Suicide (1)

Le 12/08/2011
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par Wilhelm
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Thèmes / Débile / Idiot
Wilhelm, dans cette tranche de vie en plusieurs parties (désolé), nous conte un sujet vu, revu, revisité et sans grand intérêt : l'adolescent un peu asocial et peu intégré qui se tue pour des raisons puériles, ici une castration avortée. Malheureusement, on sent surtout un manque de cohérence et d'idées : la fin est bâclée, le début ne colle pas avec le développement d'une intrigue grossière, et le tout laisse dans la bouche le goût sucré du vomi de lendemain de soirée.
Il était bientôt minuit. C'est l'heure où je suis venu au monde, et j'avais décidé que ce serait également l'heure à laquelle je le quitterai. Un revolver étincelant était posé sur mon bureau, chargé, prêt à me trouer la tête dès que j'aurai achevé la dernière rétrospection amère que je faisais sur ma vie.
Je m'appelle Kurt Gunther, nom qui restera encore quelques temps gravé dans la mémoire collective comme étant celui d'une loque incapable avant d'être définitivement oublié. J'ai grandis dans une maison située dans le même quartier où je vis à présent.
Étant fils unique, j'ai baigné dans un profond sentiment de solitude qui m'a forgé au fil des années un caractère asocial, ce qui explique le sentiment d'aversion que j'ai toujours éprouvé vis-à vis de mes pairs.
À l'école, j'étais un élève assez moyen, préférant rêvasser plutôt que de prêter attention aux cours. J'errai seul dans les cours de récréation tout en parvenant à passer inaperçu aux yeux de mes camarades. On m'a simplement appris que j'étais un perdant. Les professeurs ont à plusieurs fois convoqué mes parents, pensant que j'étais autiste. Mais ils avaient tort. J'étais simplement en fuite dans mon imaginaire que je considérais comme l'espace intime où je pouvais assouvir chacune de mes envies. C'était l'époque où j'étais encore sain et heureux.
C'est vers mes douze ans, au moment où m'a sexualité a commencé à se développer que ma vie a basculé. Je découvrais à cette époque un nouvel outil de mon corps dont les fonctions étaient déjà présentes à l'état latent. Des fantasmes érotiques s'étaient alors incrustés dans mon imagination débridée. Je percevais des images nouvelles que je ne comprenais pas et dont j'avais honte. Dans ces moments là, mon outil grandissait inexplicablement. Je ne savais pas comment utiliser cet instrument qui devenait de plus en plus gênant. Alors j'ai voulu me débarrasser de mon fardeau, et j'ai abîmé mon jouet, le déchirant jusqu'à ce qu'il devienne inutilisable. J'ai perçu dans cet instant un étrange mélange de douleur et de plaisir. Je me suis sentis satisfait, et beaucoup plus léger dans les cinq années de ma vie qui ont suivi.
Par la suite, à la fin de mon adolescence, j'ai immensément regretté mon acte. Je me suis longtemps interrogé sur les raisons qui m'ont poussé à le faire. Aujourd'hui encore, je me lamente sur ce que j'ai fait de mon corps. J'ai maintes fois rêvé d’avoir découvert la possibilité de remonter le temps et de changer le cours des choses. Mon remord m'écrasait. Je pensais pouvoir me repentir en me fracassant le crâne contre des murs, mais j'avais commis l'irréparable. Je n'en ai jamais parlé autour de moi. Je ne savais pas comment l'expliquer et j'étais effrayé par la réaction des gens. Mon sexe ne ressemblait maintenant plus qu'à un morceau de chair pendouillant encore tout juste capable d'uriner. Je craignais qu'une ablation serait nécessaire si le médecin constaterait les dégats. L'angoisse de la castration me tourmentait. Je pense finalement que ma dépression qui en résulte est incurable.
