Zone de combat

Le 21/09/2010
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par Kolokoltchiki
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Thèmes / Communauté / Le microcosme
Kolokoltchiki livre ici sa vision fantasmée de la Zone (et avoue implicitement par la même son attirance saixuelle pour Glaüx), ce qui donne un texte plutôt réjouissant et disjoncté, que l'on pourrait renommer "Dans la peau de Glaüx-le-chouette", sans John Malkovitch, mais avec d'autres guest-star bien connues de notre glorieux site en carton.
En me réveillant, ce matin, j’ai eu une drôle d’impression. Vous savez, un peu comme si quelqu’un vous avait emprunté votre corps pendant votre sommeil et en aurait profité pour faire des partouzes africaines toute la nuit. Mais en plus de ça, cette fois ci, j’avais le sentiment d’être quelqu’un d’autre de totalement différent. En portant mes mains à mon visage, j’ai commencé à avoir réellement peur : je ne reconnaissais pas mon nez, ni mes sourcils, ni même la forme de ma tête. Ni mon crâne. Anormalement glabre. Chauve.
A ce stade du récit, je dois vous informer que je suis âgé de 31 ans, je regarde le catch à la télé, je me masturbe sur Chatroulette et je porte habituellement des cheveux. D’où mon inquiétude. Je me suis alors rendu tant bien que mal à la salle d’eau, dans cet état de demi-sommeil matinal bien connu des alcooliques chroniques. D’un geste maladroit, j’ai allumé la lumière. Flash. Rétraction des pupilles. Miroir. Horreur.

Glaüx. Glö, Jean Delesquif, Surlitteratus que se la petum, le Grand Maître des Joutes Verbales, Celui-que-l’on-suce-et-avale, motherfucking Glaüx-le-chouette qui me fixe dans le miroir. Voilà ce qu’a perçu mon esprit perdu dans la brume. Flottement. J’ai à nouveau touché mon visage. Glaüx m’a imité. Une seule conclusion était possible : je suis devenu Glaüx en l’espace d’une nuit. Pourquoi pas. Après avoir écarté toutes les interrogations stupides qui nous viennent dans ce genre de situation - « Pourquoi moi ? Comment est-ce scientifiquement possible ? Qu’est devenu le vrai Glaüx ? Sa copine ferait-elle la différence ? » - je me suis rendu à l’évidence : c’est du bizutage le plus primaire. « Hey les copines, y a un nouveau sur la Zone qui vient nous parasiter avec ses textes de ragondin trisomique ! Transformons-le en Glaüx pour voir sa réaction ! ». Quelle bande de rigolos.

Dans ce genre de situation, faut pas chercher midi par quatre chemins. Je vais me rendre en personne à la Zone pour exiger réparation. Et autant vous dire, ça va kicker sévère.

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Avant de partir, il me reste juste deux petites choses à régler. Je prends une boîte qui traîne dans le placard et en sort un Colt .45, souvenir de jeunesse, que je mets dans une poche de mon blouson. Puis, je me lève, défait ma ceinture, baisse légèrement mon pantalon et soulève mon slip. Rire nerveux. Flottement.

La découverte de la petite dick de mon hôte - où devrais-je dire de mon parasite - m’a rendu un peu anxieux quant à la position actuelle de mon ancien corps, qui lui est fort bien membré. Mais étant donné que plus on réfléchit moins on agit, je mets de côté mes inquiétudes pour me concentrer sur l’objectif actuel et j’appelle un taxi. Ça ne va pas être chose aisée de passer outre le régiment de psychopathes zélés qui constituent la faune zonarde. Cette engeance est plus aliénée que la Famille de Manson et les jeunesses hitlériennes réunies. Certaines personnes ne vivent que par et pour cette communauté. Ils ont arrêté de travailler et ont abandonné leurs familles, puis ils se sont marginalisés totalement en prêtant allégeance à la Zone. Ils ont juré de la servir jusqu’à la mort, vivant des expédients qui leurs sont imposés : enlèvements de bisounours, séquestrations et demandes de rançon, terrorisme, vente massive de drogues et d’armes, trafics d’organes, réseaux de prostitution, élevage illégal de loutres et autres productions de pornographie pédophile …

Le taxi me dépose à quelques pas du lieu. Une rue banale, grise et sale, comme il y en a des centaines dans chaque ville. Une porte banale, en vieux chêne abîmé, avec des graffitis près du heurtoir, et une seule petite plaque où il est inscrit « Zone », et en dessous, en plus petits caractères, « putes interdites ». N’étant pas à fortiori une femme de joie, je pousse la grosse porte et pénètre enfin la Zone.

