L'escarpolette

Le 16/04/2013
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par Burnmaster195
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Thèmes / Saint-Con / 2013
Au menu, un dialogue plutôt bon esprit d'un inconnu au bataillon. L'équation est la suivante : deux gamins pyromanes, un chat sur une escarpolette et un lance-flamme artisanal. Il n'y a pas vraiment d'action et de crémation, mais ça reste un digestif appréciable, vite bu, mais pas dégueulasse.
-    Tu l’as chopé où, l’extincteur ?
-    Dans ton cul.
-    C’est paradoxal, en fait.
-    De quoi ?
-    Que tu te sers d’un extincteur pour fabriquer un lance-flammes. C’est paradoxal.
-    …
-    C’est puissant, en fait.
-    Ouais. Puissant.
-    C.M.B
-    De quoi ?
-    C.M.B
-    Et donc ?
-    Comme ma bite.
-    T’as une bite, toi ?
-    Évidemment, connard. T’as combien de portée ?
-    Sais pas. Je l’ai jamais testé.
-    T’as combien de pression ?
-    Assez.

*****

-    La lance, elle va cramer, non ?
-    Ça se pourrait.
-    Y’a deux ans de ça, on bricolait des flingues à plomb, c’est dingue.
-    Dingue…
-    Maintenant, on est capables de se gérer un lance-flamme artisanal. On gère.
-    Je suis capable. Toi, tu serais pas foutu d’applaudir sans te coller une beigne.
-    Applaudir quoi ?
-    Ferme-la.

******

-    L’extincteur, c’est le réservoir en fait, ouais ?
-    Ouais.
-    Et l’essence, elle vient d’où ?
-    J’ai siphonné la chatte de ta mère.
-    C’est aussi ta mère, au cas où...
-    Je sais.
-    Comment tu peux parler comme ça de la chatte de maman ?
-    J’emmerde maman.
-    Oh… Alors moi aussi, je l’emmerde, maman.
-    …

*****

-    Je pourrai l’essayer ? Hein ? Comme t’avais dit, hein ? Je pourrais bien l’essayer ? Pas vrai ? Au bord du lac, quand il y aura personne ? La nuit ? hein, je pourrai ?
-    Tu l’essaieras.
-    Merde, c’est bon ça.

*******

-    Je pensais, je me disais, juste pour dire, ok, c’est juste pour délirer, tu vois, je me demandais…
-    Embraye.
-    Tu brulerais qui, au lycée. C’est juste pour délirer, mais tu voudrais bruler qui ?
-    …
-    Je dis pas que je le ferais, mais moi je brulerais Steve Cottard, tu vois qui ? Le gothique. Oh putain, je le brulerais trois ou quatre fois même. Je… Ah ! Je l’emmerde, lui aussi ! Baltringue de merde. D’abord, je lui casserai les jambes, ensuite je lui ferai manger des clous, ou du verre ! Ah ouais, du verre…
-    …
-    Ensuite je le brulerai c’t’enculé de gothique. Trois fois. C’est des pervers ces putains de gothique, c’est des chiens, t’es pas d’accord ?
-    Calme ta joie.
-    D’accord.
-    …
-    Mais toi, sérieux, tu voudrais cramer qui au bahut ? Avoue.
-    Moi ?
-    Ouais.
-    Tout le monde.
-    Ah. Ok. Pas de préférence, quoi.
-    Juste… Tout le monde. Les élèves, les profs, les pions, les femmes de ménage, les tables, les chaises, la documentariste, la nutritionniste, le conseiller d’orientation, les arbres, les oiseaux, les bancs, les livres, les ordinateurs, les tableaux d’affichage, les ballons de basket, les filets de badminton, le gardien.
-    On aurait plus cours pendant un bon bout de temps avec toi, hein ? Hein ? Sans déconner. J’ai pas raison ?
-    Si, t’as raison. Surtout qu’ensuite je brulerai le parking, les bus de ramassage, les parents d’élèves, leurs bagnoles, les panneaux, les rues, les lampadaires, les bouches d’égout, les espaces verts, les camions de pompier, les maisons individuelles, les clochards, les sapins, la forêt, les fleuves, ce putain de pays, la frontière, l’Europe, la grande muraille de Chine, les lions, les baleines, les lesbiennes, l’ennui et la mort.
-    Cool. Il est prêt ? On peut le tester ?
-    J’en sais rien. On verra bien.

******

-    On va où ?
-    On reste là.
-    Papa va nous tuer si on fout le feu aux rosiers.
-    J’encule papa.
-    Ah bon ?
-    Sûr et certain.
-    Ben, moi aussi.

*****

-    L’extincteur, il va tenir ? Il va pas nous péter à la gueule ?
-    Je pense pas.
-    Tu vas viser quoi ?
-    Je m’en branle, je veux juste voir quelle flamme ça fait.
-    Tu veux rien bruler ?
-    Si. Les mannequins de magasin, les rideaux de théâtre, les handicapés, les poissons volants, la maladie, les araignées, le destin…
-    Je veux dire dans notre jardin, tu veux rien bruler ?
-    Tout est déjà en cendres, chez nous.
-    T’es sérieux ?
-    C’est une métaphore.
-    C.M.B
-    Ta bite n’est pas une métaphore.
-    Non ?
-    Non, c’est une ellipse.

******

-    On crame quoi, alors ? Tu devrais me laisser essayer sur la balancelle.
-    Ok.
-    Nan ?
-    Si.
-    T’es sérieux, là ?
-    Brule cette saloperie d’escarpolette si ça te chante.
-    J’ai dit la balancelle.
-    C’est un synonyme.
-    C.M.B
-    Exactement. Brule-moi cette chiotte de balancelle.
-    Le chat dort dessus.
-    J’encule le chat.
-    Pas moi, alors là, non, quand même pas. T’es taré.
-    Je veux dire, on s’en fout du chat.
-    On l’a trouvé ensemble, tu te rappelles ?
-    Franchement, non. Noircis-le.
-    Comment ça marche ?
-    Tu attrapes la lance, tu dévisses cette valve, tu allumes l’embout, tu chies dans ton froc, et tu presses la poignée.
-    L’extincteur va pas me péter à la gueule, hein ? T’es bien sûr ?
-    Sûr et certain.
-    Sûr et certain c’est bon ou sûr et certain ça va péter.
-    Tu risques rien. Je t’assure.

*******

-    Qui avait eu l’idée de fabriquer un lance-flamme ? Vous, ou votre frère ?
-    Faut que vous sachiez qu’il était à peine capable d’applaudir, Michel.
-    Qui a eu l’idée ? Vous, ou la victime ?
-    Moi.
-    A quoi pensiez-vous ?
-    Aux poissons volants, aux maisons individuelles.
-    Hey gamin ! Les problèmes vont te tomber dessus, tu te rends même pas compte !
-    A l’Europe, au destin.
-    Tu as bien conscience qu’on parle d’homicide involontaire ?
-    Aux hymnes nationaux, aux footballeurs, aux arbitres.
-    C’est grave, là. C’est important.
-    C.M.B
-    Tu dis ?
-    C.M.B
-     Répète moi ça une dernière fois.
-     C.M.B
-     Comprend pas.
-     Ça fait rien.
-     Non ?
-     Non.
-     C'est votre chat ?
-     Oui. On l'avait trouvé ensemble.
-     Il est mignon.
-     Je le préfèrerais en noir.