CA CRAME / CA CRAME PAS / CA VA CRAMER OU QUOI

Le 15/04/2009
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par nihil
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Thèmes / Saint-Con / 2009
Comme l'an dernier, nihil a apparemment manqué d'inspiration ; et ce qui nous arrive dans ces cas-là, c'est en général un texte expérimental. Ici, l'auteur est harcelé et torturé par des lecteurs barbares avides de tripes, de sang et de flammes, ce qui est un peu notre lot à tous. Au début on pige pas trop, puis ça se bonnifie au fil de la lecture. Le texte joue d'une manière assez draüwlatique sur le contraste plume dans le cul / écriture à la machette. C'est bien vu, c'est bon, mangez-en.
(CA CRAME / CA CRAME PAS / CA VA CRAMER OU QUOI
PUTECRÄMEPUTECRÄMEPUTECRÄMEsalepute tu vas cramer ouais ? Mais CRÄmemais CRame TU VASCRÄMERPUTE CRÄME)
Tout commença par un doux matin d’avril, alors que je cherchais l’inspiration pour mon prochain texte. Les rayons du soleil filtraient par les persiennes et striaient mon sous-main jusqu’au clavier. Mon regard vagabondait, glissait sans entraves du plafond aux fenêtres, sondait les moulures des boiseries anciennes, à la recherche de quelque vérité cachée.
Je savourai un instant la douce chaleur, avant de me retourner face à l’écran. Là, dans un grand vide blanc, le curseur clignotait. J’aimais ces instants fugaces qui précédaient l’écriture. Pour le moment, tout n’était encore que potentiel sans limite. Une vaste étendue sauvage qu’il m’allait falloir défricher avec des mots en guise de soc. Ecrire, c’était tracer un chemin dans la lande de l’imaginaire, délimiter, poser des garde-fous.
Près de mon clavier, une tasse de café fumait. Mon chat ronronnait paisiblement sur mes genoux, les yeux mi-clos. Silence.

PUTAIN, mais SQUOI ces conneries de TAR2 / tu te fous de notre gueule hein ouais
GZZ GZZ le petit chat qui ronronne doucement ? Et puis quoi encore ? A MÖRT le chat / DU SÄNG PUTAIN
Taré, va / DU SÄNG MAINTENANT


Que… Quoi ?
Sous l’effet de la surprise, ma tête, brusquement libre de toute tension musculaire, vint s’écraser sur le rebord du bureKFYHK °0. un… un… un trou noir
… béannt s’oouvrit une seconde, au ceentre de ma conscience
et je
maanquai
perdrre pied
puiis ce fut l’inondation, la souffrance blanche brûlante qui irradiait, pendant que je reprenais mes esprits. Comme par réflexe, mes doigts continuaient de frapper les touches, tandis qu’un liquide chaud et sirupeux…

DU SÄNG c’est DUSÄNGDUSÄNG sirupeux ma bite c’est DU SÄNG

… tandis que du sang roulait le long de mon arcade sourcilière. Suffoqué par l’accès, je cherchais une explication autour de moi, mais les murs, les meubles, restaient muets. Que c’était-il passé ? Du plat de la main, j’essuyai la traînée de sang qui chatouillait ma paupière. Après longue hésitation, je me rassis, bien décidé à entrer de plain-pied dans le cœur du récit

AH BÄH C4EST PAS TROP TÖT PUTAIN

Je… Oui.
Il me fallait réunir le peu d’inspiration matinale me concentrer allez. Tout écrire tout décrire sans rien oublier. Mes mains refusaient de suivre la cadence de mes idées. Je mélangeais tout. J’avais quoi ? Perdu la tête un instant ? Je… Je je devais coucher ça, cette… crise. Oublier quelque chose, c’était condamner un aspect important à l’oubli. C’était une condamnation. Voilà, une condamnation. Mais ça on s’en fout. Il me fallait matérialiser l’inexplicable, le graver dans le marbre pour lui faire perdre de sa charge (de doute ? de peur ?). Saisir l’instant, le figer

PUTAIN MAIS EN FAIT T42CRIS VRAIMEnt comme un con toi HEIN ? HEIN ??? Hein les gars ouais comme un con / AHAH ouais un vrai con comme un con qu’il écrit

Les mots ne venaient pas naturellement, les tournures se liguaient contre moi pour… L’écriture était un fauve, ou plutôt un genre de lynx avec sa vue de lynx qui… Je m’égarais, et je dérapais dans la boue de l’incertitude sans pouvoir trouver prise dans le magma syntaxique de putain, SUJET VERBE COMPL2MENT, c’est quand même pas compliqué. J’étais trop stressé, ça voulait pas sortir quoi. On me criait