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Le hall d’entrée ressemble à une salle d’attente de chez le dentiste, à la différence qu’il n’y a pas le dernier Marie-Claire à lire pour patienter, mais plutôt les dernières bouses d’un des innombrables déchets que compte la Zone. J’aperçois une nouvelle de Lembaumeur, ce qui me fait sourire, puis ricaner, et enfin éclater de rire. Calmé, mais encore euphorique, je remarque alors la secrétaire qui me fixe comme si j’étais bon à enfermer, assise derrière son bureau. Elle est jeune, plutôt bien roulée, et porte une petite robe sombre sexy. Il me semble l’avoir déjà croisé, probablement dans un club échangiste sadomasochiste, et alors que je la fixe depuis dix bonnes secondes, toujours souriant, son nom me revient en tête.

- Salut … Strange, c’est ça ?
- Ben oui. A quoi tu joues ?

Putain, elle me prend pour Glaüx cette conne. Bon, profitons-en.

- Hé hé, désolé, je suis un peu sur les nerfs aujourd’hui. Euh … J’aimerais parler au … responsable ?
- Hein ?
- Je veux dire, je peux voir … nihil ?
- nihil est en réunion en salle 654, me répond sèchement la jeune sylphide.
- Bien. La salle 654, d’accord.

Strange me regarde toujours bizarrement tandis que j’observe les trois portes alentours. Je me sens subitement très mal à l’aise, ignorant totalement où se situe cette foutue sale 654. Je perçois son regard suspicieux dans mon dos alors que je fais mine de m’approcher des portes. Que dois-je faire ? Non, la véritable question c’est, que ferait le vrai Glaüx ? Probablement des tas de choses morbides et perverses, mais je n’ai pas le temps pour ces enfantillages. Je l’entends se lever et décrocher le téléphone. Vite, vite, trouver quelque chose … La main sur la poignée d’une porte choisie aléatoirement, je me retourne, l’air distrait :

- Au fait, ce soir j’organise une petite sauterie, avec barbelés, acide et pince coupante, ça te dit ? Parce que j’ai entendu parler de ton goût prononcé pour la sodomie non consentie avec violence, et étant donné que je partage le même passe-temps, je pense qu’il serai commode qu’on apprenne à se connaître un peu plus en profondeur.

Elle sourit, repose le combiné, puis se remet à ses papiers. Bien. Il semblerai qu’être Glaüx ne soit pas si difficile que ça. J’aurai quand même dû réviser mon latin, ça risque de servir.

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Je passe de la joyeuse salle d’attente à un couloir sans fin. Je compte une vingtaine de portes sans aucun signe particulier. J’imagine que la Zone doit être encore plus labyrinthique que la centrale CAF, et ici, aucun quidam pour m’indiquer le chemin à prendre. Pris d’une soudaine audace, je me lance et passe une porte encore une fois choisie au hasard. La pièce dans laquelle je pénètre est grande comme une cellule de prison et propre comme la maison d’un lépreux. Pour unique mobilier, il y a un matelas, posé à même le sol, sur lequel un sale type entre deux âges, suant à grosses gouttes dans une chemise hawaïenne bon marché est en train de se faire une injection intraveineuse. J’ai toujours eu de la sympathie pour ce crackoïnomane de Mill. C’est vrai, aider des adolescents à mourir décemment pour leur éviter de devenir les mêmes parasites sociaux que lui, c’est une belle cause. Il lève les yeux vers moi et sourit d’un air béat.

- Bonjour connard. Qu’est ce qui t’emmène ?
- Eh bien, je cherche la salle 654, dis-je, profitant de l’état de mon interlocuteur pour lui soutirer des informations.

Et là, ce putain de junkie de merde se met à rire sans aucune raison apparente. Agacé, je sors mon engin et lui enfonce violemment dans la bouche, arrachant les quelques dents noires qui lui restent au passage.

