Année 2066

Le 04/03/2013
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par Wilhelm
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Thèmes / Obscur / Anticipation
Oh, tiens, un texte post-apocalyptique, ça faisait longtemps. Oh, mince, c'est du Wilhelm. Bon, et bien voyons tout de même le menu. Donc : de la description où figurent quelques phrases maladroites, finalement rien de véritablement entrainant. On croirait lire ici l'accroche d'un futur texte plutôt qu'une histoire achevée, avec ce qu'elle doit comporter pour maintenir l'intérêt du lecteur. De ce fait il ne reste que peu de choses à se mettre sous la dent.
J’habitais une maison assez vaste de plusieurs étages bordant avec d’autres demeures similaires la petite place du lotissement dans lequel j’ai passé la majeure partie de mon enfance. Je me souviens de cet endroit baigné de soleil que le voisinage animait encore joyeusement par leurs activités quotidiennes. Les différentes familles se connaissaient les unes les autres et les parents laissaient sans crainte leurs enfants jouer dans les parcs verdoyants et fleuris éparpillés entre chaque bâtisse du quartier. La nuit, les maisons clignotaient de lumière sous un doux ciel bleu sombre, alimentées qu’elles étaient par l’énergie que procuraient les pylônes électriques aménagés dans le village. Les jours se poursuivaient ainsi, avec la même indolence ensoleillée. C’était la dernière image qui me restait de cette année 1999 avant que tout ne se transforma.
Pour une raison inconnue qui m’échappe encore totalement, mon environnement s’est totalement transformé lors de mon réveil un matin. J’eus d’abord des difficultés à me lever hors de mon lit, constatant que mon corps tout entier s’était engourdi comme après un profond sommeil. Par la suite je constatai que ma peau était parsemée de tâches brunes plus ou moins grandes et que mon corps entier était froissé de rides. La tapisserie de ma chambre était devenue terne, déchirée en lambeaux le long des murs et des traces d’humidité et de poussières m’évoquaient des visages inquiétants, me fixant à travers la pénombre. Aucun rayon de lumière ne filtrait à travers la fenêtre qui me laissait entrevoir un ciel gris, morne et déchiré. Je m’aperçus que mes frères, sœurs et parents avaient inexplicablement disparu de la maison, et leurs affaires étaient restées là où ils les avaient laissées pour la dernière fois, à présent recouvertes d’une épaisse couche de poussière, mortes. Les horloges s’étaient arrêtées, n’indiquant aucune heure précise.
Je sortis à l’extérieur par la porte qui donnait sur la petite place. Ce qui me frappa alors d’emblée fut de constater que le quartier entier semblait être abandonné et les maisons du voisinage étaient tombées en ruine, tout comme la mienne. Les fils des lignes à hautes tensions jonchaient à présent les trottoirs et de nombreuses carcasses de voitures s’emboîtaient bizarrement le long de la rue d’en face pour former un labyrinthe inquiétant et sans issue. Cette vision me stupéfia tellement que je demeurai hébété, debout et immobile sur le porche à contempler ce nouveau monde étrange et froid.
J’avais en moi l’horrible impression que tout ce qui composait ma vie jusqu’alors s’était transformé, subitement vieilli par plusieurs dizaines d’années, voir même un siècle et se tenait là, désormais corrompu et détruit. Mais ce qui m’effraya le plus furent les soupirs et gémissement hostiles qui envahissaient de toute part la place, échos insolites que je prenais d’abord pour des acouphènes dans mes oreilles. L’endroit était infesté de visages tapis au sein d’une pénombre rampante. Les voix les plus effrayantes se firent sentir depuis la vieille maison jumelée à la mienne dont les vitres brisées révélaient un intérieur occulté par des ténèbres opaques. À l’étage, le balcon en pierre cachait à demie la silhouette d’une femme qui se détachait dans un halo blanc au fond de son salon, dialoguant sourdement avec des êtres étranges et impalpables dans l’obscurité qui l’enveloppait. À cet instant j’eus très peur, car les bribes de paroles que je discernai de la conversation évoquaient des choses trop horribles pour être répétées dont les thèmes occultes concernaient ceux de la fin des temps et de l’asservissement de la race humaine autour de sombres légendes d’holocaustes.
Je m’éloignai lentement en tâchant de ne pas faire trop de bruit, car je pressentais qu’une présence maléfique surgirait de l’ombre, se lançant à ma poursuite à la moindre révélation de ma présence. Je rejoignis alors un parc adjacent où les arbres avaient visiblement servis à aménager de longues tentes en peau humaines qui s’élevaient au dessus d’étranges plateformes au dessus des cendres de la pelouse noircie. De l’intérieur provenait l’écho des ébats lascifs de restes d’hommes et de femmes dont j’apercevais les corps difformes et obscènes s’agiter sous les toiles de tente qui étaient reliées au sol à partir de longues échelles. Visiblement à en juger par leurs silhouettes décharnées et leurs peaux boursouflées d’excroissances suppurantes, ces êtres semblaient avoir subi les effets de quelques terribles maladies innommables ou radiations. En contrebas, en partie dissimulé derrière de vieilles broussailles s’étendait un vaste enclos fermier où des êtres humains, faméliques et agonisants s’entassaient les uns sur les autres autour d’abreuvoirs remplis d’urine et de pus. Au dessus d’eux perçait un minuscule point noir solaire à travers le toit de nuages. Une nouvelle dimension avait modifié la réalité, abolissant les frontières du temps et de l’espace. Un terrible cataclysme inexplicable avait bouleversé l’ordre des choses, renversé les valeurs humaines.
Je me suis réveillé dans un monde nouveau, se superposant au précédent, plus puissant, plus noir, plus cruel. Tel fut le monde que je vis en cette année 2066.