Acid-man

Le 28/06/2009
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par Josh
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Thèmes / Débile / Phénomènes de société
Comme le précise l'auteur lui-même, c'est très long pour un texte qui raconte rien, mais pourtant ça mérite. Le narrateur, complètement bourré puis défondé au LSD, accompagne son frère à une convention de comics aux Etats-Unis. Personnages hauts en couleurs décrits à grands jets de bile, cosplay aux lardons et péripéties improbables. Franchement marrant, parfois jouissif genre saint-connesque, et en plus c'est pas mal écrit, même si sur ce genre de textes on s'en fout un peu.
WORLD COMIC CONVENTION
La plus grande convention de fans de comic-books aura lieu le 23 mai, à Los Angeles.
De nombreuses maisons d'édition, scénaristes et dessinateurs seront présent, ainsi que le mythique Stan Lee comme maître de soirée. Venez nombreux, et costumés!
"J'espère que ce genre d'acné purulente est pas contagieuse, sinon on va devoir se passer la gueule au papier de verre en rentrant."
Kyle et moi, on poireaute dans la file d'attente, coincés entre un obèse bien suant de quarante balais, la barbe pleine de pop-corn, et une fille boutonneuse et ignoble, les cheveux gras à en gerber.
Les aisselles mouillées du gros lard sont à 10cm de mon visage crispé.
Ca me pique les yeux.
Et quand je me retourne, j'ai le crâne puant de cette conasse inbaisable juste sous le nez.
"Bordel Kyle... Tu me rappellera de te remercier. Vraiment.", je dis.
Stan lève les yeux au ciel et se mord la lèvre inférieure.
Je l'accompagne à un congrès de puceaux boutonneux déguisés en super-héros et de célibataires calvitiens collectionneurs de bandes-dessinées.
Bienvenue au bal masqué, votre médiocrité est votre ticket d'entrée, tenue correcte exigée.
"Ca ne fait qu'une heure qu'on attend, on peut encore se barrer, hein, tu vois, on va prendre une cuite ou n'importe quoi bordel de merde, je pourrais même te payer une pute pour l'occasion, hein, ou je te présente une salope du campus, tu sais, être humanoïde Super-Bandant, Super-Salope atomique, qui t'aspire le cerveau et la bite en un rien de temps. T'es partant?
Kyle ne dit rien et déplie le programme de la convention.
Ce con à appris à m'ignorer à la longue.
"Il y a même un stand de dédicace avec Romita Jr. ROMITA JR, tu te rend compte? T'as les comics dans le sac, hein, hein? Faut absolument que j'en fasse signer, putain ça serait... ça serait... Enorme quoi.", dit-il, ses yeux parcourant frénétiquement le dépliant rouge et jaune.
Je lâche une des lanières du sac à dos, le fais passer sous mon bras et le cale contre ma poitrine.
Il y a bien les comics de Kyle, enroulés dans du papier à bulles.
Il y a bien ma bouteille de coca d'un litre, remplie d'un mélange vodka Stolichnaya, Tabasco et jus de fruits exotiques multivitaminé. Calmer l'agressivité. Gargl. Rot sonore.
Il faut que je rationne, on est pas prêt de rentrer.

Kyle, c'est mon frère.
A vingt-deux ans, il claque une grosse partie de son fric dans des statuettes de Captain America et d'autres conneries commandées sur Ebay.
Il fait partit des ces types plus que majeurs, prêts à passer leurs nuits dans des tentes dressées dans la rue, pour être les premiers à s'engouffrer dans un univers fictif de mutants et de justiciers masqués. Mais Kyle est un mec bien, promis à une belle carrière de technicien, et à côté de lui, je reste relativement une belle merde de pseudo-étudiant branleur à la dérive.
La file d'attente avance un peu. Gargl.