- Parle, enfoiré, ou je te fais sauter ce qu’il reste de ta cervelle.

J’ignore si c’est la drogue ou ma réplique, toujours est-il qu’il continue à rire, avec le canon de mon arme au fond de la gorge. Ce qui m’énerve d’autant plus. Je me dis TUE LE PUTAIN §§ Le coup part et le mur se colore d’un joli rouge sombre. Je pense à ses élèves, des ratés comme lui, et je me surprends à espérer que l’école privé pour losers fils-à-papa où ce foutu espagouin travaillait trouve un remplaçant rapidement. Le temps de retrouver mon calme, je m’éponge le visage avec mes manches, puis, je ressors dans le couloir et prend la porte la plus proche. Je sens que cette histoire va me filer une violente migraine.

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Il semblerai donc que toute la Zone ne soit pas au courant de ma transformation. Trouver nihil devient donc une priorité. Lui saura. Il sait tout, et plus encore. Je dois trouver la salle 654, c’est capital, je dois la trouver, la SALLE 654 ? REDEVENIR NORMAL. Je cogne un peu mon crâne chauve contre le mur du couloir, histoire de faire taire les voix dans ma tête et choisis une nouvelle salle. Il se trouve qu’elle n’est guère plus grande que la précédente. Elle est totalement vide, à l’exception d’une pancarte fixée au mur où il est inscrit « Bienvenue dans l’Antichambre de la Connerie ». Je remarque aussi une porte en chêne massif, orné de motif gothique en acier, face à celle que je viens de franchir. Je m’approche et sans réfléchir pénètre dans la salle suivante. Le Funérarium.

Me voilà dans une putain de crypte dont je ne distingue ni le fond, ni le plafond. Seules quelques torches placées ici et là permettent de voir autre chose que l’obscurité, qui semble aspirer la lumière. Des centaines d’étagères antiques sont alignées, et sur chacune d’elles sont disposées un nombre incalculable d’urnes funéraires. C’est ici qu’ils les conservent. Les milliers de victimes du plus grand génocide jamais perpétré. La Saint Con. Journée nationale de l’exécution, du meurtre de masse, du viol collectif, de la calcination de cons, instituée par la Zone. Sous chaque urne, un petit écriteau nous indique l’identité du TAS DE CENDRES contenu. Je m’amuse un instant à chercher des martyrs célèbres. Après le classique « Nicolas Sarkozy », le nécessaire « Eric Zemmour » et le bienvenu « Geneviève de Fontenay », j’arrête mon jeu pour me concentrer sur le mausolée situé centre présumé de la pièce. Quatre torches l’illuminent, et une statue représentant un minuscule cerveau en flamme surplombe le petit monument. Je discerne une plaque au pied de la statue. Il est inscrit : « Ci-gît Jean-Baptyste Conharrd, dit Saint Con, mort en s’incinérant par le feu le 10 avril de l’an 654, de sa propre volonté. Sacrifié stupidement pour une cause inconnue de tous, il repose ici dans le but de nous rappeler l’imbécilité de la quasi totalité de l’humanité et de nous engager à poursuivre la lutte. »

Flottement.

EST6CE LE MOMENT DE FAIRE DU TOURISME ? A priori non. Etant donné que je n’ai rien à battre de cette statue et de tous ces cendriers à zonards, et que l’ambiance morbide du lieu commence sérieusement à me foutre les jetons, j’accélère la cadence et trace à travers la pièce, et évacue très vite ma vilaine tête de chouette grecque de ce mausolée. Me revoilà dans un couloir à portes multiples. Je continue à suivre mon instinct et choisi une pièce au pif. Rendez vous au numéro 18. C’est quoi ça ? La salle en question est un dojo, très éclairé, avec les tatamis odorants au sol, et les punching ball pendus au plafond. Sauf que les sacs de frappe en question sont HUMAINS. Je reconnais certaines têtes à claques : tiens salut Clémentine, tiens salut willy, tiens salut wold, tiens salut petite pute gothique, tiens salut … « Ah ah gros connard de blaireau ! Tu me fais trop rire ! Tu crois que c’est en me foutant dans ton texte que je vais la fermer ? Mais t’es pitoyable, comme tous les rebelles de ce FORUM DE MER… »

