Inondation XX

Le 26/07/2010
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par Dourak Smerdiakov
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Thèmes / Divers / Poèmes de merde
Dourak s'était ouvert un de ces blogs à la con que personne ne lit, comme tant d'autres abrutis désoeuvrés. Le rétablissement du système de mini-articles lui offre l'opportunité de renouer avec la série des Inondations en venant nous déverser à la gueule ce mélange confus de ballades et de sonnets. Un blog de moins, un mini-article de plus : l'Histoire jugera.
Déversement d'un blog superfétatoire dans une poubelle idoine. Mais quelle mouche m'avait piqué ?
04 septembre 2007
Diogène, Lao Tseu, et moi

Je voudrais une vie de chien.
Ils s'enculent sans maquillage,
Les chiens. Ils crèvent sans verbiage.
Des trous noirs, ils ne savent rien.

Société, j'ai brisé mon lien.
J'ai renoncé à être sage.
J'aurai des puces. Et la rage.
Plus rien à foutre du maintien.

Le chien suit la voie sans vertu.
Il ne se sait individu.
Le chien n'aboie pas, il wou-weie.

Le chien se relèche au derrière
Sa vérité particulière.
Il ne doit pas gagner d'oseille.






07 février 2008
Ballade pour savoir si une femme sucera ou pas

Lorsque, bien pesamment fardée,
Tu traîneras tes yeux chassieux
Et tes varices camouflées
Sous des accoutrements spécieux,
Après des clients suspicieux
Qui négocieront la culbute
À des prix pas trop dispendieux,
Lors, voudras-tu me sucer, pute ?

Lorsque tes dents seront tombées
Sous les coups d'un sort facétieux,
Dans les ruelles dérobées
Où se règle du contentieux
Entre le maquereau trop vieux
Et la grosse qui le chahute
Pour un coin de trottoir pluvieux,
Lors, voudras-tu me sucer, pute ?

Lorsque ta gueule de droguée
Pissera du sang contagieux
Dans la rigole destinée
Depuis toujours à tes adieux,
Alors, dans ce soir pernicieux,
À cette dernière minute,
Abandonnant ton corps spongieux,
Lors, voudras-tu me sucer, pute ?

Chère, et si tout va pour le mieux,
Qu'au ciel un dieu nous transbahute,
Tout là-haut, dans nos corps glorieux,
Lors, voudras-tu me sucer, pute ?







25 mars 2008
Vidanges

Le boss voulait que je dirige
Mon service avec moins d'éclat.
Ce capitaliste ne pige
Que dalle à mes humains tracas.
Sur son bureau, j'ai fait caca ;
Lui, m'a viré comme une crotte.
Là, je cherche un job plus sympa.
Reviens, je boirai de la flotte.

Et chaque jour que dieu m'inflige,
On me demande si ça va.
Je réponds que c'est un prodige
Le micro-ond(e)s et les pizzas.
Mais je suis de plus en plus gras
De trop de bière et trop de potes.
Je vais devenir un gros tas.
Reviens, je boirai de la flotte.

Reviens, j'apprends, je me corrige :
Tout est possible. Tu verras.
De légumes, si tu l'exiges,
Notre frigo débordera.
Hier, j'ai vidé ma vodka
Dans l'évier (mon cerveau sifflote,
Depuis, mais cela passera).
Reviens, je boirai de la flotte.

ENVOI
(aux vidanges et aux rats)

Vous, vidanges, et vous, les rats,
Faites vite, et que cela trotte
Place libre en mon galetas.
Reviens, je boirai de la flotte.







01 mai 2008
Macumba

Dans les chiottes du Macumba,
Tu rafistolais ta toilette
Dans une glace pas très nette,
Toi-même un peu partie déjà.

Au bar, je buvais ma vodka
En interrogeant l'étiquette
D'une bouteille pas muette.
Mes souvenirs s'arrêtent là.

Quelques réminiscences louches :
Autour de toi volent des mouches,
Ton corps pue, j'ai du sang sur moi.

Les flics ont embelli l'histoire.
J'en ai pris pour vingt années. Voire :
Je suis poli, je me tiens coi.










26 juillet 2008
Pandy pendard

Au Pasteur Pandy.

De l'acide dans la baignoire,
Ça dissout ta soeur et ta mère,
Et toutes choses éphémères
Comme les putes et la gloire.

Bétonnée dans le sol, ou, voire,
Plafonnée dans un mur austère,
La vérité tôt s'exaspère,
Et voilà l'interrogatoire.