L'immeuble est une annexe de la mairie de la ville, dont une partie est réservée aux conférences et réceptions. C'est grand, très grand.
Au rez-de-chaussé, on rentre directement sur une salle aussi grande et haute de plafond qu'un entrepôt. L'espace est organisé comme un labyrinthe, avec tout ces stands hauts en couleurs.
Dédicaces, exposition et vente de pièces de collection, jeux de rôle, jeux vidéos, etc...
Une scène surplombe la salle, avec un énorme drapeau bleu, frappé des lettres WCC, suspendu en arrière-plan.
Oui, une vingtaine de Gargls plus tard, on est enfin entrés, et devant nous, c'est un véritable festival de beaufs en collants flashy, gaines moulantes, capes, et tout le bardas.
Avec le slip coloré par dessus les collants svp.
Jesus, Mary & the Orphants.
J'aurais préferé qu'on me traîne à la Gay-Pride, au moins là bas, les choses sont préalablement et clairement établies.
On voit bien à leurs gueules satisfaites, que cela faisait un bon moment qu'ils attendaient de sortir leurs déguisement de tarlouses de sous leur lit.
On voit bien à leurs gueules satisfaites, quand ils n'ont pas de masque dessus, que c'est LEUR journée.
Et ça parade dans ses plus beaux apparats, en tortillant du cul, de Wonder-Woman à l'Incroyable Homme-Poulpe.
Kyle est dans tous ses états.
On dirait un pauvre gosse devant son premier film porno.
Stupéfié et excité, devant ces ploucs en latex.
Gargl. Mince, c'était la dernière gorgée.
"Je vais chercher un truc à boire et on s'retrouve, ok?"
Pas de réponse, il se précipite déjà vers les stands avec ses comics sous le bras, en s'enfonçant dans cette masse transpirante et bruyante de super-héros improvisés.
Ca sue le gland pelé par masturbation chronique, le cuir moite et l'excès de sébum pré-pubert.

La buvette est décidément mon stand préféré, et se faire servir du ponch par Magnéto en noeud papillon, sous des airs de domestique anglais, mon Dieu c'est quelque chose.
Je commence à être salement décalqué.
Je ne peux pas m'empêcher de faire trembler ma jambe, et mon pied bat le rythme d'une musique inexistante. Il fait flou içi. Mauvaise perception de l'environnement visuel et sonore.
Brusquement, un "Silence s'il vous plais" viole mes tympans et résonne dans la salle. Sur la scène, derrière le micro, se tient un vieil homme à lunettes.

"Bien le bonjour mes amis, et bienvenu à la première World Comic Convention!
Je me présente, Stan Lee, votre hôte tout au long de ce mer-vei-lleux rendez-vous in-ter-na-tio-nal de fans de comic-books ... Bla bla bla... est préconisé en cas de mal de gorge peu intense et sans fièvre, d'aphtes ou de petites plaies buccales, alors bonne journée, et EXCELSIOR!"
Tout le monde applaudit, ça siffle, ça crie de joie, ça me réveil en pleine vasification.
J'ai renversé mon verre sur mon jean, avec le grognement étouffé d'un quadragénaire qui vient de se pisser dessus. "Un autre ponch de verre s'il vous plais". Gargl.

Soudain, BLACKOUT, la lumière s'éteint.
Tout le monde fait "Ooooooohh", il y en a aussi qui poussent de petits cris hystériques.
Une voix grave, ou qui essaie de se faire grave, emplit la salle.
"Uh uh uh uh.... Alors c'est ici qu'à lieu le grand sommet des justiciers. Il est temps de me trouver un adversaire digne de ce nom, moi, l'illustre Dr.Demetriev. Le bâtiment est truffé de C-4 et j'ai le détonateur. Ouvrir l'une des issues de secours déclencherait automatiquement les explosifs. Ah ah, vous êtes baisés bande d'enculés! Le seul moyen de sortir est de me vaincre. Mais je ne me montrerais qu'à l'unique véritable héros capable de me battre. Pour cela, il faudra éliminer les autres. Des armes, ainsi que diverses surprises sont disséminés dans le bâtiment. Bonne chance."
Joli monologue de série B à la Flash Gordon, un peu de Fort Boyard aussi.
J'attend la suite du spectacle, comme tout le monde. Des murmures d'excitation agitent la foule.
J'avais pas vu ce truc dans le programme...
Je me souviens des heures de classe où le prof éteignait la lumière pour nous passer un film.
Plongés dans la pénombre, chuchotant frénétiquement avec mes camarades, l'atmosphère était grisante.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon verre est à nouveau plein, je le sens au poids.
Il fait noir et je commence à être bien grisé comme il faut. Gargl.