*CRAK* « TA GUEULE PUTE, TA GUEULE PUTE, TAGUEULEPUTETAGUEULEPUTE *CRAK* *CRAAAK* *CRAAAAAAAAK*

Ce petit rat de vince l’ouvre toujours trop, peut être que s’il s’était fait violer l’anus à 13 piges comme sa petite copine, il serait devenu autre chose qu’un moulin à paroles en l’air. UN TUNNEL. Ouais. Bon maintenant qu’il na plus de mandibule, le problème est résolu. Je m’apprête à sortir du gymnase lorsque quelqu’un entre dans la pièce. Une barbe de quatre jours et demi, un peignoir défraîchi et salement élimé et l’air complètement à l’ouest, le Duc s’avance vers moi d’un pas traînant.

- Whooo salut mec, ça va comme tu veu ?
- Ca peut aller, je fais en massant mon poing encore un peu endolori, et en me demandant si je vais très prochainement pas lui CASSER LA BOUCHE à lui aussi.

Il jette un coup d’œil derrière moi et aperçoit vince étonnamment silencieux, à l’instar de sa mâchoire inférieur qui gigote sur le tatami.

- Héé s’est pas cool c’que tu vien de faire, mec, j’était à sa place y a meme pas un moi quoi !

Il ne va pas me les briser longtemps ce zonard de merde.

- Ouais ben dis moi plutôt quel porte je dois emprunter pour me rendre en salle 654, fissa, sinon FACIAM UT MEI MEMINERIS TËTE DE CHIBRE §§§

Oh putain, le latin là, c’est sorti tout seul. Il parasite vraiment mon cerveau l’enculé. Y A DES BON COT2S QUAND MËME. Le Duc se chie dessus et bredouille mm-pasbesoindesenerver-mm-toujoursmoiquiprendici-mmm dans sa barbe insalubre et traîne sa vieille carcasse vers le couloir par lequel je suis arrivé ici. Fier de ma capacité d’intimidation naturelle, je lui emboîte le pas.

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- La sale conbien t’a dis déja ?

- 654, je dois parler à nihil, sujet prioritaire, top secret, je dis l’air distrait, encore préoccupé par ma main que je me suis vraiment niqué contre ce petit pédé. Je me demande par qui ils vont le remplacer, c’est pas les têtes à claques qui manquent dans leur labyrinthe de merde.

Je le suis le long d’un énième couloir, en admirant bêtement la moquette verte et les tableaux morbides accrochés aux murs.

- Je commence vraiment à en avoir par-dessus le cul de la Zone, je dis.

Le Duc se retourne et me regarde d’un air inquiet.

- Oula, qu’est ce que t’a fait du vrai glo ?

J’aimerai savoir connard.

- Alors primo, tu évites de me nommer sans majuscule, et secundo, mêle-toi de tes affaires personnelles DTCS et j’en ferai autant en ne te questionnant pas sur cet énorme gode rose qui dépasse de ta poche.

Il sourit en me faisant sa plus belle tête de vainqueur et m’indique une porte.

- Par la, puis la porte du fon, dan le couloir la troisieme a gauche et après l’escalié … euh … ben la tu trouvera suremen quelqu'un d’autre qui t’indiquera un peu mieu que moi, j’suis un peu stone la tu vois mec.

Je lui montre mon flingue et lui fait ainsi comprendre qu’il vient avec moi. J’entre dans la nouvelle pièce, qui se trouve être la réplique d’un salon de vieux dans une maison de retraite. L’horreur m’envahit lorsque je reconnais les personnes présentes. Mon instinct meurtrier reprend le dessus pour un petit check-in du matériel disponible.

- 1 …

- Salu lé ami.

- … 2 … 3 …

- 你好, réponds cette gouinasse de hackeuse chinetoque de Yog, ce qui doit vouloir dire un truc comme « salut » dans son langage de pute attardée. C’est à cause de gens comme ça que monsieur le colonel Karsher est mort, SA RACE MAUDITE.

- … 4 …

- Salut, réponds sans un regard Konsstrukt, cette méchante bête, complètement absorbé par l’écriture de l’épisode numéro 53 de la nuit noire ou je ne sais quelle autre nouvelle masturbatoire.