Les déchets c'est tout un problème
De civilisation, un thème
De recherches parfois fendard.

J'avoue ma sympathie vulgaire
Pour ce savant patibulaire
Le révérend Pandy, pendard.






01 février 2009
Radiateur

La pluie aura lavé le sang sur ton visage.
Je n'ai pas contrôlé ma force, cette fois.
Le vent aura soufflé toute la nuit, le froid
Aura passé ton corps à son noble cirage.

J'ai tant aimé le son qu'a fait le cartilage
Du nez mal caressé, j'ai tant aimé l'effroi
Dans ton regard vitreux, les cris de désarroi
Qui venaient rebondir sur le triple vitrage.

La thermodynamique a des lois de malheur,
Ta peau blanche a rougi sur le radiateur.
Tu aimais les récits d'amour vache - au cinoche.

Tu m'as fait paniqué, c'est ta faute, après tout,
J'avais toujours été gentil garçon, très doux,
Plus ou moins romantique. Tout ça, c'est bien moche.










01 mars 2009
Fantômes

À Mike Brant. À Gérard de Nerval.

Dans la foule des navetteurs
Elle allait, revenait le soir,
Puis buvait son téléviseur
Très tard, dans son lit, sans espoir.
Elle a sauté du quai. Trou noir.
Suicide évident, vingt témoins.
Retards dans les trains. Gros foutoir.
Un fantôme de plus, de moins...

Comme les pauvres braguetteurs,
Il baisait la boue des trottoirs,
Refilant à ses âmes soeurs
Le virus. Et fin de l'histoire.
Autours du cercueil : deux, trois poires
Levées tôt. Le soleil qui point
N'en fait pas trop. Il va pleuvoir.
Un fantôme de plus, de moins...

Un dernier pour la route : à l'heure
De sauter du toit du mouroir,
Il a chanté fort du Mahler.
Le "chant de la terre"... Hop ! trottoir..
L'hôpital est un haut perchoir :
A cent à l'heure, et les pieds joints,
Il s'est répandu, 'fallait voir...
Un fantôme de plus, de moins...

ENVOI
(à quelque poufiasse en allée)

Et toi, sourire et désespoir
Sur la photo, regard en coin
Qui me manque ou pas - va savoir,
Un fantôme de plus, de moins...













11 mars 2009
Chieuse, chiards, chierie

Ta mère déchirée
Gueulait sur le plancher
Sa haine ruminée
Du bonheur ménager.
Je n'aime pas cogner ;
La radasse enivrée
N'aurait pas dû grogner.
- Ah ! mon âme est damnée !

Ta grande soeur, coincée,
N'a pas voulu sucer
La chose ranimée ;
Il a fallu ruser.
Je n'ai eu qu'à serrer
Son cou. La mijaurée
N'aurait pas dû tousser.
- Ah ! mon âme est damnée !

Viens chercher ta poupée
On va bien s'amuser ;
Viens, Ô ma préférée,
Je pourrais me fâcher...
Viens, je vais te conter
Une histoire de fée
(Puis je fais tout brûler).
- Ah ! mon âme est damnée !

ENVOI
(au témoin de la scène)

Ne reste à liquider
Qu'en toi, flasque choyée,
Un fond de Courvoisier.
- Ah ! mon âme est damnée !











10 juillet 2009
Nevers

Il y a comme une fêlure,
Sur la porcelaine de Sèvres
De ta face que transfigure
La maquilleuse, pas orfèvre.
Il y a comme un bec de lièvre
Sur le visage d'Andromaque,
Dans ce théâtre, dans la Nièvre,
Il y a la mort qui nous traque.

Il y a comme des ratures,
De grosses taches de genièvre,
Sur toute la littérature,
Dans ma mémoire qui s'enfièvre.
Il y a Juliette et Guenièvre
Qui se refilent des morbaques
Et Bérénice, bien trop mièvre,
Il y a la mort qui nous traque.

Et moi qui ris comme une ordure
Jusqu'à m'en décoller la plèvre,
Puis un silence qui perdure
Dans ce théâtre, dans la Nièvre.
Mais le public plus chou que chèvre
Nous encourage de sa claque
Dans ce théâtre, dans la Nièvre,
Il y a la mort qui nous traque

Ô Phèdre, il y a , sur tes lèvres,
Comme un goût de vielle barbaque
Mêlée de fromage de chèvre.
Il y a la mort qui nous traque.