Et puis c'est tout

Le 17/04/2010
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par Dourak Smerdiakov
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Thèmes / Saint-Con / 2010
Ce texte de St Con pue l'alcool et l'écriture automatique à plein nez, et au final, ça donne un texte en deux phrases débile et monobloc DTCS, où on apprend surtout que sans Raoul, on ne serait pas grand chose. De quoi se taper la tête contre un mur, youpi. ON DIT TOUS MERCI 0 DOURAK§
J'étais assis sur mon banc, comme aujourd'hui, sous ce même tilleul, occupé à regarder le soleil diarrhéique se coucher en lâchant des coulées de lave rougeâtre sur les collines de Dénicourt et sur la plaine d'Ornain, et préoccupé de l'avenir des retraites dans ce bon dieu de pays de merde qui part à vau l'eau, quand tout à coup le feuillage de ce fichu tilleul s'est mis à frissonner différemment, ne me demande pas de t'expliquer, petit con, j'aimerais tellement que ça s'explique ces choses-là, et alors la luminosité s'est mise à onduler, ne me demande pas, je t'ai dit, je ne sais pas, je t'ai dit, mais je t'assure que je ressens encore cette putain d'impression de glissement et de déphasage brutal, comme quand on monte dans un avion sous la neige à Moscou et qu'on débarque à Luanda quelques heures plus tard et qu'on se met à transpirer des rivières, sauf que les heures n'ont été que des secondes, et que je n'ai eu ni chaud ni froid, ou alors seulement dans la tête, pas dans les os, ni même dans la tête d'ailleurs mais, allez, disons-le, dans l'âme, et que je sois damné si le ciel et l'enfer ne venaient pas de s'ouvrir, et dans cette même putain de direction où ce même putain de vieux soleil de merde n'en finissait pas de faire le malin comme un vieux beau, j'ai vu soudain le nuage de poussière qu'ils soulevaient en s'approchant, et ils s'approchaient à la vitesse d'un cheval au galop, et j'entendais les hennissements, et les chenilles des chars faisaient trembler le sol et je tremblais sur mon banc comme le vase de ma grand-mère sur l'appui de fenêtre quand passaient les véhicules de la caserne du génie, mais je ne voyais pas encore de chars, ni même de chevaux, seulement ce nuage de poussière, une poussière sale, mauvaise, qui s'accrochait aux choses et ne les lâchait pas avant de les avoir bien rongées, et de laquelle fusaient des éclairs, qui portaient la mort, on le savait sans le comprendre, et des miroitements dégueulasses qui foutaient la gerbe et renvoyaient au monde une image de merde universelle et vainement frémissante, une merde à l'assaut de laquelle s'élançaient à bride abattue les quatre gigantesques salopards sur leurs montures dont les pieds semblaient se confondre avec le nuage de poussière dont, à vrai dire, tout cela émergeait encore à peine et je ne discernais pas grand chose de clair, de tangible, mais à Hiroshima et à Nagasaki il n'y avait rien de tangible une demie seconde avant l'enfer, rien qu'un sifflement peut-être, mais les acouphènes qui me gâchent la vie encore plus que mes hémorroïdes s'étaient transformés en hurlements de fureur destructrice, et j'aurais préféré que ça siffle, crois-moi, petit con, et ça hurlait d'autant plus que le cortège se rapprochait et que je commençais à distinguer les meutes, les bandes, les hordes, les légions, et dans ce boucan de tous les diables j'entendais les tambours de guerre et les tocsins recouvrir les signaux d'alarmes et tous les tumultus gallicus de toutes les nations paniquées, et des démons aux pieds fourchus dansaient dans cette frénésie qui se rapprochait à une vitesse folle, me permettant à présent de distinguer des horreurs sans nom, des monstruosités indicibles, que mon cerveau n'a pas pu enregistrer telles qu'elles étaient mais telles qu'il devait les interpréter, ce qui donne des souvenirs de poulpes copulant par tous les trous avec des femelles sabbatiques que je ne veux croire humaines, des réminiscences de gorgones auvergnates et cacochymes foulant au pied la justice et la charité à la tête d'escadrons de gendarmerie, de théories de petits et gros actionnaires suant de l'or en fusion par tous les pores de leur peau et irradiant une lumière tiède et veule, de fanatiques de Gog et d'inconditionnels de Magog s'astiquant les ogives en chatouillant les failles sismiques, de colonnes d'enfants soldats défilant dans les chattes à leurs mères en chantant l'an prochain à Jérusalem sur des airs de chants polyphoniques corses, et d'autres visions de cauchemars qu'il serait finalement trop douloureux d'évoquer devant un petit con tel que toi, et c'est à ce moment là que j'ai compris qu'ils venaient vers nous, qu'ils n'allaient pas passer et s'étioler dans les nuages comme un mauvais rêve, et soudain ils arrivaient, ils étaient là, ils passaient, ils me frôlaient, et le souffle de la mort posait sur moi son haleine fétide, et j'aurais voulu être fou, et fou je devais être car j'ai vu ma grand-mère perchée sur le canon d'un char et qui gueulait des blasphèmes à tous les vents dans une langue dont chaque son s'enfonçait dans mon crâne comme une vrille et me dépossédait de ce qui m'était le plus cher, foi, charité, espérance, et quand il n'est resté plus rien en moi que la peur et le renoncement, alors, du cortège maudit, s'est détaché un expert comptable muni d'un bidon d'essence qui s'est enquis de mes prétentions salariales en me demandant de signer pour mille ans, à la grande fureur de Raoul, qui trépignait à l'autre extrémité du banc et s'exaspérait de ce tapage dominical qui troublait son putain de coucher de soleil, et j'ai compris que les choses allaient mal tourner à la façon dont Raoul a fait craquer ses phalanges en se relevant avant de se diriger vers mon tentateur, non sans une lente douceur grosse de potentielle longanimité face à tout ce qui se pratique sous le soleil mais empreinte cependant d'une conscience aiguë de l'inanité de toute négociation avec l'adversaire, et j'ai compté les abattis de l'expert comptable cependant que Raoul se saisissait du bidon et le lui déversait sur la gueule avant de sortir son briquet et de produire l'étincelle qui a embrasé l'ambassadeur du feu mauvais, et une brise rafraîchissante s'est levée qui attisait les flammes du feu salvateur et dissipait le nuage de poussière au fur et à mesure que le démon stupide se consumait comme il est dans sa nature déchue, et Raoul a grogné qu'il était temps de rentrer s'en jeter un si on voulait que la soirée ne soit pas complètement gâchée. Et puis c'est tout.