur dire qui j’étais et que je prenais possession de la maison de ma mère. Je leur ai montré mes papiers et ils se sont souvenus de l’histoire. J’ai dit que j’étais sa seule famille, que ma mère n’était pas du genre à s’embarrasser avec un testament, un notaire et tout ça, que moi non plus je ne voulais pas d’emmerdes ni de paperasse. Le maire était un vieux type bati comme un bossu, ma carure l’impressionnait. J’ai été gentil et on s’est compris. Il m’a assuré qu’on me foutrait la paix et qu’il était content de mon retour.
J’ai opéré quelques transformations dans la maison. J’ai viré tout ce que contenait mon ancienne chambre, j’ai viré tous les meubles usés, cassés, pourris, j’ai fait un énorme feu dans le jardin, j’ai fait des travaux dans mon ancienne chambre, j’ai insonorisé, j’ai condamné la fenêtre, j’ai transformé mon ancienne chambre en géole au cas où je devrais garder quelqu’un en vie. Je n’ai rien changé à la salle de bain ni à la cuisine. Le salon est devenu ma chambre, la chambre de ma mère est devenu le sanctuaire.

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J’ai tout repeint en noir. Il fallait que ça soit solennel. J’ai muré la fenêtre. J’ai utilisé mon sang, mon sperme et ma merde. J’ai dessiné des diagrammes sur les murs, le sol et le plafond. J’ai évoqué les démons. Ils sont sortis de moi pour me guider, me conseiller et m’aider. Je ne pouvait pas encore apporter de sacrifice alors je me sacrifiais moi. J’ai utilisé ma propre graisse pour fabriquer les bougies, j’ai brûlé mes cheveux, j’ai broyé trois de mes dents pour fabriquer des poudres, j’ai utilisé mes ongles et d’autre parties de moi, de la peau, des larmes, de l’urine, pour réaliser des encens. J’ai provoqué des infections afin de prélever du pus et le mêler à la peinture.
A la fin le sanctuaire ressemblait à ce dont j’avais toujours rêvé.
Il y avait un cercle au centre : le cercle de la victime. J’avais des couteaux, un brasero, une petite hache, un bistouri, une poèle et d’autres accessoires, tout ça rangé dans un petit meuble. Il y avait un autre cercle à côté de celui de la victime, plus petit : le cercle démoniaque. Là que venaient Antéros. C’était leur porte d’entrée pour venir me posséder. Il y avait les bougies disposées autour et les coupelles d’encens au centre.
J’avais aussi creusé une fosse fermée par une trappe. Les corps finiraient là. Il y avait de quoi les découper et les brûler. Il y avait aussi du matériel pour les violer et les mutiler. Ce matériel servirait aussi bien dans la géole que dans la fosse.
Il y avait une armoire pour ranger les reliques que je garderais des victimes : les bagues, les dents, le fric.
Enfin, il y avait un autel pour exhiber et adorer les objets importants. J’y avais déposé une bague qui appartenait à ma mère, deux dents qui avaient appartenu à Florence et le dentier de ma grand-mère. J’y déposerais aussi toutes les têtes.
J’ai passé une nuit en prières. Je l’ai consacré.

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J’avais deux types de victime. La première sorte, je l’appelais maman et je la choisissais dans les supermarchés. J’avais gardé la même procédure que pour mon premier essai, tout en apportant quelques améliorations. D’abord je changeais toujours de supermarché. Je m’installais quelques jours dans un hôtel anonyme genre Formule 1 et j’effectuais un premier repérage au Carrefour le plus proche. Je cherchais celle qui allait être maman. Il y avait toujours quelqu’un qui correspondait. Quarante ans, mince, cheveux longs blonds, maquillée et habillée comme une pétasse en manque, des bijoux, célibataire et chaudasse, pas d’enfant puisque c’était moi l’enfant. Il fallait aussi que le contenu du chariot corresponde. Alcool fort et vin, plats préparés surgelés ou en conserves, légumes tout prêts, yaourts, aucun produit frais. Elle devait sentir la pute et le sexe, me faire bander et me donner envie de lui coller ma queue tout au fond de la chatte, de l’enculer, de prendre un bain avec elle et de lui enfoncer un couteau dans le ventre, de lui jouir sur la gueule et de la découper en morceau, de l’entendre crier, de regarder les mouches lui bouffer la langue, sa langue avec laquelle elle m’aurait sucé la queue et léché la merde. Les deux derniers critères étaient le regard et la voix. Je voulais un regard voilé d’alcoolique ou de droguée et des yeux de grosse baiseuse, à quoi s’ajoutait une voix de fumeuse et de défoncée un peu éraillée et au débit ralenti. C’est ça qui m’excitait. C’est ça que je voulais. Je trouvais toujours. Ca ne me prenait jamais plus de trois jours. Des putes dans ce genre-là il y en avait partout. Quand je me fixais sur une victime il me fallait deux ou trois heures de filatures pour être certain de mon choix. Une fois que j’étais sûr de moi, je l’appelais maman jusqu’à la fin, que ça soit dans ma tête ou pour m’adresser à elle. Je n’utilisais aucun autre mot. Sa réalité ne m’intéressait pas.