UN PEU QUE 9A VA SÖRTIR ? PUTE / c’est pas comme si t’avais le choix ///

Les lignes s’allongeaient interminablement sans s’arrêter à l’écran, je claquais des dents en serrant les mâchoires ça n’avait aucun sens, sans que je parvienne réellement à donner un sens à ce que…

Ouais bon d’accord / on s’en branle la bite de tes états d’âme d’écrivain raté à la con / on veut DU SÄNGDU SÄNG et de l’ÄKTION. DES REBONDISSEMENTS et du suspense! Et des EXPLOSIONS hein ouais Maurice qu’on en veut bien des EXPLOSIONS AH 9A ouais

Des explosions ?
A nouveau j’étais debout, tous mes sens en alerte. Le chat avait filé sous le lit, en un sursaut… Enfin d’abord il avait sursauté, puis il avait filé sous le lit. En fait. La précision me fuyait en galopant, telle le chat qui avait galopé sous le lit. Trois explosions consécutives s’étaient produites, juste en bas de chez moi. Qu’est ce que c’était quoi encore ? Inexplicable… Et… Enfin oui, je ne…

EH BÄH ELLes sont bien pourraves tes explosions, on les a MËME PAS VUES !! C’est quoi ce MERDIER ! Bon abrège, faut entrer dans le vif du sujet LA / un truc qui groove vraiment, mec, parce que LA on EST VRAIMENT A BOUT T4AS CAPT2 ?

Tandis que mes doigts fusaient sur le clavier sans le moindre contrôle, la porte sortit de ses gonds et s’abattit, sous la poussée d’une charge de… Bah des gens qui étaient derrière quoi. Ou plutôt du bélier qu’ils portaient. Un lourd… On s’en fout. Les intrus, vêtus de noir et encagoulés (encapuchonnés ? Encasqués ?) étaient armés de fourches et de torches vives. Le halo des flammes jetait des reflets rougeoyants sur pas le temps pas le temps, ils étaient déjà dans la pièce. J’étais cerné et encerclé et tout entouré de tous les cotés. Mais qui étaient ces intruseurs ? Impossible de voir leur visage. C’était… Frustrant. Enfin pas vraiment frustrant, mais le mot exact ne me venait pas. Le premier d’entre eux avança d’un pas, et arrachant sa cagoule d’une main, c’était un grand moustachu aux yeux brûlants, et il me hurla :
- ET NOUS alors tu crois qu’on l’est pAS, FRÜSTR2S ? AVEC un auteur de merde pareil on est pas prêts de S4AMÜZER
Ils glapirent tous en cœur comme des lapereaux écorchés :
- DE MERDE OUAIS DE MERDE
J’en voyais même qui sautillaient en rond. Le grand moustachu repris :
- OUAIS DE MErde ! Qui nous a foutu un auteur de merde pareil ? Et enlève moi cette moustache à la con tout de suite / c’est RIDIKÜLE
Il avança jusqu’au lit, passant une main sur son visage glabre, avec un air de soulagement.
- Mais qui êtes-vous, enfin ? Et de quel dr…
- LA FERME § ON EST tes lecteurs et on en RÄS8LE8KUL de tes histoires de merde / avec des chats qui ronronnent / des tasses de café fumantes… TU VAS nous CHIER tout de suite un texte digne de ce nom / sinon c’est bientôt ta KARKASSE qu’elle sera fumante ///
- Mes lecteurs ? Mais je ne…
L’un de mes agresseurs se penche brusquement (oubliant que le texte était au passé) et attrape mon chat par la queue. D’un geste, il le… Il l’éclate, non, il l’explose, non il l’éclate contre le mur. J’étouffe un glapissement de lapereau écorché. Ce pauvre papier peint quand même, c’est honteux.
- NOUS ON EST pas là pour RIGÖLER ? T4ENTENDS ? T4ENTENDS BIEN L0 OUAIS ? Alors tu te recolles tout de suite sur ce putain de texte et tu chies un truc qui groove, pour une fois, avec de l’ÄKTION.
Et tous de hurler :
- AAAH AHAH AHAHAHAH ZGNÜCK ZGNÜCK AAAAH §
Je mme mords l’’intérieuur des genciives, nondes joues, pas dd es gencives c’est complèttemment débille. Je n’aii d’autre choicx que d’obéirJe metourne en tremblantte verrs mon clavvier, maiss lees touchhes dotn dures à atterondrre poaozcr
- TUU BVASS FAIRER un puutaon d’effort ouaieis ? /
J’esssaye de mùe concentrrer. Touut oublier, ne pas ttenir compte. Mais, lasuueur tremppe mes doiggts eet me daut dérappper surr les àt_uçcheh
- psOUIfDHZ QUE CE BORDEL ? OJDN CORPENDS RIENB DU TTOU ON VVEut de la VIOLence et dy SÄNGG
Le mousstachu ;;;; enfin le plus grand foond sru moi, et tirrant un ecouteau de sa ceiibteyu, me le planyte dans lamain AAAAAHH MAIS JE MAIS NON JEEE

