La peste

Le 19/10/2013
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par Walter Van Der Mäntzche
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Thèmes / Obscur / Anticipation
Il est toujours appréciable de voir arriver sur La zone de nouveaux auteurs, et particulièrement quand ceux-ci semblent avoir fourni l'effort nécessaire pour mériter la lecture de leurs textes. C'est ici le cas, puisque d'une certaine manière c'est le texte le plus intéressant à paraitre sur ces pages, de ces quelques derniers mois (admettons, ce n'était pas là le défi le plus dur à relever). L'on y parle de peste, d'apocalypse et de fuite. Autant d'ingrédients qui, si il ne bénéficient pas d'un traitement, soyons clairs, exceptionnel, sont au moins là et apparents. En bref, une lecture qui s'avèrera valable, mais peut-être seulement selon les dispositions de chacun, je suppose.
[...]
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traque sans résultat
et désormais seul
WALTER parti avec strict nécessaire. m’a fait don du reste

convaincu de trouver la frontière. et y survivre

situation clarifiée

ici bas:
aucun journaliste. militaire. humanitaire. ou entité apparentée à un expert. un spécialiste. ou un sauveur

là-bas:
la terreur doit les empêcher de pointer un objectif dans notre direction.
UN seul oeil se pose encore sur notre trajectoire. celui d’un dieu
OU d’un satellite. prêt à guider une ogive nucléaire

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changement de planque / RAS / marche toute la journée. sans encombres. calme. toujours

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hélicoptère quadrille secteur sud. inventaire ? décompte ?

inventaire réserves : OK

inventaire enquête : aucune trace du médecin depuis J+12 . trois possibilités

se cache : effectue prélèvements avec extrême prudence. sait être recherché
job terminé : n’est plus dans la zone
mort : doit retrouver son attirail

il est vivant. dois l’écrire pour m’en convaincre. intuition autant qu’obligation. sinon ma présence n’a plus aucun sens.

cette pensée m’occupe. en boucle

reprendre traque demain au point du jour

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encore loin de saisir la situation. réagi comme s’il y avait toujours un rapporteur. comme dans une réalité montée. diffusée par des spécialistes

dernier flic est un ermite

dernier toubib est un boucher

rideau levé. seul. nu

prendre conscience que dernier enquêteur = dernier chroniqueur

de quoi ?

chercher tient en vie. écrire. garder en mémoire. déchiffrer. tout mon temps pour réfléchir. trop vite. pas assez pour l’écrire

pourquoi rester ?

frontière = balle dans le crane

alors réécrire. expliquer ?

non
ils ont tous des réponses

ont oublié la question

monceaux de chair. en putréfaction. cobayes

seulement ? ou emprise du malin. sur l’esprit humain. sans limite. toujours repoussée

connaissance ou vérité n’est d’aucune utilité DIEU a déserté. la peste prend place nette. le monde cherche raison sur absence de justice

ne s’agit que de rendre compte

ouvrir les yeux et survivre

faire de ma chair. une boîte noire. et prier

pour que les données soient transmises. à qui de droit

en temps voulu

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cette ville n’est plus. ne sera plus. quartiers pittoresques. port. stade. plages. subsiste un pli. un trou. sur la carte

trop grande. trop calme. trop malade. trop infecté. stérile

perdu le fil

arpenter bord de mer. face à la ville. moins de fumée à l’horizon. plus d’essence. réservoirs siphonnés. plus une goutte de carburant pour creuser fosses communes. livres pour allumer bûchers

ville morte. continent suivra

en une seule vague

ni désinfection. ni reconstruction. ILS ne veulent rien savoir

ce carnet. aucune utilité. tâche impossible. sillonner. quadriller. tous quartiers. établir plans. recommencer. errer au milieu de ruines sans piste

suis un homme seul. déserté. labyrinthe sans sortie

ne reste aucun chirurgien pour autopsier victimes

monde définitivement mort. reste à rédiger un dernier rapport

une épitaphe

avant d’être emporté

ressasse cette histoire depuis trois jours. repris toutes les pistes. revu toutes les hypothèses formulées. relu toutes les notes

ECHEC

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dernier spectateur

moi. enquêteur sans but

moi. flic châtieur sans justice

un homme violait un cadavre. abattu

aussi simplement : balle dans le crâne.

attendu le juste moment de sa jouissance pour tirer

non pas que la situation implique jugement ou sanction.

