Les bruits inertes

Le 15/10/2010
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par Zalgor
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Thèmes / Obscur / Introspection
"Je n’ai rien à transmettre, absolument rien." Ou pourquoi se creuser à chercher un résumé lorsque celui-ci est contenu dans le texte en lui-même. Pour l'effort, nous dirons qu'il s'agit ici de pensées aléatoires désassemblées et tournant autour du vide. Oui, c'est bien ça.
Gary me réveille alors que mon temps de sommeil est seulement de 2 heures. Je lui demande ce qui se passe.
Stanislas est fou. Il l’était déjà mais il semble à présent incontrôlable. J’ai regardé le monde, et je l’ai rejoins dans sa folie.

Je suis debout, non, je suis allongé. J’entends Gary sur la radio. Qui tente t’il de joindre ? Stanislas me regarde, son regard est vide, à l’intérieur se trouve l’art ultime : la représentation intemporelle de la détresse. Gary revient, son regard n’en est pas moins artistique.

Le nul ne devrait pas se confondre au néant, celui-ci est bien plus redoutable. L’errance totale et radicale. Le suicide de nos raisons.

Stanislas est parti. Pourquoi partagerait-il sa solitude avec nous ? Cela n’aurait aucun sens. Je préfère rester avec Gary. Sa présence est rassurante. Mais de quoi pourrais-je encore être rassuré ? C’est la folie ici, la vraie, oublions le Pop Art.

Nous observons le Soleil. Il est toujours là alors que nous sommes partis. Quand finira mon éveil, existera t-il encore ? A travers mes yeux, il s’agite encore et toujours. Bientôt le bar sera vide.

Nous n’avons plus de provisions. Finir sur une gelée verte souligne l’ironie absurde que j’ai toujours soupçonnée. Sacramento à t’il encore un sens ?

Gary ne va pas bien. Il ne bouge plus. Il n’y a aucune raison que cela se passe autrement.

J’ai du mal à réfléchir. Je n’ai plus vraiment à le faire. Gary est mort ici, ou est Stan ? Toujours en vie ?

Je n’ai rien à transmettre, absolument rien. Comment l’expliquer d’un point de vue rationnel ? Comment pourrai-je me convaincre d’une mort bienheureuse ? Aucune raison. Aucune. Rien. Je ne ressens pas vraiment autre chose.

Ce noir est menaçant, cette terreur n’est pas celle d’un homme, j’ai oublié ma condition. L’espoir n’est ni utile ni quantifiable.

Ai-je encore un devoir de mémoire ? Non. Laisse-moi, tu n’a plus lieu et place. L’éventail de mes souvenirs est une passerelle vers un Eden perdu. Le néant j’ai bien connu, j’ai juste oublié. L’immatérialité touche à son terme.

Stan reste ma dernière incertitude. Cela m’épuise beaucoup.

J’aurais bien aimé fumer, l’attache à un symbole concret dans cette situation. Ma conscience s’est dissipée. Seule la mémoire reste. C’est un fardeau que porter le secret de l’inanimé. Le silence ce n’est pas l’absence de bruit, c’est l’absence de perception de ce bruit. Ce bruit. Pourquoi chercherait-il à prospérer ? Que Dieu me vienne en aide.

Je pars chercher Stan, il n’y a plus rien à faire ici. Il l’avait compris bien avant moi. Notre folie ne peut plus se justifier, plus ici.

Je sors et flotte, je n’aime pas ça du tout.

La navette est loin maintenant, elle aussi n’a pas plus de raison d’être que d’autres souvenirs. Dieu, je suis là. J’en suis convaincu.

Je regarde mon astre mort. Il est noir. Tout est noir. Rien n’y fait. Je ne cherche plus à y apercevoir le moindre salut. Stan ? L’as tu vu, toi aussi ?

La Terre n’existe plus. Il n’y a plus que toi, face à ton désastre. Le tien, il n’y a plus que toi qui s’en préoccupe. Le reste a déjà quitté.

J’ai très mal à la tête, je ne penserai même plus dans quelques minutes. Qu’aimerais-tu chercher à exprimer en dernier ? Laisse le néant s’en charger.

Je flotte. Je flotte. Il n’y a rien. Pourquoi je suis là, face à la fin ? Je ne veux plus de ce rôle. En paix ! Ecoute la arriver, elle arrive, la paix ! Dis Adieu.

L’univers se passera t’il de conscience ? Pourquoi existerait-il encore ? De l’inerte à perte de vue ? Cela est insensé, dés le début ça l’était.

Dis Adieu. Maintenant. Contemple, contemple, en vain.

Adieu.