Routine 2

Le 28/06/2002
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par nihil
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Suite de l'article <a href='http://zone.apinc.org/article.php?id=224' target='_blank'>Routine 1</a> , on s'enfonce ici dans le chaos. Du style disjoncté et marrant qui achevait la première partie de l'article, on termine sur une note plus sombre et carrément plus drôle du tout, qui laisse à penser que l'auteur est bel et bien une saloperie de cyclothymique qui change d'humeur toutes les dix minutes. A lire quand même pour l'absurdité et le fun du début.
Et une journée de merde qui continue, une !

Retrouvez l'article "nihil : routine 1" en cliquant sur : Routine 1
12h12
Je suis rentré chez moi pour bouffer tranquille. Bon évidemment, ça fait trois semaines que j'ai pas fait les courses, donc j'ai absolument rien du tout à manger. Mais rien. Enfin heureusement il reste des miettes de pain sur le plateau où je prépare habituellement mes sandwiches. Ouf. Je mourrai pas d'inanition dans les dix minutes qui viennent. Je vais survivre. Je veux survivre.

14h56
Je me suis endormi comme un gland sur mon canapé. Je roule à 180 kilomètres heure sur l'autoroute vu que j'ai une réunion prévue à 15h. D'ailleurs c'est le coup de fil de ma chef sur mon portable qui m'a réveillé. Heureusement que je roule toujours très vite, j'ai l'habitude. Je me concentre sur les bandes blanches...

15h06
Putain j'arrive à ma boîte et je suis presque à l'heure pour la réunion ! Pour fêter cet évenement digne d'intérêt, je vais en salle de pause me taper 3 ou 4 bières. Je mérite bien ça quand même. J'y passe quarante-cinq minutes.

15h55
Je débarque sans frapper dans la salle de réunion, en hurlant : "bon alors, où on en est ??" avant de me me rendre compte que je suis dans la mauvaise salle et que j'ai fait irruption au beau milieu du conseil d'administration. Les mecs ont l'air tendus. J'essaie de leur sortir une blague à deux balles de Lapinchien pour les dérider, mais ça a pas l'air de fonctionner. Je me retire.

16h02
Je trouve enfin la bonne salle, au moment même où tout le monde plie bagage. C'est la fin de la réunion. J'enrage : apparemment tout était très bien calculé pour que ces cons n'aient pas à entendre ce que j'avais à leur dire. Bon d'un autre coté, j'avais rien à leur dire. Mais faut pas déconner merde.
Une nana que j'avais jamais vu auparavant (parait que c'est la chef de ma chef, c'est à dire ma n+2. Ah bon ?) m'informe que ma chef s'est absentée il y a quelques minutes pour aller acheter une scie sauteuse. Une sueur froide m'inonde les reins. Je sens confusément que ça a un rapport avec moi.
Je décide de m'exiler loin de cette boîte de cons, vu que mon organisme présente une violente incompatibilité avec les scies sauteuses. Comme une sorte d'allergie quoi.
J'ai encore tout un tas de mails à écrire et ça me fend le coeur de devoir partir, mais je n'ai pas le choix. C'est beau tout de même la conscience professionnelle.

17h12
Finallement je suis resté. Quelle suite dans les idées.
Ma chef me passe un coup de fil pour me dire qu'elle a à me parler. Je me méfie (des images de scies sauteuses défilent sur ma rétine) et lui demande de me raconter ses conneries par téléphone. Elle se lance.
Ma collègue directe s'est plainte de ma conduite auprès d'elle. Ah bon, elle était derrière moi sur l'autoroute tout à l'heure ?
Non, on parle ici de mon comportement. Aaaaaaah. Apparemment elle trouve que je ne suis pas assez assidu et me reporte trop sur elle. Qu'elle ne peut pas bosser pour deux. La salooooooope ! Elle aurait moins pu m'en parler directement quand même ! Ma chef me fait sournoisement remarquer qu'elle a essayé mais qu'elle n'a pas réussi à me joindre, à cause de nos horaires de travail respectif : elle : 8h-16h, moi : 10h16 - 10h23 et 14h14 - 14h24. Et encore pas tous les jours. La saloooooope ! Et elle ose se prétendre ma collègue directe avec ça ?