n’est pas le premier nécrophile croisé :

ville réclame coup de théâtre

non un flic pour remettre ordre

un agent de la destruction. plus violent que le malin. prenant de cours. amplifiant spectacle. condamner chemins. refermer rideau

diabolus ex machina

hors du temps. sans loi. ni ordre

créateur réclame expérimentateur

chaos cherche destructeur

se passe certaines choses ici. ne doivent pas être conter. ni compter. seulement détruites

peste n’est pas châtiment. ni punition divine

mais son absence manifeste

monde refuse de mourir. de guérir. jeu du démon est renouvellement. valeur. empilement de nombres. cadavres. souffrances. aucun rachat. le diable offre la liberté de tester les limites

grandeur nature

carte blanche

*

A l’avenir tâchez de prendre soin de votre peau et de votre carnet. Ce dernier contient de précieuses réponses.

Vous tenez par ces quelques lignes la preuve de mon existence. Je n’ai rien d’autre à vous confier. Sauf deux questions.

Qu’attendez-vous de moi ?

Une traque est-elle le meilleur moyen d’obtenir vos réponses ?

Laissez un message en évidence, ici même, si vous vous sentez capable de répondre sans détours à ces deux questions. Sans me tuer. Cessez de me pister. Je sais qui vous êtes, où vous êtes et comment vous échapper.


*

hier encore. ai cherché à vous abattre. réfléchissais à un plan. vous tuer comme ceux qui m’ont fait perdre ce carnet. la seule issue reste de vous le confier. à votre charge de rédiger le dernier rapport.

IDENTITE : KANE YURI
DDN : 21/12/1979
PROFESSION : Inspecteur. (Cela vous étonne ? Mais vous même, êtes vous vraiment un flic ? )

CHRONOLOGIE : La raison de mon internement sont mes visions, qui ne m’auraient portées aucun préjudice si je n’avais pas harcelé les sites d’informations, les journalistes, les hommes politiques, jusqu’à ce que je sois enfermé après avoir menacé le premier ministre sur sa page facebook.

Je me suis évadé au début des événements, quand le personnel médical fût réquisitionné.

Si nous sommes encore là. C’est que l’exode a laissé une quantité importante de vivres. Bien que l’odeur soit insupportable, qu’il n’y ai pas d’eau courante, ni d’électricité, la survie est possible.

Si nous sommes encore vivant c’est que nous ne nous sommes pas encore résolus à nous laisser posséder.

Cette ville était déjà morte bien avant que tout cela ne débute.

On trouverait bien quelques virus ou bactérie dans ces corps mais ce n’est pas la cause.

Ainsi ils n’ont largué aucune caisse de vaccin ou d’antibiotiques. Encore moins d’eau, de vivres, de chaux, d’essence, ou d’armes... Ils pourraient tirer à vue, envoyer des commandos de reconnaissance, nous atomiser. Bref, ils se contentent d’observer. Ils analysent. Ils attendent.

Il n’y a pas pas d’épidémie.

La substance des choses elle même est en jeu. C’est là où il frappe. Dans la chair qui a perdue toute valeur par son accumulation dans les rues. Elle porte les stigmates. Dès qu’il a pris possession de l’esprit, l'âme ne lui est plus d’aucune utilité. Quand bien même elle n’aurait pas déjà quitté le corps.

Alors celui que vous nommer le démon écrit dans la chair, pour s'infiltrer dans le réel et prouver l’évidence de son existence. Ensuite, il n’est plus, et doit recommencer, sans arrêt.

A croire qu’il y soit contraint, qu’il s’agisse pour lui de survie, du dernier endroit où se réfugier, traqué par une force plus forte que lui. Considérons là qu’il s’agisse là de notre seul espoir.

J’ai voulu confirmer mes visions. Il m’aurai fallu disséquer un corps encore vivant pour savoir.

Mais je n’ai pas pu m’y résoudre.

PS. Puisque que vous aviez l’air d’y tenir, et que vous êtes un tueur, je vous fais don de l’ensemble de mon matériel de chirurgie, dans le sac attenant. Sachiez-vous en faire usage et trouver vos réponses.

Lorsque vous lirez ces lignes j’aurai quitté la zone.

nu.

à l’abri.

stylo. carnet. bistouri. scotch.

continuons à monologuer entre morts. moi et vous. cher “chirurgien”
continue à croire qu’une issue est possible. à condition d’abandonner tout espoir d’expliquer ce monde par des mots.

si vous n’étiez parti. je vous aurai fait don de ma chair. la marque. une étoile. marbrure. mouvante. sous la peau. la couleur. la forme. changeante. active mais non vivante.

en votre honneur. je vais trancher.

quelque soit la réponse.

il ne reste plus rien à dire.