Dérouillé

Le 22/09/2009
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par Glop-glop
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Glop-Glop est dans son cycle 'Meetic' apparemment. Ici, on a affaire à un vieux couple blasé, niveau gaudriole, qui recrute une jeune pouf pour les accompagner au lit. Ca sent le coup foireux à plein nez, évidemment. Ca s'annonce bien, tout se met parfaitement en place, on en rigole d'avance. Sauf que, bizarrement, une fois l'action lancée, ça ne dure que deux lignes et paf, the end. Frustrant. Comme si la bonnasse du coin te faisait un strip-tease d'enfer puis se tournait pour faire des mots croisés. Glop est précoce.
Avec Céline on allait fêter nos dix ans de mariage. Les gosses étaient chez Bonne-Maman, comme j'aime à l'appeler pour la faire enrager. C'était un peu notre rituel quand on voulait baiser tranquille tout le week-end sans avoir à se réfréner, rapport aux murs en placo du pavillon, des fois que les gamins s'imaginent que papa-maman baisent comme des bêtes.
Bonne-Maman était loin d'être dupe, d'ailleurs elle ne se privait pas de glisser certaines allusions quand on repassait le dimanche soir.
Après près de douze ans de vie commune on finit par bien se connaître, par la force des choses. Au pieu ça tourne un peu à la routine, une routine terriblement agréable et addictive bien sûr, mais sans plus l'adrénaline des débuts. On se palpe, on se malaxe, on se lèche indistinctement, sans plus savoir à qui appartiennent les organes concernés. On devient une sorte de corps unique et bisexué, sans les tabous qui inhibent, mais qui procurent le plaisir de la transgression.
"-Je crois que je ne pourrais plus faire l'amour à un autre homme..."
Voilà justement ce que Céline me chuchotait à l'oreille, encore toute cramoisie, alors que je retirais d'entre mes dents un poil de chatte d'une longueur que je ne lui connaissais pas, un poil de chatte de vieille à vrai dire, qui me rappelait que le temps passe et que tout change même quand rien ne change.
La suite n'était pas précisément valorisante pour moi, la fidélité qu'elle me vouait, c'était avant tout pour des histoires de complexes.
"-Je n'arriverais pas à montrer mes seins, les vergetures sur mon ventre à un autre homme. Toi, tu as connu mon corps d'avant, alors ce n'est pas pareil, tu sais que moi aussi j'ai eu un corps parfait..."
Et c'était vrai que parfois, au moment crucial, je me représentais cette image mentale d'elle, que c'étaient encore les seins de ses vingt ans que je croquais.
C'est profondément injuste, mais la femme paye un lourd tribut à la famille, et de mon côté, même si j'avais pris un peu de bide, je me maintenais plutôt bien.
Après m'avoir donné mon plaisir, elle m'a demandé comme ça, tout à trac :
" - Y aurais pas un truc que tu voudrais qu'on fasse pour fêter ça ? "
J'étais un peu surpris et j'ai répondu comme un empoté :
" -Tu veux dire un truc sexuel ? "
" -Oui, un fantasme inassouvi quoi ! Il y a pas quelque chose que tu voudrais essayer ? "
A vrai dire on avait déjà retourné moult fois le kamasoutra dans tous les sens, et je séchais vraiment. Et en fin de compte c'est sorti tout seul, sans préméditation, comme quand tu penses un truc pour toi et que tu articules sans t'en rendre compte.
" -Bah, on pourrait faire un truc à trois ?" J'ai tout de suite senti que je venais de sortir une énormité, Céline a eu du mal à encaisser. Et puis elle a pris sur elle, et m'a demandé un peu sèchement:
"-Tu veux dire, je suppose, avec une fille pour faire le troisième? " Bien sûr elle supposait bien, jamais j'aurais pu envisager d'inviter un autre type à lui monter dessus.
"-Je ne te suffis plus, c'est ça ?" Là j'étais mal, qu'est ce que je pouvais dire ? C'était de l'avoir ouverte que j'aurais pas dû.
"-Tu me demandes de fouiller dans mes fantasmes, je te réponds, ça veut pas dire que j'ai vraiment envie de le faire ni que ça me travaille. Il y a bien des mecs qui se branlent en pensant à leur mère, à ce qu'il paraît..." J'essayais péniblement de sauver ma peau mais elle ne lâchait pas l'affaire.
"-Et tu aurais quelqu'un en vue ?" J'ai juré mes grands dieux que non, mais elle insistait, et comme c'était la soirée des gaffes, c'est là que j'ai commis le deuxième impair :
"-Je sais pas moi, tu pourrais pas demander à ta copine Karine ?" En effet il m'avait toujours semblé que cette dernière avait un faible pour moi, et elle venait de se faire plaquer. Evidemment je ne faisais que m'enfoncer, partager son mari avec sa meilleure amie, c'était pas le genre de perspective qui allait enthousiasmer Céline. J'étais vraiment un abruti, mais encore une fois je n'avais pas pensé avant d'ouvrir la bouche. Bien sûr, elle m'a tout de suite douché, sans ménagements :
" -Impossible, tu lui plais-pas ! " Forcément, j'étais piqué, j'ai insisté, et c'était vraiment con de ma part.
