Zebulon subversif

Le 13/06/2009
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par Gros Biniou
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Les insultes, c'est à double tranchant, même dans les textes ouvertement débiles. A petites doses, c'est valable, sinon, c'est l'indigestion. Ici, c'est le cas, et on a l'impression que M. Biniou bégaie du 'pute' et du 'ta gueule' tout du long. Ca doit faire partie du concept. Y a comme un genre d'élégance embryonnaire dans le grattage de couilles matinal et la caricature imbécile, mais sinon ça vaut que dalle.
« Mais tu vas finir par fermer ta gueule, salope, laissa-t-il échapper d’une voix lasse. Quand tu t’y mets, tu peux vraiment être chiante, putain. Et puis va te faire foutre.
Il se leva et rejoignit la cuisine. Joe ouvrit le frigo, en sorti un paquet de céréales qu’il vida consciencieusement sur le carrelage de merde qui lui rappelait qu’il avait gerbé dans les chiottes un peu plus tôt.
« Y a plus de céréales, putain ! Ca t’arrive de les faire les courses, connasse ?
« Pardon ? Ferme donc ta gueule et essaye plutôt de réveiller Rolland, je crois qu’il s’est pissé dessus, mon petit loup. Vous êtes encore rentrés à pas d’heure bande de branleurs, putain mais qu’est-ce que vous foutez, merde.
Une porte claqua un peu plus loin dans le couloir.
« Rolland, grosse merde, réveille toi, y a ta daronne qui casse les couilles. Putain, mais c’est vrai tu t’es vraiment pissé dessus. Grosse chatte, s’exclama Joe de son rire gras. Dis donc, ça m’a fait foutrement plaisir de… Joe s’interrompit et se gratta les couilles. Putain y'en ai une qu'est collée…aah. Bon allez réveille toi bordel, il est tard. Il donna un coup de pied au tas informe qui gisait infortunément sur le plancher.
Un "Ta gueule" jaillit brusquement de dessous la couette et alla se planter dans l’œil gauche du pauvre Joe qui, pris en traitre et sonné par la puissance de ce coup-bas, recula en titubant et s’effondra sur le canapé, position qu’il n’aurait sans doute pas quitté si la mère de son compère n’était pas une si grosse pute, faut-il le rappeler.
Le tas s’anima. Entre deux grognements grotesquement humains la couverture remua, doucement d’abord, si imperceptible qu’un œil moins avisé que l’œil droit de Joe aurait pu n’y voir que du feu, mais bien que prostré dans le canapé et laissant à intervalles réguliers échapper de bestiaux gémissements, Joe, l’air de rien, observait la scène du coin de l’œil -droit, l’œil droit car il s’était pris un viril Ta gueule dans l’œil gauche, le laissant momentanément inutilisable. La couverture remuait donc, et un pied, que certains pourraient qualifier de laid, se découvrit progressivement. Et lentement, fièrement, semblable à un antique Pénis qui se décalotterait avec ampleur et majesté, Rolland se dressa sur ses deux jambes et laissa tomber la couverture à ses pieds.
Une tache sombre recouvrait l’avant de son caleçon.
L’esprit toujours légèrement embrumé par l’étrange soirée de la veille, Rolland dévisagea longuement Joe de ses yeux vitreux, affichant un sourire las et un chouia stupide (mais mettons ça sur le compte de la cuite, voulez-vous).
« Putain, jme suis pissé dessus dis-donc », lâcha-t-il avec une toux rauque et grasse qui n’allait pas sans rappeler celle des gazés de la grande guerre à son ivrogne d’ami tandis qu’une lueur de conscience passa furtivement dans ses yeux. « Merde, putain, j’ai la dalle ».
Et sur ce Rolland sortit du salon tout guilleret, tout se grattant les couilles avec élégance, laissant son compagnon seul avec son âme. Lequel soupira, comme battu d’avance par sa cruelle destinée, fit un effort pour se soulever du canapé et s’en alla tenter de mettre un CD de Metallica dans la chaine HIFI. « Dieu que c’est un bon du gros trash en lendemain de cuite », se dit-il. Il se rassit et un sourire satisfait pointa sous le bout de son nez, alors ses yeux cherchaient presque désespérément une bière, ou ne serait-ce qu’un fond, peu importe putain j’ai soif. Les premières notes jaillirent des médiocres enceintes et une certaine béatitude s’empara de Joe. « Connards de pauvres », murmura-t-il songeusement.
Tout à son affaire, il n’avait pas fait attention à la redoutable pute de mère qui tentait sournoisement de l’enfumer dans le salon pour le faire déguerpir au plus vite de son sordide logis. Cette connasse avait en effet entrepris d’allumer des bâtonnets d’encens, tant et si bien qu’on se serait rapidement cru dans un appartement hippiesque.
« Putain, sale connasse, dégage de là ! » s’insurgea le malheureux Joe, qui de loin préférait les effluves de la blonde deluxe aux lourdes vapeurs orientales.
La pute sourit diaboliquement. « Je t’emmerde. » lâcha-telle, tel une gifle.
« Putain, j’en reviens pas comment tu me casses les couilles sale putre de chienne, putain j’en reviens pas » fit-il sincerement surpris. « Putain j’en reviens pas, jme casse ! ».
Il se leva, saisit sa veste marquée du sceau de l’as de pique, regarda la pute droit dans les yeux, vacilla, reprit ses esprits et cracha un gros molard tout dégueux sur le plancher. « Connasse» se répéta-t-il.
« Rolland, enculé, bouge ton cul jte paye un DoMac. Ta mère est une pute jtattend dehors » lâcha-t-il à nouveau en sortant l’air de rien de cet appartement qui ne payait pas de mine, et dont il n’oublia pas de faire claquer la porte bruyamment. «Bordel, quelle pute» s’indigna-t-il à plusieurs reprises en descendant l’escalier, puis, satisfait de sa repartie appropriée et content de son sort, sa diarrhée verbale semblant s’être apaisée d’elle-même, il s’essuya la bouche et sortit de l’immeuble.