Dans la pénombre, le grand drapeau de la convention s'enflamme furieusement, et éclaire la salle entière.
Sur la scène, le vieux Stan Lee fixe le drapeau en feu au dessus de sa tête, sans bouger, jusqu'à ce qu'il se décroche et descende l'envelopper dans un délicat froissement.
Pour un papy, ça braille fort.
D'ici, je peux voir la forme de son visage déformé par la douleur, derrière son linceul estampillé Word Comic Conventiton.
D'ici, je peux sentir l'odeur sa peau fripée qui se caramélise.
D'ici, je peux entendre les cloques enfler et éclater sur la surface de son derme recouvert de kératoses.
Et vas y que ça court partout comme un fantôme grotesque, comme une marionnette hystérique, empêtré dans son drap en flammes.
Bel hommage à la Torche des 4 Fantastiques Mr.Stan Lee, on finit par là où on a commencé n'est-ce pas?
Tout le monde hurle, court, se bouscule, se piétine. Chaos.
Le vieillard en pleine crémation saute de la scène comme UNE PUTAIN DE ROCKSTAR et s'abat tel un météore de feu sur le public.
YEEAAAHH, ça c'est théâtral!
J'avais pas vu ce truc sur le programme! Gargl, Santé!
CA MERITE UN CIGARE, IL ME FAUT UN PUTAIN DE CIGARE!
Dans la cohue, un mec avec un masque d'alligator me fout un coup de boule en pleine poire.
Deuxième blackout.

Ca fait maintenant trois jours qu'on est enfermés içi.
On reste principalement dans la grande salle. Certains discutent sur la scène pour trouver une solution, d'autres restent dans leur coin, en bandes.
Kyle et moi, on a dormit sous la table du stand Iron Man, dans une sorte de langueure résignée.
Allongé sur le dos, Spawn's Chronicles n°7 tendu au dessus de mon visage.
" - Dis moi Hellspawn, quel est ton secret? Quelle menace représentes-tu pour les puissantes armées de Satan?
- Commence la torture, Thamuz.
- Avec plaisir, seigner Mammon!
- Noooon!
- Il y a une fin pire que l'extinction du corps... Enseignez lui le sens du mot annihilation... ET DEMENBREZ SON AME!"
A part se saouler et lire des comics, il n'y a rien à faire.
Le ponch devient lassant, la lecture aussi. (...)
Une zone de quarantaine pleine de mutants, victimes d'experiences ratées ou d'accidents nucléaires.
"Salut... Jm'appelle... Dan... Mais tu peut m'appeler le Scolopandre, tu sais! J'ai été mordu par un scolopandre radiocatif dans ma jeunesse, depuis j'essai d'faire l'bien comme j'peux, tu vois?".
Pointe pas tes mandibules vers moi connard.
Les mecs costumés se sont mis dans l'idée qu'ils allaient devoir devenir de véritables super-héros pour se sortir de là. Enfin, je pense plutôt que c'est le rêve de leur vie qui se réalise.

Au début, les agents de sécurité ont essayé de gérer la situation et de calmer les gens.
Ca n'a pas duré.
Des guignols ont commencé à se rebeller, avec leur masques et leurs costumes, et on voulu que les agents les laissent prendre les choses en main. Parce que Dr.Machin à dit que c'était eux qui devaient le vaincre.
Un gros hell's angel de sécurité à mis un pain dans la tronche d'un ado, un ado déguisé en Surfeur d'Argent.
Avec la planche de surf, et tout.
Avec le maquillage argenté intégral, et tout.
Avec le crâne chauve, et tout.
Il s'était donné tant de mal.
Le gosse est revenu le lendemain avec un Sig Sauer 9mm, qu'il avait trouvé dans un des bureau du deuxième étage, emballé dans du papier cadeau, pendant que les autres dormaient en bas.
Le gosse est revenu avec un Sig Sauer 9mm, et il a tiré sur le gros de la sécurité.
Dans le genou, assez décevant.
Ensuite, il était tout tremblant et balbutiant, au milieu des regards consternés et du mutisme général, avec son flingue trop lourd dans les mains.
"Uh... uh... Je... uh... Je suis... JE SUIS LE SURFEUR D'ARGENT, OK? OK? ET J'AI UNE ARME ET JE..."
Un autre gorille de sécurité est arrivé, fou de rage, et à frappé le gosse avec une chaise, si fort, si longtemps, qu'on a cru l'avoir définitivement perdu. Gargl, Santé.