" -Elle m'a dit qu'elle te trouvait moche. Quand on a commencé à sortir ensemble elle n'arrêtait pas de me dire de te laisser tomber, que je pouvais me taper des mecs beaucoup mieux que toi. "
Ouille, ça faisait mal, mon ego en prenait en coup, même si je restais un peu incrédule. Mais après tout, je l'avais bien cherché.
Et puis brusquement, Céline a cessé d'être agressive, elle avait manifestement repris la maîtrise d'elle même. C'était elle qui avait toujours été l'élément dominant dans notre couple, et elle se sentait maintenant capable de gérer la situation nouvelle qui avait découlé de cette conversation incongrue.
J'avais soif de nouveauté ? Et bien, soit, elle se sentait assez forte pour me contenter. Après tout je n'avais fait que répondre honnêtement à ses suggestions, maintenant elle devait assumer, et elle s'en sentait les moyens. Ne formions-nous pas un couple résolument moderne. Pourquoi se brimer ? Elle avait les idées suffisamment large pour me donner satisfaction.
J'ai bien insisté pour la convaincre que le triolisme je m'en contrefoutais, que tout ça c'était en fin de compte qu'un malentendu, rien n'y a fait, elle ne voulait pas en démordre.
Elle m'a inscrit sur Meetic, avec tous les détails sur ce qu'on projetait.
Moi, je pensais que ça ne se ferait pas, que c'était des combines pour sites spécialisés, où se mêlent les professionnelles et les philantropes. Mais ça avait presque l'air de l'exciter, elle me traquait tous les soirs pour que je vienne devant l'ordi donner mon avis sur les filles qu'elle sélectionnait pour moi...
" -Et celle-là tu la trouves comment ? "
Je savais jamais trop quoi dire, je voulais pas être faux-cul, mais je pouvais pas non plus me permettre de manifester trop d'enthousiame. Je me disais, ça va se calmer, elle trouvera pas de fille potable pour un plan aussi foireux sur un site généraliste.
Mais contre toute attente on a eu une alerte dans notre boîte-mail : -\o/ 06.
Elle s'appelait Cynthia.
Ce devait être une sacrée perverse pour vouloir passer une nuit entre les pattes d'un couple marié, d'ailleurs son profil indiquait SM. Malgré tout, je dois avouer qu'elle était rudement mignonne, même si j'ai fait la moue quand Céline m'a demandé si elle me convenait.
Enfin, bref, on lui a donné l'adresse du pavillon, ce qui n'était pas très prudent. On ne sait jamais à qui on a affaire.
La fille s'est pointée pile à l'heure, bien mise, polie, et avec une grosse valise à la main. Avant qu'on ait fait ouf elle était déjà dépoilée et déballait ses instruments.
Céline qui l'avait accueillie très civilement malgré une légère crispation, bien compréhensible au vu des circonstances, est restée un moment estomaquée. Mais ça n'a pas duré, c'est une femme qui a du caractère.
Elle a interdit formellement à Cynthia d'utiliser son fourbi, qu'une perversion à la fois c'était bien assez suffisant. Céline dégageait une autorité naturelle et la fille n'a pas protesté. Moi j'étais dans mes petits souliers et je me demandais comment tout ça allait pouvoir se terminer. La situation était vraiment pas marrante.
A son habitude, Céline dirigeait les opérations, elle m'a ordonné de monter me mettre au lit, et j'étais nu comme un ver sous les draps quand elles sont arrivées ensemble après un bref passage par la salle de bain. Elles se tenaient à poil côte à côte sur le pas de la porte , et cette proximité n'était pas flatteuse pour Céline tellement le corps de Cynthia paraissait ferme et bien roulé. Avait-elle fait spontanément la même observation ou a-t-elle senti dans mon regard les conclusions implacables que je tirais de la comparaison directe de leurs deux corps? En tout cas Céline tirait ostensiblement la gueule, ça s'annonçait mal pour la gaudriole.
Nullement troublée par ce malaise, Cynthia a rejeté le drap sans autre forme de procès et s'est assise à cheval sur moi :
"-Pendant qu'on fait les présentations avec Monsieur votre mari, il me faudrait un sac plastique transparent."
Céline s'est exécutée et est sortie non sans me glisser :
"-La capote !" en désignant la table de nuit où elle avait disposé des préservatifs. Ca faisait des lustres que je n'avais pas utilisé ce genre de fourniture, et j'étais tellement troublé que ce n'était de toute façon pas encore possible, anatomiquement.
Quand Céline est remontée, on était déjà bien en train avec Cynthia. Je lui ai soufflé maladroitement :
"-Viens !"
Mais ça n'allait toujours pas, elle a grincé sans desserrer les dents :
"-Désolée, je ne peux pas ! " Elle a tendu le sac à Cynthia, pour qui tout paraissait on ne peut plus naturel et est sortie en claquant la porte.
La situation était vraiment sordide: une fille inconnue s'agitait sur mon bas ventre, un sac à légumes de supermarché noué sur le visage, je venais probablement de foutre mon mariage en l'air, et, merde, pour le plan à trois c'était foiré.
Ensuite, tout s'est enchaîné si vite que je ne suis pas sûr de bien avoir compris.
Cynthia a poussé un petit cri étouffé, elle s'est abattue sur moi comme un sapin mort, manquant me casser toutes les dents par un magistral coup de boule, et puis j'ai eu juste le temps de la repousser et de rouler sur le côté avant que le second coup de pelle n'éventre l'oreiller.