18h15
Ce coup-ci je me casse, avec la satisfaction du devoir accompli. J'ai écrit au moins sept mails cet après-midi, mes potes vont être heureux.
Je doit me rendre dans une administration, je ne me souviens plus laquelle, située je ne sais où, pour faire je ne sais plus trop quoi. Arrivé par miracle dans leur locaux, l'hôtesse d'accueil me fait remplir une fiche de renseignements :
Votre nom ? nihil. Euh non, attendez... C'est quoi déjà, mon vrai nom ?
Votre âge ? Ca ça change tous les ans, en ce moment, c'est... euh...
Votre date de naissance alors ? Le 24... Non le 26... 09, c'est quoi ça comme mois ? Octobre ? Ah non Septembre c'est ça. L'année ? Bah on est en 2004 je crois. Dans ces eaux là.
Profession ? Trafiquant d'organes. Enfin on va plutôt mettre, euh... "employé divers" ça sonne bien.
Adresse : c'est dans une cave, mais je sais plus trop où. On est où là ?
Motif de votre venue ? Ah bah je croyais que c'était vous qui alliez me le dire ?
Numéro de Sécu ? Pardon ?
Le parfait inadapté social. Couvert de honte et d'opprobe je m'enfuis sans demander mon reste.

19h36
Chez moi.
Faut que je fasse la vaisselle. Putain... Bon y a personne qui passe en bas de mon immeuble ? Bon OK j'envoie tout par la fenêtre, rien à foutre.
Putain, ça me fait chier de devoir me cogner la vaisselle alors que j'ai même pas bouffé. J'ai rien à bouffer, pour ça on est d'accord. Faudrait que j'appelle mon pote du labo pour m'analyser les colonies de champignons qui se développent dans mon évier, entre les piles d'assiettes sales. Je suis sur qu'il découvrirait plein de trucs bizarres là-dedans, peut-être même qu'on pourrait se faire du fric.

21h23
Ca fait au moins une heure que je comate devant la télé, et je n'ai toujours pas compris ce dont parle ce que je regarde.
Ah si tiens :
Un mec dans une pub dit d'un air dégagé qu'il se lève tous les jours à l'aurore. Pareil que moi. Une vie saine et équilibrée, en quelque sorte, en harmonie avec les élements. Mouarf mouarf mouarf elle est bonne celle-là. Non attendez "se lève", il a dit ? Merde j'ai confondu avec "se couche". Je confonds toujours : c'est parce que souvent je fais les deux quasi simultanément, ou au mieux à quelques minutes d'intervalle.

22h34
Bon un truc pas chiant.
Oui je sais, ça fait deux heures que je me lave le cerveau devant la téloche, et je doit même plus avoir une goutte d'intelligence sous le cuir (pour ce que je m'en sert...), mais j'ai encore besoin d'un truc divertissant, tranquille et sans conséquence.
Voir des potes ? Non, trop fatigué.
Ecrire la suite de mon bouquin ? Pas envie de me prendre la tête.
Téléphoner ? Pas envie, pas envie.
Ca c'est l'un des gros emmerdements du boulot, quand tu rentres t'es tellement naze que t'as plus le courage que de faire des trucs prévus pour le bétail engourdi par des heures de labeur, genre jeu vidéo ou chat. Et y en a encore qui sont persuadés de pas être contrôlés de A à Z.
Maintenant si quelqu'un a une remarque à faire sur ma technique pour être naze après une journée d'ultimate glande, je l'écoute (avec une batte de base-ball cachée derrière mon dos).

23h28
Je m'emmerde comme un rat mort. C'est pas croyable.
Je vais quand même pas regarder "Sans aucun doute" merde. Faut pas déconner avec ça, on commence par ça et on finit shooté au 13h de la Une, esprit arasé, bref le comble de la déchéance. Ma main refuse de m'obéir, je n'arrive pas à décoller du fauteuil et mes yeux restent scotchés à l'écran. Je sens les crochets minuscules de la pensée unique mordre imperceptiblement les méandres de mon cerveau. Ca fait du bieeeeeeen. Bientôt je pourrais me mêler aux gens normaux, à moi les joies de l'uniformité, je vais embrasser les standards à pleine gueule.

00h12
Je pourrais aller me coucher mais j'ai pas sommeil. Chuis un nocturne moi, rien à faire, j'ai beau être épuisé toute la journée, je suis pas foutu de dormir avant deux heures du matin. Ca me gonfle.
Enfin là faut quand même que je fasse un effort. Ce matin c'était trop trop dur.

01h35
Je tourne et me retourne comme une crèpe avariée dans le lit. J'arrive pas à dormir, j'ai les yeux grands-ouverts et je fume clope sur clope. Les draps sont en champ de bataille. J'arrive même pas à réflechir pour combler l'ennui. De toute façon il se passe vraiment rien dans mon foutu quotidien qui me filerait assez d'élements pour élaborer je ne sais quelle théorie foireuse. D'ailleurs c'est plus l'heure des chateaux de carte. Chuis foutu, demain ce sera encore plus dur. Ou pire encore : ce sera exactement pareil. Come tous les autres jours.

Finallement j'ai bien réfléchi : plutôt crever de suite plutôt que de supporter ça encore des dizaines d'années.