Foutaises à la fournaise

Le 24/04/2014
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par Koax-Koax
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Thèmes / Saint-Con / 2014
On continue dans les textes débiles avec un narrateur dispensant la justice à bord d'un robot géant au nom plaisant. Pourquoi pas. Mais du coup on s'attend à un combat final d'exception, avec des explosions atomiques et des maquettes d'immeubles écrasées, alors que là on se retrouve devant la crémation d'un con assez classique de manière originale certes, mais sans trop de challenge. Bon, au moins le contrat est rempli et on se fait pas chier, c'est déjà pas mal.
- C'est un avion !
- Mais non, c'est une fusée !
- Un campagnol. C'est un campagnol, de la campagne.
- MAIS REGARDEZ BIEN. C4EST UN KINDER SURPRISE §
- Un oiseau, un phénix. Un ange qui descend des cieux, la Justice divine faite de flammes et de glaces, au loin déjà, je les entends, les trompettes célestes.
- Mais c'est les Russes, putain. Taïaut.
- Vous n'y êtes pas. C'est tout ça à la fois. Et bien plus encore. C'est MONGOLDORAK.
Les peuples à travers le monde le nomment Mongoldorak. Nous le connaissons plutôt sous le nom de projet OPAZXTHVGGTO404.
Cet être conçu d'acier et de technologies de pointe est le résultat d'une décennie de rêves, d'espoirs, d'expériences mécaniques, et davantage, d'expériences humaines. De longues nuits de travail acharné, où le ciel n'existe plus, où le mouvement de l'Homme n'importe plus, où le dépassement de soi est le seul rempart contre l'abandon et, de fait, l'échec. Des années de franches remises en questions, d'accidents malheureux et de réussites fortuites, de voyages, de positions fœtales, en slip, humide de la tête aux genoux, à écouter la Bande-son de Dirty Dancing en buvant de grands verres de Bergerac, cru 2004, excellente année, prix tout à fait abordable, un peu comme cette camarade de classe que l'on retrouve un soir d'errance, si l'on y ajoute le goût bouchonné et les maladies virales subséquentes.

Nous avions mis au point une arme de destruction massive autonome, performante, sophistiquée et indestructible. Equipé de projectiles thermonucléaires dissimulés dans les articulations métalliques de ses coudes, capable de se déplacer à Mach 3, il dispose d'une force de feu équivalente à celle d'une centaine de Tanks de dernière génération. Mongoldorak combat le mal sous toutes ses formes à travers le monde, il sévit sur les cafards comme le Baygon, il craint dégun, il repasse les chemises et fait tomber les dictatures. L'arme ultime séparant l'homme de la bête, en somme.

Il ne lui manquait plus qu'une intelligence correcte, mais le caractère impérieux et urgent des situations sur toute la planète ne nous permettait pas d'entrer plus en profondeur dans la programmation d'une IA digne de ce nom, douée de raisonnement et de logique. Il n'y avait, dès lors, plus qu'à lui implanter dans sa base de données comportementales des scripts de fictions françaises pour lui donner le goût de la guerre et de la destruction. Il ne savait tout au mieux que détruire et faire des exercices de musculation. Nous n'avons jamais vraiment compris, cependant Mongoldorak représentait l'espoir. Ce nouveau nom naissait dans le cœur de l'humanité. Il valait certes mieux que ce fusse dans le cœur. Une banane nucléaire d'à peu près quatorze mètres de long lui tenait lieu d'entrejambe, pour des raisons esthétiques et parce qu'au laboratoire, ça nous faisait marrer.

Le 10 Avril, à 8 heures du matin.

Je veux être certain de la réussite de cette mission.
Aussi, j'ai désactivé la très moindre intelligence de Mongoldorak pour venir siéger dans le cockpit qui fut installé provisoirement lors de nos premiers essais en situations réelles. Cette position tout à fait inconfortable et cette soumission constante aux gaz stagnants à l'intérieur de la machine pouvaient avoir, sur une échelle de temps assez courte, des conséquences désastreuses sur l'organisme. Je devais me hâter.

Moi à son bord, Mongoldorak s'envolait vers sa mission en tortillant folâtrement son cul de plusieurs tonnes. Il fendait les airs avec autant d'aisance qu'il fendait les cranes, choses qui lui seraient bien utiles vu la quantité non-négligeable de CO2 que brasse sa nouvelle cible. Celle-ci n'a eu de cesse de repousser les limites admises et mesurées de la stupidité crasse. il convient, tout comme l'on peut séparer le bon grain de l'ivraie, de quelquefois séparer l'Homme doué de raison de celui qui tente de la lui faire perdre. Ce n'était pas un jugement arbitraire ou élitiste, tel que l'on pourrait se le figurer. Il ne s'agissait rien moins que d'anéantir une forme de haine parasitaire qui avait prit forme en une créature glabre, usée et tout à fait usante : le sinistre et livide capitaine Amain Salor, petit chef de file d'un mouvement paranoïaque et quasiment anti-tout-ce-qui-est-possible-d'être. Un mouvement prenant une importance inattendue, dans ce petit pays d'occident, devenant un véritable culte voué à un être tenant un discours d'un autre temps. En somme, c'est un très remarquable con.

Nous voici arrivés au lieu de rencontre de toute cette organisation brumeuse. La Konkombre Kouture, tel est le nom qu'ils donnent à leurs activités lucratives qui se basent essentiellement sur la récupération d'objets et de biens culturels aux contenus controversés. Un marché qui peut rapporter beaucoup, pour peu que l'on sache manipuler les esprits faibles et délirants de quelques paumés des réseaux informatiques.