- … 5 …

Cuddle, cette vieille grand-mère psychotique ne daigne même pas répondre. Elle gémit toute seule, complètement bourrée, en torturant un chat cloué à même la table, au milieu des lettres du scrabble et des dominos.

- … 6 balles, ça va être un peu short pour la suite des évènements. Alors, s’il vous plaît, mettez vous en file indienne, avec un peu de chance, j’arriverai à …

LE CHAT.

Une, deux, trois balles éclatent le cerveau de Cuddle qui tombe à la renverse, de l’autre côté de la table. Réflexe félin intéressant, mais qui m’a couté la moitié de mes précieuses munitions, ainsi que le papier peint de très mauvais goût. Je réalise alors que le Duc tremble comme une feuille morte et me fixe comme si j’étais l’incarnation du mal. Konsstrukt, lui, n’a pas bronché, et Yog continue de jouer avec ses nems. Je m’avance vers la porte du fond, et mon acolyte m’emboite le pas, soumis.

- 母狗.

- Ta gueule.

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Bien sûr, c’est plus long que prévu. Le Duc n’est pas connu pour son sens de l’orientation, ni pour rien d’autre s’ailleurs, si ce n’est son extraordinaire capacité à vous taper sur le système.

Et il pleure.

- Cuddle, comment t’as pu lui faire ça … Espèce de monstre ! Goujat ! Tueur de vieilles dames !

Et il parle correctement. Il m’attrape le bras et le sert tellement fort que même mes poignets de cycliste dopé à la THG cèdent et je lâche mon précieux revolver. Il se met alors à miauler très fort, TR7S FORT DANS MA TËTE. N’ayant pas pris d’acide aujourd’hui, mon esprit affûté se rabat automatiquement sur l’hypothèse restante la plus plausible : un disfonctionnement dans le continuum espace-temps. C’est rare, mais pas impossible. Les murs du couloir ont disparu et nous flottons à présent au dessus d’un vide sans fond. Le Duc fait trois fois ma taille, et un petit robot est apparu à ses côtés.

- bonsoir, dit le robot.

- Je sais pas. C’est déjà le soir ? Je ne crois pas, quoique vu qu’il y a plus de temporalité, tout ça … Oh regardez ! Un vol de raie mantas !

Mon cerveau aussi semble avoir subit un disfonctionnement. Je parle à un robot.

- mmm oui, je vois ce sont les effets secondaires de la fracture spatio-temporelle sur le cortex et le gyrus spinal. C’est ces enfoirés de lapin.org qui nous ont encore envoyé des photos de Pamela à poil plein de virus. L’email, pas les poils de Pamela.

- Ouvrir un fichier « Pamela Anderson Naked Big Boobs Fistfucking.avi » de ta boîte mail, c’est pas très malin tout de même, Dourak, fait le Duc qui revêt à présent l’apparence de ce cher Bernard Werber. Des animatroniques luminescents lévitent au-dessus de lui.

- je t’emmerde duc.

JE VOIS DES CHATS. Des centaines de milliers de chats qui volent dans un ciel de marshmallow. Leurs petits coussinets, leurs oreilles pointues, leurs yeux mystérieux. Je suis à leur côté, sur un Tarmac SL3 super light™, et des couleurs dansent dans ma tête.

- Bien petit robot, remet tout ça en place et tant qu’on y est conduit moi … Enfin reconstitue la réalité en faisant en sorte que je me retrouve salle 654. Mais laisse les chats venir avec moi.

- négatif, tu dois d’abord te rendre en salle de culture, Aka t’attends pour un check-in, je viens de recevoir son appel mental.

Dourak se met alors à clignoter violemment, le Duc redevient le Duc, je ramasse mon arme sur le sol qui se reconstitue à nouveau. Des murs différents réapparaissent, un peu à la STARFIGHTER 3 GENRE LE NIVEAU DE FIN AVEC LES ZORGS, et au bout il y a comme un sas de laboratoire spatial. Elle s’ouvre automatiquement à notre approche. Ce que je vois me fait un peu penser à Alien et un peu aux reportages sur les bébés-éprouvettes. Il s’agit de cultures hydroponiques. Un hangar assez grand pour abriter une armée de spartiates obèses. Et des centaines, peut être des milliers de bouseux qui poussent en culture hydroponique. DES CULTURES DE LECTEURS. Les légendes urbaines disaient donc vrai, la Zone, en plus de submerger le monde sous une vague d’excréments littéraires, créé et élève sa propre armée de Dumbledore. Des lecteurs prêt à tout, même à lire des textes de Krome et d’Anthrax, et même qu’il y en a qui aurait lu le texte dont je suis le héros en entier en une seule fois et l’intégrale de nihil.