Un jour, mon père est parti à la guerre et n'est jamais revenu. Je ne l'ai pas pleuré car j'avais cet autre problème qui m'angoissait davantage à ce moment là. Ma mère et moi avons encore vécu quelques années monotones et tristes dans le manoir. Chaque jour était identique au précédent. Il n'y avait aucun moment de joie que nous partagions ensemble. Nous avions l'air de nous ignorer mutuellement. Après l’école, j’ai fini par décrocher un boulot à l'usine de la ville. J'étais soulagé de pouvoir travailler à l'écart des autres ouvriers. Comme il me suffisait seulement de répéter les mêmes gestes mécaniques sans donner trop d’attention à l’ouvrage; je pus ainsi m'évader mentalement par delà des cheminées, loin des fourneaux et de la terre.
J'avais progressivement retrouvé mon équilibre dans cet environnement jusqu'au jour où ma mère s'est suicidée. Il était tard et je rentrai d'une journée de boulot accablante. La maison était paisible, et je ne trouvai pas ma mère dans le salon, somnolante devant sa télévision comme à son habitude. Je l'appelai dans toute la maison, attendant qu'elle me révèle sa présence. Je l'ai trouvé dans sa chambre, pendue à une poutre du plafond. Elle devait être morte depuis un moment déjà, car la lividité avait gagné son corps. Ses joues étaient violacées de sang séché, et sa langue pointait lamentablement vers le sol. Elle faisait pitié à voir. Notre maison est depuis restée inhabitée, et je fus intégré dans un nouveau foyer. Ma nouvelle famille d'accueil n'était pas ce que j'avais espéré, et j'ai aujourd'hui coupé tous les ponts avec celle-ci.
J'ai rencontré par la suite Verena, une pauvre fille frigide que j'ai épousé dans l'angoisse de ne pas finir mes jours seul. L'idée d'avoir une progéniture en me faisant l'amour ne l'a heureusement jamais effleurée. De toute façon, elle ne m'attirait pas, ni physiquement, ni spirituellement. Elle passait ses journées à regarder des émissions de téléréalité sur sa télévision en se goinfrant d'antidépresseurs et c'était tout ce qui comptait pour elle. Tout comme moi, elle n'avait aucun ami. Verena était une fille laide, inerte et superficielle. Je jubilais à l'idée qu'elle devienne veuve après mon suicide. Au moins, elle serait obligée de se bouger le cul pour trouver du boulot.
En outre de mon mal être de longue date, c'est un licenciement récent qui vint accentuer mon désespoir. Un type était venu me provoquer, m'invectivant avec ses potes au bar de l'usine. Je ne me suis pas contrôlé, et je l'ai tabassé. J'ai rapidement été convoqué au bureau du patron qui m'a gentiment expliqué qu'il ne tolérait pas un tel comportement au sein de son entreprise. Je me suis retrouvé sans emploi jusqu’au soir de mon suicide. J’avais l’intime conviction que je ne réussirai plus à en retrouver. La vie ne valait pas la peine d'être vécue. J'ai écouté en boucle quatre ou cinq fois l'album Rose Clouds of Holocaust de Death in June qui était l'un de mes disques préférés. Je n'ai pas pensé à laisser un message d'adieu ou d'explications en ce qui concernait mon geste. J'éprouvais seulement l'envie de m'en aller rapidement et sans douleur. Le plus tôt était le mieux. Je n'étais même pas impatient ni même curieux à l'idée de savoir ce que je pourrais voir de l'autre côté. J’étais persuadé qu’avec la mort venait le néant. Ça n'avait plus aucune importance à présent. Les chiffres rouges du radio réveil se rapprochaient inexorablement de la date fatidique. J'avais atteint le point de non-retour. Il était impossible pour moi de revenir sur ma décision. J'espérai mourir sur le coup. J'ai saisis le revolver et j'ai pressé son canon sur ma tempe gauche. J'ai attendu en regardant les minutes s'écouler. Minuit sonna. J'appuyai sur la détente. J'ai sentis la balle vriller mon crâne. La douleur s'est propagée dans tout mon corps et je me suis senti expirer dans une ultime étreinte avec la mort.