Comment je suis devenue chauve à seize ans.

Le 04/09/2010
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par La particule
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Dans ce texte, la narratrice, une espèce d'hybride dépressivo-SM, se charcute les miches et envoie sa viande par la poste, ce qui pourrait d'abord passer pour une bonne idée, mais qui se noie dans un tout plutôt banal, qui pèche par sa mise en forme et ce malgré la fin, qui elle, est quasi Saint connesque.
Je me dessape tous les soirs avec le même dégoût. C'est une forme de rejet de mon corps, va savoir, un peu d'autophobie, un truc bizarre qui se passe à l'intérieur quand je dégrafe le soutien-gorge qui toute la journée emprisonne mes deux mamelles pendantes.
La vérité saute aux yeux alors, je n'ai même pas dix-huit ans et voilà mes seins qui pendent déjà, de la cellulite sur les fesses, un ventre flasque, des sourcils épais, un nez large qui prend la moitié de ma tronche. Sur le coin supérieur de ma joue droite, un grain de beauté a élu domicile, puis, sur le grain de beauté, deux longs poils noirs qui évoluent depuis déjà un bout de temps. Je suis grosse, laide, putride. Vieille avant l'heure. Ma chatte pend, même les poils noirs si drus qu'on dirait de la barbe ne peuvent plus cacher cette évidence, des bouts de chair irrités et visqueux dépassent de mon entre-jambe. La lame du couteau suisse n'est plus assez aiguisée, je le possède depuis mes dix ans. Ce soir c'est donc à la mini-scie que j'entreprends de retracer avec puissance cinq traits sanglants sur la graisse qui enveloppe ma hanche gauche. Sur l'os, c'est là où c'est le plus douloureux. Je sens quelque chose qui monte en moi, c'est chaud, gluant, ça emplit toute ma risible personne. Je vomis dans l'armoire. "Ce soir c'est le grand soir", voilà quinze jours qu'à chaque fois que la nuit tombe, je m'applique à repasser sur les cinq rayures que j'ai décidé de m'infliger jusqu'à ce que je trouve assez de courage pour enfin accomplir l'acte suprême.
Cinq traits. Un pour chacun d'entre eux. Un pour chaque puceau qui a daigné m'empaler dans toute ma laideur sur le manche de frein à main qui lui sert de bite un soir ou j'étais trop torchée pour penser à mes complexes. Sur un canapé en cuir avec une pétasse bourgeoise qui commatait par terre dans la même pièce, en faisant semblant de dormir dans sa gerbe, alors qu'elle était impuissante et totalement écoeurée par mes jouissements simulés. Dans des lits de gamines de douze ans, prise au piège dans la chambre du deuxième. Dans la forêt, une fois. L'enculé m'a tellement bourrée en remuant sa petite queue répugnante qu'une feuille morte est venue se coincer dans ma chatte putride. Je pouvais plus pisser sans me bouffer les joues pendant deux semaines. tout ça, ça n'était que du sexe pur, de la violence, du défonçage de trou noir. Je simule je simule et j'avale.
Ce soir devant mon miroir le rire diabolique sort d'un coup, des lames dans mes yeux j'entaille ma hanche.
Ce soir c'est le putain de grand soir, ce soir mon corps va payer pour toutes ces insultes qu'il a fait à mon esprit simplet enfermé dans sa cage de graisse et de foutre.
Ce soir c'est le grand soir les amis c'est parti, une épingle à nourrice. Je perce mon téton gauche, du sang gicle. Je ris et des larmes de fureur dans les yeux, je saisis le coupe-ongle. Je sectionne le bout du mamelon droit, le glisse dans une enveloppe déjà affranchie, quinze jours que je me dis: "t'auras pas les couilles". J'entreprend maintenant d'épiler soigneusement mes sourcils, en entier, et mes cils, un par un. Eux aussi filent dans une enveloppe timbrée. Je cautérise le mamelon gauche qui en finit pas de pisser le sang avec le bout de ma cigarette.
Vient une phase à présent plus délicate; les ongles des pieds. Je sais auquel je réserve cette enveloppe. C'est cet espèce de fils de pute qui me griffait la paroi vaginale avec ses doigts osseux et ses ongles sales, il me démontait la tuyauterie devant, derrière, dans la bouche, j'avais des griffures de merde partout, c'était dur à cacher à maman. J'ai décidé d'opérer à la pince à grillades. Doucement, je saisis le bout de l'ongle et puis je tire d'un coup sec vers l'arrière, cet étron veut pas se détacher, je tourne un demi-tour, puis un tour complet, à la verticale. On voit la chair en dessous, c'est jouissif. Un léger craquement, j'épingle l'ongle sur une feuille morte et le glisse dans la troisième enveloppe. Je m'attaque maintenant à la partie la plus importante: mon sexe. Le temple de tous mes péchés. Avec la scie du couteau suisse, je découpe un rectangle de peau et de poils, j'agrippe la touffe et je tire. Enveloppe numéro quatre.
Le plus gros du travail est fait. Je me regarde dans le miroir. Ou plutôt je regarde ce qu'il reste de mon corps. C'est pas beau à voir, une espèce de charpie, je suis pas mécontente.
Il me reste l'étape ultime, numéro cinq, je sors nue dans la rue, nue et sans cils, nue et sans sexe. Je suinte de partout, c'est fantastique. En chemin je poste mes enveloppes, demain elles arriveront. Numéro cinq, traitement de faveur. Il fait nuit, je m'immisce tranquillement dans son appartement, dans sa chambre, il dort. Je me glisse sous les draps et commence à le pomper langoureusement, sa queue en bouche, j'avais oublié. Ses poils sentent la pisse et la chatte, il y en a eu plusieurs autres avant moi.
Quand il se réveille, instinct animal, il agrippe mes cheveux pour avoir une meilleure emprise sur moi, il rythme la cadence, une-deux, une-deux, suce moussaillon. Quand je sens qu'il arrive à l'orgasme, c'est fini. Fini pour lui, pour moi.
Je mords dans sa queue, je mords avec toute la force qu'il me reste, tout ce que j'ai retenu quand ils étaient sur moi, à m'emprisonner. Tout ce que j'ai fait sans le vouloir. C'est fini, fini pour moi, fini pour lui.
J'ai le bout de sa queue en bouche, séparé du reste. Ça a le gout du sang, de la victoire. Il hurle comme un goret, pour le faire taire j'enfonce son gland, désormais indépendant, au fond de sa gorge.
J'atteints l'ataraxie.
Ultime étape, je sors mon briquet et enflamme ma chevelure. Écrasé sous ma tonne, je ne sais si il mourra d'étouffement ou de brûlures, je me laisse aller, je jouis.
Je fond dans la chaleur, je ne suis plus qu'une flaque. Mes particules se dispersent.