Les gens sont silencieux, les regards sont tendus.
Kyle ne parle pas.
Moi, au fond, je me chie un peu dessus, alors pour m'occuper je cherche le stock du service de restauration. Au détour d'un couloir, je croise un homme-kangourou avec un fusil d'assaut.
Si les flics ne trouvent pas rapidement un moyen de nous faire sortir sans tout faire sauter, ca va vite dégénerer.

Il n'y a plus rien à boire dans la grande salle.
Plus grand chose non plus dans le stock. Les gens ont prit la nourriture et l'ont distribué dans la grande salle depuis un moment. Il y a cependant un petit paquet rouge par terre, entouré d'un ruban bleu et avec une carte, délicatement posée sur le couvercle.
« Bonus n°6 : Opiacés et Psychotropes. »
La boite est remplie de petits cachetons fluos, de bouts de cartons bariolés, et de petits cailloux blancs et poudreux.
Il n'y a rien à faire ici, à part se défoncer et lire des comics. Glop.

Dans la grande salle, Stan me chuchote des choses à l'oreille.
J'essais de me concentrer sur sa voix.
"J'ai parlé avec des gars... Je peut peut-être t'avoir un cigare."
Non, error system.
"J'ai parlé avec des gars... L'Homme-Hibou, Krypto-Boy et Riot-Woman ont formés une équipe, ils vont chercher les armes et les boites-surprise cette nuit."
Décidément.
"Il n'y a pas qu'eux. Il y aussi les mecs de la Ligue d'Or, ces connards de Ultimate-Team, ceux de Factor-X, et d'autres en solo, qui veulent rejoindre le deuxième étage. Mais on va pas les laisser faire. Eagle-Storm, Viperia et moi, on va pas les laisser faire."
Ah. Ok. Oui. D'accord. Glop.
Soit Kyle porte un masque intégral rouge vif, soit je délire et il est en train de se transformer en une espèce de catcheur mexicain.

Cette nuit, on a entendu des coups de feu, pendant que je vomissais à grand flots un truc mousseux, dans les bras d'un Spider-man gonflable et grandeure nature.
Merci pour ton soutient camarade.
Kyle n'était pas dans la grande salle à ce moment là.
Et cet abruti à piqué la moitié du contenu de MA boite magique.
A 10 ans il me volait déjà mes bonbons planqués sous mon matelas, et à 16 ans, c'était mes revues pornos. Il commence à faire jour et je redescend lentement.
Beaucoup d'autres sont absents, principalement les mecs costumés.
Il faut que j'aille chercher Kyle.
Glop.
Glop.
Glop.
Je fourre le reste dans la poche intérieure de ma veste, et colle un buvard entre ma langue et mon palais, pour la route.