- Glaüx ? Glaüx ? T’es en veille ou bien ?

Je remarque alors Aka, Reine des Enfers et Contrées Avoisinantes, plus pulpeuse qu’un succube, dans une somptueuse robe noire à faire pâlir un peu plus Vampirella. Comment ces bots russes zonards arrivent à rallier des créatures pareilles ?

- Oui, non, je n’ai pas le temps. Où est la salle 654 ?

- Plus tard, tu dois m’aider à faire les vérifications d’usages. Les cultures 7, 8, et 9 vont bientôt arriver à maturité et …

- Non, non, je ne veux rien avoir à faire avec ces légumes humains. J’ai à faire.

Le Duc et Dourak s’amuse avec un lecteur mature, qui doit être, à vue d’œil, au stade de l’apprentissage de l’hargöpute. Je remarque que Dourak le robot est équipé d’une petite scie circulaire diablement efficace.

- C’est la quinzième fois que tu esquives la corvée de jardinage ! dit-elle. Elle se tourne vers les deux enfants. Hé vous les mongoliens, arrêtez de jouer avec la nourriture ! C’est grâce à eux que vous vivez putain ! Alors c’est quoi ton excuse aujourd’hui ?

- J’ai piscine en capsule, pute.

Je fais volte face, bien décidé à laisser cette pouffe gothique opportuniste à son sale boulot et C4EST ALORS QUE SURVIENT QUELQUE CHOSE DE PLUTÖT INNATENDU. Une étrange bête vient de faire son entrée dans l’entrepôt. Avec des mots normaux, j’aurai un peu de mal à la décrire. Je dirais que ça ressemble assez à ça : (O____O).

- ‘Lut Glaüx, tu suçavales ? me dit l’aberration animale d’un air décontracté, en mangeant une carotte.

- Hein, euh … quoi ?

Erreur fatale. Mon esprit obnubilé par la bizarrerie de la créature n’a pas réussi à déchiffrer assez vite la question supposée être rhétorique. Et c’est le genre d’erreur qui n’échappe pas à des zonards aguerris. Aka a un mouvement de recul et tente de fixer la prunelle de mes yeux, tandis que Lapinchien se focalise sur moi, moustaches dressées.

- Tu suçavales ? Parce que j’ai croisé Strange, et elle m’a soufflé mot que tu n’étais pas complètement dans la bonne assiette aujourd’hui. Qu’est ce qui se passe ?

- Je … JE VAIS ASSEZ BIEN 9A VA 9A VA MERCI, je tente timidement.

- Tu sais Gloups, je suis Grand Inquisiteur, tu dois donc être totalement sincère avec moi. Il se passe des choses bizarres aujourd’hui dans toute la Zone et on se demandait si …

- MAIS DE QUOI TU PARLES PUTAIN ? je fais en perdant mon sang froid et en sortant mon arme. Pris la tête dans le sac. Si près du but, quel gâchis.

Aka se jette sur moi et tente de me mordre au visage. Un coup part dans le vide. Dans la mêlée, j’aperçois Dourak s’avancer avec sa scie chirurgicale. Un second coup part et troue le bide d’Aka, tandis qu’un énorme gode rose vient se fracasser contre le petit androïde, qui éclate en mille morceaux. Je me relève, couvert de sang et interroge le Duc du regard.

- Ben koi ? J’ai rien compri et de tte facon il sont toujours mechants avec moi.

Lapinchien, sui observait la scène d’un regard amusé, se met à faire la danse de la pluie.

- Bon finis les blagues, je dois voir nihil de toute urgence, alors …, je commence.

- Wouhouhouhouhouhou, me réponds LC.

- Bon je sais que j’ai pas d’ordre à te donner, mais c’est moi, Glaüx, tu peux quand même faire un effort non ?

- Wouhouhou ! Tu mens comme tes pieds ! Le vrai Glaüx est …

- Le vrai Glaüx, le seul, l’unique, est en face de toi, fidèle Lapinchien.

