J'en salive...

Le 08/08/2010
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par Clacker
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Thèmes / Obscur / Introspection
Voici les pensées intimes d'un des chiens de Pavlov. Non. Voici les considérations métaphysique d'un crétin baveux enchaînés au fond d'un asile pour y subir de mystérieuses expériences. Non. Voici une peinture métaphorique de l'assuétude à la zone. Non. Voici la lourde bave et l'océan des glaires. Non. Voici un texte aux obscures clartés miroitantes dans les flaques de salive. Pourquoi pas.
Vous allez découvrir ici un amateur qui essaie lamentablement de faire digérer ses textes inutiles et (en plus de ça) ennuyeux.
Bonne lecture...
De longs fils qui pendent jusqu'à entrer en contact avec le plancher, s'applatirent en une flaque bulleuse et montrer un relief légèrement brillant.
Rapidement, mes lèvres sèchent; sont humides seulement les coins où la salive glisse puis s'étire dans le vide.
On pourrait croire qu'il s'agit de pilliers, de fins pilliers de verre qui soutiendraient mon visage entier.
Autours de moi, le silence est tel que j'entends presque le liquide se déformer, crépiter, couler; vient alors le son sourd du contact avec les planches grises.
Très doucement, j'étire les filamments en déplacement légèrement mon visage, de haut en bas.
Un fil cède.
Je ne laisse pas le temps à la déception de s'installer, les glandes salivaires se remettent aussitôt en fonction.
En attendant la nouvelle conception, j'observe le premier pillier, le pillier restant.
Il semble refleter, à la manière d'un prisme, la lumière dans tous les sens, je distingue presque d'autres couleurs.
Voilà, le liquide nouveau-né glisse jusqu'aux dents, fait une halte à la bordure du vide.
La première flaque s'étend en continu. Un lac se forme, ses vagues semblent figées, trop épaisses pour pouvoir glisser à la surface.
On distinguerait presque des silouhettes à l'intérieur. Elles sont fines, félines, féminines. Elles chuchottent quelque chose, ensembles.
Le nouveau-né se décide alors à faire le grand saut, sa masse surplombe le rempart d'ivoire. Encore une rapide hésitation et le voilà les deux pieds dans le vide.
Il lui faut contrôler sa chûte, sinon aucun pillier ne se fera, et le pauvre bougre ne pourra plus remonter.
Malheureusement, le chant des sirènes est trop séduisant, le nouveau-né presse la chûte et le pillier se brise une nouvelle fois alors que le contact n'était pas établi.

Agenouillé, les tendons sectionnés, dans l'attente de l'ordre qu'un maître humain immortel me donnera
de manière détachée et involontaire. Un masochisme incurable s'est emparé de moi et je ne l'ai pas choisi. On m'a
comdamné à subir la liberté des autres en plus de la mienne. J'ai perdu l'essence complète de ma personne, elle s'
est embrasée et a recouvert le monde entier, comme on déverse du napalm, seulement le temps d'un battement de cil.
On m'a, à la place, comblé de cables et de cuivre et me voilà parcouru en permanence de courants éclectiques qui
me font vibrer différement à chaque prétendue seconde qui passe. Je ne suis pas destiné à recevoir une élévation,
que ce soit d'amour, d'intellect, de force brut et mentale ou d'une indifférence qui m'aiderait à subir l'
éternité discontinue qui m'a été donnée sans par ailleurs me consulter. J'ai fait semblant, en ce qui concerne l'
amour, d'atteindre un étage supérieur, mais lorsqu'un pantin essaie de jouer un rôle précis, la caricature saute
à la gorge. On use mes coutures, on teste ma réactivité, on m'enfle de tout ce qui est digérable et pour le moment
le tout reste plus ou moins raide, mais mon imperméabilité finira par céder sous le coup des hallebardes du temps
qui passe. Désormais je me laisse dériver tel la carcasse d'un animal voguant sur le fleuve d'un continent qui ne
l'a jamais porté.