Je suis au deuxième étage.
Je n'ai pas pris l'ascenseur , parce que je savais qu'il se serait bloqué entre deux étages, que j'aurais dû en sortir par la trappe de sécurité, remonter en m'agrippant au câblage de la cabine, et ce à mains nues, en essayant de me protéger des chauve-souris sortants des conduis d'aérations.
Les paumes de mes mains me brûlent et je sens le picotement des écorchures sur mon visage.
Ou bien, j'ai effectivement pris l'ascenseur.
Ding! Bureaux de Gestion & d'Administration.
Couloir blanc.
Kaléidoscope.
Bleu.
Rouge.
Vert.
J'ai envie baiser.
Batman sort d'une porte sur la gauche, braque son fusil vers moi et me demande ce qu'un civil vient faire au deuxième étage. Il s'approche par soubresauts, on vois les pixels se figer entre chaque mouvements.
Au bout du couloir, quelqu'un fait PAN PAN! PAN PAN!
La tête de Batman explose au ralentit devant moi. Les confettis vont sortir! Pochette surprise, neuro-intestins déballés en feu d'artifice poisseux de coulis de framboise.
Des murs si blancs. Si purs.
J'en ai qui me coule le long du nez, jusqu'au coin des lèvres.
C'est chaud.
J'ai le goût de cuivre dans la bouche.
Je sens l'odeur du sang et de la poudre.
J'entend le son des obus au loin.
Ces enculés de chinois ne nous ont pas eu la première fois, c'est pas maintenant, içi, qu'on va les laisser faire, BORDEL! Je ramasse le fusil et récupère le dog-tag de mon camarade tombé au combat.
SEMPER FIDELIS
Avec les dents, j'arrache un morceau de sa cape et m'en fait un foulard, qui me recouvre le bas du visage jusqu'au nez. Silent Rodgers rode, bande de bouffeurs de nems de merde.
On me tire dessus putain!
Un Homme-Hibou m'arrose d'un feu nourri, embusqué derrière une photocopieuse.
« Hou-Hou! »
Les murs et le sol se truffent d'impacts galopants leurs surface .
Mon squelette d'adamantium me protège efficacement, ça cicatrise à vue d'oeil, avant même que je presse la détente pour dégommer ce piaf de merde dans une volée de plumes, d'une seule balle entre les deux yeux.
J'aurais préféré accrocher un faisan au dessus la cheminée du salon, mais on fera avec.
BIP, l'ennemi vaincu drop un item.
La carte de la boite rouge indique « Bonus n°3: Fumigènes ».

Quelqu'un vient de passer derrière moi. Montre-toi tarlouse.
« Ah ah, tu ne fais pas le poids contre Eagle Storm, le bras vengeur de la justice! »
Il me nargue ce fils de pute.
J'enclenche ma vision à rayons X. Le bureau de gauche.
Klik-klak, je charge et ouvre la porte d'un coup de pied fracassant.
« COUCOU, C'EST MOI! »
Cet enfant de putain à un tazzer et m'envoit ses crochets électrifiés en plein front.
Je sens leur morsure bourdonnante dans chaque parcelle de mon être. Je tombe à genoux, j'ai de la bave au coin des lèvres.

Le coup de jus à soudé l'acide lysergique diéthylamide et les molécules de MDMA, alors présents en masse dans mon organisme, sur mes synapses, et, a probablement profondément violé ma virginale double hélice d'adn.
Surdilatation des pupilles.
Mes globes oculaires sont noirs et pleurent le bouillon mousseux de mon cortex cérébrale.
Hyperthermie.
Ma peau fume et se fissure d'elle même, en crevasses sans fond, d'où l'on voit le magma musculaire en fusion.
Production d'adrénaline excessive, tachycardie.
Dans un cri de rage, j'arrache les pointes de métal ayant fusionné avec la peau de mon crâne.
Je rote du sang, et m'éponge avec mon foulard.
Transformation achevée, Acid-Soldier est né.
Etrangement, je sens mon entre-jambe dur, et tendu.
Eréction spontanée.

Derrière un canapé retourné, Eagle Storm s'enfonce un tube en plastique dans le nez et renifle bruyamment, avant de me sauter dessus avec un couteau de chasse, en gueulant comme un damné.
     II Tzzzkt, PAUSE
Il est presque beau, sur bande passante ralentie, comme flottant dans l'eau.
Je peux voir mon reflet dans chaque goutte de sueur qui perlent autour de son masque, le mouvement de chacun de ses cheveux, la moindre ondulation de sa cape, la plus petite particule de bave s'échappant de sa bouche, sa bouche tordue dans un chant de baleine guttural.
    > Tzzzkt, LECTURE
Mon poing l'atteint en pleine pomme d'Adam.
Il se roule par terre, en suffoquant, les mains sur sa gorge.
Je l'attrape par les cheveux et envoi sa gueule fracasser la table basse en verre.
Je frappe son visage jusqu'à lui enfoncer les yeux dans les orbites, jusqu'à ce que son nez ne soit plus qu'une boursoufflure sanguinolente, jusqu'à ce que ses lèvres se fendent et s'écrasent sur ses dents, que ces dernières volent et aillent se planter dans sa trachée.
Hare Krishna fils de pute, je te laisse tes gencives.