C4EST PAS VRAI il nous fait une SYNKÖPE ce con / ranime-le Maurice ou on aura pas ce putain de texte

;;; ma main est bandée et attavhée sur l’accoudoir ;, j’essaye f’être calme ert de taper de ma seule mainb valide, mais c’est pas favile, je souffre eyen plus je peux pas faire les majuscules d’une seule main
je pleure et me larmes brouillentf ma vue queuihd tehh
- puuytatni mais c’ets pas vrâu y a rrien a en turer de ce ccôn ouai cibnc ekde
le pllus grad menvoie une mandal dasb dans la gueul
- mmaiointenentn tu vas faaire un putain d’effort
je prends montemps j’essaye de me concentrer, pas aller trop vite ;je dois satisfaire les exigeances de mes ravisseurs ; c’est ma peau que nje risque ; jze dois me resaisir
- il a intérêt à fâire ça bien l’auteur de merde ; et sans faute, t’as kâpté, ou sinon on te crame ta gueuke ta gueule j’ai dit (avec un l bordel) / c’est pas compliqué quand mêùe ;;;
je serre les dents et m’exécute, faisant tout mon possible pou ;;; (((pour j’ai écrit pour c’est ça que j’ai écrit))) du sang s’écoule de mon bandage, ou plutôt de ma main sous mon bandage enfin le bandage s’est imprégné de sang ça peut s’imprégner aussi vite , je sais pas moi, mais bon, plic ploc que ça fait
- pûtain mais c’est de la merde /// t’es vraiment mauvais un grâve mauvais ; allez abrège
et alors tout se passa très vite et soudain parce que brusquement je ;;; de ;;; enfin
- trouve une idée !
le grand m’aboie dessus maisi tout est très confus moi je sais pas je
je pleure mais je saais pas
j’ai qu’une seule main bordel fait chioer
- et maintenant, on veut de l’âktion et pas q’un peut où (c’est quoi cet accent de merde, enlève moi ça) ou on va vraiment se fâcher t’as compris , / hein ouais t’as compris , //
c’est alors qu’un vrombissement se déchaîna dans la pièce, parce que c’était un hélicoptère qui que
- un kôi , un hélicoptère tu dis , tu te fous de notre gueule la (l’accent) là hein ,tu crois peyt-être que quelqu’une va venir secourir un auteur de merde comme toi , personne a rien à branler de toi mon ppauvre grreas sdi ;;; faiis gafde putain arrptee de tremmblerrr
- maurice y a rien à tirer de ce con
- ouais un con
- on dirait bien en effet
mais je mais non

AUX ÄRMES § maurice fous moi lui la KÄRKASSE de son chat dans SON KÜL ? / ALLEZ LES ÄMIS DRESSONS le BÜCHER § CRÄMONS CETTE PETITE pute incapable de nous satisfaire ! avec son KLÄVIER DANS LA GUEÜLE §
NOUS NOUS NOUS NOS ENVIES / NOS PULSIONS DE VIOLENCE / NOTRE INSONDÄBLE BESOIN DE SÄNG nous devons être satisfaits / IL N4Y A pas d’autre V2RIT2 §
DU SÄNGDUSÄNGDU SÄNG

(les flammes sont telles une eau limpide qui me recouvre peu à peu, elles ondulent sur moi jusqu’à m’immerger et me noyer, mais que…Putain mais… AAAAH MAIS CA BRÜLE PUTAIN / EN FAIT C4EST PAS DE L4EAU C4EST DU FEU AAAAH)

PUTECRÄMEPUTECRÄMEPUTECRÄMEsalepute tu vas cramer ouais ? Mais CRÄmemais CRame TU VASCRÄMERPUTE CRÄME
CA CRAME / CA CRAME PAS / CA VA CRAMER OU QUOI

VOILA BORDEL, CA C4EST PAS DE LA FIN DE TÄRLOUZE