Nous nous retournons de concert vers notre nouvel interlocuteur. A une vingtaine de mètre se dresse un cyborg, vêtu d’une longue blouse blanche, dont la tête est en fait constituée d’un gros bocal rempli d’un liquide verdâtre dans lequel flotte un cerveau d’une taille bouleversante.

- Si vous voulez bien me suivre …, continue l’androïde.

La putain de sa race, un peu que je vais le suivre, depuis le temps que je le cherche. Le Maître Suprême de ce lieu. nihil.


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- O hé nihil jsui dsl c pas ma faute si nous on marchame tranquilmen a ta recherche et les autre ils son devenu completemen fou a esséyé de fair du mal à glo …

- Duc, l’interrompt nihil en s’arrêtant dans le nouveau couloir que nous avons emprunté. Tais-toi. Et suce-nous la bite.

- Ouais c’est vrai, renchérit LC, suce-nous la bite.

- Sans vouloir vous offenser, on pourra se tailler des pipes plus tard non ? Allons droit au but nihil.

Le Boss me sourit de toutes ses synapses et tend son bras mécanique vers une porte soudain surgie de nulle part.

- Nous y sommes.

Le nombre sur la porte est évocateur.

- Duc, Lapichou, attendez-nous ici.

Tandis que Lapinchien sort son étrange pénis, nous entrons dans la pièce. C’est ce qui ressemble le plus à un appartement d’un prof de français chauve et homosexuel. Le papier peint est mauve et parsemé ici et là de dessins d’enfant, des bisounours copulent dans tous les coins de la pièce, une odeur de biscotte sucrée parvient de la cuisine, le soleil brille par la fenêtre. Il ne manque que lui. Il ne manque que moi.

- Bon, la boutade a assez durée. Je veux retrouver mon apparence. On est chez Glaüx c’est ça ?

- On est chez toi, en effet, me répond nihil d’un air amusé.

- Ah ah, très spirituel, il est où ?

nihil, qui aurait pu adopter un air embarrassé si il avait eu un visage, s’assoit sur un canapé du salon et m’invite à prendre place d’un geste lent et impérial.

- Hé bien … Tu es le premier à qui j’annonce la nouvelle mais … Il est arrivé quelque chose hier. Glaüx a été banni.

- BANNI ?§ Tu veux dire qu’il est …

- Oui. Glaüx est mort. De cause inconnue. Mais une girafe Sophie, une masseuse handicapée, 3 litres de vaseline et Bernard Lavilliers sont incriminés.

J’imagine un instant la scène, le temps de réaliser que je n’en ai rien à foutre.

- Euh, bien, et en quoi suis-je directement concerné ? La mort de Glaüx est une raison pour me pourrir ma journée ? Attendez, les gars, je vous croyez UN PEU PLUS IMAGINATIFS *kof kof* pardon, imaginatifs je disais.

Encore une fois, nihil tend la tige de métal qui lui sert de bras, vers la table cette fois, où seul repose quelques pages reliées.

- J’ai envie de te dire que nous n’y sommes pour rien. Glaüx a laissé un ultime texte avant l’incident. Une sorte de testament. Tu devrais y jeter un coup d’œil.

Inquiet, je me lève et m’approche prudemment du texte. J’aperçois le titre en times new roman 12 pt sur la couverture. nihil fait mine de s’excuser, puis m’explique qu’il est trop tard et éclate de rire en voyant ma tête. Il me semble qu’il m’appelle Glaüx à plusieurs reprises, mais mon esprit est bien trop occupé pour le lui faire remarquer. Mon regard est toujours braqué sur le titre, incrédule. Il est écrit « Zone de combat ». Je fixe à présent l’horrible papier peint. De mon appartement. D’une main tremblante je me saisis du manuscrit. Je le feuillette un instant, puis, décidé, je lis la fin. Cet enculé m’aura tout de même bien enculé. Jusqu’au bout.



A TOUS LES LYC2ENS NIETZSCH2ENS ? 0 TOUS LES PROFESSEURS DE FRAN9AIS MISANTHROPES ? 0 TOUS LES JEUNES MARGINAUX ? D2PRESSIFS ET JUNKIES ? N42CRIVEZ PAS SUR LA ZONE §