Les jambes croisées sur son bureau, Kennedy me toise, en faisant des ronds de fumée avec son cigare.
« Quoi? J'ai bien fait non? »
« Je n'aime pas vos méthodes. Mais, je dois cependant reconnaître que votre efficacité est indiscutable, Acid-Soldier. Bon, il ne reste plus beaucoup de temps, ce dangereux terroriste, Dr.Demetriev selon nos sources, va tout faire péter si personne ne se pointe pour lui ramoner la gueule. Il faut aussi renvoyer ces khmers rouges camouflés en danseurs disco dans les bolges infernales qui les ont engendré. Chargez vous en, et vous serez un héros de la nation. »
« Vous auriez un cigare? »
« Tenez, un cigare texan. Nos scientifiques ont décelé des traces d'anthrax dans ceux que nous envoyait Cuba. »
« Juste une question... Bon, alors, finalement, vous l'aviez baisé ou pas Marilyn Monroe? »
« Aaah Marilyn, Marilyn... »
« Si je gagne vous me la présenteriez? Hein? Hein?»
« Hum... Bien sur, maintenant casse toi sombre con, nique ce putain de docteur de mes deux, et t'aura une défiscalisation totale et deux billets pour les New York Yankees. »

Je suis dans une salle remplie de petits box de comptables, avec bureau miniature, ordinateur et chaise à roulettes.Mon cigare parle beaucoup trop, alors je le sers un peu plus entre mes dents, pour le faire taire.
Il y a beaucoup de cadavres ça et là. Les entrailles géantes d'un Hulk éventré recouvrent la moquette pelucheuse. Il semble que j'arrive après la bataille.
Il vaux mieux que je rampe, on ne sait jamais avec ces enfoirés de tchétchènes insurrectionnistes.
Il faut que je change de pantalon, ou que je le vire, vite, bordel, bordel, bordel, bordel.
Sinon il vont me repérer avec l'étiquette qui dépasse derrière.
Chut, ta gueule.
Chut.

Chut.

Klik-klak.
Krypto-Boy sort la tête d'un box, pointe sa sulfateuse de gangster et essaie de me sulfater le cul en tirant au hasard. « YAAHAAH KRYPTO-BOY NIQUE TOUT! »
Les écrans d'ordinateurs explosent dans un fracas de verre brisé, les paravents des boxs se transforment en passoires, les feuilles de comptabilité volent, la machine à café est touchée en plein réservoir, hémorragie externe, MERDE MERDE MERDE!
J'envoi un fumigène. SHTOUF!
Je rampe sous le nuage de fumée grise, jusqu'à trouver les chevilles de Krypto-Boy.
Accroupis face à ses genoux, je lève le couteau de chasse de feu Eagle Storm, le lui plante dans le plexus solaire et descend brusquement jusqu'à la boucle de sa ceinture, qui forme les lettres argentées K-B.
Les tripailles tièdes de K-B se déversent sur mes jambes en une cascade abdominale.
Ces ennemis de la nation paieront bientôt leur félonie, Kennedy me remettra les lauriers de la gloire dans son bureau ovale, Marilyn Monroe me servira mon milkshake à la fraise et on mangera tous les pancakes de la victoire!

Erection spontanée.

Dans la pièce jascante, un homme portant un masque rouge intégral m'attend, avec une débroussailleuse à lames entre les mains.
« Je suis Red-Spectrum, la justice de mes lames saura annihiler les démons yankees capitalistes. »
Certainement un de ces Super-Soldats expérimentaux de Moscou.
Quelle pâle imitation... MADE IN U.S.A TU CONNAIS?
Il tire sur la bobine d'allumage du moteur, qui hurle soudain sa haine du libéralisme occidental.
Ce connard est plutôt rapide.
J'esquive du mieux que je le peux, mais à chaque attaque, ses lames me frôlent un peu plus.
Je viens de perdre un bras.
De toute façon j'en ai deux.
Encore ballonné par ma transformation en Acid-Man, je lui vomis subitement toute mon acidité à la figure, en prenant soin de viser les orifices oculaires de son masque.
Profitant de la surprise occasionnée et de son aveuglement temporaire, je lui mord violemment la gorge. J'enfonce mes dents bien blanches d'américain pur sang dans sa chair d'enfoiré de cosaque survitaminé aux rayons gamma, et je tire, je tire, je tire, jusqu'à désaccorder toutes ses cordes vocales et que son cri prenne le son d'un modem informatique en cours de connexion.
Kyle avait choisi le mauvais camp.
Le devoir envers la nation avant tout.

