L'épître ou les pitres

Le 12/04/2009
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par Le roi de la grimace
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Thèmes / Saint-Con / 2009
Bizarre texte que celui-ci. Evidemment, ça devrait être drôle : Jean-Claude Vandamme versus Jésus-Christ, le plus grand fight de l'histoire de la civilisation. Mais les vannes sont neurasthéniques, les gags minables. WTF ? Hormis ça, c'est bien écrit, et sympa, notamment tout le catalogue des horreurs et massacres imputables au christianisme, passé en accéléré. Belle tentative, mais manque d'entrainement.
Jean-Claude, fils d'Eugène, fils de Mickey, fils de Walt, fils de Monsieur Monopoly, fils d'Adam Smith, fils de Dieu ; Jean-Claude donc, celui qu'on appelait Van Damme, méditait sur le plus haut sommet de la plus haute montagne de l'ancienne Palestine. L'esprit stimulé par la feuille sacrée de coca, ayant inhalé un peu trop de poudre magique, il fut pris de puissants spasmes. Hallucination. C'était pendant le temps où Jésus, accompagné de ses disciples, annonçait la bonne nouvelle aux juifs incultes.
Vision prophétique : des guerres, par centaines ! Des massacres, par milliers ! Des morts, par millions ! Toutes les victimes innocentes du christianisme. Un à un défilaient tous les évènements sanglants de l'histoire : les croisades, l'inquisition, l'absolutisme royal, les États-Unis d'Amérique ! Dans un immense cortège paradaient tous les malheureux tués au nom de Dieu, tous les païens, les sodomites, les sarrasins, les philosophes, l'immense armée des écartelés, des lapidés, des pendus et des carbonisés.
L'horreur s'empara de lui complètement et puis la pitié tandis qu'un éventré agonisant, le visage tordu par une abominable grimace de souffrance, le supplia : « tu dois faire quelque chose Jean-Claude, tu dois agir... ». Et une autre, une femme cette fois, s'arrachant les cheveux devant son enfant décapité : « c'est lui le coupable, le nazaréen... ». Et tous de crier en chœur : « oui, c'est Jésus le coupable, il faut que tu t'opposes au dessein divin, il ne faut pas que Jésus meurt sur la croix !
Alors, Jean-Claude pris la décision inéluctable de tuer Jésus.
Le Christ, qui n'était encore qu'un pauvre berger fanatique, se trouvait à Bethabor, glorieuse cité aux confins de Judée, de Samarie et de Galilée. Il prêchait dans cette ville avec bien du mal puisque la majorité des habitants vénéraient encore des idoles païennes et notamment le mystérieux et terrifiant Moloch, en l'honneur duquel ils sacrifiaient par mois cinq cents nouveaux-nés. L'Évangile pesait en effet bien peu de poids face à cette pratique délicieusement cruelle, devenue nécessaire à leur équilibre biologique. Or, c'était pendant un de ces jours de fête que le déicide devait avoir lieu. Le fils du Tout-Puissant parabolait tranquillement sur le parvis du temple lorsque JCVD l'apostropha. Tout le monde portait des toges, selon la mode de l'époque et, dans un coin, s'étaient rassemblés un groupe de scribes et de pharisiens, complotant et nuisant.
« _ Toi, Jésus, son of a God, écoute-moi. Toi qui parle d'amour et de paix, de liberté et de richesse spirituelle ; toi qui nous soûle de bons préceptes, qui nous fait miroiter la vie éternelle et le royaume des cieux ; toi, enfin, qu'on appelle Christ, je l'affirme : you're lying !
_ En vérité, en vérité, je vous le dis, je me demande bien ce que c'est que ce zigoto.
_ Ne m'interromps pas guignolo ! Plus de prophétie, plus de miracle, écoute en silence, tremble face au jugement et attends ta sentence.
_ En vérité, en vérité, je vous le dis, qui est tu, toi, brebis égarée ?
_ Je suis Jean-Claude, fils d'Eugène, fils de Mickey, fils de Walt, fils de Monsieur Monopoly, fils d'Adam Smith, fils de Dieu, et on m'appelle Van Damme, tête de nœud !
_ En vérité, en véri...
_ Shut up, tabernacle, je t'accuse de toutes les horreurs perpétrées au nom de Dieu et pour ta peine, je vote la mort.
Alors les scribes et les pharisiens excitèrent la foule qui se mit à crier, grégaire : « Oui, la mort ! La mort ! »
On conduisit Jésus devant la statue de Moloch. Le brasier infernal crachait d'immenses flammes aguichantes et tout autour, le peuple hurlait un torrent d'injures, emporté par un délire morbide. Certains, les plus au courant sans doute, acclamaient Jean-Claude : « Aware ! Aware ! Aware ! » Celui-ci empoigna Jésus par le colback et s'apprêtait à le jeter dans la fournaise mais il se produisit une espèce de miracle et les rôles s'échangèrent dans un éblouissement. En effet, il était écrit que Jésus mourra sur la croix. Les spectateurs se turent tout net, stupéfaits par le prodige et le fils de Dieu prononça cette aphorisme : « les carottes sont cuites ». Dans la gueule fumante de l'idole de bronze, le malheureux JCVD subissait l'effroyable combustion : ses muscles haltérophilés fondaient, suintant de pus et de sang, les globes oculaires lui coulaient le long des joues comme pour un immense et ultime chagrin, les nerfs tressautaient sous l'impulsion d'instinctifs réflexes et le nombril, empalé sur le bucher, crachait des entrailles en vrac.
Quel con !
Mais comme Jean-Claude est un con sympa, il ressuscita après vingt siècles de purgatoire dans un obscur pays nommé Belgique. Puis il devint célèbre et prêcha la parole divine pour expier ses pêchés.