Curriculum Vitae

Le 06/08/2011
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par Jésus
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Thèmes / Débile / Idiot
Jésus redescend - on commence à être habitués - du tout-là-haut exprès pour proposer un texte sur la Zone, et autant dire qu'on pouvait s'attendre à mieux de la part du messie. En l'état, c'est encore moins drôle que le sketch des inconnus auquel m'est avis la référence n'est pas fortuite. Tous à vos planches à vos clous et vos marteaux, camarades.
Mon sacerdoce.
Ça n’est plus du tout celui que tu t’imagines. On est bien loin des prières, de l’ascèse religieuse et de toutes ces conneries. Au début okay, on te vendait de l’amour, du partage et du pardon, mais c’était juste du marketing, une stratégie pour que le truc prenne. Le Jésus Nouveau est arrivé, putain ça va chier grave.

Con de mortel, t’es persuadé que Dieu t’a créé pour que tu vives et fasses le bien autour de toi, n’est-ce pas? Je me marre franchement, là. Laisse-moi t’expliquer comment ça s’est vraiment passé.

Déjà, je dois te parler du paradis. Loin de l’image idyllique véhiculée, il faut que tu saches qu’on s’y fait profondément chier. L’infini pour l’éternité, t’imagines l’angoisse? L’ennui céleste, pour des siècles et des siècles. Rien d’autre à foutre que de regarder des abrutis à moitié à poil jouer de la harpe en buvant de l’eau, sans aucun moyen d’en finir.
Donc Papa s’emmerdait ferme, et il s’est dit qu’il lui fallait de la compagnie. Pas une femme, non, Papa voulait de la distraction, pas une pisseuse qui lui casse ses Saintes Roubignoles parce qu’il laisse traîner ses chaussettes un peu partout.

Bref, Dieu a créé l’Homme un peu comme on s’achète un hamster, et a choisi de l’enfermer dans une jolie cage : la Terre. Ça l’a bien fait marrer au début, son élevage prospérait et gagnait en autonomie. Parfois il se permettait même de se mêler à eux, histoire de se taper quelques gonzesses. Le truc prenait bien, y’avait de la vie.

Mais depuis quelques années ça commence à le gonfler concret, la Terre des Hommes. Ça blasphème dans tous les coins, ça se permet de tout foutre en l’air en toute insouciance. Cette histoire de libre-arbitre, c’était une grosse connerie, ça tourne vraiment au n’importe quoi.
C’était il y a quelques jours, donc :
- Jésus, fils de pute, vient par là faut que je te cause d’un truc.
- C’est-à-dire que je suis un peu crucifié là, niveau déplacement ça me limite un peu.
- Arrête de faire le mariole où je te rase ta sale tronche de beatnik.
- J’arrive.

Je prends donc l’Eden-Express et me pointe au ciel. Papa est là, bien calé dans son rocking chair, un angelot sur les genoux. Il a l’air maussade.
- Salut P’pa. Je te fais pas la bise, hein, je suis pas rasé. C’est qui ce nabot?
- Un angelot.
- Mais… Mais… Tu lui fais quoi, là?
- Les anges n’ont pas de sexe, mais ils ont un cul.
- Putain t’es sévèrement dérangé. Ahem… Bon, qu’est-ce que je pourrais faire qui t’obligerait?
Il esquisse un sourire étrange.
- Jésus, mon fils, les hommes m’emmerdent salement. La Terre, toute cette histoire, c’est foutrement parti en couille, c’est devenu d’une chianteur bouleversante. Bref, j’ai donc décidé de te renvoyer là-bas pour mettre un peu d’ambiance.
- C’est-à-dire?
- Jésus, tu vas devoir commettre des meurtres humoristiques.
- WTF?
- Tu vas buter des mecs en m’amusant.
- Tu déconnes ferme, quand même. Tu crois que j’ai que ça à foutre?
- Oui.
- Hum…bon. Et j’imagine que j’ai pas le choix?
- Voilà.

Je suis donc redescendu sur Terre, investi de ce nouvel apostolat. Bon, l’assassinat ne me dérange aucunement, mais le faire avec humour ça complique franchement la donne, il va me falloir un peu de méthode.

D’abord, bien choisir sa victime. Il faut qu’elle soit parfaite, chiante à souhait. J’ai donc naturellement fait cap vers le Québec, Éden de chianteur s’il en est. Montréal, les quartiers huppés, une immense villa style Californien.

J’arrive devant le portail, la sonnette joue la musique d'un film célèbre. Je ne me suis pas trompé.
- Ouiiiiiii?
- C’est Jésus, ouvrez.
- Entrez-donc, je vous attendais.
René se tient sur le pas de la porte, il a l’air apaisé.
- Salut René, ça biche?
- Enfin vous voilà. Des années que je vous espérais, je n’en peux plus ici. C’est enfin fini, vous m’emmenez avec vous?
- Ce n’est pas pour vous que je suis là. C’est pour elle.
- Oh, mais c’est encore mieux! Suivez-moi, elle est au séjour.
René me conduit dans une pièce vitrée immense. Un vacarme assourdissant croît au fur-et-à-mesure qu’on s’approche du spa, au centre de la pièce. Je la vois, allongée au milieu des remous, lunettes noires sur les yeux, bramant des vocalises.
- HAAAA HOUUUUU HAAAAAA HUUUUUUU HIIIIIIII!!!!
- C’est comme ça toute la journée, me dit René, des sanglots dans la voix.
- Ne t’inquiète pas mec, c’est presque terminé. TA GUEUUUULE pouffiasse, je suis Jésus, c’est fini pour ton cul (Merde me dis-je, ça sonnait vachement mieux dans ma tête).
- WOUUUUUUUUUUUUH UN HOOOOOMME!!! bêle-t-elle, et sans que je n’aie le temps d’esquisser le moindre geste elle se rue sur moi et me projette à terre en me malaxant furieusement le sexe.
- PUTAIN MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE PUTE ?! LÂCHE-MOI LA BITE CONNASSE !!! RENÉ AIDE-MOI BORDEL !!!

René l’attrape mais elle se débat violemment, elle manque de le faire tomber plusieurs fois. Je fonce vers la terrasse, m’empare d’un taille-haie imposant et revient en courant dans la pièce. René peinait sérieusement à la maintenir au sol.
Je me précipite sur elle et lui plante fermement l’extrémité des ciseaux dans l’abdomen. Un geyser d’hémoglobine chaude jaillit lorsque j’en retire les lames. Elle s’effondre dans un gargouillis sourd, se retenant les tripes.
Son sang l’abandonnait, dessinant une grande tache sombre sur le tapis. J’ouvre grand le ciseau, place les lames autour de son cou, et d’un coup sec je lui tranche la tête, qui roule à quelques mètres de nous.
Elle s’arrête droite et semble nous regarder, c’est assez étrange.
Soudain elle ouvre la bouche et nous distinguons dans un murmure : « My heart will goooo ooooooooooooon… ».
René semble alors très excité.
- Jésus ! Je… je… je crois que je bande !! Je bande, merde, regarde comme elle est grosse !! Putain c’est la première fois depuis 20 ans que JE BANDE !!!
- Mazel tov.
Je me dirige vers la sortie, ne pouvant retenir un sourire en entendant les grognements de René qui besognait le cadavre décapité de son épouse. Ça commence pas mal cette histoire, c’est assez distrayant en fin de compte.

Arrivé dehors, je lève les yeux au ciel. Un rayon de soleil transperce les nuages.