Pour stopper le saignement et la douleur de mon moignon, je l'emballe avec un rouleau de scotch noir trouvé sur un carton d'archives, et mange les petites boules d'opium qu'il me reste.
Bien, ce faux frère avait une des boites-surprise dans sa poche.
Dedans, un petit mot délicatement calligraphié sur un bout de papier.
« Dr.Demetriev attend le vainqueur sur le toit de l'immeuble. »

D'ailleurs, je suis sur le toit.
Devant moi, Dr.Demetriev frappe les paumes de ses mains gantées de latex, dans un applaudissement grincant.
Le bas de sa blouse de chirurgien flotte au vent. Les hublots teintés qui lui servent de lunettes cachent son regard, mais son sourire admirateur et satisfait est bien visible.
Putain, il est roux ce con. J'y crois pas. Non.
On a dû me droguer, c'est pas possible.
« Bravo, bravooo.. »
« Bon connard, maintenant... »
« Bravo, bravooo... »
« Ta gueule, pute! »
« Bravo, bravooo... »
Je fais vrombir ma débroussailleuse, on va pas perde de temps avec un connard de roux, hein.
« Pendant des années je t'ai cherché, toi, le surhomme capable de s'élever de la masse grouillante des quelconques pour se mesurer à ma puissance! »
« Ferme ta gueule salope, je suis mandaté par Kennedy pour te motoculter la tronche et Marilyn me sucera la queue sur la banquette de Air Force One une fois que ça sera fait. Ok? » Erection spontanée.
« Ah je vois que tu as trouvé certains de mes petits bonus. Bien, j'aurais préféré commencer par un discours sur la cruauté survivaliste de l'Homme, l'évolution, l'eugénisme de masse, mon intellect infiniment supérieur à toutes ces brutes qui me martyrisaient au lycée, ma haine envers ces pétasses qui se moquaient de mes légers reflets capillaires et de mes lunettes, mon amour pour ma mère et les méchants de comic-books, ainsi que mon brûlant désir de vengeance et de domination mondiale. Entre autres. Mais si tel est ton souhait, finissons en tout de suite.»
Je plonge mon unique main dans la poche de ma veste et avale ce qu'il me reste de munitions.
Missile X-Stazyx 47 armé.

The World's Greatest Comic Magazine...
The Invincible ACID-MAN versus The Evil DR.DEMETRIEV
23 May, Marvel™ Comics Group.
25 cents.

Ce barge doit avoir préparé le terrain depuis le début.
Rappelle toi de ta formation dans les sous-sols du Pentagone.
Rappelle toi...
Je dirais... Des mines disposées en damier sous les dalles du toit, un harnais d'explosifs sous sa blouse, un dispositif d'Homme-Mort relié au détonateur, qui activerait à distance l'ensemble des charges de C-4 du batiment. Dr.Demetriev sort de sa blouse deux petits boitiers, l'un rouge, l'un bleu, tout deux munis d'un unique bouton noir. Il en serre un dans chaque main, qu'il fait passer derrière son dos et en bidouillant je-ne-sais-quoi.
«Voila, j'ai tout bien mélangé, je ne saurais moi-même pas dire lequel est lequel... »
Il me tend ensuite ses deux poings de latex couinant, avec un sourire exalté.
« Dans quelle main? »
« Hein? »
« Dans quelle main se trouve le bon détonateur? »
« Quoi? »
« Le détonateur rouge est connecté aux charges de C-4, le bleu est connecté à la batterie de mon pacemaker. Rouge, on meurt tous et j'ai gagné. Bleu, je meurs seul et tu est le vainqueur de cet épique affrontement. Alors, quelle main? »
« Mais t'est vraiment un putain roux de merde? C'est vraiment vrai et tout et tout? »
« Choisis, espèce de... de... de... Merde, mon bégaiement du lycée. Choisis, ou j'actionne les deux, et on crève tous! »

Ams, tram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Ams, tram, gram.