Mongoldorak traverse le plafond de la salle des fêtes de Nom-de-village-les-plaines et vient se planter devant la face à peine étonnée d'Amain Salor. Il en faut certes plus pour étonner un homme qui se pense suivi et observé chaque seconde de sa vie. Il porte un t-shirt sans manche, en plus. Non mais quel con.

"- Ah mais ça, mais ça je m'en doutais hein, je l'ai même écrit dans mon livre paru aux éditions Konkombre Kouture, hein, hein, mais ça c'est pas moi qui le dit hein, il suffit d'aller le lire avant qu'il soit interdit, hein, le lobby maçonnico-atlantico-tropico-citron voudrait me faire taire, mais moi je suis un dissident, hein, je suis le seul et j'ai raison, mais ça, ça d'autres vous le dirons

- Ouais, non, ta gueule, en fait. Je suis venu pour te fulguro-fister jusqu'à ce que mort s'en suive.
J'entends la foule alentour qui se met à hurler, à protester. Je fais poser à Mongoldorak une pêche nucléaire au milieu de la salle, ça devrait les détendre un peu.

- Ahah, ben oui, tiens, maintenant tu parles, toi, Mongoldorak ? Je croyais que tu n'étais qu'un robot, hein, mais ça, ça c'est encore un coup des loges Arabo-Sénégalo-Camarguaises, hein, moi je sais...

- Bon, tu fais chier, là. Crève, euh...

- Connard ? Pied-de-vigne ? Sac à merde ? Chanteur de Fauve ? Non parce que moi, les insultes finales, les punchlines, je sais faire hein, mais ça, mais ça, tu peux le lire dans... hein ?"

Je commandais à Mongoldorak de déployer sa banane nucléaire, ce membre de métal rempli de promesses d'agonies ainsi que de tout un tas d'acides terrifiants, pouvant s'embraser au contact de la peau humaine. Ta gueule, c'est de la science.

Mongoldorak s'est donc mit à pisser sur Salor par petits jets précis. Il serait dommage de gâcher. La cible avait instantanément protégé son crane avec ses mains. A cause de l'acide, la peau et la chair de celles-ci se solidarisaient avec le cuir exempt de cheveux. Il essayait de se dégager de cette posture, sans succès cependant. Les gouttes assassines perforait la peau, faisaient s'enflammer les poils, de petites flammèches venaient lécher la chair, se regroupant telles des colonies de fourmis. Il ne hurlait pourtant pas, était lancé dans un nouveau monologue délirant, ne se souciant pas le moins du monde de son sort. De ce que j'entendais à travers de petits jappements de douleur, il semblait parler une fois de plus " des lobbys et complexes maçonnicos-francos-juifs responsables de tout ça mais ça, mais ça, je le dis dans mon livre, ça peut se vérifier partout, hein, parce que j'ai raison, je suis le seul à faire ça, ouaaargh". Cette voix ennuyeuse avait fini par s'en aller, happée par les flammes, pareille à tout le reste de son corps. La peau du cou fondait, laissant apparaitre ses cordes vocales, le feu avait pris l'intérieur de la carcasse. Son ventre, semblable dès lors à une cheminée, crachait des viscères enflammées, et le feu, plus violent que jamais, rongeait jusqu'aux os, qui commençaient à percer le corps en des bruits de craquements, brisant la chair et les articulations, détruisant sur leurs passages le mouvement, quel qu'il fut. Les tendons ployaient et claquaient, pareils à des fouets. Tout prenait la couleur noire, de celle que cet homme n'aimait pas particulièrement de son vivant. Les orbites de ses yeux laissaient s'échappait des flammes plus colorées, plus vives, tandis que le plomb de plusieurs de ses dents fondait à l'intérieur de sa bouche. Bientôt, sa mâchoire ne sera plus, et il ne restera qu'une forme vaguement ovale, noire et fumante, qui sera dispersée par les vents. Ses jambes ne sont déjà plus que des bûches, les flammes qu'elles nourrissent finiront par les avaler tout à fait.
Ne reste qu'un tronc ouvert, crépitant, une marmite bouillonnante d'où giclent sang et bile, un pot-au-feu pour la vermine. Voilà tout.

Le feu qui avait pris dans la salle, causé tout à l'heure par la pêche nucléaire de Mongoldorak ta gueule on te dit que c'est de la science, avait fait s'activer le système d'urgence du robot géant et conséquemment, son intelligence induite. Ca y est, me voilà bord d'un tas de tonnes de ferrailles ineptes qui se mettent à faire des pompes au milieu de Pompéi revisitée. Il faut que je le laisse là, il commence à faire chaud, je vais bouillir vivant tandis que le titan d'acier sera, tout au plus, un peu noircit ça et là. Bien.
Avec la grâce d'un gnome Irlandais détallant à travers une forêt en flamme, je me barrais de là, afin de ne pas finir mes jours dans un vase Nature et découverte posé sur un meuble quelconque.

A mon retour à Aberrature Laboratoires, j'ai repensé à un terme en particulier que Salor m'avait dit avant de mourir : "chanteur de Fauve". Mais qu'est-ce que cela pouvait bien être ?

J'ai tapé les mots sur Google. Puis j'ai déclenché l'état d'urgence. Mongoldorak, GO.