L'élémental du cloaque

Le 02/05/2013
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par Hémoglobine Carbone
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Thèmes / Obscur / Introspection
Hémoglobine Carbone aime bien le noir, l'écarlate et l'oxymoron, ainsi qu'on le constate dès les premiers mots. Bien qu'il en fasse des tonnes au point qu'on soupçonne le troll par moments, ça tient curieusement la route à d'autres endroits. On dirait l'enfant monstrueux de Jeanne Mas et Hubert-Félix Thiéfaine (bourré). Ces trois textes, postés séparément, sont réunis en vertu de leur unité de ton et de ce qu'on n'est pas là pour se faire flooder par les petits nouveaux. Message complémentaire de l'auteur : "Moi aussi j'ai la rage.... et suis bien débile aussi." Pourquoi "moi aussi" ?
Adieu...

Sous la clarté noire écarlate brulant un univers fanatique, je t’ai enchainée au milieu de corps en lambeaux dépecés qui résonnent tels des trophées égarés. Assise, nue, en sang et terrifiée tu hurles sans cesse et cisaille mon état déviant. Ton univers n’est peut être que souffrance et lamentation mais libère toi et tu atteindras le nirvana des délicieuses tortures. La douleur est rédemptrice dans la mélodie de l’effroi. Rejetée, conspuée, excommunié par les tiens, hantée par des âmes exsangues déambulant cruellement, déchaine toi…Emancipe toi de ta condition, je t’offre le salut. Dans ce funèbre décor macabre teinté d’un noir étourdissant, ta volonté impure et ta vie déchoit telle une rose sans pétales ne fleurissant que des épines. Tes cris stridents blasphèmes un requiem excédant. Aux tréfonds de mon ossuaire la poussière qui te fait captive recouvre ton corps meurtri et met le feu à ton âme morfonde. Tu glisses dans un monde de cendres, sur un sol boueux et déverse une pluie de larmes. Mais la béatitude qui maintenant t’habite ne viens que de mon imagination exubérante. Je suis l’inquisiteur qui a compris que la noirceur de ton cœur n’aura de salut que dans la mort. A présent l’irréalité du vice te sature enfin, savoure là, il sera bientôt trop tard. Tu ne peines donc plus à comprendre l’euphorie qui nous anime tout les deux dans ce miracle qu’est l’exécution lente d’une pariât sans charmes. Aussi noir que moi, aussi rouge que toi, le sombre reflet du feu va s’équilibrer définitivement au zénith de ton cadavre. C’est maintenant l’hiver constant des mondes souterrains où ruisselle la sincérité des gouttes de sang versées. Aux confins de tes prières impures dégoulinent les remords fécondés de lueurs dépéries et les particules élémentaires de l’humiliation que tu vis m’inondent et me séduisent à son paroxysme…

Adieu...


L’ élémental du cloaque.

Le charme de la naissance me ramène à la mort…Je ne me rappelle pas ce beau matin d'été, dans cette maternité pareille à un vieil hôpital psychiatrique, une charogne infâme à éclos. Les jambes en l'air, ma mère, brûlante et suant du poison, ouvrait d'une façon nonchalante et cynique son ventre plein d'effluves nauséabondes. Par la fenêtre, le soleil brûlait ma pourriture, comme pour déjà me cuire et rendre au centuple ce qui était prévu pour moi. Une carcasse superbe comme une fleur maléfique. Une puanteur si forte qu’à mon approche tout le monde s’évanouissait. Les mouches commençaient à poindre sur ce ventre avarié, d'où allais naitre de noirs escadrons de larves. Un liquide brun épais coulait le long de ses cuisses. J’entendais déjà une étrange musique dans ma tête, comme un mouvement arythmique menaçant. Les formes apparaissaient comme un mauvais rêve, des esquisses inquiétantes dessinées sur une toile oubliée, que l'artiste achève enfin avec toute sa violence contenue. Les chiens narguaient déjà mon cadavre. J’étais déjà une infamie, une horrible infection sociale, un ange abject avant d’avoir fait mes premiers pas. Alors vous direz à la vermine de baiser encore et encore, et vous leurs direz aussi que la forme et l'essence divine des amours décomposés enfante des monstres…


Le sang est une drogue.

…….et je mange mes ordures, me roule dans la fange, me souille avec mes propres déjections, je me plante des épines dans tout le corps, les pieds écorchés par les débris de verre sur le sol, mes rêves sont brisés à jamais, je me crève un œil, juste pour le plaisir de l’expérience, je hurle de douleur, alors je me retaille, profondément, je me frappe encore, pour hurler plus fort, je me perfore les chairs, le bruit m’étourdit, puis voilà un moment de répit, je me shoote à l’ammoniac, je me pisse dessus, mange le placenta de ma chienne, tue un autre petit chiot, je lève la tête, pour me remettre du sable dans l’œil qui me reste, j’enfonce ma main dans le petit corps animal, je prend l’agrafeuse, je m’en enfonce plein dans la tête, je ruisselle de sueurs, et de sang, je me branle, la seringue plantée dans l’urètre, en mâchant la tête du chiot, je décharge, la première idée est d’avaler ma semence, non je vais plutôt me l’injecter dans la carotide, c’est épais, donc je force, et casse l’aiguille dans la veine, je prend le sécateur, me sectionne un orteil, je le mange, je m’empare de la clef à molette, mais je suis triste, il ne me reste plus qu’une seule dent, je me la casse, la douleur est jubilatoire, je me brule l’anus avec une cigarette, j’avale les cendres, je prend la perceuse, je me traverse le pied…
Ca y est je suis calme…
Je peux aller me coucher !