« Cette main là. »
« Attend, t'es sur? »
« Oui connard de merde, cette main j'te dis. »
« Non parce que si tu te trompe, c'est grave!»
« Putain de connard de roux de merde, cette main j'te dis. »
« Ah merde, non, putain, j'pensais pas que t'allais, enfin, tu vois, je sais pas, on pourrait peut-être... »
Vrombissement de débroussailleuse.
« Ok, ok... »
ET C'EST LE BLEUUUUU QUI SOOOOOOORT.
Les trompettes sonnent, les confettis pleuvent, je place quelques pas de danse.
Je colle une beigne à ce dangereux terroriste, m'empare des deux détonateurs et pousse un cri de triomphe. « COCORICOOOO »
Demetriev se roule par terre en tapant des poings.
« C'est pas juste! C'est pas juste! Bon, putain d'enculé, appuis sur ce foutu bouton, je ne pourrais pas supporter une telle honte plus longtemps... »
On ne frappe pas quelqu'un qui a des lunettes.
Je lui fourre laborieusement mon poing dans la gorge et appuis de toute mes forces, juste pour voir.
C'est rigolo, ses yeux se révulsent et sa langue un peu râpeuse me chatouille les jointures.
Mon poing ressort brutalement et emporte quelques dents au passage.
Désolé, ma marche arrière à toujours été mauvaise.
Deux minutes de diverses tendresses plus tard, mes mains sont en sang, et la mâchoire de Demetriev pend lamentablement sur le côté.
« uunh... boutunh.. ahwui 'ur leuh boutunh... munh pacunmkeur... »
« Pardon? Tu pourrais articuler? »
« Unnh... Arh... munnh pacunmkeur.... »
« Ah oui, ton pacemaker, excuse moi. »
Avec le couteau de chasse, je pratique une première et profonde incision dans la cage thoracique, à même la blouse de chirurgien.
« S'il te plais, ne bouge pas, sinon je vais faire des ratures! »
J'effectue ensuite une deuxième incision plus courte, qui vient croiser la première en angle droit.
C'est parfait.
Mon unique poing, réceptacle divin de toute finalité salvatrice, s'élève lentement au dessus de cette croix christique palpitante de peur et d'incompréhension.
Et s'enfonce dans la chair de Demetriev aussi surement qu'un trois-tonnes traverserait un mur de placo.
Quand je remue le poignet et les doigts à l'intérieur de mon Kamarad, les os font « Bronk, krok, kronk ». J'effleure soudain quelque chose de dur et froid.
« Ahaaa, on dirait que j'ai trouvé la ptite bête! »
Deuxième marche arrière, ce qu'il reste de côtes se brise, tant pis pour la cloture.
Derrière les verres brisés de ses lunettes, Demetriev me fixe de ses yeux écarquillés, peut-être en hurlant, qui sait.
On ne discerne qu'un raclement d'air au fond de sa gorge, comme avant de crâcher une glaire.
« Tiennns, voilàààà, il est làààà, je te le rennnnd. »
Il sert maintenant son pacemaker, en grinçant du poing de plus belle, ses yeux rivés sur mon visage et en raclant un peu plus fort.
« Oui, je sais, moi aussi à ta place je m'inquièterais.
Les roux ne vont ni au paradis, ni en enfer.»

Quand dix minutes plus tard, les hélicos arrivent sur le toit, le SWAT me plaque au sol et me menotte.
« Les gaaaaars, on bosse pour le même patron... Oui, j'ai qu'un poignet connard, cale toi ton bracelet dans le cul. »

Bordel Kyle... Tu me rappellera de te remercier. Vraiment.

Cascade de coups de matraque, bénédiction à même la chair.
Il m'emmènent au panthéon des Braves de la Nation, me faire couronner par Marilyn.

Erection spontanée.