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Je voulais connaître le moins de détails possible à propos de maman. Je m’efforçais de ne connaître ni son identité ni rien qui puisse me donner des informations que je ne désirais pas apprendre, comme son adresse, son métier ou quoi que se soit d’autre à propos de sa vie quotidienne.
Après l’avoir repérée et confirmée je la suivais jusqu’à la caisse. J’achetais toujours un truc pour donner le change, passais juste après elle, payais en liquide et la suivais jusqu’à sa voiture. Maman ouvrait d’abord le coffre pour ranger les sacs. Je la laissais terminer et puis j’intervenais. Je m’approchais d’elle discrètement et je l’appelais en disant « maman ». Son regard se fixait sur moi et j’y lisais des tas de pensées. Des intuitions, de la méfiance, beaucoup de peur. Elle ouvrait à peine la bouche. Je lui donnais un coup de poing sec et rapide juste en-dessous des seins. Sa bouche s’ouvrait pour chercher de l’air mais tout se passait trop vite pour elle. D’une main je tordais le poignet selon une prise que j’avais étudiée et qui provoquait une douleur très vive et neutralisante. Mon coup au plexus, qui avait chassé l’air des poumons, l’empêchait de crier. Profitant de son étourdissement je fermais le coffre et récupérais ses clefs, qui se trouvaient soit dans sa main soit déjà dans la serrure de la portière. Je la lâchais, portais un nouveau coup au plexus pour prolonger son incapacité et nous entrions dans la voiture côté passager. Je la poussais côté conducteur et je prenais sa place. Avant qu’elle ne puisse réagir je me penchais sur elle et lui écrasais la trachée. Si des gens regardaient ils auraient cru qu’on s’embrassait mais personne ne regardait jamais. Ses yeux devenaient vitreux. Je respirais sa terreur. Je bandais comme un fou et il m’arrivait même d’éjaculer dans mon pantalon. L’enlèvement durait trente secondes au maximum et il ne présentait aucun risque pour moi. J’avais le dessus aussi bien psyhologiquement que physiquement. J’étais supérieur.

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Je sortais mon couteau. C’était un couteau à viande de trente centimètres, inutilisable dans l’habitacle exigu mais qui paralysait maman de terreur. Je lui murmurais qu’elle devrait obéir si elle ne voulait pas que je lui ouvre la gorge. J’utilisais une voix grondante et menaçante qui venait de mon ventre. J’étais un loup, un prédateur sans pitié. Je lui laissais voir la longue lame. Je la faisais glisser sur son mollet et sa cuisse et je filais le bas. A ce moment-là elle gémissait, je rebandais, je piquais la pointe du couteau dans la face interne de sa cuisse gauche, pas loin de la chatte, pour lui montrer que je plaisantais pas. Je relachais mon étranglement, le choc rendait son regard hébété. Je la laissais récupérer un peu et reprendre son souffle, mais pas trop longtemps. Ensuite je lui donnais les clés et lui disais « allez, maman, roule ». Je voyais la panique et l’incompréhension s’emparer d’elle. Je m’en délectais. Elle essayait parfois de me supplier. D’autres fois je devais la menacer de lui couper les nichons pour qu’elle se montre docile. Dans ces cas-là elle sursautait, se mettait à pleurer et c’était parti, contact, démarrage, marche arrière et on quittait le parking pour toujours. L’idée de se faire couper les nibard, et plus particulièrement les tétons, ça faisait toujours pleurer maman. A ce moment-là il fallait que je me branle pour libérer toute cette énergie accumulée. Je n’en pouvais plus. Même si j’avais éjaculé juste avant, j’étais submergé d’une force incontrôlable que je devais relacher. Maman roulait jusqu’à un coin isolé que je lui indiquais et que j’avais répéré au cours des jours précédents, soit un petit chemin, soit un accès de livraison inutilisé, soit un parking assez grand, n’importe quel endroit où j’étais certain de profiter de deux minutes de tranquillité. Je trouvais toujours des lieux où il n’y avait presque pas de passage et, avant l’enlèvement, j’y restais assez longtemps en repérage pour être sûr de ne rien risquer.